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Carmina-Xu
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44

La lumière revint, blanche et agressive, tout comme l’odeur métallique omniprésente qui envahissait ses narines. Alan tenta d’ouvrir une première fois les yeux, mais ses paupières se refermèrent aussitôt à cause de la gêne. Il laissa sa tête basculer lourdement en avant et un violent vertige s’empara de lui. Par réflexe, il serra des dents et contracta sa gorge pour contenir la nausée fulgurante qui l’accompagna. Ses poignets et ses chevilles se libèrent sans qu’il en soit vraiment certain. Sa peau brûlait d’irritation et il n’avait plus de réelle sensation dans une bonne partie de son corps. Même s’il le voulait, il se sentait incapable de bouger comme il le souhaitait. De toute évidence, la sédation agissait encore.

Ses pensées retrouvèrent leur rythme et un vacarme qui lui paraissait lointain s’amplifia avec force. Il grimaça davantage quand un vertige se profila, même avec une oreille en moins, c’était abrutissant. La première question qui lui vint à l’esprit fut : c’était-il vraiment réveillé ou ses Méandres avaient-ils pris une tout autre forme ? Malgré tous les signaux qu’il percevait, il peinait à trouver la réponse de lui-même. Alan parvint à redresser un peu la tête pour regarder ce qu’il se passait devant lui. Il resta sans voix face à la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Six personnes, deux femmes et quatre hommes. Ils étaient tous habillés en noir, des tenues d’intervention comparable à celle des militaires. L’une d’entre elles, à la chevelure courte grisonnante, maintenait quelqu’un au sol. Le Visiteur ! reconnut-il non sans peine. Durant un instant, le soulagement le traversa. Non, il ne rêvait plus. Ces individus étaient intervenus avant que le pire se produise. Cependant, son relâchement s’envola lorsqu’il vit la femme tourner la tête dans sa direction. Un regard blanc et un demi-masque rouge aux dents acérées… La panique monta instantanément en lui et elle ne fit que se renforcer en découvrant qu’ils en portaient tous ! Un rire d’angoisse resta bloqué dans sa gorge. Ce n’était pas possible ! Il cauchemardait ! Ça ne pouvait pas être vrai ! Une voix synthétique s’exclama juste à côté de lui :

— Putain t’es enfin réveillé ! C’est bon, on embarque tout le monde ! informa-t-il les autres.

Alan détourna lentement les yeux sur celui qui se trouvait à côté de lui, hors de sa vision périphérique. Son regard tomba dans celui blanc de l’homme à genou, qui tenait encore son bras sans sensation. Il resta tétanisé. Est-ce que c’était lui qui lui avait mis la montre et qui l’avait activée ? Sa terreur écrasa sa logique. Alan parvint à brusquement reculer en dégageant son poignet avec toute la force dont il pouvait faire preuve. Lui ! C’était lui ! Il ne pouvait se tromper ! Pourquoi était-il devenu si net ?

Une image se superposa un bref instant sur cette tête… Mateus ? déglutit-il difficilement en l’ayant clairement reconnu. Non ! Impossible ! Nightmare rattrapa de force ses doigts avant de les tordre pour regarder l’écran de sa montre. Il fronça aussitôt des sourcils tout en commentant :

— Putain Ribes, tu vas nous faire une crise cardiaque si ton BPM ne ralentit pas ! Oh et puis merde !

« Ribes »… Il n’y avait que Mateus qui prononçait son nom avec cette détestable manière d’insister avec un « bès » inexistant. Non, impossible ! Il appartenait à la HDC et se trouvait constamment aux côtés de Simon ! Il ne pouvait pas être Nightmare ! Pourtant, il ne pouvait pas nier que maintenant qu’une connexion s’était formée dans son esprit, la similitude devenait trop grande. Même carrure, même blond grisonnant plaqué en arrière…

L’homme le relâcha sans ménagement et fouilla dans une poche de son pantalon. Il sortit un injecteur semblable à celui que le Visiteur avait utilisé sur lui. La panique gagna à nouveau Alan et cette fois, son rire s’échappa. Il tenta de se lever de toutes ses forces, mais une partie de son corps refusait de bouger. Il allait encore se faire anesthésier ! Un sursaut d’énergie instinctif le secoua et il parvint à se redresser un peu de sa chaise. Malheureusement, un autre démon à côté de lui écrasa son épaule d’une main pour le forcer à se rassoir. Au même instant, il lui enfonça l’aiguille dans le cou en ajoutant avec agacement :

— C’est pas le moment de nous lâcher Ribes ! Tu nous es utile, alors pionce encore un peu ! Avec ça, tu rêveras pas.

Comment ça, « utile »… Son interrogation n’alla pas plus loin. Son esprit s’engourdit avec fulgurance tout comme son corps. Tout s’obscurcit et avant même qu’il réalise qu’il était en train de sombrer, il s’effondra.


Alan reprit doucement conscience. Il se sentait lourd et vaseux, mais confortablement installé. Où se trouvait-il ? Sa tête bascula sur le côté, mais il s’étonna de ne pas avoir de vertige. Ce lieu demeurait inconnu à ses yeux et ses oreilles lui indiquaient que c’était aussi calme. Un bip sonnait à un rythme régulier. Il entendait, réalisa-t-il sans avoir la force de vérifier son appareil auditif. Il avait pourtant grillé, non ? Il se sentait confus, tant de choses s’étaient enchainées qu’il ne savait plus correctement les ordonner ou leur donner du sens. À nouveau, il se demanda s’il était en train de rêver. Ça, il s’en souvenait… Tout comme la douleur de la décharge électrique qui lui avait traversé le corps durant de longues secondes. Le Visiteur. Les…

Il prit conscience du poids qui était appuyé contre son flanc droit. Une légère odeur florale familière lui chatouillait les narines. Celle d’Ayana… Ayana ! Il trouva la soudaine force pour tendre les bras vers elle. Avec désespoir, il arracha presque la perfusion fichée sur le dos de sa main pour la tenir. Il la serra contre lui, lui caressa la peau et ses cheveux tressés en tremblant. Il peina à réaliser que ce n’était pas l’image qu’il avait créée.

Il se décomposa subitement en comprenant ce qu’il avait vraiment tenté de commettre. On l’avait tiré de cet enfer alors qu’il avait décidé de tout abandonner ! Un violent mal de tête lui perça le crâne lorsqu’il essaya de se rappeler de son précédent instant de conscience. Des Nightmares... Pas un, mais six ! Une nouvelle douleur le lança. Pourquoi n’arrivait-il pas à se souvenir d’eux convenablement ? Les bips s’accéléraient.

Dans ses bras, Ayana s’agita doucement, encore ensommeillée. Depuis combien de temps était-elle là à attendre qu’il se réveille ? Quand elle réalisa qu’il était bel et bien revenu à lui, elle l’enlaça avec tant de force. Les épaules de sa femme tressautaient alors qu’elle gardait son nez niché dans son cou. Aucun mot ne parvenait à franchir ses lèvres. Néanmoins, il ne lui fallut pas plus de détails pour comprendre qu’elle pleurait. Il avait choisi de l’abandonner pour la protéger… Ses nerfs lâchèrent, mais pour la première fois, ce ne fut pas un rire qui lui échappa. Des larmes silencieuses inondèrent sa vue. Il serra davantage sa femme contre lui alors qu’un flot inarrêtable de paroles s’empara de lui :

— Pardonne-moi, je voulais pas t’abandonner, j’ai craqué. C’est de ma faute, je suis qu’un Ribes, je… je suis faible, j’ai encore une fois choisi la pire issue…

Ayana posa ses doigts sur ses lèvres pour stopper ses mots avant de l’embrasser comme s’il avait disparu une éternité. Des pouces, elle essuya ses joues trempées et se blottit davantage contre lui en murmurant difficilement :

— Tu es là… Et c’est tout ce qui compte pour moi. Nous le sommes tous à notre manière. Je serais incapable de m’en remettre si tu disparaissais. Ces dernières vingt-quatre heures ont été un enfer, avoua-t-elle en recommençant à sangloter. À ne savoir pas où tu étais ni même si tu étais vivant ! À entendre les autorités me répéter qu’ils faisaient ce qu’ils pouvaient, mais qu’ils n’avaient pas assez d’informations… J’ai été jusqu’à avertir la HDC parce que je ne savais plus quoi faire !

Alan plongea son nez dans le cou d’Ayana pour respirer son odeur et tenter de se calmer. Elle aussi avait vécu un calvaire à sa manière. Il voulait rester là et ne plus réfléchir. Sa vie n’avait définitivement plus rien de normal et ce soir, un nouveau cap venait d’être franchi. S’il devait devenir ce Ribes pour les protéger… Il le deviendra. 

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