Alan ouvrit difficilement les yeux, la clarté l’agressait, l’éblouissait. Il se sentait désorienté, comme s’il se trouvait dans un manège à sensation forte alors qu’il était allongé. Quelque chose de désagréable le gênait dans ses bras le peu qu’il bougeait, tout comme dans son nez. Lorsque sa vision se précisa un peu, il découvrit des perfusions… Et qu’il était placé sous oxygène ? Que s’était-il passé ?
Une affreuse douleur lui perça le crâne dès qu’il tenta de se souvenir. Il se trouvait où ? Il ne reconnaissait pas les lieux. Visiblement, c’était une chambre d’hôpital quand il remarqua les moniteurs de suivi. Pourtant, il n’avait aucun problème de santé… Il essaya de se remémorer les derniers événements, mais à nouveau, une sorte de décharge électrique lui traversa la tête.
Il s’appuya sur les coudes pour se redresser, mais cette impression que rien n’était stable se renforça et le cloua encore une fois sur son lit. Ça bougeait tellement, que ça lui donnait envie de vomir. C’était quoi ce délire ? Un frottement sur son coussin attira son attention. C’était un pansement qu’il sentait sur son oreille ? En l’entendant à peine, il remarqua que la porte s’ouvrit.
Une belle femme noire et aux fines formes et aux longues tresses relevées en chignon entra. Un petit sourire naquit. C’était tout t’a fait le genre de personne qui pourrait le faire craquer. Cependant, ce qui l’intrigua, c’était qu’elle portait une tenue qui attestait qu’elle était une Passeuse de rêves… Lorsqu’elle remarqua qu’il était éveillé, l’émotion la submergea complètement. Elle se précipita vers lui pour l’enlacer en soufflant avec un soulagement certain :
— Mon beau Français ! Tu t’es enfin réveillé !
Pourquoi il ne l’entendait pas à gauche alors qu’elle avait sa tête à côté ? Comme un réflexe instinctif, il passa les bras autour de ses épaules pour la rassurer. Il se sentait heureux qu’elle soit là. Son étreinte l’apaisait… Un déclic vint : Ayana ! Comment avait-il pu ne pas la reconnaitre tout de suite ? La question qui le travaillait depuis qu’il avait ouvert les yeux franchit ses lèvres :
— Ayana… Qu’est-ce que je fais ici ?
Elle se redressa pour le regarder en lui prenant le visage des mains. Le soulagement se mêla à la gravité. Que s’était-il passé bon sang ! Il grimaça sans se plaindre. Il avait si mal à la tête, rien à voir avec une migraine. C’était pire et fugace. Il posa les doigts sur ses tempes en espérant vainement réduire la douloureuse pression. Elle le supplia :
— Ne force pas ! tu viens de sortir d’un coma artificiel, mais tes fonctions cérébrales sont encore à vif.
— Comment ça, « coma » ? Je suis là depuis combien de temps ?
— Ça fait six jours… Je suis rentrée en urgence en Allemagne quand la HDC m’a prévenu.
Alan resta interdit en s’écrasant sur son lit. Comment ça ? Il avait eu un accident si violent que ça pour que sa mémoire lui fasse défaut ? Ayana ne serait pas revenue des États-Unis si ce n’était rien de grave. Sa femme lui expliqua pour répondre à ses interrogations silencieuses qui martelait son crâne :
— L’Amplificateur a eu un gros dysfonctionnement quand tu as commencé ta dernière décharge. La machine a saturé à quasiment pleine puissance. Les paramètres que tu as préparés étaient faussés sans que les opérateurs puissent le détecter.
Il resta muet. Pourtant il possédait la certification la plus avancée, il n’avait pas pu faire d’erreurs sur les réglages… C’était possible que le système déconne à ce point ? Techniquement non, mais son intuition… Une vive douleur le reprit. Il avait l’impression qu’à chaque fois qu’il tentait de se rappeler les deniers événements, ça le lançait. On disait que la tête de Passeurs était ce qu’il y avait de plus précieux, est-ce que la sienne allait pouvoir encore servir ? Il craignait ne plus faire ce métier qui avait radicalement changé sa vie. Il s’inquiéta :
— Je vais avoir des séquelles ?
— Honnêtement, les médecins ne le savent pas pour le moment, avoua-t-elle faiblement. Ils vont faire des examens maintenant que tu as repris connaissance. La seule certitude, c’est que ton tympan a éclaté et ton oreille interne se trouve dans un très mauvais état. Tu as déjà été opéré une fois en urgence pour limiter les dégâts. Tu as une grosse perte d’audition qu’ils doivent évaluer…
Alan toucha des doigts son pansement, c’était à cause de ça qu’il avait l’impression de ne plus rien entendre ? Pas même un bruit de fond. Ayana lui déposa un baiser sur le front. Un sourire amer s’esquissa malgré la chaleur de son geste. L’avenir devenait incertain, le passé… troué. Du moins proche. Sa femme se leva en lui indiquant :
— Je vais chercher un médecin pour prévenir que tu t’es réveillé plus tôt que prévu. Je vais aussi appeler la HDC et Hugo pour annoncer la nouvelle.
Il acquiesça faiblement, mais ce simple mouvement le désorienta davantage. Il n’entendit pas sa propre réponse, comme s’il portait des écouteurs dont un avait lâché. Il se perdit dans ses pensées. S’il avait utilisé l’Amplificateur, c’était obligé qu’il ait mené une immersion avant…
Une image lui traversa l’esprit non sans amplifier la douleur. Un sentiment de malaise, voire de terreur, le prit. Un visage sans détail hormis son regard blanc et qui portait une sorte de masque avec un affreux sourire s’imposait à lui. C’était peut-être lié à ce projet…
Quel projet ? D’où venait cette réflexion ? Ça avait l’air important pourtant. Définitivement, il en avait marre de rester allonger ! Lorsqu’il tenta à nouveau de se redresser en bravant les terribles vertiges qui le secouaient, un médecin entra suivi par Ayana. L’homme prit place aussitôt à sa droite en regardant brièvement sa tablette alors que sa femme le força à se rallonger. Il lui demanda :
— Comment vous sentez-vous Monsieur Ribes ?
— Comme quelqu’un qui vient d’apprendre qu’il a failli se faire griller la tête.
Alan se décomposa en réalisant sa parole, s’était sorti tout seul. Ce genre de réplique cinglante ne lui était pas inconnu, c’était même ainsi qu’il se comportait par le passé quand ses nerfs étaient à vif. Pourquoi n’avait-il pas réussi à se retenir comme d’habitude ? Il se frotta les yeux avant de s’excuser devant le médecin alors qu’Ayana lui jetait un regard perplexe :
— Excusez-moi, je ne comprends pas pourquoi j’ai dit ça comme ça. Ça me lance dans tout le crâne quand j’essaie de me rappeler de ces derniers jours. J’entends plus rien à gauche aussi… Dès que je bouge la tête, les vertiges sont affreux. J’ai l’impression que rien n’est stable.
— Je vois, indiqua-t-il en manipulant son outil. C’était des points qu’on prévoyait à votre réveil. Pour résumer votre accident, lorsque les secours sont arrivés pour vous prendre en charges, les opérateurs étaient en train de vous maintenir pour limiter vos convulsions. Nous avons été contraints de vous placer de force dans un coma artificiel profond car votre état ne s’atténuait pas aux urgences. Vos fonctions cérébrales continuaient de saturer, même sous sédatif. Je pense que nous avons évité d’importantes séquelles ainsi, mais elles restent à évaluer. Quant à votre oreille, le tympan a éclaté et l’interne est sérieusement endommagée, ce qui explique la perte d’audition et les vertiges. Vous avez été opéré pour éliminer toute potentielle infection et lésion. Là encore, nous devons mener des examens plus poussés. Vous semblez aussi posséder des trous de mémoire.
Alan prit son visage entre ses mains pour tenter de réprimer, en vain, son rire nerveux. Encore une fois, il ne put que constater qu’il ne percevait même pas les vibrations à gauche. À quel point ses souvenirs avaient souffert ? C’était son outil de travail s’il pouvait voir les choses ainsi. Ayana s’assit à côté de lui et lui tira doucement les doigts en les gardant les siennes. En la regardant, il admit :
— Je ne t’ai pas reconnu tout de suite quand tu es arrivée, mais c’est revenu spontanément.
— Nous avons envisagé un éventuel dommage au niveau de votre mémoire, étant donné que l’accident est survenu lors de l’utilisation de l’Amplificateur. Si vous l’acceptez, je souhaiterais vous poser quelques questions afin de faire une première évaluation.
— Allez-y, je n’aurai qu’un bon mal de crâne si je bloque, commenta-t-il.
— Bien. Pouvez-vous me détailler votre identité s’il vous plait ?
— Je m’appelle Alan Ribes et je suis franco-allemand. J’ai trente ans et je suis né le 23 juillet 2010 à Marseille en France.
— Pouvez-vous me donner celle de vos parents ?
Il pinça des lèvres. Il était vraiment obligé de répondre à ça ? Pour le coup, il aurait préféré l’oublier. Après quelques secondes, il déclara avec une amertume qu’il ne parvint pas à retenir :
— Ma mère se nomme Marika Handez. Je ne me rappelle pas de sa date de naissance et je ne veux pas la savoir. Mon père… juste Ribes.
Il refusait tout bonnement de prononcer ce prénom, surtout pas devant Ayana. Son nom s’avérait déjà pénible et en plus il le portait. Il avait longtemps envisagé de le changer, mais il ne pouvait choisir que ceux d’un parent proche. Autant dire que Handez était écarté d’office. Le médecin leva le regard de sa tablette d’un air interrogateur. Il insista :
— Vous pouvez donner plus d’information au sujet de votre père ?
— Non. La seule chose que je sais de cet homme, c’est ce patronyme qu’il m’a laissé, rétorqua-t-il d’un ton acerbe.
— Ne poursuivez pas pour cette personne, demanda Ayana qui connaissait sa sensibilité du sujet. Il ne connait pas son père.
— Veuillez m’excuser, reprit-il après quelques secondes de réflexion. Pouvez-vous m’indiquer votre profession et un maximum de détail autour de celui-ci ?
— Je suis Passeur de rêves au sein de la HDC Europe depuis 2033. Je suis arrivé en Allemagne en 2028 pour suivre mes études avant d’être recruté. Ma variance est une insensibilité aux défenses de type entité et ma dernière immersion…
Alan serra aussitôt une main de sa femme après qu’une nouvelle douleur lui traversa la tête. Il avait de toute évidence un problème avec ses souvenirs récents… Il aurait préféré le contraire. Oublier le passé et vivre le présent. Le médecin indiqua :
— Je ne vais pas plus insister, je pense voir à partir de quel moment où vous bloquez. Nous ferons les examens en temps voulu. Pour l’instant, vous devez vous reposer et ne pas forcer votre mémoire pour ne pas emballer à nouveau vos fonctions cérébrales. Nous allons vous apposer un dispositif pour couper le sommeil paradoxal par mesure de sécurité et définir un traitement qui permettra de mieux supporter la douleur et les vertiges.
— Un comble pour un Passeur de ne plus pouvoir rêver…
— J’en suis navré, mais cela vous empêchera de refaire une crise.
Il ne répondit pas, mais il ne parvint pas à retenir sa mine agacée par la nouvelle. Il n’osait pas imaginer être coupé de ce qui lui avait apporté du réconfort durant de longues années et ce qui constituait son travail maintenant. Lorsque le médecin sortit de la chambre, Ayana changea de place en lui remarquant :
— Je sais très bien que tu n’aimes pas évoquer tes parents, mais tu t’es montré plus dur que d’habitude. Ça ne te ressemble pas.
— Faux… Ça ne me ressemble plus plutôt. J’ignore pourquoi j’ai parlé comme je le faisais avant. Je travaille là-dessus depuis des années, je suis qu’un gamin de banlieue à l’origine…
— Alan, il faudra qu’un jour tu m’avoues de ton passé en France. J’ai toujours respecté ton souhait, mais je pense que j’ai le droit de connaitre ce qui te pousse à te contrôler autant… Surtout si tu n’y parviens plus.
— Je sais, soupira-t-il. Honnêtement, quitte à perdre la mémoire, j’aurais préféré effacer cette époque… Je le ferais au moment venu, accepta-t-il en lui pressant la main. Promis. Aya’ ?
— Oui ?
— Tu peux m’emmener dehors ? Je sens que… j’ai besoin de fumer, avoua-t-il en grimaçant.
— Hors de question, trancha-t-elle aussitôt. Tu es sous oxygène et en plus tu as un patch pour ne pas être en manque. C’est purement psychologique là. Je vais te faire prendre l’air…
Elle alla chercher le fauteuil roulant dans le coin de la pièce, puis elle l’aida à s’assoir sur le lit avant de passer sur le siège. Pourquoi tout bougeait aussi violemment au moindre mouvement de la tête ? Quel enfer ! « Enfer »… Une vive douleur le traversa à nouveau. Lorsqu’il put rouvrir les yeux, il resta muet devant l’expression qu’Ayana essayait de contenir. Elle était… angoissée ? Ce n’était pas le genre de personne à l’être même si elle contrôlait très bien ses émotions. Une volonté de fer que rien ne parvenait à toucher. Il attrapa sa main pour la retenir et lui demanda d’un ton suppliant :
— Aya', qu’est-ce qu’il s’est vraiment passé ? Je vois bien que tu n’es pas bien.
— On m’a souvent reproché d’être insensible, mais j’aurais été incapable de m’en remettre, avoua-t-elle la gorge nouée. Tu as failli disparaitre alors que je me trouvais à Los Angeles…
Alan perdit sa voix. Il entendait mal, mais ce qu’elle venait d’insinuer ne lui avait pas échappé… Et la douleur dans ses paroles non plus. Elle continua :
— L’accident avec l’Amplificateur aurait pu être fatal si la machine avait atteint la deuxième séquence, avoua-t-elle. Tu as encaissé la surcharge au début avec des paramètres de base, celle que tu avais programmée était cinq fois plus puissante et…
Elle perdit soudainement ses mots en déglutissant avec difficulté. Il avait failli y passer ? Était-ce parce qu’il avait oublié que ça ne lui faisait ni chaud ni froid ? Cependant, deux choses l’interpelaient. Il n’avait pas mené une, mais deux immersions récemment ? Surtout pourquoi avait-il choisi des réglages pour pousser les capacités de la machine ? Quoiqu’il en soit, il la tira à lui pour la prendre dans ses bras et tenter de la rassurer comme il le pouvait. Elle pouvait voir des atrocités dans ses interventions et pourtant, l’idée qu’il disparaisse de sa vie lui semblait insupportable… Ils ne le montraient jamais en public, mais leur sentiment s’avérait bien plus profond qu’il ne l’imaginait. Malgré tout, il tenta :
— Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça. Je suis bien trop coriace…
— Mon beau français, souffla-t-elle en français avant de se redresser pour l’embrasser.
Il se réjouit autant qu’il était heureux d’entendre ces mots et ne pas les avoir oubliés. La première fois qu’ils avaient travaillé ensemble, il s’était amusé à lui apprendre cette petite phrase. Il lui avait fait croire que c’était une marque de politesse dans sa langue. Ce fut la seule occasion où il l’avait vue aussi naïve. Doucement, elle accrocha au fauteuil ce qui portait la bouteille d’oxygène en insistant :
— Sortir te fera du bien.
— Ça serait encore mieux si je n’avais pas ce truc dans le pif.
Ayana rit avant de le pousser pour quitter la chambre. Elle le dirigea vers l’accueil et il pensa reconnaitre les lieux : une clinique de la HDC. L’architecture du bâtiment s’identifiait facilement. En passant devant une fenêtre, il remarqua que le ciel s’était bien dégagé, ensoleillé et exempt de nuage. Il lui semblait que le temps était pluvieux avant… Au fur et à mesure qu’ils s’approchaient des portes de sortie, il discerna ce qui paraissait être une discussion houleuse, mais il n’était pas certain. Il entendait vraiment trop mal. Ayana râla derrière lui :
— Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
Lorsque l’accès s’ouvrit, Alan découvrit un homme blond en costume qui semblait s’accrocher avec un autre, nettement plus imposant que lui. Les deux tenues le frappèrent. L’un appartenait à la HDC, le second au plus gros groupe de médias en Allemagne. Rien d’étonnant qu’ils se prennent la tête… Quand ses yeux se posèrent sur celui habillé en bleu, il vit sa contrariété se transformer en soulagement et s’exclama :
— Alan !
Hugo ! Comme avec Ayana, c’était revenu spontanément. Son ami réussit à esquiver celui qui le retenait pour venir à sa rencontre. Il reporta son regard sur celui de la société, il dégageait une affreuse sensation semblable à celle de monsieur Polen… Cet homme… Il lui faisait peur sans comprendre pourquoi. Ayana demanda d’un ton sec qui trahissait son agacement :
— Monsieur Müller, puis-je savoir ce que vous faites là et pourquoi vous empêchez Monsieur Stein de nous rejoindre ?
Comme si on lui jetait un seau d’eau froide, Alan se raidit. Mateus. Il ne se sentait vraiment pas bien devant lui et ce n’était pas la présence qu’il dégageait qui lui donnait ce sentiment. Il en était sûr, la raison était ailleurs. Comme une évidence, il le jugeait dangereux, qu’il devait se méfier. Il répondit sans formaliser le ton de sa femme :
— Monsieur Polen m’envoie après votre appel pour prendre des nouvelles de Monsieur Ribes. Je dois aussi récupérer des informations auprès du médecin. Je n’ai fait qu’intercepter un journaliste en arrivant. L’accident n’a pas été rendu public pourtant, remarqua-t-il en posant un regard dur et suspicieux sur Hugo.
— Mais je vais devoir le dire combien de fois ? s’énerva ce dernier. Je suis un proche d’Alan et en guise de bonne foi j’ai laissé mon matériel et mes papiers à l’accueil ! Vous avez compris que j’étais journaliste juste à cause de mon costume ! J’ai quitté le bureau dès qu’Ayana m’a appelé !
— Je confirme, ajouta Ayana. C’est même moi qui lui ai dit de venir. Si vous ne me croyez pas, regardez ma liste d’appels ! rétorqua-t-elle en sortant son téléphone pour le montrer à Mateus.
— Ok, ok… Par contre, je veux voir Monsieur Ribes en tête à tête un peu plus tard, informa-t-il sans laisser place à la moindre protestation.
— Je trouve que vous faites bien plus que simplement assurer la sécurité de Monsieur Polen, remarqua-t-elle sans cacher sa suspicion.
— Ça, c’est ce qui est écrit sur les papiers, renvoya-t-il sèchement. Simon me fait réellement confiance et je suis son homme à tout faire en retour. Veuillez m’excuser, coupa-t-il en partant.
— Je peux plus le blairer, grogna soudainement Alan dans sa langue natale quand Mateus fut assez éloigné.
— Heu Alan ? s’étonna Hugo.
— Quoi ?
— Tu ne faisais plus de commentaires en français comme ça depuis dix ans…
— C’est vrai maintenant que tu le dis, soupira-t-il en se frottant les yeux. En oubliant le mal de tête et les vertiges, je me sens… bizarre. Je veux prendre l’air, relança-t-il.
Lorsqu’ils se rendirent dans les jardins de la clinique, Ayana résuma à Hugo ce que le médecin lui avait annoncé. À vrai dire, sa seule oreille valide était distraite, il se perdait dans ses réflexions. Il pensait avoir compris aussi où se situait le problème avec sa mémoire. C’était la partie qui emmagasinait les souvenirs récents, voire celle dite immédiate, qui lui faisait défaut… S’il gardait de réelles séquelles à ce niveau, sa carrière de Passeur était terminée… Il soupira sans se retenir. Sa seule remarque qui lui vint à l’esprit après toutes ces déductions lui échappa :
— Putain fait chier…