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Chiara
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Chapitre 2

Neuf heures trente. La rendre décente en moins d’une demi-heure pour assister à la cérémonie semble être mission impossible. Heureusement pour elle, l’élite des femmes de chambre est à son service. Il faut bien admettre que ce n’est pas la première fois qu’elle rentre débraillée de l’une de ses promenades matinales. Si on est honnête, elle est même rentrée dans des états pire que celui-ci. Robe déchirée, boue sous les ongles, cheveux emmêlés avec des branches. Pour sa défense, ce matin-là, elle avait entrepris une course à cheval dans le parc de chasse rattaché au palais.

Le temps d’enlever ses souliers, une armée de femme de chambre se tient dans la pièce. Une chorégraphie savamment orchestrée commence alors. Chacune à son rôle. Le sien ? Se laisser faire et manipuler comme une simple poupée de chiffon que l’on donne aux jeunes filles pour s’amuser.

—   Par Léonis, où êtes-vous encore allée trainer ? s’exclame la femme la plus vieille.

—   Nous n’aurons pas le temps de vous rendre présentable ! s’exaspère une autre.

La princesse ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ces paroles, elle les a entendues bien trop de fois.

—   Ne vous inquiétez pas. Je sais que vous êtes des fées et que vous allez accomplir un miracle, comme toujours, les rassure-t-elle en se dirigeant vers la pièce d’eau.

Un bain brulant l’attend déjà. Elle sourit à l’idée que les pauvres caméristes ont anticipé son état. Immédiatement, elle est immergée dans l’eau brulante. Chaque parcelle de son corps est frottée, chaque ongle récuré, ses cheveux à la longueur interminable lavés.

Elle ressort de la baignoire aussi vite qu’elle y est entrée. Deux femmes l’attendent avec des serviettes pour la sécher. Par chance, le climat sec d’Ignis permet à ses cheveux de sécher en un temps record. Jamais ils ne restent mouillés très longtemps. Pendant ce temps, deux autres femmes massent ses bras et ses jambes avec une huile parfumée au jasmin. L’odeur est un peu entêtante et lui donne la nausée. En temps normal, elle aurait protesté, rechigné et demandé qu’on ouvre les fenêtres pour atténuer l’odeur. Mais aujourd’hui est une journée particulière. Le temps presse. Alors elle prend sur elle et attend que le calvaire s’achève.

Une énième femme vient pour la maquiller. Son travail ne dure pas longtemps, elle sait très bien que la princesse déteste avoir la sensation que son visage est figé dans le plâtre. Une autre vient pour la coiffer, sa chemise tout juste passée au-dessus de sa tête. S’en suit une danse des plus complexes au cours de laquelle trois femmes l’aident à s’habiller tandis que deux autres s’affairent sur ses cheveux. Jupons, tresses, corset, peigne, volants, chignon, robe, rubans, perles. Elle ne sait même plus ce qui appartient à sa tenue ou à sa coiffure.

Neuf heures cinquante, elle est enfin prête. Du moins, elle est presque prête. Assise devant sa coiffeuse, elle ouvre le tiroir pour en sortir avec soin les bijoux qu’elle compte mettre. Quelque chose de simple. Une paire de boucles d’oreilles en or, un bracelet fin et le collier de sa mère, celui avec le pendentif en rubis. Elle frôle la petite pierre en songeant à cette dernière. Elle lui manque… Voilà maintenant quinze ans qu’elle a disparu et pas un jour ne passe sans qu’elle ne s’en veuille d’avoir survécu à l’incendie à la place de la Reine Ember.

Elle prend le temps de se regarder dans le miroir. Comme elle l’avait prédit, les caméristes ont accompli un véritable tour de magie. L’avant après est saisissant. Ses cheveux relevés en un chignon travaillé et son masque sophistiqué lui font penser au portrait de sa mère qui se trouve dans la galerie.

Des larmes commencent à perler à ses yeux quand la porte de la chambre s’ouvre en un battement. Elle essuie ses larmes rapidement pour ne pas saccager le travail des femmes de chambre et se tourne un sourire aux lèvres pour accueillir Ayden.

—   Bon sang frangine, dépêche-toi, nous allons être en retard ! Tu sais très bien qu’aujourd’hui nous n’avons pas le droit d’être en retard.

Ayden, son frère jumeau est dans tous ses états. Lui habituellement si indolent, toujours en train de rire, il semble plus stressé que jamais. L’inquiétude marque les traits de son visage si semblable au sien. À l’exception près de son éternelle barbe de trois jours. Non, elle n’a pas de barbe. Leurs yeux diffèrent aussi. Là où son regard semble noir comme la nuit, les yeux d’Ayden sont d’une jolie couleur miel qui reflète son esprit chaleureux. Sauf ce matin où elle ne voit que de l’appréhension et de la nervosité.

—   Tout va bien, je m’apprêtais à mettre la touche finale, le rassure-t-elle en saisissant son diadème et en le posant sur le sommet de sa tête. Il faut vraiment que tu te détendes.

—   Que je me détende ? Le jour du mariage ? C’est comme demander au soleil d’Arietis de briller, à savoir : impossible ! s’emporte le jeune homme.

La princesse lève les yeux au ciel et se lève pour rejoindre son frère et l’embrasser sur la joue.

—   Aller, en route ! dit-elle en sortant de la chambre. Le mariage ne pourra pas commencer sans nous !

Ayden esquisse un sourire et offre son bras à sa sœur. Il n’avait pas encore pris le temps de la regarder. Comme d’habitude, sauf quand elle ne rentre de ses escapades en dehors du plais, elle est radieuse. Elle porte une robe rouge et dorée, aux couleurs du royaume. Ses cheveux sont rassemblés en un chignon élaboré où se mêlent rubans, perles et tresses. Son maquillage met ses yeux en valeurs, eux si foncés qu’on a du mal à distinguer la pupille de l’iris. Un en mot, elle est sublime.

La jeune femme surprend le regard que son frère pose sur elle et l’interroge du regard.

—   Quoi ? Je n’ai pas le droit de regarder ma sœur ? s’offense-t-il.

—   Tu faisais une drôle de tête, comme si tu voulais m’enfermer.

—   Oh ! Je songeai juste au fait qu’heureusement la garde sera renforcée. Je craindrais trop que quelqu’un t’enlève pour t’épouser de force ! réplique-t-il pince-sans-rire.

La jeune femme éclate de rire avant de lui répondre.

—   C’est censé être un compliment ? Je vais le prendre comme tel, dit-elle en haussant les épaules. Tu n’es pas mal non plus. Tu feras attention de ne pas voler la vedette au marié, poursuit-elle sur le ton de la confidence, j’ai entendu dire qu’il était particulièrement irritable aujourd’hui.

C’est au tour d’Ayden d’éclater de rire.

—   Aucune chance pour ça ! Il sera au bras de la plus ravissante jeune femme du palais, c’est elle qui attirera tous les regards.

C’est donc bien plus détendu que le frère et la sœur se dirigent vers le temple de Léonis. Le temple est surmonté d’une coupole en verre laissant entrer la lumière naturelle afin d’éclairer l’intérieur. Les rayons du soleil se reflètent sur les dorures du temple lui conférant une atmosphère éthérée et hors du temps. Les fleurs devant l’imposante porte d’entrée laissent présager que des compositions similaires ornent l’intérieur du temple.

—   Tu es prêt ? demande-t-elle en levant les yeux vers son frère.

—   Un verre de vin pour se donner du courage ne serait pas de refus, répond-il.

Exaspérée, elle fait rouler ses yeux avant de lui donner un coup de poing dans l’épaule.

—   Aïe ! s’exclame Ayden en se frottant le bras. Je suis plus près que jamais. Et toi ? s’enquiert-il.

Elle détourne la tête et fixe la porte, un air soudainement plus sérieux peint sur son visage.

—   Je préfèrerais être n’importe où sauf ici. Tous les regards rivés sur nous… Rien que d’y penser, ça me donne froid dans le dos, dit-elle en frissonnant. Enfin, ce n’est qu’un mauvais moment à passer, ensuite je pourrais redevenir une petite princesse rebelle et insignifiante.

C’est du moins ce qu’elle espérait. Dans quelques jours, la question de la succession de la Reine Ember serait réglée. Dans quelques jours elle aurait officiellement vingt ans et c’est sa sœur Léna qui sera désignée Reine. C’est l’ainée après tout ! Pourquoi ce serait-elle qui hériterait de la couronne alors que Léna est bien meilleure qu’elle au jeu de la Cour ? Ce serait absurde que ce ne soit pas elle qui devienne souveraine du royaume du Feu.

Néanmoins, une petite voix dans sa tête n’arrêtait pas de lui souffler : Et si c’était toi, la véritable reine ?

Elle secoue la tête sous le regard scrutateur de son frère afin de repousser cette idée. Quand Léna sera reine, elle pourra se faire oublier, demander à épouser Jonas et elle sera enfin libérée de toutes les contraintes inhérentes au rôle de membre de la famille royale.

—   On y va ? lui demande Ayden.

La jeune femme hoche la tête et la lourde porte s’ouvre devant eux dévoilant l’intérieur du temple plongé dans une lumière quasi divine.

—   Le prince Ayden et la princesse Aliona d’Arietis, annonce le héraut alors que tous se lèvent en se tournant vers eux.

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