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Chiara
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Chapitre 10

Aliona se sent submergée. Des nobles affluent de toute part pour tenter de lui adresser la parole. La foule s’est très rapidement resserrée autour d’elle et sa respiration devient laborieuse. L’air est étouffant. Elle voit flou. Ses yeux papillonnent inutilement pour tenter d’y voir plus clair. Un léger voile de sueur se forme sur son front.

Boum, boum. Boum, boum. Bats son cœur à s’en décrocher de la poitrine.

La lumière des bougies l’aveugle. Les flammes semblent s’être intensifiées. Aliona à la tête qui tourne et ses jambes tremblent, menaçant à tout instant de céder sous son poids.

Ayden et Lucie ont été séparés d’elle quand les nobles ont envahi l’espace. Elle est seule, engloutie dans cette véritable marée humaine.

Des visages se pressent devant elle. Êtres informes et indistincts. Ils parlent, mais elle ne comprend pas un mot. Elle n’entend qu’un horrible bourdonnement assourdissant. Tout est flou. Tout est trop intense.

Aliona vacille légèrement. Il faut qu’on la laisse respirer. Elle doit trouver un moyen de sortir d’ici. S’écrouler devant tous les représentants de la noblesse d’Elementum n’est pas une option.

Une main sortie de nulle part la saisit et la tire hors de portée des nobles voraces. D’abord surprise, Aliona se détend quand elle se rend compte que la personne qui l’a extirpée de ce qu’elle décrirait très subtilement comme l’enfer sur terre l’emmène à l’extérieur de la grande salle.

La sortie est à peine franchie que déjà la jeune reine sent que l’air est bien plus respirable dans le couloir. Il fait moins chaud. Les portes se referment derrière eux. Le brouhaha du bal cesse immédiatement. La jeune femme s’adosse au mur et ferme les yeux. Il lui faut juste quelques minutes, le temps de se ressaisir. Sentir la pierre dans son dos lui permet de se raccrocher à quelque chose de tangible. Aliona reste ainsi immobile pendant un long moment avant qu’une voix mette fin à ce calme apparent.

— Ça va mieux ? demande la voix masculine.

N’étant pas encore capable de formuler une phrase intelligible, Aliona se contente de hocher la tête tout en gardant les yeux fermés. Les ouvrir signifierait le retour à la réalité et elle n’est pas encore prête pour ça. Pourquoi affronter le réel quand on peut le fuir aussi facilement ?

—   J’ai cru que tu allais nous refaire une syncope comme dans le bureau du vieux ce matin, poursuit l’homme qui l’a sauvée.

Seule une poignée de personnes sait ce qu’il sait passer ce matin. Cette voix n’est ni celle d’Ayden, ni celle de Dylan. Les yeux d’Aliona s’ouvrent en un éclair. Le calme qu’elle ressentait quelques secondes plus tôt a disparu. Son sang s’embrase à la vision de l’homme qui se tient devant elle.

—   Que veux-tu Cyrus ? crache Aliona pleine d’amertume à l’égard de son interlocuteur.

La lumière du couloir semble soudainement plus vive. Comme si les bougies s’étaient embrasées d’un coup. Parfait écho à la fureur qui bouillonne dans les veines d’Aliona. La jeune femme ne peut être que méfiante face à ce frère qui habituellement se contente, dans le meilleur des cas, de simplement l’ignorer.

—   Seulement t’épargner une honte incommensurable devant l’intégralité de la noblesse d’Elementum, répond Cyrus sarcastique. Ne me remercie pas. C’est père qui m’envoie.

—   Évidemment, tu n’as pas agi de ton propre chef ! Jamais tu ne serais venu de toi-même me sortir de là.

Cyrus ne la contredit pas. Il l’observe en penchant légèrement la tête sur sa droite. Un tic nerveux qu’il a depuis l’enfance et montre qu’il est en train d’examiner la situation.

—   Je te ramène à ta chambre, conclut-il froidement après une longue minute de silence.

—   Pourquoi faire ? Je peux y retourner, affirme Aliona se montrant bien plus sûre d’elle qu’elle ne l’est vraiment.

La jeune femme se décolle du mur et entreprend de marcher jusqu’à ses appartements, mais elle est rapidement saisie de vertiges. Cyrus se rend à ses côtés, sans se précipiter, et l’aide à se stabiliser.

—   C’est bon, tu as fini de te montrer si obstinée ? râle-t-il.

Forcée d’admettre sa défaite, Aliona hoche la tête et se laisse conduire. Ils marchent ainsi pendant cinq bonnes minutes. D’un regard extérieur, on pourrait croire que Cyrus, altruiste, prend soin de sa petite sœur.

—   Père t’a menacé pour que tu m’escortes ? demande Aliona en rompant le silence qui régnait jusqu’à lors.

—   Une gamine comme toi ne devrait pas régner, se contente de répondre Cyrus.

—   Qu’entends-tu par une gamine comme moi ? s’agace Aliona.

—   Une enfant faible, impulsive, immature et dangereuse.

La jeune femme semble confuse. Son malaise ne l’aide pas vraiment à saisir où veut en venir son frère. Elle lui adresse un regard interrogateur, l’invitant silencieusement à aller plus loin dans ses propos, bien qu’elle ne soit pas certaine d’avoir très envie d’entendre ce qu’il va lui dire.

—   Je connais ton passé, chuchote Cyrus à son oreille. Tu n’es qu’une criminelle qui n’a même pas la décence de prendre la responsabilité de ses actes.

La poigne de Cyrus sur le bras d’Aliona s’est resserrée. Il lui fait mal. Elle essaye de se dégager, mais c’est inutile : il est bien plus fort qu’elle. Il est désormais face à elle. Son visage est si proche du sien qu’elle peut sentir son haleine chargée d’alcool.

—   Tu as du sang sur les mains, Aliona. Tu peux jouer à la petite princesse tant que tu veux, au fond de toi tu connais la vérité. Tu ne fais que détruire tout ce qui se trouve sur ton passage sans la moindre considération pour ceux qui t’entourent.

Les mots de Cyrus atteignent Aliona. Elle a beau tenter de se rendre mentalement hermétique aux mots de son frère, elle n’y parvient pas. Elle ne sait pas à quoi il fait référence, mais tout cela la blesse au plus profond d’elle-même. Ce n’est pas la première fois que Cyrus l’accuse de choses qu’elle ne comprend pas. Mais c’est la première fois qu’il l’a traite ouvertement de meurtrière. Des larmes silencieuses dévalent son visage. Elle peut sentir le goût du sel sur ses lèvres.

Comment une personne avec qui on partage le même sang peut-elle se montrer si cruelle ?

Cyrus et elle arrivent rapidement à ses appartements. Les femmes de chambre prennent le relai. Aliona se sent plus légère dès que le contact avec Cyrus s’interrompt. Ce dernier reste le temps de s’assurer que la nouvelle Reine d’Arietis se trouve en sécurité dans son lit. Lorsque c’est chose faite, il tourne les talons et se dirige à nouveau vers de la salle de bal. Alors qu’il s’apprête à sortir, Cyrus se retourne une ultime fois vers sa sœur.

—   Bonne nuit, Majesté, dit-il en s’inclinant avant de définitivement quitter la pièce pour retourner prendre part aux festivités.

Aliona s’écroule littéralement dans son lit et s’endort alors que sa tête a à peine touché l’oreiller. Rapidement, les cauchemars habituels viennent perturber son sommeil. Un palais en flamme, des gens qui hurlent, la fumée qui l’asphyxie. Alors même qu’elle lutte de toutes ses forces pour se réveiller, bien consciente que ce n’est qu’un rêve, Aliona semble prise au piège de cette tourmente nocturne.

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