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Chiara
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Chapitre 18

Jonas fulmine. Cela fait une semaine qu’il tourne en rond. Impuissant.

Ayden lui a raconté que ce porc de Hyacinth a fait. Il a tenté de violer Aliona. Rien que d’imaginer ses mains répugnantes caresser le corps de la jeune femme le met dans une rage noire.

Il aimerait tant aller la voir, la réconforter, lui faire savoir qu’il est présent pour elle… Malheureusement, elle lui refuse systématiquement l’accès à sa chambre. Impossible de passer le pas de la porte sans être intercepté par les gardes.

Même Ayden n’a pu la voir qu’une seule fois. Les ordres sont stricts : personne n’entre.

Les deux hommes sont dans un salon, les traits tirés par leur inquiétude pour Aliona. Jonas a été anéanti par la nouvelle. Il est passé par un tourbillon d’émotions. De la stupéfaction, de l’inquiétude, de la tristesse, de la colère, et enfin, une tenace envie de vengeance. Ses yeux gris sont emplis de nuages qui menacent à tout instant d’éclater. Ayden, lui, est au fond du trou. Ils se sont violemment disputés avec Lucie. Sa jeune épouse lui reproche de ne pas avoir su protéger Aliona. Ils font chambre à part depuis. Lucie non plus, n’a pas quitté ses appartements. Le lien entre les deux femmes est si intense que c’est comme si Lucie ressentait la douleur d’Aliona sans même la voir.

Alors que Jonas fait les cent pas devant la fenêtre, un verre à la main, Ayden, assis dans un fauteuil, lui communique les dernières nouvelles concernant Aliona.

—   Elle ne mange pas, ne boit pas et ne dort pas. Elle reste là, face à sa fenêtre, totalement apathique, s’inquiète le prince d’Arietis. Si tu savais comme je m’en veux, gémit-il.

Jonas n’arrive pas à compatir avec son ami. Il est d’accord avec Lucie. Ayden peut s’en vouloir. S’il avait fait un peu plus attention à sa sœur, rien de tout cela ne se serait produit. S’il ne l’avait pas perdue des yeux, Hyacinth n’aurait rien tenté. S’il avait été plus rapide, il aurait pu arriver à temps…

Avec des « si », on refait le monde, se remémore-t-il. Rien ne peut changer le passer. Ce qui est fait est fait.

Jonas tente de se raisonner mentalement. Il ne sert à rien de retourner sa colère contre son ami. Il a fait de son mieux. Les cernes profonds qui marquent le visage d’Ayden, et son regard éteint montrent que le jeune homme souffre déjà bien assez. Il est inutile de rajouter du poids au fardeau qu’il porte déjà. Le roi d’Aquilae est bien conscient que son ami devra, jusqu’à la fin de sa vie, endurer chaque jour avec ce fardeau sur les épaules.

La colère ne quitte pas Jonas. Elle grogne comme un orage qui approche. Elle tonne en lui.

Il s’en est fallu de peu pour que Jonas n’aille pas couper les deux mains et arracher la langue et les yeux du souverain de Leporis. Une violente tempête grondait en lui, elle ne réclamait qu’à se déchainer contre la cause de sa colère. Le Roi en personne a été contraint d’intervenir pour l’en empêcher.

Pour ne pas le laisser se torturer l’esprit, Léonard a décidé de commencer plus tôt dans la semaine sa formation en tant que futur monarque. Jonas doit bien admettre que tout cela l’a grandement occupé. Apprendre le découpage des frontières, l’organisation juridique et politique d’Aquilae, connaitre les différents accords conclus avec les royaumes d’Elementum, l’histoire et la culture du Royaume de l’Air. En somme, le jeune homme n’a pas eu une minute à lui. Les rares moments où il n’a rien à faire, comme à cet instant, son esprit le torture en pensant à Aliona. Il faut qu’il s’occupe pour ne pas sombrer lui aussi. Il doit se montrer fort, pour lui, mais surtout, pour elle…

—   Il faut que je fasse quelque chose pour m’occuper, s’exclame Jonas en posant brutalement son verre sur le guéridon à sa droite.

Ayden, perdu dans ses pensées, sursaute.

—   Que veux-tu faire ?

—   N’importe quoi qui m’empêche de penser à Aliona.

Les deux amis réfléchissent en silence à ce qu’ils pourraient bien faire pour vider leurs esprits de toute préoccupation.

Jonas se tourne vers la fenêtre et voit les fleurs du jardin s’épanouir. Des images de son enfance lui reviennent en mémoire. Des montagnes, un piano, des bouquets de fleurs violettes. Des ancolies…

—   Et si… commence Jonas.

—   Quoi ? demande Ayden en levant un regard interrogateur vers son ami.

—   Non, laisse tomber, c’est une idée irréaliste.

—   Qu’à tu as perdre à me le dire ? s’agace le prince d’Arietis.

—   T’a raison, répond Jonas en s’asseyant face à Ayden. Je me demandais si on ne pouvait pas tenter de comprendre ce qui est arrivé à mes parents.

—   Que veux-tu dire ?

—   Cette semaine, ton père m’a appris l’Histoire d’Aquilae mais il est resté très vague concernant mes parents. J’ai envie d’en apprendre plus sur eux, et qui sait, peut-être résoudre le mystère de leur disparition. Qu’en penses-tu ? Tu m’aides à rétablir la vérité sur leur disparition ?

Ayden hésite avant de donner une réponse. Jonas voit bien sa réticence à le suivre dans cette folle entreprise.

—   Tu as conscience que c’est de la pure folie ? D’autres avant toi ont déjà essayé. Le Roi et la Reine d’Aquilae se sont tout simplement volatilisés ! rétorque Ayden.

—   Je sais. Mais qui ne tente rien n’a rien, tente de le convaincre Jonas. Et au moins, ça m’éloignera de mes pulsions meurtrières à l’égard de Hya…

—   Ne prononce pas son nom, le coupe froidement Ayden. Très bien, je vais t’aider à enquêter sur la mort de tes parents, cède-t-il. Par où commençons-nous ?

Jonas prend quelques secondes pour réfléchir. À dire vrai, il n’avait pas vraiment pensé à comment effectuer ses recherches. Impossible d’aller à Aquilae tant que son identité demeure secrète. Il va falloir se contenter des archives d’Arietis.

Soudain, une idée éclaire les yeux du jeune roi.

—   Mes parents étaient proches des tiens, n’est-ce pas ? interroge-t-il Ayden.

—   D’après ce que j’en sais, il me semble oui. Pourquoi ?

—   Ta mère devait forcément entretenir une correspondance avec eux. Vous avez conservé ses lettres ?

Comprenant où veut en venir Jonas, Ayden se lève revigoré à la perspective de penser à autre chose qu’à sa culpabilité en jouant les enquêteurs avec son ami. Même si résoudre l’énigme de la disparition d’Aeolus et d’Alizée n’est qu’une chimère, cela les forcera à faire autre chose que de s’appesantir sur leur sort et trouver du confort dans les ténèbres de leurs esprits.

—   Évidemment, nous avons tout gardé ! Cyrus n’aurait pas toléré qu’on jette ses affaires. Je suis persuadé que toutes ses lettres se trouvent quelque part au palais. Peut-être dans son bureau…

Alors qu’ils se dirigent vers la sortie du salon pour se rendre dans l’ancien bureau de la reine Ember, Jonas s’arrête net, la main sur la poignée de la porte.

—   Le bureau a été vidé quand il a été aménagé pour Ali, soupire-t-il. Les lettres ne seront plus là…

Déçus, les deux amis se rasseyent sur les fauteuils en silence.

—   Je peux tenter de me renseigner auprès de Cyrus et Léna, pense Ayden à voix haute. Même s’il le savait, je ne pense pas que Cyrus me dirait où se trouvent les documents de notre mère, mais Léna, elle, sera plus facile à convaincre.

—   Mais ils ne sont pas au palais, fait remarquer Jonas.

—   Je vais leur écrire.

Alors qu’Ayden se met en quête du nécessaire pour écrire à ses ainées, Jonas réfléchit à ce qu’il pourrait faire en attendant. L’idée d’examiner la correspondance de l’ancienne souveraine d’Arietis est la meilleure. Il doute que cela n’ait jamais été fait. Il doit forcément y avoir des pistes quant à la disparition de ses parents. Que faire en attendant de mettre la main sur ces précieuses lettres ?

—   Tu sais, reprend Ayden entre deux phrases rédigées à l’attention de sa sœur, les archives d’Arietis sont les plus complètes des cinq royaumes. Peut-être qu’en fouillant un peu dans les documents relatifs à Aquilae tu trouveras quelque chose ? suggère-t-il.

C’est une idée qui se tient. De toute manière, Jonas n’a rien de mieux à faire. Au pire, il en aura appris plus sur son royaume et son passé, au mieux, il découvre une piste concernant ses parents.

Sans plus attendre, il se lève et se dirige vers la bibliothèque qui renferme les précieuses archives des cinq royaumes.

Il se rend dans le département des archives et commence par fouiner dans les documents qui datent de l’époque de la disparition des souverains d’Aquilae : l’automne 1116. Les archives d’Arietis sont effectivement les plus complètes des cinq royaumes. Elles regorgent d’articles de journaux issus des quatre coins d’Elementum.

L’un des thèmes récurrents à l’époque semble être les attaques de certains fanatiques se faisant appeler les nouveaux dévots d’Omnis.

Omnis

C’est le nom de la première divinité qui a engendré le monde tel qu’il est aujourd’hui. Enfin, techniquement, Omnis a donné naissance à Lux et Teneris, qui ont à leur tour donné naissance aux quatre divinités qui ont créé Elementum.

Ce dieu est l’incarnation du Tout.

En parcourant les articles de différents journaux, Jonas apprend que les membres de ce groupe se sont inspirés d’un des mythes fondateurs de leur société. À en croire les fables que l’on raconte aux enfants, il fut un temps où les Hommes étaient si proches des dieux qu’ils avaient des pouvoirs.

Ridicule, pense Jonas en levant les yeux au ciel.

Les premiers dévots souhaitaient créer des êtres réunissant à eux seuls tous les pouvoirs des dieux pour devenir aussi puissants que la divinité fondatrice. Les nouveaux dévots se sont inspirés de cela pour promouvoir le retour d’une dictature similaire à celle qu’Elementum a connue durant l’Âge Noir alors qu’Hydrae dominait les cinq royaumes.

Penser à cette sombre histoire du monde fait froid dans le dos de Jonas.

Les articles parlant des actions de ce groupe terroriste l’année de la disparition de ses parents sont nombreux. Ils cessent peu de temps après, comme si l’absence des souverains d’Aquilae avait impacté l’action du groupe.

Ses parents seraient-ils liés d’une façon ou d’une autre à ces fanatiques ?

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