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Chiara
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27. Dernière demeure aux Enfers

Le souffle court je m’éveillais en sursaut. J’étais bien dans la chambre mais je n’étais plus dans le lit. Une femme s’y trouvait à ma place. Les draps étaient tachés de sang. Leipephilène n’était plus dans les bras de Iolaos. Ce dernier pleurait en caressant les cheveux de la femme qui gisait inerte dans le lit.

Je portais ma main à ma bouche en réalisant que cette femme c’était moi. Comment était-ce possible ? Je m’étais seulement assoupie.

— Hémorragie à la suite de l’accouchement, dit une voix d’homme à mon côté.

Je sursautais en l’entendant.

— Qui êtes vous ?, demandais-je.

— Mais où avais-je la tête, dit l’homme en se tapant le front d’une main. Je me présente, Hermès, Messager des dieux, Dieu des voleurs et psychopompe à mes heures perdues.

— Pourquoi es-tu ici ?

— Még, je suis désolé mais il va falloir que tu me suives de l’autre côté.

— NON !, hurlais-je. Je… ma fille a besoin de moi, je ne peux pas partir et la laisser.

Hermès me pris dans ses bras pour me calmer. Je m’étais mise à pleurer sans m’en rendre compte.

— Atropos a coupé le fil de ta vie Még, tu dois venir avec moi. Je te promets que ta fille est entre de bonnes mains.

Je n’eus pas le temps de protester. En un clin d’oeil, je fus conduite dans une grotte sombre. Il devait certainement faire froid et humide ici mais j’étais insensible à la température.

— Où va-t-on ?, demandais-je.

— Chez Hadès bien sûr ! Ton âme ne peut pas errer sur terre indéfiniment.

Un goût métallique envahit ma bouche. J’eus le sentiment de m’étouffer. Quand je fus prise d’une quinte de tout, je recrachais une pièce.

— Je vois que ton mari n’a pas oublié Charon, ça nous facilitera les choses pour passer.

Nous avançâmes à travers la grotte et un bruit d’eau se fit entendre. Un homme encapuchonné semblait nous attendre à bord d’une braque branlante. L’eau du fleuve était noire comme la nuit. Je ne voyais pas où cela nous mènerais.

— Salut Charon, tu nous déposes s’il te plait ?, lança Hermès à la cantonade.

— Comme si j’avais le choix, répondit le passeur des Enfers.

— Donne lui ta pièce si tu ne veux pas basculer dans les eaux du Styx, me souffla le dieu à l’oreille.

Je m’exécutais sans un mot et l’embarcation se mit en mouvement. Le trajet semblait interminable. Je n’avais aucune notion du temps écoulé. Cela aurait pu faire des jours, des heures ou seulement quelques minutes que j’avais quitté Iolaos et ma fille.

Nous touchâmes enfin l’autre rive.

— Et voilà, vous êtes arrivés. Bonne chance avec le Tribunal !, nous dit Charon alors qu’Hermès était déjà en train de descendre de l’embarcation rudimentaire sur laquelle nous avions entreprit la traversée du Styx.

Hermès m’aida à descendre de la barque.

— Le Tribunal ? Quel Tribunal ?, demandais-je paniquée.

— Le Tribunal des Enfers voyons ! Tu vas voir, Rhadamanthe, Éaque et Minos sont super sympas ! Tu n’as pas de quoi t’en faire. Il y a peu de chances pour que tu finisses au Tartare, ça n’arrive presque jamais. La dernière que j’ai accompagné qui y a été envoyé c’était ma semaine dernière, tu aurais vu sa tête. Elle ne s’y attendais pas du tout ! Elle …

— S’il te plait, tait toi ! Emmène-moi devant le tribunal qu’on en finisse.

Le Dieu des voleurs s’exécuta sans demander son reste. Héraclès m’avait souvent parlé de son demi-frère, mais je n’avais jamais vraiment eu l’occasion de le rencontrer. J’aurais préféré que ce soit en d’autres circonstances.

Nous arrivâmes face à un champ verdoyant. Là, se tenaient trois hommes à la figure sombre, et une file de gens qui attendaient leur jugement dernier.

Un frisson d’appréhension parcourra mon corps. Tous ces gens étaient morts eux aussi. Ils avaient sûrement de la famille, des amis. Des gens devaient pleurer leur perte là haut. Cette pensée me serra le coeur. Je revoyais ma fille que j’avais à peine eu le temps de tenir dans mes bras.

Mon tour arriva bien trop vite.

— Mégara, fille de Créon et femme de Iolaos, commença l’un des juges face à moi.

— Je suis aussi la fille d’Eurydice si vous voulez être complet. Et pourquoi me définir par les personnes de ma famille et pas seulement par moi même ?, demandais-je énervée.

Même dans la mort j’étais la fille de ou la femme de. C’est moi qui me tenait devant les juges, pas eux. C’est moi qu’on évaluait ici, pas eux. Je méritais d’être considérée comme un être à part entière est pas seulement comme la fille de.

— Je l’aime bien celle-là frangin, répondit le juge du milieu. On m’avait dit qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche mais je ne pensais pas qu’elle oserait nous répondre.

— Courage ou stupidité ?, enchaina le troisième et dernier juge.

Hermès s’était tendu derrière moi. Je savais que provoquer mes juges n’était pas une bonne idée mais si je n’extériorisait pas ce que je ressentais, je ne pourrais certainement jamais le faire.

— Tu as accomplis de grandes choses de ton vivant Mégara, repris Rhadamanthe, le premier juge,.

— Tu as beaucoup souffert et tu as su surmonter les épreuves que les moires t’ont imposées, poursuivis Éaque.

— Nous admirons ta bravoure et ta persévérance, la vie t’as été ôté alors que tu venais de la donner. C’est un sacrifice que tu as fait pour ton enfant, acheva Minos.

Je ne savais trop comment réagir face à leurs paroles. Si j’avais toujours été dans mon enveloppe corporelle j’aurais certainement eu les mains moites.

— Ne panique pas Mégara, les Champs-Élysées t’attendent, dit Rhadamanthe en me désignant un portail doré.

— Certains de tes amis se font déjà une joie de t’y retrouver, déclara Éaque.

— Profite de ta mort, acheva Minos.

Inconsciemment je me dirigeais vers le portail menant aux Champs-Élysées. Hermès m’y accompagna.

— Même si tu n’es plus la femme de mon frère, j’ai été ravi de faire ta connaissance soeurette ! À la revoyure !, dit-il avant de s’envoler et de disparaitre.

Je pénétrais alors vers l’inconnu. La vive lumière m’éblouit alors. Mes yeux enfin accoutumés à la lumière, je découvris que toute une ville se dressait face à moi. Avant même que je ne réalise ce qu’il se passait, quelqu’un se jetta dans mes bras.

— Még ! Je suis si heureuse de te retrouver ! Cela fait si longtemps !

La voix m’était familière. La force de l’étreinte aussi. Elle appartenait à une autre vie : Antigone.

— Viens, suis-moi, tous le monde t’attends.

Elle me conduisit vers une des demeures de cette merveilleuse cité. Là, je découvris autour d’une table, mes parents, mes frères : Hémon et Ménécée, mes cousins en train de rire ensemble ainsi qu’Ismène, mon oncle, ma tante, et trois petits garçons. Mes fils.

Tous étaient attablés et semblaient en vie. L’image me frappa en pleine poitrine. Tous semblaient si… vivant. Une scène que je n’avais jamais osé rêver se peignait devant mes yeux.

— Még, te voilà enfin, dit ma mère en me souriant. Nous t’attendions depuis longtemps. Raconte nous un peu ce qu’il t’est arrivé.

Et c’est ainsi que je finis me retrouvais à nouveau entourées de ceux que j’aime. Les années s’écoulèrent et Iolaos finit par nous retrouver lui aussi. Il m’apprit qu’Héraclès était devenu un dieu. Il me parla aussi de notre fille qui avait épousé un beau jeune homme et menait une vie tranquille sur notre ile. Le temps passa et cette enfant que je n’avais pas eu le temps de connaitre nous rejoignit à son tour. Elle nous raconta elle aussi sa vie. Je n’avais pas pu la voir grandir mais je retrouvais de moi en elle. Elle avait eu une longue vie heureuse et laissait derrière elle trois beaux enfants.

Après une vie fatigante, je trouvais enfin l’apaisement que je cherchais de mon vivant. On ne ment pas qu’en n parle de repos éternel. C’est ce que je ressens aujourd’hui encore. Je me sens reposée enfin. Aujourd’hui, j’ai retrouvé les miens.

Mon histoire méritait d’être racontée et la voici qui touche à sa fin.

Je suis Mégara, princesse de Thèbes et héroïne de ma propre vie.

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