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Chiara
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23. Iolaos

Quand je fus de nouveau en mesure d’ouvrir les yeux j’étais allongée sur le sol dur, entourée par une multitude de personnes. Leurs paroles étaient inintelligibles. J’entendais au loin des voix d’hommes qui demandaient à les laisser passer. En moins de dix secondes j’étais entourées par Thésée et Jason qui me relevèrent doucement. Héraclès se trouvait face à moi, les bras croisés et le regard dur. Je savais que nous discuterions de cela plus tard. En public, il ne dirait rien. Il ne me demanda même pas comment j’allais. Il connaissait déjà la réponse. Si mes yeux avaient pu lancer des flammes à cet instant, il aurait brulé sur place. Iolaos, contrairement à son oncle, semblait  inquiet, mais il se tenait en retrait.

- Allez Még, on te ramène dans ta chambre je pense qu’il faut que tu t’allonges, me dit doucement à l’oreille Thésée.

Héraclès donna une excuse à nos invités expliquant mon soudain malaise. Le vin dit-il. Héraclès expliqua à qui voulait l’entendre que j’avais abusé du vin. Le breuvage de Dionysos couplé à la chaleur étouffante avait eu raison de moi plaisantait-il. Cela avait sûrement joué, en effet, mais ce n’était pas l’unique raison de mon malaise. Les gens ne semblaient pas avoir fait le lien avec l’annonce subite de mon imminent re-mariage. Non, évidemment.  Ma tendance à la boisson avait été remarquée, le mariage n’était qu’anecdotique.

Héraclès ne nous accompagna pas. Il continua à jouer son rôle d’organisateur des festivités jusqu’au bout. En fin de compte, à ses yeux je n’avais plus aucun intérêt.

Thésée et Jason passèrent le reste de la soirée en ma compagnie à ruminer la décision d’Héraclès. Il ne les avait pas avertit non plus. Tout le monde avait été pris au dépourvu. Je pense qu’ils étaient autant, si ce n’est plus encore, remontée que moi contre mon mari.

— Je savais que ça n’allait pas fort entre vous mais de là à te céder au petit !, s’exclama Thésée. Mon cousin à complètement perdu la tête.

— Il aurait au moins pu te consulter avant de faire une annonce publique !, surenchéri Jason.

Cela faisait une heure que les deux hommes débattaient là dessus. Vexés de ne pas avoir été mis au courant, désapprouvant les méthodes de leur ami. Contre toutes attentes ils étaient de mon côté. Je me souviens avoir longtemps repensé à cette soirée. J’aurais cru à l’époque que les deux hommes soutiendraient mon époux dans toutes ces décisions. J’avais tort. Les moments que nous avions passés ensembles ces dernières années avaient créé des liens entre nous, aussi fort que ceux qui les unissaient à Héraclès. Ils étaient mes amis à moi aussi et cela réchauffa un peu mon coeur.

— Il s’y est pris ainsi pour ne pas me donner le choix, marmonnais-je.

Jason et Thésée se tournèrent tous les deux vers moi, les yeux écarquillés.

— En annonçant qu’il me cédait à Iolaos devant tout le monde, repris-je, il savait que je ne pourrais pas m’y opposer. Il veut se débarrasser de moi et cela doit faire des mois qu’il à concocté son plan.

— Mais comment savait-il que Iolaos gagnerait ?, demanda Thésée.

— Il ne le savait pas. Il m’aurait cédée à n’importe quel vainqueur.

Les deux hommes s’insurgèrent de nouveau. Je ne prêtais pas attention à leurs paroles, trop absorbée par mes propres réflexions : Héraclès m’aurait cédée à n’importe quel homme. Cela aurait pu être l’un des deux face à moi, même si Thésée était avec Antiope.

Soudain, je fis le lien avec les évènements de la soirée. L’attitude de Iolaos après sa victoire. Il ne ressemblait certainement pas au sportif venant de remporter l’épreuve la plus prisée des jeux.

— Il l’a dit à Iolaos, dis-je à voix haute sans véritablement m’en rendre compte.

Thésée et Jason se tournèrent en même temps vers moi.

— Qu’est-ce-que tu dis ?

— Je dis qu’il à prévenu Iolaos, juste après sa victoire. C’est pour cela qu’ils se sont isolés et qu’ils sont arrivés au milieu du banquet. C’est pour cela que Iolaos ne semblait pas à l’aise en ma compagnie plus tôt. Il savait ce que son oncle comptait faire ce soir. J’en mettrais ma main à couper qu’il n’a pas eu davantage le choix que moi.

J’avais été stupide de croire que notre relation avec Héraclès pouvait se rétablir. Ces dernières semaines il s’était montré agréable seulement parce qu’il savait qu’il en avait finit avec moi.

Alors que tout se bousculait dans ma tête, la porte de la chambre s’ouvrit en grand. Le claquement me fit sursauter. Il entra comme une furie. Je ne l’avais pas vraiment revu depuis qu’il m’avait pris mes garçons. L’homme qui se tenait devant moi n’était plus mon mari, c’était Héraclès, sans son masque de courtoisie. Sa folie dévoilée, éclatante dans toute leur splendeur.

— Dehors, gronda-t-il à l’intention de Thésée et Jason.

Les deux hommes ne firent même pas mine de bouger. Ils ne voulaient pas me laisser seule en compagnie de l’homme qu’il était devenu.

— J’ai dit, de-hors !, dit-il sur un ton froid en détachant chaque mot.

— Tu as rendu publique ta décision de la céder à Iolaos donc je ne pense pas que la discussion que vous vous apprêtez à avoir doivent se passer en priver, déclara Thésée.

Héraclès serra les poings. Il tentait de maitriser sa fureur face à ses amis. Les voir me soutenir et me protéger de lui devait le faire bouillir de l’intérieur.

— Parfait, restez si vous le souhaitez. Még, dit-il en plantant ses yeux orageux dans les miens, tu épousera Iolaos.

— Hors de question, répondis-je en croisant les bras sur ma poitrine en signe de protestation.

— Tu n’as pas ton mot à dire. Tant que tu es ma femme tu m’appartiens. Si je décide de te céder à un autre homme tu obéis. Fin de la discussion. Le mariage aura lieu le mois prochain, Iolaos et Iphiclès sont déjà au courant.

Il avait tout prévu. Les larmes me montaient au yeux. Je n’arrivais pas à analyser les émotions qui me submergeaient.

— Pourquoi ?, fut tout ce que je pu articuler.

Le regard d’Héraclès s’adoucis. J’eus presque le sentiment, pendant une fraction de seconde, de retrouver Alcide.

— Notre mariage est mort depuis longtemps et tu le sais aussi bien que moi, Princesse. Tu es jeune, tu mérites d’avoir quelqu’un à tes côtés qui puisses t’aimer alors que moi je ne le peux plus.

— Et ton neveu est le plus à même de remplir cette fonction, demandais-je piquée au vif par ses paroles.

— Je vous connais assez tous les deux pour savoir que c’est la meilleure solution.

Sur ces mots il fit demi-tour et quitta la chambre. Thésée et Jason me regardèrent inquiet. J’étais figée au milieu de la pièce. La vue troublée par les larmes qui perlaient au le coin. Me céder à Iolaos était pour lui une ultime preuve d’amour. Toute les épreuves que nous avions affrontés nous avaient trop abimés pour que nous puissions rester heureux ensemble. Me laisser partir était la seule solution qu’il avait trouvé.

Jason et Thésée sortirent de la chambre seulement une fois qu’ils furent certains qu’Héraclès ne reviendrait plus. Je n’allais pas me coucher ce soir là. Je passais la soirée à la fenêtre à contempler les étoiles, en repensant à des paroles prononcés là une époque me semblant lointaine mais qui ne m’avaient jamais quittées.

Le mois s’écoula bien trop rapidement. Héraclès restait invisible. Iolaos m’évitait. Jason et Thésée étaient tous deux repartis depuis longtemps. Au palais, seul Iphiclès me tenait compagnie et m’aidait à préparer le mariage. Mes journées se divisaient entre les préparatifs et l’éducation de Laodamas, le nouveau jeune roi de la cité, qui progressait a vu d’oeil. Mes moments avec le garçon étaient ceux que je préférais. Je lui enseignais tout ce que je n’avais pas pu apprendre à mes propres fils. Tout ce que je n’avais pas eu le temps de leur apprendre.

La veille du gamos, la proaulia fut annulée. Plus aucune femme de ma famille n’était en vie. Je passais donc la journée seule dans mes appartements à attendre que le temps passe. Quand la nuit fut tombée, quelqu’un vint toquer à ma porte. À ma plus grande surprise, lorsque je l’ouvris, je me trouvais face à face avec Alcmène. Nous n’échangeâmes pas un mot. Un silence plaisant s’installa  entre elle et moi. Elle m’aida à prendre un bain avant d’aller me coucher. Le lendemain, c’est elle qui vint me réveiller pour m’aider à m’habiller. Elle joua en quelque sorte le rôle de mère de substitution pour se second mariage.

Dix ans plus tôt j’avais revêtu un magnifique péplos rouge le jour de mes noces. Cette fois ci, je portais une tenue d’un violet si sombre qu’il aurait pu se confondre avec du noir. Pas de voile non plus. Je n’étais plus une jeune fille innocente que le marié devait emmener à la fin de la soirée. Au fond de moi, j’avais l’impression de me préparer pour mon propre enterrement.

Alcmène savait se montrer douce et la vieille femme me comprenait parfaitement. En silence elle me coiffa simplement avant que nous nous rendions au temple où Iolaos et les autres nous attendaient.

La cérémonie se déroula en petit comité. Seuls Iphiclès, Alcmène, Héraclès et évidemment Iolaos et moi même étaient présents. J’avais l’impression d’être en dehors de mon corps. Simple témoin de ce simulacre de mariage.

Le retour au palais ce fit dans le silence. Nous mangeâmes tous ensembles. Iolaos et moi ne nous adressâmes pas la parole. C’était à peine si nous nous regardions. On donnait plutôt l’impression de s’ignorer l’un l’autre.

Iphiclès tentait de détendre l’ambiance en discutant avec son fils et son frère sans grand succès. De beau-frère il devenait beau-père. La situation le faisait rire. Il était bien le seul. Mais, avec le recul je souligne ses efforts pour avoir tenté en vain de détendre l’atmosphère pesante qui régnait ce jour-là sur notre tablée. Héraclès quant à lui…. À vrai dire il ne semblait pas ravi d’être présent à cet évènement alors que tout cela n’arrivais que parce que lui l’avait voulu.

Les heures passèrent et vint enfin le moment de se retirer. J’étais exténuée par cette journée. Je n’avais qu’une envie : retrouver mon lit et dormir.

Alors que je me retirais discrètement pour rejoindre mes appartements une voix me figea sur place.

— Még ! Où pars-tu comme ça ?, demanda Héraclès.

Doucement, d’un mouvement calculé, je me retournais dans sa direction. De ma voix la plus calme et conciliante je répondit alors :

— La journée a été longue, je vais me coucher. Et c’est Mégara.

Je ne supportais plus qu’il m’appelle par mon diminutif. Cela lui donnait bien trop de pouvoir sur moi. Ce nom était réservé aux membres de ma famille, à mes proches, ceux que j’aimais. Il n’en faisait plus partie.

— La journée n’est pas finit pourtant, poursuivit Héraclès.

À la lueur dans ses yeux je savais ce qu’il insinuait par là. C’était absolument hors de question ! J’avais respecté sa volonté. Il voulait me céder à un autre homme pour se débarrasser de moi ? Grand bien lui fasse ! Je n’étais plus sa propriété, il n’avait plus le droit d’exiger quoi que ce soit de moi. D’autant plus que même du temps de notre mariage je ne l’avais jamais laissé décider pour moi.

Il dut voir à mon attitude que je n’étais absolument pas encline à prolonger ma soirée avec Iolaos.

— Un mariage n’est valide que si l’union est consommée, insista-t-il.

Cette remarque eu pour effet de faire recracher son vin à Iphiclès et lever les yeux aux ciel à Alcmène. Iolaos lui restait impassible comme si cela ne le concernait pas.

Még, ne me force pas à demander à ce que cela soit fait devant témoins.

C’était la coutume, surtout pour les mariages royaux. Nous y avions échappés par je ne sais quel miracle dix ans plus tôt. Il était hors de question de faire ça devant un public.

Je poussais donc un soupire de résignation et plantait mon regard dans celui de Iolaos.

— Je suis fatiguée et je me retire. Viens avec moi et finissons en.

Iolaos se leva tel un automate construit pas Hephaïstos, et me rejoignis en silence. Ensemble, nous nous dirigeâmes vers mes appartements. Qui étaient aussi ceux d’Héraclès officiellement. Soudain perturbée par cette idée je m’arrêtais brusquement dans le couloir.

— Tu sais, je ne vais pas te forcer à faire quoi que ce soit, déclara Iolaos gêné. On dira ce qu’il veut entendre à mon oncle et il nous laissera tranquille.

— Non, ce n’est pas ça. C’est juste que je ne sais pas où nous devons nous rendre. Mes appartements ou les tiens ?

— Je partage les miens avec mon père alors il serai plus confortable pour toi si nous allions dans les tiens.

J’acquiesçait silencieusement avant de reprendre mon chemin. À peine avions nous pénétré dans le petit salon que je me jetais sur la bouteille de vin afin de nous servir un verre chacun. Après avoir tendu le sien à Iolaos, je vidais le mien d’une traite avant de m’en servir un deuxième. Tout en buvant lentement une gorgée, mon nouvel époux leva un sourcil intrigué.

— Je te le répète, nous ne sommes pas obligés de faire ça ce soir, dit-il en reposant son verre sur la table.

Je me dirigeais vers un fauteuil assez grand pour que deux personnes puissent y prendre place avant de lui répondre.

— Si il le faut. Tant que ce ne sera pas fait il ne nous laissera pas en paix. Après chacun sera libre de vivre sa vie comme il l’entend. Si tu le souhaites tu pourras prendre des maitresses et faire comme si cette journée n’avait jamais eu lieu.

Iolaos soupira et vint me rejoindre. Je pris alors le temps de le regarder pour de vrai pour la première fois depuis bien longtemps.

Ses cheveux noirs contrastaient avec ses yeux bleus. Un léger chaume couvrait ses joues. Il contracta les muscles de ses cuisses en s’asseyant, et sa large carrure emplit tout l’espace qu’il restait sur le fauteuil. Il n’avait plus rien du petit garçon avec qui je jouait encore enfant. Et même s’il était de cinq ans mon cadet, il avait désormais tout d’un homme. Il aurait pu faire de l’ombre à son oncle, quand bien même ce dernier était le fils de Zeus, alors que lui n’était qu’un « simple » mortel. Il ressemblait tant à son père.

L’alcool avait dut me monter à la tête pour que je laisse mon esprit divaguer autant.

— J’ai quelque chose sur le visage ?, me demanda-t-il.

Je me ressaisi rapidement. Non, je ne pouvais résolument pas me laisser autant aller. Même sous l’effet relaxant de l’alcool qui coulait dans mes veines. J’étais contre ce mariage. Alors nous devions le consommer puis vivre nos vies chacun de notre côté.

— Moi non plus je ne voulais pas que les choses se passent comme ça Még, reprit Iolaos.

Il a lu dans mes pensées !, songeais-je alors. Devant mon regard ahuri, Iolaos éclata de rire.

— Ne fais pas cette tête. Je sais qu’il nous a tous les deux pris au dépourvu.

Nous discutâmes un moment. L’ambiance se détendit, et le vin aidant je passais presque un moment agréable en sa compagnie. Cela faisait des années que nous ne nous étions pas retrouvés que tous les deux. Sans gêne. Juste simplement nous, tel que nous étions. Enfants pourtant, nous avions passé beaucoup d’après-midis en compagnie l’un de l’autre ainsi qu’avec Antigone et Ismène.

Ce souvenir me perturba plus qu’il ne l’aurait dû. Y penser en cet instant là n’était pas une bonne idée. Ma tristesse subite due se traduire sur mon visage car Iolaos me demanda ce qui n’allait pas avant de se rapprocher de moi.

— Parle moi, dis moi ce qui t’a traversé l’esprit.

— Je repensais à nous enfants. Tu t’en souviens ?

— Et comment ! Toi et tes cousines passiez votre temps à me martyriser. Je perdais à tous vos stupides jeux !, s’exclama-t-il.

La mention à haute voix de mes cousines accentua mon mal être. Iolaos s’empressa de s’excuser.

— Ce n’était certainement pas le moment de parler d’elles.

— Je pensais à elles justement. À nos après-midis insouciants au bord de l’eau l’été.

— Je vois…, commenta-t-il.

Le silence s’installa. Toutefois, il n’était pas gênant comme cela aurait pu l’être. Iolaos me serra contre lui et je soupirais.

— Elles me manquent. Toutes les deux. Mes frères aussi.

— Je sais, tu n’as jamais été la même depuis…

Il prit mon menton entre ses mains afin de diriger mon visage vers le sien et pouvoir me regarder dans les yeux. Il chercha une réponse à sa question muette dans mon regard et dû la trouver car lentement, il se pencha vers moi avant de m’embrasser.

Je le laissais faire. Ses lèvres étaient douce contre les miennes. Je les entrouvrit, et délicatement, sa langue trouva la mienne. C’est lui qui mit fin à ce baiser en premier.

— Nous ne sommes pas obligés, répéta-t-il pour la énième fois, le souffle court.

— Je sais, murmurais-je avant de l’embrasser à mon tour.

Nous primes le temps de nous découvrir sous ce nouvel aspect. Nos mains partirent à la découverte de nos corps alors que nos bouches s’exploraient. Une chose en entrainant une autre nous finîmes tous les deux dans mon lit. Alors que son corps surplombais le mien et que nous étions plus que prêt à passer à l’étape supérieur, Iolaos s’arrêta.

— Je peux m’arrêter si tu veux.

Ni lui ni moi n’avions envie de mettre fin à ce que nous avions commencer. Incapable de parler je l’attirais donc à moi en une supplique silencieuse de poursuivre.

— Ne t’arrêtes surtout pas, finis-je par susurrer à son oreille alors qu’il m’embrassait dans le cou.

Il ne se le fit pas dire deux fois.

Le soleil me tira du sommeil le lendemain matin. Je me tournais dans le lit quand ma main buta contre un corps. Iolaos.

Les souvenirs de la nuit précédente me submergèrent alors que je me forçais tant bien que mal à ouvrir les yeux.

— Bonjour, dit-il en m’adressant un sourire à se damner.

— Bonjour, répondis-je.

— Bien dormis ?

C’était la discussion la plus banale que je n’ai jamais eu au réveil. Avec Héraclès nous ne parlions pas le matin. En réalité, nous avions des emplois du temps totalement décalés donc nous n’avions que rarement  l’habitude de nous réveiller ensemble. Cette matinée toute simple en compagnie de Iolaos semblait appartenir à un autre univers.

— Et toi ?, demandais-je en me calant dans ses bras.

Il ne répondit pas à ma question, semblant perdu dans ses réflexions. Sa mains caressait doucement mes cheveux, alors que je me détendais à ses côtés.

— J’ai l’impression d’être encore en train de rêver.

Intriguée je levais la tête pour voir son visage, lui demandant silencieusement de développer sa pensée.

— Je… Comment dire. Cela doit faire dix ans que je suis amoureux de toi Még, dit-il en fermant les yeux comme s’il refusait de m’affronter. Quand tu as épousé Héraclès … J’étais encore trop jeune pour comprendre mes sentiments mais j’étais inexplicablement en colère contre lui. Tu t’es ensuite éloignée et notre relation n’a plus été la même. Tu étais devenue la femme de mon oncle.

Je ne savais pas quoi répondre. Je n’avais aucune idée de ce qu’il avait pu ressentir vis à vis de cette situation. La première année j’avais été heureuse dans mon mariage, puis il y a eu les travaux, et les garçons. Iolaos était souvent en déplacement avec Héraclès. Cela faisait dix ans que nous n’avions pas pris le temps de nous voir comme des amis.

Les mots ne me venant pas je resserrais mon étreinte alors que les doigts de Iolaos étaient descendus de mes cheveux pour caresser mon épaule.

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