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Chiara
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17. Départ chez les Amazones

Une nouvelle année s’écoula après le départ d’Alcide. La Thrace est une contrée lointaine. Il fallait déjà plusieurs mois rien que pour s’y rendre. J’avais maintenant vingt ans. Les garçons grandissaient a vue d’œil. Il avait été difficile pour moi de reprendre goût à la vie après le départ d’Alcide. Heureusement, voir ces deux petits bonhommes changer et évoluer de jour en jour me permit de retrouver progressivement la lumière.

Un beau jour alors que je me trouvais dans les jardins en compagnie de mes fils, un messager me fit savoir qu’Alcide arriverait dans la soirée. Je m’empressais alors d’organiser un petit diner afin de célébrer son retour. J’ordonnais donc aux cuisines de préparer ses plats préférés. Je veillais à ce qu’on fasse apporter des fèves et des concombres en plus du pain. Je demandais à ce qu’on nous serve du poisson frais. Je portais une attention particulière au vin également en choisissant une bouteille que j’étais certaine qu’il apprécierait. Enfin, pour le dessert, en plus du raisin et des grenades qu’Alcide affectionnait tout spécialement, je demandais à ce que l’on nous prépare exceptionnellement des loukoumades, le dessert préféré de mon époux.

Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus. Avant le départ d’Alcide j’étais encore en plein deuil, habillée de noir. Je n’étais alors que l’ombre de moi-même. Le temps avait réussi à panser mes blessures. J’avais troqué mon péplos noir de deuil pour un péplos aux tons violets. Je n’étais pas encore prête à remettre des couleurs vives et claires, mais c’était déjà un premier pas.

Tout était prêt pour le retour d’Alcide. Les garçons avaient déjà mangé. Je les enverrais dans leur chambre avec leur nourrice après qu’ils aient salué leur père. Le repas attendait sur la table que j’avais fait dresser dans nos appartements.

Le soleil descendait sur l’horizon, parant le ciel de tons orangés, quand Alcide fit enfin son entrée. Il prit les garçons dans ses bras pour leur dire bonjour. Les deux petits riaient de bon cœur face à leur père. Je ne pus me retenir de rire en observant ce spectacle. Les trois hommes de ma vie de nouveau réunis. Après avoir reposé les enfants, Al me prit à mon tour dans ses bras.

 Par Zeus, qu’est-ce que ce rire m’avait manqué ! Qu’est-ce que tu m’avais manqué, Még !, s’exclama-t-il en me faisant tourner dans ses bras.

Nous profitâmes de nos retrouvailles autour du repas que j’avais fait préparer. Alcide me raconta son périple à travers le pays pour se rendre auprès de Diomède, en Thrace, et capturer ses juments. Le roi de Thrace avait fini par y perdre la vie. Cependant Eurysthée était satisfait du travail d’Alcide.

— Quand dois-tu repartir ?, demandais-je en finissant mon verre de vin.

Je savais que notre temps ensemble était compté. Alcide devrait toujours repartir tant qu’il n’aurait pas fini les travaux qui lui étaient imposés par Eurysthée afin de rembourser la dette de sang contracté par son père. Tant qu’il n’aurait pas achevé ces missions, l’ombre de la folie continuerait à planer au-dessus de lui. Il ne serait jamais tranquille. En dépit des années qui étaient passées depuis cette fameuse nuit où toute lucidité l’avait quitté, il ne se laissait jamais totalement aller lorsque nous dormions ensemble. Il dormait peu et mal quand il résidait à Thèbes. J’avais hâte que tout cela soit enfin derrière nous. Hâte d’enfin avoir une vie normale. De partager plus que quelques jours, ou au mieux quelques semaines, avec mon mari.

— Demain, répondit Alcide.

Sa réponse me fit un pincement au cœur. Déjà ! Il devait repartir si vite. J’essayais de me raisonner en me disant que plus vite il partait achever ces travaux, plus vite il rentrerait au palais. Cependant, chaque départ était plus difficile que le précédent.

— Où t’envoie Eurysthée cette fois ?, m’enquis-je en tentant de masquer la déception dans ma voix.

— Chez les amazones.

— Les amazones ? Mais, ton cousin veut ta mort ?, m’exclamais-je.

— Oui, ce n’est un secret pour personne qu’Eurysthée rêve de me voir mort et enterré, rit Alcide. Mais cela n’arrivera pas princesse, car je n’irais pas seul.

L’idée de savoir qu’il ne serait pas seul chez les amazones me réconforta un peu. Ces femmes étaient connues pour être sans pitié.

— En quoi consiste ton travail cette fois ?, demandais-je.

— La fille de mon cousin souhaite que je lui ramène la ceinture d’Hippolyte, la reine des amazones.

— Je vois… Et qui prends-tu avec toi ?

— Iolaos m’accompagnera avec Iphiclès. Thésée, mon cousin, viendra aussi.

Le départ d’Iolaos, le neveu d’Alcide, m’attristait un peu. Du haut de ses quinze ans, le jeune homme s’était montré d’un précieux soutien ces derniers mois. Il s’amusait souvent avec Créontiadès, lui enseignant à se battre et à tenir une arme. Thérimaque était encore trop jeune pour cela, mais du haut de ses deux ans, le petit bonhomme admirait son cousin. Il venait aussi passer des après-midis avec moi pour me tenir compagnie maintenant que je n’avais plus personne. Nos discussions déviais souvent. Il était fort instruit pour son âge et j’adorais nos débats. Sans lui, Thèbes serait bien vide.

— Je les ai prévenus de notre départ dès mon arrivée, poursuivit Alcide. Maintenant, il faut que nous préparions nos bagages, conclut-il.

Alcide se leva de table et commença à préparer ses affaires. J’étais perdue dans mes pensées. Je me demandais si partir chez les amazones, uniquement escorté d’hommes, était une bonne idée. Je n’avais pas relevé qu’il avait dit « nous » et non « je ».

— Qu’est-ce que tu attends ?, me demanda Alcide.

— Comment ça ?, rétorquais-je secouant légèrement la tête afin de revenir au moment présent.

— Prépare tes affaires voyons !

— Mais…. Mais…, bredouillais-je.

Les mots me manquaient. Je ne comprenais pas trop ce que voulait Alcide.

— Tu pensais vraiment que j’allais te laisser ici princesse ?

— Sérieusement ! Je viens avec vous ?, m’exclamais-je le cœur bien plus léger.

— Évidemment ! Je n’allais pas partir chez les amazones entourées d’hommes uniquement. Je sais que tu ne t’en rends pas compte, mais tu n’es pas la seule à avoir un cerveau qui fonctionne chérie.

Sans attendre une seconde de plus, je préparais mes affaires. Je n’empaquetais que le strict nécessaire. Je savais que la durée des travaux d’Alcide était incertaine. Le trajet nous prendrait du temps, c’était certain. Les amazones ne vivaient pas à la porte d’à côté !

Alors que je m’affairais, une pensée me coupa dans mon élan.

— Qu’y a-t-il ?, s’inquiéta Alcide.

Il posa une de ses grandes mains robustes sur le bas de mon dos. La chaleur de cette dernière se répandit dans tout mon corps.

— Et les garçons ?, murmurais-je.

Créontiadès avait tout juste quatre ans et Thérimaque deux. Il était inenvisageable qu’ils nous accompagnent chez les amazones. Le périple en bateau serait bien trop risqué. Mais je ne me voyais pas non plus les laisser seuls ici, sans aucun membre de la famille pour veiller sur eux. Bien sûr, il y avait mon père, mais comme je vous l’ai déjà dit plus tôt, il n’était plus lui même. Je n’avais pas assez confiance pour les laisser à leurs nourrices. Après tout, ils étaient les seuls héritiers connus de Thèbes encore en vie !

Pendant que j’étais perdu dans mes réflexions, Alcide tentait de trouver une solution à notre problème.

— Ma mère, finit-il par dire.

— Qu’est-ce qu’elle a ta mère ?, demandais-je sans saisir pourquoi il pensait à elle soudainement.

Alcide n’était pas très proche d’Alcmène. Depuis la mort d’Amphitryon, la pauvre femme s’était repliée sur elle-même. Elle n’avait même pas assisté à notre mariage. Je ne l’avais pas vue depuis des années. Cela faisait si longtemps que je me demandais si elle vivait encore au palais.

— Elle pourrait garder les garçons, déclara Alcide.

— Mais est-elle capable de s’occuper d’elle-même…, répondis-je amère.

Je n’avais rien contre l’idée de laisser mes fils à leur grand-mère. Alcmène avait parfaitement élevé Alcide et son frère Iphiclès, et, d’après ce que m’avait raconté mon époux, elle avait été d’une grande aide pour mon beau-frère au cours des premières années de vie de Iolaos. Je savais qu’elle m’avait moi-même gardée à une époque. Mais les choses avaient changé depuis le temps. Cela faisait plus de quatre ans qu’elle s’était murée dans son chagrin et mon inquiétude maternelle me poussait à douter de ses capacités.

— Még…, gronda Alcide qui n’aimait pas je manque de respect à la femme qui lui avait donné la vie. Ma mère est parfaitement capable de s’occuper des petits. Ce n’est pas parce qu’elle s’est retirée de la vie publique qu’elle ne vit plus.

— Cela fait des années que je n’ai pas vu ta mère ! Elle n’est même pas venue à notre mariage ! Et tu me demandes de lui confier les petits !, m’exclamais-je. Je préfère encore rester à Thèbes et attendre ton retour.

— Si tu ne m’accompagnes pas chez les amazones, mes chances de revenir en vie sont presque nulles !, répliqua-t-il.

Je n’avais pas vraiment le choix si ce n’est entre la peste et le choléra. Je savais qu’Alcide disait vrai. Il serait impossible pour lui d’accomplir cette mission auprès des amazones sans mon aide. Il fallait donc que je me résolve à confier la garde de mes bébés à Alcmène.

— Très bien, soupirais-je. Ta mère gardera les petits.

— Parfait ! Maintenant, prépare tes bagages, la route sera longue et nous partons demain dès l’aube !

Je préparais donc mes affaires avant de me mettre au lit. La nuit fut des plus agitées. Je fis plein de cauchemars. Les tableaux s’enchainaient sans cohérence apparente. Tantôt nous étions, Alcide et moi, chez les amazones, puis des pluies de flèches s’abattaient sur nous. Alcide était touché à l’abdomen. Nous ne pouvions pas fuir. Il expirait son dernier souffle dans mes bras. Changement de décor. Tout devin flou. Je me retrouvais soudain dans une des clairières qui entourent la cité. Alcmène joue avec les garçons au bord de la rivière. Au bout d’un moment la vieille femme s’allonge à l’ombre d’un arbre et s’assoupit. Les enfants demeurent sans surveillance au bord de l’eau. La dernière image que je vis avant de me réveiller en sursaut fut celle des corps de Créontiadès et Thérimaque flottant sans vie, emportés par le courant de la rivière.

J’ouvris rapidement les yeux. La chambre était encore plongée dans le noir. Nous étions au beau milieu de la nuit. J’avais le souffle court et j’étais trempée de sueur. Alcide, à moitié endormi, se tourna vers moi et tenta de me prendre dans ses bras pour m’apaiser.

— Ce n’est rien princesse, juste un mauvais rêve, murmura-t-il. Rendors-toi maintenant, nous avons une longue journée qui nous attend.

Je mis du temps à me rendormir, mais finalement la respiration paisible de l’homme à mes côtés me rassura et je retombais doucement dans un sommeil sans rêves cette fois-ci.

J’avais toujours été sujette aux cauchemars. Plus jeune, je vivais sans cesse le jour où j’avais découvert ma tante dans sa chambre, pendue au plafond. Plus tard, il m’arrivait régulièrement de rêver de champs de bataille semblable à celui d’Orchomène où Amphitryon avait perdu la vie. Dormir avec Alcide m’apaisait généralement, mais il n’était pas souvent là. Depuis la guerre des sept chefs, suivie par la disparition d’Antigone et Hémon, je refaisais énormément de mauvais rêves. Cependant, je rêvais seulement de tragédies passées, jamais du futur. Cette nuit-là me donna le sentiment d’un funeste présage…

Comme prévu, le lendemain dès le lever du soleil, nous étions prêts à partir. Iphiclès et Iolaos nous attendaient, nous devions retrouver Thésée à Athènes avant d’embarquer sur un navire afin de nous conduire sur les terres des amazones.

Il nous fallut plusieurs semaines pour rejoindre Athènes. Le trajet se fit sans embuche et dans la bonne humeur. Alcide et Iphiclès en profitèrent pour se retrouver entre frères et moi je profitais de la compagnie de Iolaos.

Le neveu de mon mari avait désormais quinze ans. C’était devenu un grand gaillard, pas très à l’aise dans son corps de géant. Il n’avait pas encore fini de se développer, mais je ne doutais pas qu’il finirait aussi séduisant que son père et son oncle quand il aurait achevé sa croissance.

Iphiclès avait fait le choix de s’occuper lui-même de l’éducation de son fils. Il faut dire qu’ils étaient très proches et très complices tous les deux. Mon beau-frère lui avait fourni une éducation d’érudit. Iolaos avait acquis une grande culture en passant ses journées à étudier dans la bibliothèque du palais. Le jeune homme avait énormément de conversation pour son âge et il était agréable de discuter avec lui. Il avait une réflexion très mature qui rendait le débat intéressant et pour le moins intense. Il faut dire que nous avions tous les deux un fort caractère et souvent Alcide et Iphiclès devaient s’interposer quand le ton montait entre nous.

C’est à Alcide qu’avait été confiée la tâche de former le jeune homme à l’art de la guerre. Iolaos l’avait déjà accompagné à plusieurs reprises lors de ses travaux. Il avait notamment été d’une grande aide pour affronter l’Hydre de Lerne où il avait joué un rôle décisif. Bon, cette aide avait fini par se retourner contre Alcide, car cet abruti d’Eurysthée avait estimé que le travail n’avait pas été accompli dans les règles et ne comptait donc pas.

Iolaos était tout excité à l’idée d’accompagner à nouveau Alcide pour cette nouvelle mission. C’était la première fois qu’il voyageait aussi loin. Mais croyez-moi c’était loin d’être la dernière… Nous y reviendrons un peu plus tard, pour l’instant contentons-nous du récit de ce neuvième travail.

Arrivés à Athènes, nous rejoignîmes Thésée, roi et fondateur de la cité. C’était déjà un héros reconnu à l’époque. Tout comme Alcide et Iphiclès, Thésée avait la trentaine. Il était notamment connu pour avoir tué le Minotaure qui vivait sur l’île de Crête gouvernée par le roi Minos. Il y avait vécu une petite histoire d’amour avec la fille de Minos, Ariane, mais cette dernière s’était mal terminée.

Notre équipe au complet nous pouvions enfin embarquer pour rejoindre les terres des amazones. Thésée avait tout prévu. Nous devions prendre un navire baptisé l’Argo, construit par un jeune homme nommé Jason. Thésée et Alcide l’avaient rencontré lors de leur formation avec le centaure Chiron. Quand Jason avait appris que nous cherchions un navire sûr pour nous rendre chez les amazones, il s’était immédiatement proposé de nous escorter.

Bien entourée par tous ces hommes, je me sentais en sécurité pour affronter les multiples dangers du voyage. Cependant, je craignais la manière dont les amazones nous recevraient. Il faut dire qu’elles n’étaient pas réputées pour leur amour de la gent masculine, et je doutais que ma seule présence soit suffisante pour les apaiser.

Afin de parvenir à destination, il nous fallait traverser la mer Égée, du nom du père de Thésée. Il s’agit, une fois encore, d’une histoire un peu sombre. Un drame grec parmi tant d’autres. Une tragédie ayant marqué le monde à jamais. Si vous connaissez déjà le mythe, n’hésitez pas à passer les prochaines lignes. Sinon, installez vous bien, je vais vous expliquer pourquoi cette mer porte le nom du père du fondateur d’Athènes.

Égée était roi avant son fils. Athènes n’était pas encore ce qu’elle est devenue, mais il régnait sur ces terres qui deviendraient le berceau de votre société moderne. Comme je vous l’ai expliqué précédemment, Thésée s’était rendu en Crète quelques années auparavant. Il avait été envoyé afin de tuer le Minotaure, il y a rencontré Ariane, enfin bref ça vous le savez déjà. C’est d’ailleurs cette épopée qui l’a rendu célèbre. Il faut savoir que Thésée avait convenu d’un arrangement avec son père. Le pauvre homme se faisait un sang d’encre pour son fils et craignait pour sa vie. Il faut dire que le Minotaure était une bête redoutable qui avait un lourd passif. Rappelons quand même que son plat préféré était les hommes et les femmes en tartare !

Toujours est-il qu’Égée avait demandé à son fils de partir en mer avec des voiles noirs. À son retour, s’il avait survécu, il devait changer les voiles pour des blanches. Dans le cas contraire, il devait garder les voiles qu’il avait mises à son départ.

Thésée était jeune, il s’était empressé de rentrer après sa victoire en Crète. Dans sa précipitation et son excitation à retrouver sa terre natale, le jeune héros n’avait pas changé les voiles. Le pauvre Égée, voyant le navire arriver au loin avec ses imposantes voiles noires, pensa alors que son fils avait péri lors de sa mission. De chagrin, le vieil homme s’était jeté du haut d’une falaise directement dans la mer. Depuis, cette dernière portait son nom.

Thésée s’était toujours tenu pour responsable de la mort de son père. Il avait eu beaucoup de mal à surmonter cette épreuve et s’en voulait énormément. Naviguer sur ces eaux qui portaient le nom d’Égée l’avait profondément perturbé. Alcide et Jason n’arrivaient pas à lui changer les idées. Il passait la majorité de son temps debout à la proue afin de contempler l’étendue azure qui s’étirait à perte de vue. Quelque part, au fond de l’eau, gisait le corps de son père.

La traversée dura une semaine. Nous eûmes de la chance, car la météo fut clémente. Alcide qui n’avait pas le pied marin ne s’en était pas trop mal sorti. Le bateau n’était toujours pas son moyen de transport favori, mais le voyage fut bien moins éprouvant qu’il ne le craignait.

Moi j’ai adoré ce voyage. Sentir le bateau s’incliner sur l’eau. Avoir l’impression de voler, d’être léger. Le bleu à perte de vue. Ce sentiment d’apaisement. Le vent qui faisait voler mes cheveux. Le goût salé que les embruns laissaient sur ma peau. Tout avait un profond parfum de liberté et d’insouciance.

C’était la première fois que je prenais la mer et cela avait été magique.

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