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Carmina-Xu
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52

Alan lâcha brutalement sa canne pour se tenir la tête. Il avait si mal ! Pourquoi ces images provoquaient une douleur aussi atroce ? Ayana le rattrapa par un bras alors qu’il perdait l’équilibre. Le vacarme autour de lui avait disparu, il n’entendait plus rien hormis un horrible sifflement et le sang qui pulsait dans son crâne. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ces maux liés à sa mémoire défectueuse se montraient si violents ? Il releva difficilement les yeux sur les images qui défilaient toujours. À nouveau, la sensation d’être transpercé le reprit. Un détail devint évident en regardant l’écran, ce point de vue qui observait… Alan parvint à articuler à travers un murmure rauque :

— Ces souvenirs… C’est les miens !

La douleur ne faisait que s’intensifier alors que ses yeux restaient rivés sur la scène surréaliste qui défilait. Ce réseau d’Amplificateurs était en train de complètement partir en vrille, les étincelles qui illuminaient ce chaos sans nom… Des mots lui échappèrent dans sa langue natale dans un murmure irréfléchi et spontané :

— Je suis le Feu et je serais votre enfer…

— Quoi ? s’étonna Ayana alors qu’elle peinait à le soutenir.

— Je... Je sais pas… Ça n’a aucun sens, articula-t-il avec difficulté.

La vision qui était diffusée autour d’eux se transforma doucement et l’intensité de la pression dans son crâne retomba légèrement. L’évidence devint clair, Alan venait de regarder un de ses propres souvenirs. Si c’était bel et bien le cas, est-ce que les mots qu’il venait de prononcer provenaient du spécimen zéro ? Le projet Dreams se révélait déjà surréaliste, mais ce qu’il se passait en ce moment l’était encore plus ! Pourquoi ? Cette question martelait son esprit sans s'arrêter.

Les écrans dévoilaient maintenant une personne en train de déambuler d’un pas lent et parfois incertain au milieu des allées d’Amplificateurs. Simon ? Autour de lui, seules la désolation et la mort dans un chaos inqualifiable régnaient. Ici et là, des hommes et femmes restaient inertes sur leur machine, le poignet capturé par un anneau de métal qui les maintenait piégés. Il ne réagissait même plus à ceux qui convulsait lorsqu’il passait à leur côté. Au loin, une grande silhouette se redressa et Simon s’arrêta durant de longues secondes. Puis, d’un coup, un élan d’énergie le secoua. Il se précipita vers le soldat en demeurant effroyablement muet dans ce chaos sonore.

Non sans difficulté, Simon parvint à atteindre l’homme qui tentait désespérément de libérer le poignet d’un autre piégé sur sa machine. Mateus. Son visage était livide et ses yeux perdus, pourtant une terrifiante lueur paraissait animer son regard. Cependant, ce qui tétanisa le plus Alan fut la vision de sa gorge. L’agent devait se trouver dans un tel état de choc, qu’il ne réagissait pas à l’horrible brûlure qui la marquait presque entièrement. Même ses vêtements en gardaient la trace. Il comprenait mieux pourquoi cet homme portait en permanence des cols, même quand il faisait une chaleur caniculaire. Il sembla prononcer quelques mots qui demeurèrent inaudibles et il reporta son intention à la personne qu’il s’acharnait à vouloir libérer.

Alan découvrit avec effroi Xin quand le regard de Simon revint sur elle. Elle respirait, mais celle-ci paraissait difficile s’il se fiait aux mouvements de sa poitrine. Voir cette femme fut une vision d’horreur. Comme Mateus, elle était gravement brûlée. La partie supérieure droite de son visage, ce même stigmate qu’elle ne camouflait jamais. C’était donc ce jour-là… Simon se pencha sur la machine pour chercher quelque chose en dessous qui libéra la femme puis il déchira sa chemise pour tenter de la panser. Mateus s’éloigna, peut-être pour chercher les autres survivants. Alan déglutit difficilement en remarquant un détail, mais il avait été trop rapide pour pouvoir s’en assurer. Venait-il d’apercevoir que les tissus que tenait Simon à ce moment-là étaient déjà imbibés de sang ?

Les images se transformèrent à nouveau. Le chaotique complexe se mua en un riche bureau visiblement occupé par des hauts gradés militaires. Deux hommes discutaient et la seule chose qu’il parvint à réellement percevoir fut : « les rescapés ne doivent pas relancer le projet ». Un horrible constat fusa de la part du Passeur à ses côtés :

— Mais ce sont mes souvenirs !

— Quoi ? échappa Alan.

Une nouvelle scène prit place et à nouveau, Alan put entendre ce même constat qui provenait d’une autre personne. Qu’est-ce qu’il y avait de plus terrifiant pour un Passeur ? À ses yeux, c’était de se faire voler sa mémoire. C’était dans cette basse besogne que les Visiteurs s’étaient spécialisés… Dans le fond, ils n’étaient pas si différents d’eux, se décomposa-t-il avec amertume. Ils avaient tous cherché des fragments de mémoire sans se poser de questions… surtout lui. Progressivement, la panique monta parmi ses homologues et pourtant ils étaient entrainés et formés pour garder un sang-froid. Même Ayana à ses côtés devenait de plus en plus agitée. Ils avaient été exploités à des fins tout bonnement révoltantes ! Il allait être père merde ! Comment cela…

Il échappa un profond et terrible rire qu’il tenta vainement de contenir en posant la main sur la bouche. Ses nerfs lâchaient aussi. Quitte à s’en prendre à quelqu’un parce qu’il ne se maitrisait plus, c’était contre Mateus qu’il allait prendre pour cible ! Il tourna les talons en laissant Ayana sur place. Il doutait de sa capacité à l’affronter, mais s’il pouvait dévisser sa mâchoire de ce prétentieux, il allait le faire avec plaisir ! Étrangement, ceux qui se trouvaient sur son passage s’écartèrent sans plus attendre. Est-ce que dans son humeur pugnace, il faisait claquer plus fort sa canne au sol ou bien le voir débarquer avec un air aussi furieux en était la cause ? Dans l’immédiat, il s’en foutait complètement.

Il trouva facilement Mateus, il n’avait pas quitté sa position devant l’ascenseur. Alan remarqua avec effroi qu’il avait tiré son col pour afficher sa peau brûlée. De toute évidence, il ne comptait plus se cacher maintenant que tout le monde apprenait la vérité. Personne n’osait bouger, même les hommes de sécurité gardaient de la distance avec lui. Alan ralentit quelque peu et sa gorge se noua. L’ancien militaire était si terrifiant qu’il lui volait sa détermination et le grand sourire méprisant qu’il lui adressait ne fit que s’élargir davantage en le voyant arriver. Il lui lança avec ironie alors qu’Alan retrouva ses forces pour s’approcher de lui :

— Et bien Ribes, tu l’as pas vu venir celle-là hein ?

— Arrête de m’appeler comme ça colonel Müller

Ô qu'est-ce qu’il avait envie de lui jeter sa canne à la gueule ! Mateus savait très bien qu’il détestait entendre son nom prononcé ainsi et il ne s’en privait pas ! En revanche, Alan ne devait pas oublier quel monstre se tenait en face de lui. Ce n’était pas un Nightmare pour rien. Au fur et à mesure qu’il avançait, il évalua la distance qu’il pouvait parcourir avant de perdre son équilibre quand il abandonnera son appui. Il s’empara du pied de sa canne pour que son pommeau devienne son arme lorsqu’il estima l’avoir assez approché. Même si c’était un ancien gradé surentrainé, s’il touchait, il allait le sentir passer ! Mateus ne bougea pas un seul instant, il attendait non sans le provoquer davantage :

— Ramène-toi le Ribes ! Avec une jambe en moins, tu feras moins chier !

— Je compte bien te refaire le portait avant !

Alan regarda Mateus lever les bras pour se mettre en garde, mais il n’abandonna pas son terrible sourire prétentieux. S’il pensait pouvoir encore le déstabiliser après toutes ces années à le supporter, c’était louper ! Un rire épouvantable résonna, il n’essayait même plus de le retenir. Il savait bien qu’il n’allait pas rester debout longtemps, mais le judo, c’était aussi du combat au sol ! Autant dire qu’Hugo l’avait martyrisé plus d’une fois avec ses clefs ! Alan balança sa canne de droite à gauche pour tenter de maintenir son équilibre qui devenait fragile à chacun de ses pas. Également pour tromper de quel côté allait partir son coup. Il resserra sa main sur le pied avec détermination, Nightmare ou non, Mateus continuera de lui apporter que des emmerdes !

Alan pivota sur un talon pour donner de l’élan à son pommeau quand il sentit qu'il commençait à pencher. Comme il s’y était attendu, Mateus se rapprocha pour limiter son allonge et éviter la partie métallique. Après l’avoir bloqué sans peine avec son bras, sans abandonner son foutu sourire prétentieux, son poing fusa avec la bonne attention de lui décrocher la droite de sa vie. Alan lâcha immédiatement sa canne pour lui attraper la manche et tourna contre lui pour le tirer par-dessus son épaule en profitant de sa vitesse. Il l’accompagna dans sa chute, de toute manière, il avait perdu son équilibre.

Mateus percuta le sol marbré en échappant une plainte surprise. Alan lui tomba aussitôt sur le ventre en lui passant un bras autour sous son aisselle et sa nuque pour le tenir. Il écarta les jambes pour obtenir un plus grand appui, mais il se trouva limité dans son mouvement à cause de ses vêtements. Le costume était trop ajusté pour qu’il puisse exécuter convenablement sa technique. Sans relâcher sa prise, Alan déglutit face à ce qu’il remarqua. Mateus restait immobile, il se laissait faire. Il l’entendit rire avant de commenter :

— T’aurais franchement été chiant si tu étais encore capable de tenir debout ! En revanche, oublie pas que le judo, c’est la base de l’auto défense et c’est ce que les gars comme moi maitrisent le mieux !

Avant même qu’il ne comprenne ce qu’il se passe, Alan se retrouva le ventre plaqué au sol avec Mateus qui lui écrasait le dos avec un genou. Le reste de son corps bloquait ses jambes pour qu’il ne puisse plus bouger. Le Nightmare lui avait aussi capturé un bras en lui donnant un angle douloureux. Alan tenta malgré tout de se redresser, de se retourner, de trouver une faille qui lui permettrait de briser sa technique. Mateus lui tordit vivement le bras comme réponse pour le stopper. En riant une nouvelle fois, Mateus lui remarqua :

— Et dire que tu es le seul à avoir les couilles pour me tenir tête ! À ton avis, qu’est-ce qu’il va se passer maintenant que je te tiens ?

— Non Ayana ! Reste où t'es ! hurla-t-il en la voyant arriver.

Elle s’approchait de lui en étant suivie par plusieurs personnes, principalement des Passeurs. Il ne voulait pas qu’elle prenne le moindre risque ! Mateus n’aura aucun état d’âme à lui faire du mal… Surtout elle, parce que ça le briserait... Alan abandonna sa résistance. Il ne pouvait s’entêter à lutter. Seul, il se moquait des conséquences. Qu’il entraine du monde dans sa folie, certainement pas !  Il se retrouva soudainement si terrifier par ce que dégageait Mateus qu’il devint muet. Devant lui, tout le groupe s’était figé et n’osait plus bouger. Ayana recula de plusieurs pas avec un murmure silencieux, un « c’était toi » qu’il put lire sans la moindre difficulté. Mateus resserra son emprise sur son bras avant de lui répondre :

— Et oui ! C’est moi ! Je suis ton Nightmare insaisissable ! Je sais pas comment tu es arrivé à déduire que je n’étais pas seul, mais j’imagine que ce connard y est pour quelque chose ! remarqua-t-il en tordant davantage le coude d’Alan. Petit bonus, on est dix-sept et je suis qui les mène tous ! C’est aussi parce que tu as découvert mon identité qu’on t’a grillé la mémoire ! se moqua-t-il en forçant toujours plus sur son bras. Avant que certains se sentent pousser des ailes, gardez à l’esprit que vos têtes sont précieuses ! Par contre le reste…

Mateus affermit brutalement son emprise. La panique monta, il était gaucher et il n’allait quand même pas lui… Un mouvement vif et énergique. Un craquement lugubre résonna. Un hurlement de douleur. Putain !  Il l’avait fait ! il l’avait vraiment fait ! Il venait de lui casser son bras directeur ! Alan roula sur le côté en serrant des dents pour contenir sa souffrance, mais essayait également de redonner un angle moins chaotique à son coude quand Mateus le libéra. Alors qu’Ayana accourut jusqu’à lui malgré qu’il l’avait suppliée de ne pas approcher, Le Nightmare lui adressa d’un ton mauvais :

— Tu n’as que ce que tu mérites Ribes… Et toi Bathily, tu as de la chance.

— Pourquoi ? s’époumona subitement Ayana. À ce que je sache, que je sois une femme ne t’arrête pas ! À quoi ça rime toute cette mascarade ? ajouta-t-elle sur le même ton défiant.

— J’ai encore un semblant d’humanité, je ne touche pas aux enfants et aux femmes enceintes.

Ayana se décomposa subitement autant qu’Alan. Comment pouvait-il déjà savoir pour elle ? Les différents Passeurs à ses côtés se tournèrent vers elle avec étonnement. Comme si ça relevait du miracle… Cependant, le Nightmare reprit pour répondre aux questions qu’elle avait soulevé :

— Pourquoi ? Pour vous préserver de l’enfer qui s’ouvre aux quatre coins du monde en ce moment, lança-t-il avec aplomb. Cette tour sera votre prison jusqu’à la fin ! Mais ne vous inquiétez pas, rit-il encore une fois. Vous êtes toujours précieux à nos yeux et vous aurez un grand rôle dans ce qui va émerger ! Maintenant, restez tranquille jusqu’à ce qu’on vous donne vos nouveaux quartiers !

Deux hommes parvinrent à tirer Alan pour l’éloigner de Mateus qui campait sa position. Son bras le lançait terriblement et dans l’immédiat, il craignait d’en voir l’état. Juste en le tenant, il le sentait déjà gonfler. Une femme accourut jusqu’à lui, mais il demeura muet face à ses questions. Avec Ayana, elles essayaient de lui retirer sa veste, mais chaque mouvement ne faisait que lui arracher des plaintes de douleurs. C’était probablement une des médecins internes à la HDC, mais son bras était loin d’être son problème majeur. Son regard restait rivé sur Mateus, de quel enfer parlait-il ? Ses yeux finirent par se reporter sur Ayana, il voyait à quel point elle était autant que lui dépassée par la situation, mais qu’elle s’efforçait de garder son calme. Quel avenir avait-il maintenant ? Quel futur allait avoir leur enfant ? Cette question lui fendit l’âme.

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