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Carmina-Xu
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14

Progressivement, le troisième niveau se modélisa autour de lui. Il découvrit que c’était une sorte de complexe fermé, certainement militaire. L’environnement était devenu bien plus vaste, mais il devinait qu’il n’était pas au bout de ses peines. Que cachait l’inconscience ? Pour une fois, ses pensées se contredisaient. Il voulait savoir, mais sa raison lui soufflait aussi qu’il allait trop loin. Il remarqua monsieur Prévost qui se tenait devant une baie vitrée, à observer en contre-bas. Alan le rejoignit sans plus attendre. Il sentait quelque chose d’étrange dans les vibrations du rêve. Un souvenir se formait, mais il percevait autre chose derrière celui-ci. En arrivant à ses côtés, il découvrit que l’homme avait rajeuni. Au moins une dizaine d’années à vue d’œil. Il portait fièrement son uniforme, mais Alan remarqua que ce n’était pas celui de l’armée de terre française ou encore allemande. Il avait appris à identifier ce genre de détail durant ses formations, mais celui-ci, il ne le reconnaissait pas. Seuls ses galons lui certifiaient le grade que Nightmare avait donné : général.

Alan reporta son attention sur ce qui accaparait celui de monsieur Prévost. Un homme leur tournait le dos, peut-être une tablette dans les mains, tandis que toute une équipe travaillait sur une machine. L’Amplificateur ? Il se frotta les yeux nerveusement, mais quelle blague ! C’était un prototype vu son allure. Pourtant, monsieur Polen était bien son créateur et il détenait tous les brevets ? À aucun moment, le système n’avait appartenu au domaine militaire… Si ?

Alan tenta de faire apparaitre une cigarette, un placebo l’aiderait à se calmer, mais il se sentait complètement bloqué. Au même instant, celui qui semblait superviser se tourna pour jeter un œil dans leur direction. Il resta bouche bée en le reconnaissant, Simon Polen ! Surtout, ce qui le marqua le plus, c’était que son regard ne paraissait pas aussi intense et furieux comme il l’avait toujours connu. A ses côtés, John Carter, le cocréateur… Dans quoi avait-il mis le nez encore ? Non… Dans quoi l’avait-il envoyé ? se corrigea-t-il sans quitter de vue son patron.

L’environnement trembla d’un coup, sans sentir de quelconques prémisses. Ce qui se trouvait derrière la vitre se transforma comme s’il venait de passer à une nouvelle séquence dans une vidéo. Par réflexe, il mentionna à voix haute le phénomène qui se produisait, nécessaire pour l’analyse des données :

— Distorsion de souvenirs.

Même s’il en avait déjà expérimenté durant ses précédentes immersions, celle-ci prenait une étrange forme. D’habitude, il se promenait d’un fragment de souvenir à un autre. Là, seule une partie de l’environnement se transformait, mais la base restait l’observation. Il devait avouer que c’était bien plus supportable que des résonances. Ça n’allait pas faire saturer sa mémoire à cause d’un flux trop important d’informations.

Un laboratoire de recherche se matérialisa, de la biochimie d’après les équipements qu’il apercevait. Alan déglutit à nouveau lorsque les acteurs de ce souvenir prirent totalement forme, deux femmes, deux visages qu’il connaissait très bien : Emma Edren et Xin Liang. Sur les dix-sept PDG de la HDC, quatre d’entre eux étaient présents et pas les moindres : les fondateurs.

Elles aussi semblait bien plus jeunes. Il devait trouver à tout prix un indicateur de temps, il était convaincu que ce qu’il voyait était antérieur à la création de la société… Non, du laboratoire lui-même. Un détail attira son regard. Madame Liang, elle n’avait aucune cicatrice de brûlure sur le visage ! Pourtant, elle détenait ce stigmate depuis toujours. C’était de notoriété publique qu’un accident domestique pendant son enfance en était la cause… Son affreux ricanement nerveux lui échappa. C’était une blague… Il aimerait vraiment le croire, mais les distorsions et les résonances ne mentaient jamais.

Il commençait à sérieusement se demander si tous les PDG, les Dreamers, possédaient tous un lien avec l’armée avant que la HDC ne voit le jour. Si sa supposition s’avérait correcte, alors ce n’était pas à l’échelle nationale, mais plutôt européenne s’il se fiait à la nationalité de chacun. Simon était autrichien. Emma, finlandaise. Xin, allemande de naissance en dépit de ses origines chinoises flagrantes. Un mot bouclait dans son esprit : pourquoi ? Pourquoi l’avait-on envoyé ici s’ils savaient qu’il pourrait découvrir tout ça ? Alan se frotta le visage. Il allait lui-même saturer s’il continuait ses réflexions et surement faire grimper ses constantes. Il devait garder son sang-froid.

L’environnement changea brutalement du tout au tout, au point de lui donner le sentiment d’en être expulsé. La variation fut si brusque et si inhabituelle que ses sens se mirent en alerte. Il espérait que ses constantes ne faisaient pas trop vagues, ce genre de chose faisait grimper l’adrénaline ou au contraire, le stress. Dire qu’il se sentait serein était un grossier mensonge. Cependant, il était déterminé à comprendre ce qu’il se passait ici.

Il reprit son observation et réalisa que les frontières du rêve s’étaient étendues. Il savait que c’était possible, mais c’était la première fois qu’il voyait une extension. Jusqu’à maintenant, le décor s’était montré confiné, mais là, l’espace était devenu vaste. Son idée du complexe militaire se confirma, peut-être même en souterrain.

Il s’arrêta quand il réalisa ce qui l’entourait. Abasourdi, effaré, choqué… Des centaines, voire des milliers d’Amplificateur se trouvaient dans cette salle. Une quantité industruelle. C’était le modèle sur lequel travaillait Simon peu de temps avant. Il avait toujours pensé que cette technologie était limitée, qu’il existait seulement une machine par branche de la HDC. Il s’empressa de retrouver son hôte qui continuait son chemin dans l’allée centrale. De vive voix, mal assuré, il indiqua ce qu’il se passait :

— Fin de la distorsion, plus courte que la moyenne. Souvenir en cours.

En le rejoignant, il remarqua plus loin une étrange structure qui ressemblait à un cylindre. Le système était relié à un réseau de câblage qui se répandait vers les machines. Au loin, il vit deux acteurs se matérialiser, deux militaires qui portaient des casques. Il devina à leurs galons qu’ils étaient des officiers supérieurs. À la vue de monsieur Prévost, ils se placèrent sur le côté pour libérer le passage et retirèrent leurs équipements avant de se mettre au garde-à-vous.

Alan s’arrêta à nouveau quand il arriva à leur niveau. Il resta bouche bée, il les reconnaissait aussi : Reynold Fisher… Et Mateus Müller. Le tour de cou que Mateus portait attira son regard, noir avec un motif rouge que les plis ne lui permettaient pas d’identifier. Sa gorge demeurait bien visible alors qu’il ne l’avait jamais connu autrement qu’avec de grands cols.

L’agent personnel de Simon lui avait confirmé qu’il avait bien été un militaire durant leur déplacement. Pourquoi avait-il fait un changement de carrière aussi important ? Ça l’intriguait. Il se détourna des deux personnes qui reprenaient leur chemin pour rattraper monsieur Prévost qui continuait d’avancer. Depuis qu’il avait atteint l’inconscience, Alan le trouvait affreusement silencieux. Ils arrivèrent à la structure qui piquait son attention depuis le début de ce souvenir. Ils en firent le tour et Alan se figea en découvrant ce qu’il contenait derrière une épaisse barrière de verre.

— Oh putain…

Un homme. Il y avait un homme là-dedans ! Il flottait comme s’il se tenait en apesanteur dans un liquide bleuté avec un masque sur le visage pour assurer son apport en oxygène. Une bonne dizaine de perfusions était reliée à son corps pour le moins impressionnant. Un véritable colosse ! Il devait faire sans peine plus de deux mètres et sa carrure ainsi que sa musculature se révélait digne d’un athlète. Ses avant-bras étaient marqués par de grand et complexe tatouage au motif de flamme. Il était simplement habillé d’un short terne et un cercle métallique à sa taille permettait de le tenir en place. Néanmoins, un détail le laissait perplexe, il paraissait avoir la trentaine comme lui, mais ses cheveux s’avéraient blanc immaculé ? En tout cas, il venait de mettre un visage sur le « spécimen zéro ».

Un terrible malaise le prit. Cette vision le dérangeait. Il avait l’impression de se tenir face à un cobaye qui, à son avis, n’avait pas demandé à se trouver là. De plus, cet homme arborait une étrange expression, une sorte de satisfaction et de nostalgique… Il avait déjà vu ça chez des patients en coma paradoxal volontaire. Il s’était laissé glisser dans les Méandres ? Il reporta son attention sur le Général qui l’observait aussi. De toute évidence, il regardait une terrible violation des droits de l’homme. Est-ce que cette personne était encore vivante à l’heure actuelle ? Monsieur Prévost jeta un œil à droite et à gauche avant de revenir au tube. Il sortit de son mutisme en parlant en français :

— Je me demande de plus en plus si tu fais partie des individus que les nazis traquaient durant la Seconde Guerre mondiale. Ils se sont volatilisés du jour au lendemain sans laisser de traces… Qui aurait cru qu’un rêve pouvait avoir un tel potentiel ! Ton existence a drastiquement fait évoluer nos technologies ces dernières années. Quoi de mieux que d’exploiter un monstre pour créer une armée surhumaine ! Maintenant que l’armée unifiée européenne s’est bien développée et il est temps de te réveiller de force. Les états membres devraient enfin valider ma demande... Tu as causé tant de dégâts à ton apparition et vu le démon que tu es au sein de tes rêves… Tu feras une excellente arme de destruction ! Même à l’ancienne, il y a toujours des solutions pour réduire à néant un homme pour le formater comme l’on veut.

Alan se décomposa en regardant monsieur Prévost et du dégout prit vivement forme. La maltraitance, il savait très bien ce que c’était, mais là, c’était bonnement monstrueux comme paroles ! Il était intervenu sur des missions spéciales de dernières minutes de la part de Simon où il avait fait face à des personnes corrompues et terribles… Là, ça avait atteint un tout autre niveau. C’était le pire qu’il avait pu voir depuis qu’il exerçait ! Il serait presque content des agissements de Nightmare si ce dernier n’avait pas prévu qu’il se retrouve ici ! C’était trop ! Est-ce que le but de cette immersion était vraiment d’aider les autorités de découvrir tout cela ? Dans ce cas, est-ce que cela signifiait que ce criminel avait aussi fait partie de tout ça ? Étant donnée la rancœur qu’il avait entendue dans sa voix, ça l’étonnait que le personnage passe inaperçu. Les doutes malmenaient sa raison. Une violente fracture comparable à du verre qui se brise le fit sursauter. Ses craintes franchirent ses lèvres :

— Le rêve se fissure ! La déstructuration…

Il chuta subitement sans terminer son commentaire, le sol sous ses pieds venait de disparaitre. Pendant qu’il tombait, telles des vidéos, des fragments de souvenirs défilèrent. Une résonance ! comprit-il au fur et à mesure que sa mémoire saturait. D’une intensité qu’il n’avait jamais connu ! Il n’allait plus pouvoir retenir ce qu’il voyait consciemment à ce rythme ! Encore une fois, il entendit un craquement retentir. Ce son le glaça, le songe devenait dangereux ! Ses constantes étaient probablement en train de s’envoler, mais il espérait tenir encore un peu avant un réveil d’urgence. Il voulait connaitre la vérité de cette histoire et fournir un maximum d’information aux autorités.

Un nouvel environnement se reconstitua autour de lui, mais il détectait qu’il avait traversé un niveau du rêve. Il se trouvait maintenant au quatrième : « les émotions ». Ça allait empirer ! Il n’aimait pas atteindre ce stade. Il ignorait pourquoi, mais il percevait clairement le sentiment qui régnait dans un souvenir. Avec ce qu’il venait de découvrir et les paroles de Monsieur Prévost, il sentait que ça allait être charmant…

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