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20

Alan se rendit aussitôt aux portiques dédiés au personnel en entrant dans le bâtiment. Son badge ne devait pas être désactivé normalement. Au pire des cas, il mettra la pression sur un des agents de sécurité pour passer, convocation à l’appui. Même s’il l’avait fait, il savait très bien que les Passeurs pouvaient obtenir tout ce qu’ils voulaient avec une simplicité déconcertante. La plupart des employés leur cédaient tout. Il se dépêcha de rejoindre l’élévateur qui venait d’ouvrir ses portes. Sans surprises, on le laissa se glisser là où il le voulait sans le demander. Encore une fois, ça l’irritait, mais il se garda d’émettre le moindre critique. Une nouvelle personne entra alors que l’ascenseur se vida entièrement au trentième niveau. Quand il releva le regard de son téléphone sur lui, il remarqua sa veste de Passeur. Son commentaire fusa en le reconnaissant :

— Génial, il manquait plus que toi…

— Alan ! Ça faisait longtemps ! J’espérais ne plus te voir !

Mathias Karlsson, un Allemand d’une cinquantaine d’années et surtout le troisième Passeur européen le plus efficace en concurrence avec Ayana et lui. Il ne pouvait déjà pas l’encadrer à la base à cause de son comportement, alors maintenant… C’était réciproque tant qu’à faire. L’entente ne pouvait pas exister à partir du moment où cet homme estimait qu’il constituait un obstacle à sa carrière. Alan souffla sans prendre la peine de se cacher. Après Mateus, s’il y avait bien une personne à qui il ferait manger sa canne, c’était bien lui. Ce dernier continua avec son habituelle condescendance lorsque les portes se fermèrent derrière lui :

— Vraiment, te trouver ici ne m’arrange pas. J’allais bientôt réclamer la mise à jour du classement pour reprendre ma place.

— Ça ne vole pas haut comme démarche, remarqua-t-il après avoir ricané sans s’en se retenir. Ce n’est pas de ma faute si tu n’as pas su garder ta place à l’époque face à un petit jeune de vingt-trois ans. En fait, je trouve même ça pitoyable de voir que tu attends ce genre de situation pour la retrouver. Ça en dit long sur ta capacité à produire des résultats supérieurs au mien.

— Contrairement à toi, au moins je suis entier et j’ai toute ma tête ! rappela-t-il en pointant avec dédain sa canne. Après tout, c’est notre outil le plus précieux.

— Ah, suis-je bête, ironisa-t-il après avoir posé les doigts sur sa prothèse. Ça ne sert à rien que je l’éteigne. J’entendrais quand même tes conneries d’une oreille. Je préférais te remplacer par Abigaïl là.

— Un appareil auditif, ça reste discret, commenta Mathias avec dédain. Par contre, la canne, ça te fait vraiment passer pour un…

Alan pointa sans attendre la fin le pied de son appui vers la tête de Mathias pour le surprendre et qu’il ne termine pas sa phrase. Il savait très bien ce qu’il allait dire, il ne le supportait pas, encore moins si ça sortait de sa bouche. Il avait décidé de chercher les emmerdes ou quoi ? Déjà qu’il n’était pas spécialement apprécié, voire douteux, même si aucunes preuves légales n’existaient. Il l’avisa aussitôt :

— Abstiens-toi de finir. Ayana a eu la bonne idée de commander du titane pour la poignée. Je ne pense pas que tes genoux vont aimer vieux connard.

— Tu ne prends même pas la peine de cacher tes menaces, sale merdeux de Français, termina-t-il en allemand. Ça serait dommage que ce genre d’incident remonte aux oreilles de Monsieur Polen.

— Oh ne t’en fais pas pour ça, je vais justement le voir. Le merdeux de Français lui passera le message. Apparemment, tu deviens sénile aussi. Tu le sais pourtant, je connais très bien ta langue. En tout cas, je suis sûr que notre employeur va apprécier cet échange.

Alan leva son appui vers la caméra de sécurité de l’ascenseur pour détourner l’attention de Mathias et ouvrit rapidement une application d’enregistrement vocale sur son téléphone. Il l’agita en montrant son écran pour lui faire croire qu’il venait tout enregistrer. Son grossier bluff sembla fonctionner lorsqu’il vit Mathias se raviser à répliquer. C’était mieux que de lui mettre la poignée de sa canne dans les dents. Tout comme Hugo, il ne jurait que par la légitime défense. Porter le premier coup n’était jamais bon, surtout avec une personne comme Mathias. La cage se stoppa au quarantième étage et le Passeur le quitta non sans lui lancer un regard assassin. Il commenta au passage :

— C’est ça casse-toi.

Lorsque les portes se refermèrent, il bascula la tête contre la paroi en fermant les yeux et en soufflant pour s’efforcer de lutter contre son vertige. Alan rangea son téléphone, ce faux chantage ne marchera pas une deuxième fois, mais au moins ça l’avait calmé sur le moment. Enfin, le siège était suffisamment grand et les Passeurs très souvent en déplacement, ils ne devraient pas se croiser de sitôt. Il se remit sur pied correctement et prit appui sur sa canne en remarquant qu’il approchait du dernier étage. C’était tout à fait hors de question qu’il offre un semblant de faiblesse devant la haute administration. Lorsque les portes s’ouvrirent, il se dirigea vers le salon d’attente du bureau de Monsieur Polen. En restant droit et fier, il n’hésita pas à faire plus de bruit avec le pied en métal pour rendre son arrivée immanquable. Ça ne lui ressemblait pas de se faire remarquer, mais il voulait montrer à tous ces gens qu’il qualifiait de détestables qu’il existait toujours. 

En franchissant le sas, il découvrit Mateus accoudé sur le plateau supérieur du bureau d’Abigaïl qui n’avait franchement pas l’air ravi par sa présence. Cet homme aimait emmerder le monde pour passer le temps. Il accompagnait sans cesse Monsieur Polen lors de ses déplacements, mais quand ce dernier se trouvait au siège, il se tournait les pouces. Le premier qui lui tombait sous la main en faisait les frais. Au moins, ce n’était pas pour lui cette fois. Juste sa présence le mettait déjà mal à l’aise.

Il se dirigea aussitôt vers le salon d’attente sans même daigner les saluer ou se signaler. De toute manière, l’un comme l’autre lui sortait par les yeux. Puis, ils savaient aussi très bien pourquoi la raison de sa venue. Il reprit son téléphone en s’asseyant. Il avait de l’avance, il pouvait un peu regarder les informations en attendant. Il remarqua qu’il avait reçu un message d’Hugo lorsqu’il le déverrouilla. Son ami lui demandait de le tenir au courant des résultats qu’il aurait après sa rencontre avec Monsieur Polen. De souvenir, il se trouvait à Munich cette semaine… Il ne répondit pas, mais ouvrit la conversation avec Ayana pour la prévenir :

— Je suis arrivé au siège, tu commences ton immersion vers quelle heure ?

— C’est prévu pour onze heures et quart. Ça va aller ?

— Oui, mais ça tourne encore beaucoup aujourd’hui, avoua-t-il sans hésiter. Personne s’est pris de coup de canne, c’est déjà ça ! même si ça m’a démangé avec Mathias. Müller est bien occupé avec Abigaïl, ça m’arrange, ajouta-t-il dans un autre message.

— Tu n’imagines pas le nombre d’heureux que tu ferais si ce prétentieux ne pouvait plus parler ! n’hésita-t-elle de préciser et qui lui arracha un petit sourire. C’est bien le pire Passeur que j’ai pu rencontrer… Et du monde j’en connais ! J’ai visité les dix-sept branches de la HDC quand même ! précisa Ayana peu de temps après son précédent message.

— Hugo serait jaloux de savoir que tu connais plus de monde que lui, s’amusa Alan.

— Tu sais bien pourtant que je n’ai pas besoin de ça pour le rendre jaloux !

Alan esquissa un nouveau sourire qu’il tenta de retenir. Elle n’avait pas tort sur ce point. Ayana et Hugo s’étaient beaucoup rapprochés depuis son accident, alors qu’avant, ils n’étaient pas plus que de simples connaissances. Ça lui faisait plaisir que les deux seules personnes qu’il considérait comme sa famille se soient liées ainsi malgré les circonstances. Il continua sur ce sujet avec ironie :

— Enfin, il a aussi des arguments pour te rendre jalouse aussi !

— Oh mon dieu Alan, le joyeux trio que nous formons correspond tout à fait à la définition du triangle amoureux ! lança-t-elle après avoir pris plus de temps pour écrire.

— T’es sérieuse là ? demanda aussitôt Alan avec un air blasé. Ce qui me fait peur, c’est qu’Hugo commence à déteindre sur toi… Je sais pas si je dois m’en réjouir, ajouta-t-il dans la foulée.

Mateus s’écrasa soudainement dans le canapé à côté de lui en lisant sans la moindre gêne ce qui était affiché sur son écran. Dire qu’il avait osé espérer qu’il le laisserait tranquille jusqu’à ce qu’il entre dans le bureau de Monsieur Polen… Malgré sa bonne humeur apparente, il se sentait encore plus mal à l’aise. Par contre, qu’il regarde sa conversation, ça lui déplaisait vraiment. Il commenta :

— Abigaïl ne vous distrait plus assez monsieur Müller ? Le gorille a changé de cible, écrit-il à Ayana en laissant le temps à Mateus de lire. Je te tiens au courant quand j’en sais plus. Biz ma belle.

Du coin de l’œil, il vit Mateus se renfrogner. Ça lui apprendra à lire. Le pire, c’était que ce n’était pas lui qui l’avait baptisé ainsi, mais bien Ayana. De surcroit, beaucoup de monde l’appelait comme ça au siège depuis qu’elle l’avait lancé. En tout cas, le garde ne releva pas et demanda sans détour avec son flegme habituel :

— Du nouveau dans tes souvenirs ?

— Commence pas… Si c’était le cas, pourquoi ça vous intéresse ? Vous m’avez déjà assez donné mal au crâne la dernière fois !

De toute évidence, Mateus cherchait encore à creuser sa mémoire perdue. C’était carrément suspect, il devait avoir appris quelque chose de particulier, Alan ne voyait pas d’autre raison à cette question. Ses souvenirs proches de l’accident étaient réduits à néant. Cependant, il restait persuadé de faits, comme le projet Dreams ou qu’il ne devait pas faire confiance à son voisin, sans pour autant comprendre pourquoi. Mateus rétorqua avec ironie :

— Comment ta femme fait pour supporter un caractère aussi pourri ? J’avoue qu’il m’a un peu surpris pour l’intervention où je t’ai accompagné.

— Ah ? Je ne m’en souviens pas et j’imagine que c’est tant mieux, siffla-t-il. Je me vois mal vous supporter plus d’une heure. Plaignez-vous à l’Ampli qui m’a saboté une partie de ma personnalité. Ne vous en faites pas pour Ayana, je l’aime contrairement à vous.

Alan a eu l’impression que l’air devint plus lourd, sa poitrine se resserra, mais il parvint à garder son sang-froid. Mateus s’agaçait. Il avait touché là où ça faisait mal visiblement. Quelle partie ? Aucune idée et il s’en foutait. En même temps, la porte du bureau de Monsieur Polen s’ouvrit. Il se leva sans attendre, mais il fut obligé de rester immobile quelques secondes pour calmer les vertiges qui s’étaient soulevés en même temps que son mouvement. L’agent commenta d’un air bien plus grave :

— Je sais pas comment je suis censé le prendre…

— Franchement, je m’en branle, rétorqua-t-il d’un ton sec sans réfléchir. En plus, ce n’est pas votre genre de vous poser la question. Ce que je me demande moi, c’est pourquoi j’ai le sentiment que je ne dois, sous aucun prétexte, vous faire confiance ?

Il n’attendit pas de réponse et se dirigea aussitôt vers le bureau, mais ce qu’il sentit dans son dos, le glaça. D’un bref regard, il remarqua qu’il n’était pas le seul à avoir cette impression. Abigaïl semblait faire en sorte de bien rester planqué derrière son écran. En tout cas, cette réaction le lui laissait penser que sa question n’était pas sans fondement… Merde, qu’est-ce qu’il avait oublié exactement ?

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