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Carmina-Xu
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48

Alan regarda avec dépit le contenu de son étui. Il n’allait tout de même pas fumer une quatrième cigarette juste pour repousser la clôture de son foutue dossier ? Il comprenait maintenant à quoi correspondaient ceux classés « x » et finaliser le seizième qu’il avait fait le rebutait. Après un temps à contempler son paquet, en proie à diverses réflexions, toutes liées au projet Dreams qui le hantait depuis deux mois, il en prit une nouvelle. Alors qu’il allait l’allumer, il sentit sa montre vibrer. Il sortit aussitôt son téléphone pour répondre, il attendait des nouvelles d’Ayana qui était chez le médecin. Hugo ? Pourquoi il appelait ? Il décrocha en s’isolant du peu de personnes qui l’entourait :

— Hugo ? T’as besoin de quelque chose ?

— Al’ ! Dis-moi où tu es ! s’empressa de demander son ami d’un ton pas serein.

— Euh… Bretzel ?

— Alan c’est pas le moment ! Où est-ce que tu te trouves ?

— Je suis en train de fumer sur la terrasse privée du siège. Qu’est ce qui se passe ?

Le ton alarmiste et pressé d’Hugo l’inquiétait. C’était peut-être bien la première fois qu’il l’entendait dans cet état, ça ne lui ressemblait pas. Il ne lui avait pourtant rien dit au sujet du projet, même s’il avait fortement insisté. Il avait réussi à le convaincre en prenant Josh comme exemple. Un brouhaha continu régnait du côté de son ami, il se trouvait sûrement au bureau… Alan se décomposa. Hugo possédait peut-être une information qui n’allait pas lui plaire et les mots qui fusèrent lui confirmèrent :

— Surtout, reste où t’es et ne sors pas ! Ca va bientôt être diffusé !

— Mais putain Hugo ! Tu vas me dire ce qu’il se passe ? Qu’est ce qui va être diffusé ?

— Amar Ribes ! lui lança-t-il comme une bombe. Il a été arrêté et son réseau entièrement démantelé ! Ils disent que c’est un Méridien ! Tous les médias sont sur le point de diffuser l’info et ils sont déjà en train de spéculer sur toi ! Sérieux mec ! Ce type est ton portrait craché en plus du nom !

Alan blêmit en entendant ce nom. Non ! Ce n’était pas possible ! Pas maintenant ! Il ne pouvait pas mourir dans la plus grande indifférence sur son fond de trafic ? pesta-t-il durement en serrant des dents. Le pire, c’était qu’il ne pouvait pas le nier puisque Marika lui avait confirmé qu’il était bel et bien son père ! Hugo parvint à retrouver son attention :

— Al’, dis-moi qu’il n’y a aucun lien entre vous !

Il resta muet face au ton presque désespéré de son ami. Lui au moins, il osait y croire. Non, il ne pouvait pas mentir là-dessus… Dans l’immédiat, ce n’était pas lui qui avait un réel problème, mais la HDC puisqu’elle savait tout depuis le début. Malheureusement, son silence permit à Hugo de comprendre cette maudite vérité que lui-même étouffait :

— Putain Al’… C’est pas vrai n’est-ce pas ?

— Appel Ayana pour moi, reprit Alan sans répondre. Elle se trouve en ville et elle a une voiture de la HDC, mais je dois régler un truc. Je suis pas sûr de pouvoir répondre.

Il ne laissa pas Hugo protester et lui raccrocha au nez aussitôt. Son ami n’allait sûrement pas le louper plus tard, mais il avait plus urgent à faire. Il jeta sa cigarette et tourna les talons pour retourner à l’intérieur. Il s’attendait à voir sous peu des drones qui le cherchait alors qu’il se trouvait au cinquième étage. Quant à sa destination, elle était évidente même s’il aurait préféré l’éviter. Il devait à tout prix voir Simon. Même s’il connaissait le passé affreusement obscur de la HDC, il n’y avait qu’elle pour le protéger sa femme et lui. Une bombe médiatique allait tomber sous peu sur eux. Il activa la commande vocale de son téléphone et ordonna tandis qu’il filait droit vers les ascenseurs :

— Répertoire professionnel, contacter Simon Polen.

Les tonalités d’attente se lancèrent en même temps qu’il posa l’appareil contre son oreille. Sans se soucier de ceux qui le regardaient passer avec étonnement, il s’empressa de bloquer la fermeture des portes avec sa canne. En ignorant les protestations, il se faufila au fond de la cage. Il demanda à quelqu’un de choisir le dernier étage à défaut de pouvoir atteindre le panneau lui-même. Il entendit une voix répondre, mais il raccrocha aussitôt avant de relancer un nouvel appel. Ce n’était pas son assistant qu’il voulait, mais Polen. Il savait très bien qu’il se trouvait au siège aujourd’hui !

Il réémit plusieurs fois la communication en pestant. Mais qu’est-ce que foutait Polen ? C’était pas le jour à se faire désirer ! Lui aussi allait bientôt découvrir la tempête qui se levait et Alan jugeait bon de prendre les devants. Son téléphone sonnait très certainement presque sans s’arrêter à cause de lui et il préférait le supporter au lieu de lui répondre ? Il reçut un message de sa femme, Hugo l’avait prévenue et elle se mettait à l’abri en attendant des directives. Il lui indiqua qu’il cherchait à en avoir avant de reprendre son agaçante démarche.

Lorsqu’il arriva au dernier étage après une ascension affreusement longue, les tonalités ne retentissaient plus, la ligne était occupée maintenant. L’assistant avait dû lui bloquer la communication. Il se dirigea en vitesse vers le salon d’attente du PDG. Il devint de plus en plus grave en entendant progressivement tous les téléphones tinter au fur et à mesure qu’il avançait. Il jeta un bref regard pour confirmer ce qu’il se passait sur son fil d’actualité… Il siffla de contrariété en voyant la tête d’Amar qui faisait la une des médias… Et la sienne au passage ! « Le Passeur de rêve Alan Ribes aurait-il un lien de parenté avec plus grand narcotrafiquant d’Europe ? » Mais putain… Ils n’avaient vraiment pas tardé là-dessus. Il fourra rageusement son téléphone dans sa poche alors qu’il atteignait l’espace dédié à monsieur Polen. Quand il rentra dans le champ de vision du nouvel assistant, celui-ci ne se priva pas de lui montrer son agacement en lui signalant :

— Monsieur Ribes ! Vous seriez prié de passer par moi si vous souhaitez contacter monsieur Polen ! Cela m’éviterait de devoir vous mettre temporairement en liste noire !

— Il aurait répondu, ça n’aurait pas été un problème, siffla-t-il d’un ton mauvais. Je veux le voir… Maintenant !

— Ce n’est pas possible, il n’est…

— J’en ai rien à foutre, coupa Alan sèchement. Appelez-le !

— Monsieur Ribes, je vous prierais de…

— Putain, je regretterais presque Abigaïl ! Regarde les infos appelle le !

Il entendit la porte du bureau de Simon s’ouvrir subitement et Mateus sortit aussitôt. Il vit que l’assistant allait en profiter pour se plaindre, mais le garde le devança d’un regard noir avant qu’il ne prononce le moindre mot. Le ton sévère et sans appel qu’il employa en même temps qu’il l’appela le glaça :

— Ribes, c’est toi que j’veux. Entre.

Alan s’exécuta en tâchant de déglutir le plus discrètement possible. Sans oublier qu’il était un Nightmare, ce qu’il dégageait était tout aussi sinistre que sa manière de s’adresser à lui. Il pensait savoir pourquoi et il redoutait d’un coup Simon. Le PDG se montrait certes bien plus contenu, mais sa fureur froide n’en était que plus forte. C’était évident, ils venaient d’apprendre la nouvelle. En entrant dans le bureau, il découvrit monsieur Polen devant son écran, une ride profondément marquée sur le front. Son regard demeura rivé sur celui-ci à son arrivée. Alan avala sa salive à nouveau, il n’avait jamais senti ce bureau aussi malaisant par le passé.

Les yeux bleus de Simon se reportèrent lentement sur lui tandis qu’il préféra rester debout devant le mobilier. Un terrible frisson lui traversa l’échine. Alan avait le sale sentiment de s’être jeté tout seul dans la gueule du loup. Cependant, une question le travaillait depuis qu’il avait tout lu au sujet du projet Dreams. Pourquoi tous les rescapés de cet enfer possédaient cette présence déstabilisante, voire intimidante ? Néanmoins, ce n’était clairement pas le sujet pour le moment. L’épée de Damoclès qui avait toujours plané au-dessus de lui était en train de dangereusement vaciller. Simon lui remarqua d’un ton aussi grave que désabusé :

— J’imagine que tu es déjà au courant ce qu’il se passe.

— C’est bien à cause ça que j’essayais de vous contacter, renvoya-t-il en restant calme, mais sur la défensive.

— Avant même que l’information devienne publique ? releva Simon en arquant un sourcil perplexe.

— Contrairement à vous, je ne pense pas que tous les journalistes agissent comme des opportunistes. La preuve est que monsieur Stein m’a appelé avant la diffusion en me disant de me mettre à l’abri. Je lui ai aussi demandé de prévenir Ayana pour qu’elle ne soit pas prise dans la tempête.

— Alan Ribes, nomma-t-il après l’avoir jugé quelques secondes. C’est tout à fait évident que tu as une vérité que tu as cachée. Avant de te rencontrer à Paris, j’ai fait mener des recherches approfondies par rapport à ta famille… Et autant dire que ce qu’on a découvert s’avérait problématique. Pourtant, tu nous as soutenu que ta mère se trouvait au chômage et que tu ignorais qui était ton père.

— Oui et c’était vraiment le cas à quelques détails près, avoua-t-il avec résignation. Je savais que Marika trempait dans des histoires louches, mais j’ai toujours fait en sorte de m’en tenir éloigné et de rien en savoir. Quant à Amar… Je ne connaissais que son nom et sa tête. Il n’a jamais été dans ma vie. Ne pas vouloir être associé à lui me semble légitime.

Il resserra les doigts sur la poignée de sa canne. Cette vérité, il aurait aimé ignorer jusqu’à la fin. Il pouvait bien tout lâcher, de toute manière, ce n’était pas comme si la HDC ne savait rien à ce sujet. De plus, Polen ne prendra aucun risque de le mettre entre les mains des autorités, ses variances s’avéraient trop précieuses pour eux. Sans compter qu’il pourrait tout dévoiler du projet Dreams. Il préférait garder cette carte à double tranchant de côté pour l’instant. Il se frotta les yeux un instant, mais un de ses petits rires nerveux et insupportables lui échappa avant de préciser :

— Vous n’imaginez pas à quel point je déteste ma gueule à cause de lui… Je suis qu’un « Ribes » et la seule chose que j’aurais pu faire de mon avenir, c’était devenir un Visiteur. Mon existence ne se résumait qu’à ça. Franchement, la coïncidence que vous débarquiez dans ma vie quand il le fallait était improbable. Je comptais me foutre en l’air quatre mois plus tard.

Il marqua une légère pause. Il venait vraiment de lâcher ce détail dans la plus grande indifférence ? Il restait même de marbre. Cependant, il savait que Simon n’allait pas se contenter que de ça. Il soupira en tapotant sa canne sur le sol nerveusement. Il ajouta :

— Si je porte son nom, c’est uniquement à cause de Marika. Elle a créé de faux papiers pour que je sois appelé comme ça à la naissance. Elle côtoyait Amar et je n’ai pas envie de savoir pourquoi. Elle est intelligente, bien trop… Et fêlée dans ses entreprises car ses scénarios s’étendent toujours sur le long terme. J’ai ce nom par pure vengeance de sa part. Elle a fait un déni de grossesse de presque huit mois après le départ mon supposé géniteur. Mais au lieu d’accoucher sous X, elle a fait de moi un vrai « Ribes » qui pourrait lui servir. J’aurais pu faire les démarches pour changer de nom de famille, me direz-vous… Mais je préférais encore porter celui d’un sinistre fantôme que celui d’une femme que je haïssais.

À nouveau, il s’arrêta en pinçant des lèvres. Putain, mais pourquoi il se justifiait comme ça ? Finalement, il tira le fauteuil à côté de lui pour s’assoir. Le malaise qui régnait, le stress et l’angoisse constituaient un cocktail parfait pour soulever des vertiges. En face de lui, Simon avait réajusté sa position. Il s’était redressé dans son siège et l’écoutait avec attention en gardant les doigts fermement entrelacés sur son ventre. Il sentait la présence de Mateus dans son dos et il se disait que c’était peut-être mieux qu’il y reste. Il précisa :

— Je n’ai jamais eu la preuve formelle qu’Amar était mon père biologique. Je devais avoir, quoi… Une quinzaine d’années quand j’ai vu pour la première fois sa tête à la télé. Ce jour-là, ça n’a pas été difficile de comprendre pourquoi Marika me cognait à chaque fois que j’osais soutenir son regard. « J’avais la même sale tête que mon père ». Je vous laisse imaginer qu’elle n’a pas manqué de me le rappeler lorsqu’elle m’a fait enlever… Quelle ironie que ce soit les cauchemars qui m’ont sorti de cette merde, dérapa-t-il en français avant de ricaner nerveusement.

— J’te demande pardon ? siffla l’homme dans son dos non sans alourdir l’atmosphère.

— Dans l’ombre de chaque rêveur se trouve un cauchemar… Je sais plus où j’ai entendu ça exactement, mais ça à l’air de te parler.

— Mateus, reste où tu es… Et traduit, ordonna Simon.

— Il sait pour les Nightmares, grogna-t-il. Je te pensais trop anesthésié pour que tu t’en souviennes.

— Je suis le Passeur qui traite les dossiers « x ». Forcément, au bout d’un moment, j’en connais des détails gênants, beaucoup trop, insista-t-il en allongeant ses mots.

— Dans quelle situation inconfortable tu me mets Alan, soupira Simon après un silence pesant. Tous mes opposants ne vont pas se priver d’utiliser ces informations pour me discréditer. Tu constitues la seule entorse à nos conditions de recrutement. Bloquer les médias ne jouera pas en ma faveur cette fois… Mon meilleur Passeur est le fils d’un Méridien… Ils vont vouloir des mesures disciplinaires et expéditives.

— J’imagine bien… Et cette entêtée d’Ayana qui a réussi à composer nos noms… Enfin, je sais très bien que vous n’allez pas me mettre à la porte et me renvoyer en France. Ce serait ternir votre réputation et celle de ma femme en même temps. Vous pouvez prouver que je n’ai aucun lien biologique avec Amar. Que la ressemblance et mon nom ne sont que des coïncidences, proposa-t-il.

— Qui te dis que j’en ai le pouvoir ? reprit Simon.

— Beaucoup de chose, indiqua Alan en insistant une nouvelle fois. Vous êtes un chercheur, mais parmi vos homologues, il y a aussi des biologistes qui peuvent créer des miracles.

Il se terra dans un silence comme monsieur Polen. Alan ne pouvait s’empêcher de glisser des sous-entendus dans ses paroles et semer le doute. Simon bluffait, il savait très bien que la HDC pouvait faire tout ce qu’elle désirait. Du moment que c’était pour se protéger ou préserver ce qui leur était nécessaire. Quelle belle emmerde qu’Amar soit remonté à la surface… Une supposition lui traversa l’esprit et prit forme dans sa bouche aussitôt :

— Je veux voir Amar, indiqua-t-il avec fermeté.

— Pourquoi ? demanda Mateus avec toujours autant d’amabilité.

— Ce démon a pourri ma vie sans être là. J’ai besoin de lui montrer que j’existe… Par vengeance, je l’accorde. Je suis prêt à parier qu’il ignore même qui je suis vraiment. « Bon dans les affaires, stupide pour le reste », comme me l’a si bien dit Marika. Je dois tourner la page sur cette peur qui m’a toujours suivi.

— Un démon, c’est comme un cauchemar. Il faut juste admettre qu’il existe et l’endurer pour vivre avec… Pourquoi ferions-nous ça ? questionna Simon à son tour.

— Les secrets resteront ce qu’ils doivent être. Je ferais ce que vous voulez en retour de ce service.

— Tu n’as aucune preuve concernant les…

— Qui te dis que je parle de ta bande ? coupa-t-il Mateus avant qu’il ne termine. Je ne demande pas grand-chose pourtant Colonel Müller.

Alan se retrouva soudainement oppressé, étouffé par cette sensation que les deux hommes dégageaient. Simon se leva en prenant appui sur son bureau pour le sonder avec une sévérité jamais vue. De toute évidence, il avait cette fois compris son commentaire dans sa langue natale. Il resserra ses mains sur sa canne pour dissimuler ses tremblements. Il se sentait si mal que même s’il souhaitait fuir, ses jambes ne le porteront pas. Sans compter sur Mateus qui ne le laissera sous aucun prétexte quitter ce bureau. Une peur viscérale s’était soulevée, bien pire que celle du masque des Nightmares. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était d’attendre que leur colère s’abatte sur lui. Malgré la voix calme de Simon, il entendit le profond ressentiment qui l’animait à cet instant :

— Tu vas effectivement me rendre un service en temps voulu et tu n’y échapperas pas, je te le promets. « Ce secret restera ce qu’il est », tiens parole Alan car les conséquences seront désastreuses pour toi. Mateus, passe des appels pour obtenir une rencontre.

Sans prononcer la moindre parole, il entendit Mateus s’éloigner avant que la porte de l’espace isolé ne claque après quelques secondes. Il sentit l’intensité qui régnait diminuer légèrement, mais sans perdre sa terrifiante sensation. Monsieur Polen se redressa et le ton de sa question ne laissa place à aucun mensonge possible :

— Que sais-tu de « ça » ?

— Assez pour comprendre pourquoi j’ai pris une décharge ZAF qui m’a autant flingué la mémoire que mon oreille, tenta Alan en mesurant chacun de ses mots.

— C’est regrettable, mais nécessaire. Ta variance s’est montrée incontrôlable avec Prévost.

— Prévost ? J’ai donc fait une immersion avec lui… Je me disais bien que j’avais l’impression de l’avoir déjà vu. Voyez-vous monsieur Polen, il semblerait qu’avec ou sans cet accident pour détruire une partie de mes souvenirs, le Projet Dreams persiste. Et je n’ai pas été le seul obsédé par celui-ci d’après les dossiers classés x.

— Je me suis d’ailleurs demandé comment tu pouvais avoir retenu ce nom le jour où tu m’as questionné.

— C’est ironique quand j’y repense. À mon réveil, un « projet » m’obnubilait. Quoi ? Aucune idée. Il me provoquait juste d’horrible mal de tête à chaque fois que je tentais de me souvenir. Puis, vous m’avez convoqué ici pour refaire des tests. En lisant les initiales de la façade du siège, je suis resté bloqué sur « Dreams ». C’était devenu évident : projet Dreams. J’ai peut-être oublié ce qu’il s’est passé, mais j’ai gardé des sentiments de déjà-vu et des ressentis de cette période.

— Il semblerait que j’ai fait une erreur de calcul, remarqua froidement Simon. La charge ZAF n’a pas été assez forte pour tout effacer… Tu m’impressionnes vraiment Alan.

— Surtout mes capacités n’est-ce pas ? Voilà pourquoi vous avez enterré mon passif familial. Et dire que tout est parti d’un dossier interne falsifié… Je ne comprenais pas pourquoi vous surclassiez une variance d’insensibilité. Ça n’a rien de fou si on la compare à l’imbrication de rêves d’Ayana. Maintenant, je réalise que mon anomalie s’avère bien plus problématique que votre propre variance.

— Tu es donc celui qui a commandité l’attaque du système de la HDC… Je ne pensais pas que tu en arriverais là. Quant à ta variance, elle est aussi dangereuse que la mienne.

— C’est exact, mais ça ne vous empêche pas d’utiliser la mienne comme bon vous semble ! Vous osez même me qualifier de SP0.5 et…

Alan se paralysa sans arriver à continuer. La présence de Simon était devenue écrasante avec son affreux silence jugeur. Son violent mouvement d’humeur l’avait fouetté au point de lui faire perdre ses moyens. Si son rire nerveux n’avait pas franchi ses lèvres, ses doigts blanchissaient à force de serrer sa canne. La terreur lui tiraillait les entrailles, mais il ne bougeait pas. Avant que Simon n’abatte sa colère car il la voyait venir à des kilomètres, Mateus revint en demandant :

— Tiens, tu l’as fait taire ? Peu importe, je l’embarque maintenant, indiqua-t-il alors que Simon reprenait place sur son fauteuil. Je sais où se trouve Amar et j’ai une plage de temps avant qu’il soit transféré ailleurs. Prépare-moi une autorisation de consultation pour définir si une immersion est nécessaire. Ça nous fera entrer plus facilement. Je te laisse gérer les médias.

Simon reporta son attention sur son ordinateur tout en activant son clavier holographique. Alors que Mateus le tira par un bras pour le forcer à se mettre sur pieds, il le prévint clairement :

— Ça se paiera Alan. Prends garde à tes paroles si tu ne veux pas « le » rejoindre.

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