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Carmina-Xu
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49

Alan se releva en s’appuyant plus que nécessaire sur sa canne. Il avait l’impression que ses jambes étaient devenues affreusement molles. Quand il se retourna vers Mateus, ce dernier avait le regard rivé sur son téléphone et un chapeau à la main et il préféra garder le silence. C’était celui de monsieur Polen, non ? L’homme lui ordonna d’un sec mouvement de tête de le suivre. Mateus était celui qu’il craignait le plus, même s’il faisait généralement le malin. Alors, sans piper un mot, il s’exécuta en retrouvant un semblant de rigidité dans ses jambes. 

Ils sortirent du bureau dans un silence oppressant. Alan remarqua l’assistant de Simon redresser les yeux avant de s’empresser de revenir à son écran. Faire profil bas était sûrement la meilleure chose à faire avec un Mateus furieux. Cette pensée le concernait lui aussi d’ailleurs… Il suivit difficilement son pas rapide à travers tout l’étage pour se rendre aux ascenseurs. En rentrant dans la cage, l’agent tapa aussitôt sur le panneau pour sélectionner le troisième sous-sol des parkings. À son grand étonnement, Mateus ajouta une série de chiffres et il vit l’écran se bloquer et devenir rouge. Alan n’osa pas lui demander ce qu’il venait de faire, mais il le comprit assez vite : l’ascenseur ne marquait plus aucun arrêt. Son téléphone sonna subitement. Il le sortit de sa poche et découvrit que c’était Ayana. Alors qu’il allait prendre l’appel, Mateus l’avisa :

— Décroche pas.

— C’est Ayana et je veux savoir si elle est en sécurité, renvoya-t-il avec irritation. Aya’ ! répondit sous le regard sévère de Mateus. Où es-tu ?

— Je suis en chemin pour une résidence hors de Berlin. Hugo m’a appelé pour m’avertir, je venais juste de sortir de chez le médecin et…

— Rien de grave ? s’enquit-il car elle n’était pas forme depuis plusieurs jours.

— Non, non, tout va bien… À vrai dire, c’est toi qui m’inquiètes là, souffla-t-elle avec une pointe de crainte dans sa voix. Où es-tu ?

— Au siège pour le moment, je règle un truc et je vais sûrement te rejoindre. Tu…

— Ne me dis pas que tu envisages d’aller voir Amar quand même ! lui siffla-t-elle dans l’oreille d’un air soucieux.

— Ça me parait légitime, renvoya-t-il en se frottant les yeux et peu surpris qu’elle l’ait deviné aussi vite.

— Tu vas te faire du mal Al’…

— C’est trop tard pour ça… Je t’en prie, reste à l’abri, je te tiens au courant.

— Ala…

Il raccrocha à contrecœur sous le regard insistant de Mateus qui l’intimait d’écourter. Il se résigna à passer son téléphone en mode avion. Son numéro pouvait fuiter et c’était préférable de ne plus prendre d’appels. Ayana se trouvait en sécurité et elle n’avait visiblement aucun réel souci de santé à part qu’elle était nauséeuse en ce moment. Alors qu’il voyait sur l’affichage qu’ils étaient sur le point d’atteindre le sous-sol, l’homme lui tendit le chapeau en lui ordonnant :

— À partir de maintenant, je veux que tu portes ça et que tu caches bien ta tête. Franchement, je lui avais dit que tu nous amènerais des emmerdes… Tu restes un Ribes.

— Ferme la Mateus, siffla-t-il sévèrement. Ne m’appelle pas de cette manière ! Tu es peut-être un ancien militaire, mais je te laisserai pas m’insulter comme ça.

— Fait pas le malin, tu ne gagneras pas.

— Je ne perdrais pas non plus.

— Alan, je crois que tu ne m’as pas bien compris…

Mateus se rapprocha de lui alors qu’il se tenait contre la paroi de l’ascenseur. Alan ne bougea pas d’un centimètre en défiant son air colérique. De toute façon, il ne pouvait pas lui échapper dans cet espace. L’homme qui le dépassait d’une tête et sa carrure à faire blêmir le toisa du regard. Il ne prenait même pas la peine de retenir son oppressante présence. Alan tâcha de rester de marbre, mais il resserra encore une fois ses mains sur son pommeau de nervosité.

— Ce n’est pas parce que tu es le Passeur le plus précieux de la HDC que ça m’empêchera de te péter les os, lui remarqua-t-il d’un ton mauvais.

— Ce n’est pas parce que j’ai une canne que je ne saurais pas en faire de même, renvoya-t-il sur le même ton que lui. Vu mon putain de nom, tu te doutes bien que je suis pas un agneau.

— P’tit joueur.

— Grande gueule.

Les portes s’ouvrirent derrière eux et l’homme de main de Simon fut contraint de faire volte-face pour quitter l’ascenseur. Alan souffla de soulagement dès que Mateus lui tourna le dos. Il aurait sûrement fini par se prendre un coup s’il avait continué de lui tenir tête. C’était le cas de le dire, il jouait avec le feu, mais c’était plus fort que lui. Il ne pouvait pas s’empêcher de réagir lorsqu’on lui rappelait la signification de son nom. Alan quitta la cage avant que ses portes ne se referment et suivit Mateus non sans garder une certaine distance avec lui. Il le guida jusqu’à une voiture aux vitres teintées.

Alan marqua un arrêt en haussant un sourcil perplexe. Ce type de berline ne faisait pas partie des véhicules banalisés de la HDC. De plus, pourquoi possédait-elle une plaque diplomatique ? Il avait la sensation de la connaitre… Un point de douleur prenait forme contre sa tempe et il leva les yeux de dépit en sachant ce que ça signifiait. Mateus ouvrit la porte arrière pour lui signifier qu’il devait monter et vite de préférence. Alan s’installa en étant convaincu qu’il ferait mieux de rester silencieux pour le moment. 

Mateus se mit aussitôt en route, non sans conduire de manière nerveuse. Lorsqu’il remonta à la surface en quittant l’édifice, Alan déglutit en découvrant le triste spectacle qui se déroulait à l’entrée du siège de la société. Les grilles étaient baissées et toute une armée de journalistes, caméramans et photographes s’était attroupée, sûrement dans l’espoir d’obtenir plus d’informations. Le plus terrifiant, c’était la nuée de drones qui faisait des aller-retours devant les fenêtres des premiers étages. Mateus s’engagea plus calmement sur la route sans que personne ne le remarque alors qu’il sortait par le parking souterrain de la HDC.

Il s’écrasa sur la banquette de cuir en soufflant. Franchement, il devait reconnaitre qu’il était heureux de ne pas devoir affronter ça. Après une dizaine de minutes, alors que Mateus avait rejoint le périphérique et qu’il conduisait au-delà de la limite autorisé, Alan finit par le questionner :

— On va où exactement ?

— À la maison d’arrêt Plötzensee.

Alan s’avisa d’en demander plus. La situation et sa position étaient devenues aussi complexes que délicates. Il reporta son regard dehors. Mateus roulait comme un chauffard et pourtant, il maitrisait parfaitement sa conduite. Ils allaient sans l’ombre d’un doute arriver très vite à ce rythme-là.

Au fur et à mesure, Alan se perdit dans ses pensées. Il avait du mal à réaliser qu’il était sur le point de vraiment voir Amar de ses propres yeux. Ayana avait raison, il allait se faire du mal… Mais se bousiller un peu plus ou peu moins n’avait plus d’importance à force. Cependant, étrangement, il se sentait capable de lui faire face contrairement à Marika… Un bref ricanement résonna dans sa gorge en attirant le regard de Mateus dans le rétroviseur intérieur. Mais dans quelle merde il s’était foutu encore…

Un imposant bâtiment aussi strict que lugubre se profila au loin, entouré d’un rempart sinistre. Lorsqu’ils arrivèrent à l’entrée, toute une horde de journalistes tentait leur chance pour obtenir des réponses. Alan apercevait des hommes à l’affut à chaque mirador sur l’enceinte, sûrement prêt à agir au moindre débordement. Il ne lui fallut pas plus de détail pour comprendre que la situation ici était tendue. Mateus força le passage sans prendre garde à ceux qui se trouvaient devant lui. Alan se décala aussitôt pour se tenir hors du champ de vision quand Mateus baissa de quelques centimètres sa fenêtre au poste de contrôle. En s’accoudant au bord de la vitre, Alan eut le réflexe de cacher son visage de la main alors qu’elle était teintée. Mateus échangea quelques mots avant de voir la barrière. Ils passèrent au ralenti tandis qu’une dizaine d’hommes lourdement équipés les encadraient. Son commentaire fusa sans réfléchir :

— Mais quel bordel…

— Je te le fais pas dire, les Ribes sont célèbres, ricana Mateus avec ironie.

— Mais ta gueule putain…

Alan accompagna ses mots en frappant avec le pommeau de sa canne l’appui-tête de Mateus sans se retenir. Lui aussi il pouvait devenir un connard s’il le voulait ! Que Mateus le sèche d’un coup, ce n’était pas son problème, il en avait vu d’autres. Il ne baissera pas la tête en silence.

— Sérieux, je vais péter cette canne, annonça froidement Mateus en rivant son regard dans le sien dans le rétroviseur.

— Avise-toi. J’ai pas envie que tu deviennes mon appui.

— Nan, je te laisserai ramper.

— Sale con.

— Pour te servir… « Ribes », répondit Mateus en français avec mépris.

Assez ! Il en avait assez d’entendre ça ! Il se décala sur la banquette et leva le pied avec la ferme intention de frapper de toutes ses forces l’épaule de Mateus. Malheureusement, ce dernier le prit de cours en donnant un coup de frein pour le faire glisser au moment où il se gara. Alan se bloqua dans l’habitacle pour se retenir de tomber. Mateus se retourna vers lui en appuyant son bras sur le siège passager et lui ordonna :

— A partir de maintenant, tu vas te tenir tranquille et tu visses ce putain de chapeau sur la tête. Garde les yeux sur ta tablette et évite de trop montrer ta canne. Et surtout, ferme bien ta gueule et laisse-moi parler, ok ? À partir du moment où l’on va sortir de la voiture, on représente la HDC alors déconne pas Ribes.

Alan lui rit au nez au lieu de répliquer. C’était même la réponse la plus appropriée face à ses paroles méprisantes, sans compter qu’il détestait ce rire au passage. Cependant, il devait vraiment retrouver un semblant de calme car Mateus avait raison sur un point : ils agissaient au nom de la HDC. Il attrapa rageusement le chapeau à côté de lui et le posa sur sa tête. Une chance qu’il était à peu près bien taillé pour lui. Il tira un peu la visière pour dissimuler son regard et récupéra sa tablette. Il remarqua au passage une notification, une réception de document. Il découvrit que c’était l’autorisation que Mateus avait demandée à Simon.

L’agent lui ouvrit la porte et Alan sortit avec aplomb comme si de rien n’était. Il le suivit en restant en retrait et en gardant les yeux sur son outil. Il ne faisait rien dessus, mais il glissait son doigt pour mimer qu’il l’utilisait. Ils rentrèrent dans un premier bâtiment en passant de nombreux points de contrôle et de longs couloirs. Avec l’attitude qu’il devait maintenir, il ne pouvait pas vraiment voir le chemin qu’il parcourait et il n’écoutait pas tout ce que Mateus disait. Cependant, il retenait qu’il était un sacré baratineur et que pour un Nightmare, il avait l’air de connaitre pas mal de monde ici. C’était terrifiant. Ils s’arrêtèrent devant une salle et il entendit clairement Mateus indiquer :

— Étant donné que cet entretien est sensible et confidentiel, je suis le seul habilité à le suivre. Veuillez couper les caméras, j’informerai monsieur Handez qu’il peut commencer que lorsque ça sera effectif.

« Handez »… Oh le connard… Bon, il devait admettre que c’était bien plus intelligent que de dire Ribes, le Passeur qui consultait le narcotrafiquant du même nom. Le gardien qui les accompagnait tira sa radio en émettant la demande de Mateus au nom de la HDC. Alan trouvait ça affolant de constater que la société pouvait exercer un contrôle certain sur une prison. L’homme de main de Simon lui ouvrit le passage en l’invitant à rentrer.

Dans le sas, il lui pointa la porte qu’il devait emprunter tandis qu’il se dirigea vers une autre. Une salle d’interrogatoire, supposa Alan en entrant dans la pièce. Derrière la vitre se tenait un homme qui devait s’approcher des soixante-dix ans, avachis sur sa chaise avec une fierté insolente en fixant le plafond pour patienter. Amar Ribes. Il gardait ses mains menottées sur les cuisses et il remuait un doigt nerveusement… Non, d’agacement. Ce dernier redressa la tête pour le regarder alors qu’il n’avait pas quitté son chapeau pour dissimuler en grande partie son visage. Alan resta muet. Il avait du mal à réaliser qu’il se tenait devant cet homme qui avait hanté sa vie. Un ricanement au combien familier résonna… Quelle horreur, ils avaient vraiment le même rire !

— Mais pourquoi ils envoient un Passeur sérieusement ? Je n’ai plus de secrets ! Je n’aurais jamais dû négocier avec eux putain…

Alan se frotta les yeux en gardant toujours le silence. Bon sang… Leurs voix possédaient le même timbre bien que leurs intonations différaient. De plus, Amar parlait français pour se plaindre en pensant qu’il ne comprenait pas le moindre mot. De la provocation en somme. Amar continua avec ironie :

— D’ailleurs, je me dis que le pauvre Passeur qui porte le même nom que moi doit bien être dans la merde en ce moment, ricana-t-il à nouveau. Bon… J’ai autre chose à foutre, il arrive quand l’interprète ? demanda-t-il en regardant à droite puis à gauche.

Ses nerfs lâchèrent d’un coup sans qu’il comprenne pourquoi. Il ne prit pas la peine de retenir son profond rire, à l’égal de celui qui se tenait devant lui. Il se frotta à nouveau les yeux. Il avait l’affreux sentiment de se trouver face à un miroir. Amar grimaça d’un air mauvais en remarquant :

— Mais c’est qu’il se fout de ma gueule en plus… Et tu me comprends aussi, hein ?

— Je te dirais bien que oui, ça me ferait terriblement plaisir ! Mais à mon plus grand regret, ce rire est naturel. Évidemment que je te comprends puisque je suis français d’origine. Ce pauvre Passeur, comme tu dis, aurait aimé que tu n’existes jamais.

Alan retira enfin son chapeau en soutenant le regard d’Amar avec une méprise dont il n’aurait jamais pensé faire preuve un jour. Cet homme dont il avait hérité son nom et son visage devint soudainement muet en l’observant alors qu’il comptait lui répondre. Alan le voyait, Amar ne comprenait pas toute l’ironie de la situation. La remarque franchit ses lèvres après un nouveau rire :

— « Doué pour les affaires, stupide pour le reste »… Et dire qu’elle avait raison ! Tu pensais vraiment que ce pauvre Passeur était juste une coïncidence ? Ma vie aurait peut-être été plus agréable si c’était le cas !

— Impossible, fustigea Amar après un temps pour assimiler les paroles d’Alan.

— Laisse-moi me présenter comme il se doit… Je suis Alan Ribes et je suis né en 2010 à Marseille où j’ai vécu dans les quartiers nord. Imagine le nombre de dealers qui me voulait à leur côté pour bénéficier de ton putain de nom. Tu serais resté un mois de plus et tu aurais découvert mon existence et tu y aurais probablement mis fin vu ta réputation.

— Impossible, répéta Amar avec moins de conviction. Elle n’était pas enceinte…

— Tu connais le principe du déni de grossesse ? A huit mois pour être exact ? Tu es peut-être une terreur dans ton milieu, mais franchement, à côté de Marika, t’es pas fûté. La preuve étant qu’elle a préféré créer de faux papiers pour que je sois officiellement un Ribes à la naissance au lieu de m’abandonner. Dans les faits, je n’ai pas voulu devenir un Handez vu tout ce qu’elle m’a fait vivre. J’étais sa vengeance contre toi et surtout son défouloir.

— Ah la connasse, grogna Amar en basculant la tête en arrière. Je savais bien qu’elle m’attitrerait des emmerdes… Une bonne femme ne devrait pas être aussi intelligente.

— Personne n’échappe à ses scénarios… Enfin presque, ricana Alan. Un Ribes Passeur de rêve ! rit-il de plus belle. Si je n’avais pas ta gueule, j’aurais pu estimer que je vous avais tous entubés ! J’imagine que c’est grâce à elle que tu as fini en taule maintenant. Sa rancune est légendaire !

— Elle nous a tous enterré c’te pouffiasse en négociant avant eux ! Ce groupe de furieux n’apporte que des emmerdes au Méridien depuis qu’ils sont apparus !

Instinctivement, le regard d’Alan se dirigea vers Mateus sans pour autant se retourner. Ce genre description correspondait plutôt bien aux Nightmares. Voilà pourquoi Mateus était arrivé au hangar où il s’était fait visiter bien plus vite que les autorités. Un groupe criminel qui en sabote d’autres ? Quelle grosse blague. Ça arrangerait bien les Dreamers cette histoire même s’il ne comprenait pas le réel but de tout ce foutoir. Son attention revint à Amar. Peu importe si Mateus se tenait dans son dos derrière une vitre sans teint. Il réagit avec sarcasme :

— Des cauchemars qui terrorise le Méridien… Franchement, je trouve ça hilarant. Même si ma situation est merdique sur bien des plans, je suis bien content de ne pas être devenu un Visiteur !

— Ouais… Parce que ce sont les prochains sur leur liste.

— Ça, j’en ai rien à cirer.

— Pourquoi t’es là ? demanda Amar après un silence. Ils vont vraiment laisser un Ribes en visiter un autre ?

— Nan, ça risque pas d’arriver. Je voulais juste voir ta sale gueule et te faire déchanter. Après tout, tu n’es qu’un nom à mes yeux.

Alan sentit une notification sur sa montre. Comment c’était possible ? Il avait passé son téléphone en mode avion pour ne plus rien recevoir. Il tourna vivement le poignet pour découvrir un message qui ne provenait d’aucune application. « Vous avez tous les deux un accent de merde ». Un deuxième s’afficha avant même qu’il ne termine de lire le premier : « Touchantes les retrouvailles, mais c’est terminé ». Mateus… Il y avait que ce gros con pour faire un commentaire du genre. En revanche, il resta muet un instant. Sa montre avait été piratée ? Quand ? Putain, il était traqué de partout et ça n’allait certainement pas s’arranger pendant les temps à venir. Amar rit légèrement en s’enfonçant dans son siège et lui remarqua :

— T’as l’air d’être une belle ordure toi aussi !

— C’est de famille apparemment. Les chiens ne font pas des chats et ce n’est pas et ce n’est pas en me cachant que je commencerais à miauler ! Pas faute d’avoir essayé en presque quarante ans ! Au moins, j’ai l’intelligence de ne pas vendre les secrets… Question de survie. Et ça, pour m’être coltiné Marika pendant dix-huit ans, je maitrise !

C’était vrai ça, pourquoi tentait-il encore d’étouffer cette part de lui ? Quelle plaie. Alan remit son chapeau, non sans offrir à Amar un sourire triomphant et narquois. Celui-ci semblait même abasourdi, mais c’était le cadet de ses soucis. Il n’attendait rien de cet homme et lui souhaitait le pire. Avant de quitter la salle, Alan le salua avec suffisance :

— Ce fut un plaisir et surtout, j’espère que tu vas prendre tarif ! Tu n’imagines pas mon soulagement de voir mes parents disparaître…

Il claqua la porte en riant. Même en tombant presque nez à nez avec Mateus dans le sas, il ne s’arrêta pas tout de suite malgré que l’agent le fusillait du regard. Sur l’instant, Alan ne put s’empêcher de commenter :

— Si tes yeux étaient des M107, il resterait pas grand-chose de moi !

Il ne répondit pas, mais Alan comprit très vite que ce gorille avait saisi la sale référence qu’il venait d’émettre. Il n’ajouta rien et tira simplement son chapeau pour couvrir davantage son visage. Étonnement, à cet instant, l’écrasante présence de Mateus lui faisait ni chaud ni froid. Il reprit sa tablette, puis fit un signe négligent à Mateus avec sa canne pour indiquer qu’ils pouvaient y aller. Ils recommencèrent leur manège pour sortir. Alan sentait un étrange sourire sur ses lèvres. Il ne comprenait pas pourquoi il jubilait ainsi. Alors qu’il allait monter en voiture, Mateus le rattrapa par l’épaule. Sa remarque ne laissait place à aucun commentaire :

— Joue pas à ça Ribes, tu l’ouvres bien trop. Tu vas le regretter.

— Ne va pas croire que je suis stupide colonel. Je sais beaucoup de choses, mais je suis parfaitement conscient de ce qui pourrait arriver si j’ose, ne serait-ce que prononcer ce qui a créé la HDC. Maintenant, conduis-moi à la résidence où se trouve Ayana, t’as l’info depuis le début, hein ?

Mateus siffla après l’avoir insulté en allemand et claqua la porte de la voiture en s’installant. Ayana… Il voulait tout simplement la rejoindre. Trouver ses bras et son réconfort pour oublier l’espace de quelques heures l’affreux bordel qu’Amar avait causé. Sans compter qu’il avait trop parlé devant Simon et Mateus. Maintenant, qui de lui ou de la HDC allait ouvrir les représailles ? Alan s’installa à son tour dans le véhicule, non sans enfin apprécier l’idée de trouver du calme, loin de tout.

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