Loading...
1 - 01
2 - 02
3 - 03
4 - 04
5 - 05
6 - 06
7 - 07
8 - 08
9 - 09
10 - 10
11 - 11
12 - 12
13 - 13
14 - 14
15 - 15
16 - 16
17 - 17
18 - 18
19 - 19
20 - 20
21 - 21
22 - 22
23 - 23
24 - 24
25 - 25
26 - 26
27 - 27
28 - 28
29 - 29
30 - 30
31 - 31
32 - 32
33 - 33
34 - 34
35 - 35
36 - 36
37 - 37
38 - 38
39 - 39
40 - 40
41 - 41
42 - 42
43 - 43
44 - 44
45 - 45
46 - 46
47 - 47
48 - 48
49 - 49
50 - 50
51 - 51
52 - 52
53 - 53
54 - 54
55 - 55
56 - 56
57 - 57
58 - 58
59 - 59
60 - 60
61 - 61
62 - 62
63 - Épilogue
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Carmina-Xu
Share the book

15

Une grande salle à l’allure d’un poste de commandement prit définitivement forme. Alan s’étonna de découvrir autant d’acteurs se matérialiser, mais seuls quelques-uns s’avéraient détaillés. De nombreux militaires se maintenaient au repos et sans réelle surprise, il retrouva Mateus et Reynold parmi eux. Une femme non loin d’eux lui paraissait aussi familière, il l’avait déjà vu aussi. Du côté des chercheurs et scientifiques, il aperçut de nouveau Xin, Emma, Simon et John. Un terrible pressentiment le tiraillait. Le général se tenait devant cette assemblée, visiblement comme porte-parole des autres hauts gradés dans son dos. Dans l’ensemble, il lisait une incompréhension certaine sur la plupart des hommes. Une sensation le transperça, un mot que les émotions du rêve lui imposaient :

« Satisfaction »

— Messieurs, dames, officiers supérieurs… Les différents gouvernements qui régissent l’armée européenne unifiée ont terminé leur délibération. À l’unanimité, l’autorisation pour forcer le réveil du spécimen zéro a été validée.

Un affreux silence s’imposa et Alan put lire tous les visages de l’assemblée avec aisance. En particulier ceux qu’ils connaissaient, il ne les avait jamais vus aussi expressifs. La crainte et une profonde désillusion marquaient leurs traits alors qu’ils ne prononçaient pas le moindre mot. Cet homme, le spécimen zéro comme tout le monde le nommait, était si terrifiant que ça ? Ce n’était pas le sentiment qu’il lui avait donné en l’apercevant plus tôt. Il n’avait observé qu’une personne perdue dans les limbes de son esprit… Le Général continua :

— La quantité d’informations que les différentes équipes de recherches ont récupérées durant les immersions d’explorations expérimentales ont été étudiées. Les chefs d’État ont décrété qu’elles étaient suffisamment probantes pour accepter la mission à venir. L’armée dans son effectif total est mobilisée pour parvenir à cet objectif.

Comment ça, « L’armée dans son effectif total » ? Ils comptaient s’introduire dans les Méandres de cet homme ? C’était de la folie de toucher à l’Âme ! Les fonctions cérébrales ne pouvaient déjà pas à supporter plus de cinq rêveurs en immersion collective ! Et encore, cela ne concernait que ceux qui faisaient preuve d’une grande capacité d’analyse ! De plus, personne ne revenait de ce niveau interdit… Ses yeux se posèrent sur Mateus, puis Simon. Finalement, peut-être que si… Il devait à tout prix trouver une date. Il serait prêt à parier que ce qu’il observait coïncidait avec l’année où les premiers comas paradoxaux avaient été détectés. Il entendit subitement Mateus réagir :

— Mon Général, avec tout le respect que je vous dois, c’est une erreur de le réveiller ! Mon escadron et moi-même avons vu les dégâts qu’il a causés le jour où il est apparu ! Il n’est pas arrivé là par hasard ! Les seuls mots qu’il a prononcés avant de se plonger dans un coma paradoxal, c’était : « ma mission » !

— Je confirme ses paroles, insista Reynold à côté de lui. Lors de l’immersion expérimentale initiale où nous avons réussi à rentrer en contact avec lui, son potentiel offensif s’est révélé supérieur à ce que nous pouvions imaginer ! C’est nous envoyer en enfer !

« Arrogance »

Alan grimaça. Quelle désagréable émotion ! Même s’il l’avait déjà rencontré dans d’autre immersion, il ne la supportait pas. Étrangement, il pensait deviner à travers ce sentiment comment la suite de l’échange allait tourner. Monsieur Prévost allait juste user de son autorité sans prendre la peine de considérer leurs paroles.

— Colonel Müller, lieutenant-colonel Fisher. Vous êtes sous mon commandement et vous n’avez pas votre mot à dire. J’approuve également cette décision.

— Ils ont pourtant raison, se lança Simon. Le spécimen zéro possède un tempérament impulsif ! Il ne se laissera pas asservir à ce que vous souhaitez faire de lui ! Cette action comporte des risques non négligeables ! Les théories démontrent que s’il est soumis à un puissant stress, il pourrait créer un dysfonctionnement majeur dans le réseau d’Amplificateurs ! La sécurité pour ce cas de figure est encore en phase de test !

— Et vous avez donc tout intérêt à le rendre opérationnel avant l’immersion collectif Monsieur Polen ou la faute vous retombera dessus. Vous êtes le créateur du système, à vous d’en assumer les conséquences.

— Cette décision est tout bonnement une aberration ! fustigea Xin sans se retenir alors que Simon se ravisa d’en dire plus. Le réveil du spécimen zéro n’a jamais été mentionné ! Nous avons pour mission d’exploiter de manière optimale son rêve et ses ressources génétiques pour développer l’armée !

— Même si cette mission est une réussite, que comptez-vous faire exactement de lui ? demanda Emma à son tour avec défiance. Le sortir de son état n’apportera rien de bon.

— Liang, Edren. Vous êtes d’excellentes biologistes et vos travaux pour créer le gène D chez l’homme constituent une véritable prouesse… Mais votre devoir s’arrête là. Je n’ai aucune obligation à vous fournir des réponses sur ce point.

« Créer le gène D » ? se glaça Alan. Elles l’avaient créé ? Vraiment ? Cette faculté n’était pas naturelle comme on pouvait trouver les informations publiques ? Mais c’était quoi cet horrible mensonge dans lequel tout le monde vivait ! Il se frotta le visage, celui qui était le plus dupé dans cette histoire, c’était bien lui, le Passeur de rêve. Quelle désillusion, et dire qu’il pensait œuvrer pour le bien commun. À son grand regret, les songes étaient révélateurs de secrets inavoués, aussi obscurs soient-ils… Cependant, Monsieur Prévost se terrait dans son arrogance, ses réponses étaient bornées. Il entendait la réelle crainte au sujet de ce cobaye perdu dans son esprit, mais il ne s’en préoccupait pas. L’homme précisa même :

— En revanche, si vous avez été convoqué, c’est car vous avez pour ordre de participer à l’immersion. Vous faites partie de ceux qui sont rentrés en contact avec le spécimen zéro et qui sont jugés aptes à lui faire face. Vous êtes ceux qui peuvent le débusquer et l’approcher au sein de son rêve. L’opération est prévue le 18 janvier 2025 à neuf heures, scella-t-il. Vous pouvez disposer.

Une date ! C’était un an avant la création du premier laboratoire de la HDC ! Le premier véritable cas de coma paradoxal recensé remontait à 2022 si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Il n’était même pas adolescent à cette époque ! Il remarqua Mateus quitter les lieux d’un pas furieux en tirant son tour de cou pour couvrir sa bouche et son nez, peut-être pour masquer sa profonde colère. Le tissu avait un motif rouge…

Alan se pétrifia. Un grand sourire denté, exactement le même que celui de Nightmare ! Il côtoyait un criminel de classe international sans même s’en rendre compte ! Ce dernier était même officiellement le garde du corps de Simon ! Avec amertume, il réalisa que la HDC possédait en vérité un bien sombre visage. Cependant, il comprenait bien mieux la rancœur dans les paroles de Mateus quand il s’était adressé à monsieur Prévost juste après l’accident. En revanche, il lui manquait la chute de l’histoire et de toute évidence, elle allait très mal finir.

Une violente vibration secoua à nouveau le rêve. Un vertige qui le désorienta quelques secondes, le songe se métamorphosait encore. Une résonance prenait forme, mais il sentait quelque chose d’anormal dans celle-ci, mais il ne réussissait pas à mettre des mots dessus. Encore une fois, il mentionna :

— Résonance de souvenir. Formation inhabituelle !

 La salle de commandement autour de lui se brouilla et se transforma en une sorte de poste de contrôle. De nombreuses personnes étaient affairées à leurs consoles et écrans. Il retrouva Monsieur Prévost qui se tenait devant une grande baie vitrée. Il le rejoignit en réalisant qu’il commençait à sentir une pression au niveau de ses yeux. Il ne percevait pas la douleur, mais ce signe le lui laissait présager une sacrée migraine au réveil. Il forçait trop…

À côté de l’homme, il découvrit toute l’envergure du complexe grâce à la hauteur qu’il avait. Il resta souffler. Il se trouvait loin du compte quand il avait estimé des milliers d’Amplificateurs. En réalité, c’était plutôt centaines ! Comment cette machine avait pu être produite à si grande échelle ? Il pouvait observer autant d’individus qui s’activaient à prendre leur place. La structure où se tenait le spécimen zéro constituait l’épicentre de ce gigantesque réseau. Ils étaient tous réellement connectés à lui de cette manière ? Il ignorait que l’Amplificateur possédait cette fonction. Autour de lui, il entendit diverses indications et confirmations que les opérateurs lançaient. L’une d’elles le marqua bien plus :

— Les deux-cent-mille participants sont actuellement tous immergés dans le rêve du spécimen zéro. L’intervention est sur le point de commencer.

Alan se retourna pour trouver celui qui venait de dire ça, en vain. Il avait bien entendu le nombre ? Son esprit ne lui faisait pas un tour malgré qu’il paraissait bien trop solliciter ses fonctions cérébrales ? Autant de personnes immergées, c’était tout simplement inhumain ! Comment cet homme pouvait-il supporter une charge aussi démesurée ?

Il suivit Monsieur Prévost lorsqu’il quitta son observation pour s’installer à un poste composé de plusieurs écrans. Deux d’entre eux constituaient des panneaux d’informations dont il ne saisissait pas la nature. Cependant, le central retranscrivait… le rêve ? Même si c’était de mauvaise qualité, il apercevait tout une masse d’hommes dans un désert de sable. Dans un coin, il remarqua l’heure de l’opération, elle avait débuté il y a dix minutes environ. Il se glaça en observant des chars d’assaut prendre forme les uns après les autres. Le spécimen zéro leur laissait une grande liberté de création pour que des engins comme ça apparaissent ! Et surtout autant d’un coup ! Cette personne devenait extraordinaire à ses yeux, comme s’il était le rêveur par excellence.

L’armée semblait faire face à une impressionnante muraille de pierre beige qui protégeait une ville. Pourquoi mobiliser des troupes entières et déployer de tels moyens alors que leur cible était seule ? Il ne comprenait pas. Il devina que ce dernier apparut en haut du rempart en identifiant sa très grande taille, mais le souvenir se parasita. Il n’arrivait plus à discerner correctement l’image sur l’écran. Il entendit à travers le haut-parleur qui grésillait légèrement par instant, une violente colère aux mots maitrisée :

— J’ai été trop clément avec vous ! Vous avez forcé l’ouverture de mon monde et j’ai accepté votre présence à condition de ne jamais approcher de la cité ! J’ai supporté votre nombre grandissant ! J’ai toléré que vous dévisagiez mon monde avec ces « choses »… Maintenant, vous me déclarez la guerre ? Pauvres fous ! Je suis le Feu et je serais votre enfer !

Alan déglutit difficilement, cette profonde rage… D’une certaine manière, cette impression lui rappelait que pouvaient dégager Simon et Mateus. « Le Feu » ? Ça sonnait comme un nom. Est-ce que le spécimen zéro était l’auteur des brûlures de Xin et Mateus ? Impossible, ils étaient immergés… Il se frotta nerveusement les yeux durant de longues secondes. Il émettait de nombreuses suppositions, mais en vérité, il était perdu face à tous ces secrets.

L’environnement vibra et vacilla quelques secondes en perturbant son équilibre. Lorsqu’il se stabilisa enfin, il s’étonna en remarquant que rien n’avait changé autour de lui. Cependant, la multitude d’alertes sonores qui régnait dans la salle l’inquiéta. Il avait fait un bond dans le temps du souvenir. Ça lui était déjà arrivé, notamment avec monsieur Wang.

« Désillusion »

Alan se tétanisa tant cette émotion résonna en lui. Il avait vu juste, rien ne se passait comme prévu. Monsieur Prévost se leva rageusement en poussant son siège. Il se décala un peu pour mieux observer son visage. L’homme était furieux et il serrait des poings à faire blanchir ses phalanges. Il reporta son regard sur l’écran qu’il fixait et resta figé. La séquence qu’elle affichait avait retrouvé un semblant de clarté et était devenue une véritable scène de chaos ! Le feu régnait autant que la débâcle. Le spécimen zéro était l’auteur de tout cela ? Mais il était seul contre tous pourtant…

Encore une fois, un terrible pressentiment s’empara de lui. Il abandonna le général pour retourner à la baie vitrée. La réalité des faits le tétanisa. Le réseau d’Amplificateurs avait de toute évidence violemment surchargé et les hommes se trouvaient piégés sur leur machine. D’un coup, hormis la salle de contrôle, toute la zone plongea dans l’obscurité l’espace de quelques secondes. Il put voir les nombreuses surtensions qui survenaient partout en bas par les étincelles qu’elles créaient. La lumière revint en même temps qu’un intense craquement de verre se produisit.

Alan sursauta. C’était le rêve lui-même qui venait de se briser ou bien quelque chose au sein de celui-ci ? Il n’arrivait pas à le définir. La situation devenait vraiment dangereuse pour lui, et pourtant, le réveil d’urgence n’avait toujours pas été enclenché. Il était pourtant loin d’être calme ! Son cœur devait bien aller trop vite et sa tension grimper ! Un opérateur derrière lui alerta en panique :

— Les connexions sont perdues ! Ce n’est pas la rupture qui vient de se produire qui en est la cause !

— Est-ce un signe de l’éveil du spécimen zéro ? demanda aussitôt Monsieur Prévost nerveusement.

— Non, l’activité paradoxale ne fait qu’accroitre ! Ils sont tous piégés dans le rêve ! Nous devons couper le réseau avant qu’il y ait plus de dommages humains ! informa une deuxième personne.

— Les plus avancées se trouvaient au cinquième niveau avant que les constantes deviennent incohérentes et que l’on perde les contacte, précisa un autre. Personne ne sait ce qu’il se passe !

Alan comprit immédiatement. Les Méandres. Ceux qui s’étaient aventurés trop loin dans le « cœur » les avaient ouverts et l’Âme engloutissait tout ! Tout le monde savait, surtout les Passeurs de rêves. L’armée avait atteint le point de non-retour. Ils n’en avaient pas la connaissance à cette époque ? Mais dans ce cas, cela signifiait que les PDG de la HDC et les hommes comme Mateus et Reynold étaient également des rescapés de cet état ?

Il revint à Monsieur Prévost avec un gout amer. Il comprenait maintenant ce qu’entendait Nightmare, ou plutôt Mateus, par « montrez donc le cauchemar dont vous êtes l’auteur… ». Il vit le général lever un petit couvercle à côté de son poste. Il appuya sur le bouton qu’il cachait et plusieurs alarmes stridentes retentirent. Un opérateur protesta :

— Nous avons perdu le contrôle du réseau ! Nous ne pouvons pas évacuer en les laissant tous là ! Nous devons réussir à le couper pour sauver ceux qui peuvent encore l’être ! On est en train de perdre tout le monde ! Ils font des arrêts cérébraux les uns après les autres !

— Simon Polen est le seul à connaitre la procédure complète et manuelle pour l’arrêter… Et il se trouve sur un des Amplificateurs ! rétorqua sèchement monsieur Prévost. Par le fait qu’il a eu un contact direct avec le spécimen zéro, il a été sélectionné pour participer à l’opération. Qu’ils y restent ! Ce projet est un échec ! J’aurais assez des dirigeants à gérer pour justifier tout cela ! cracha-t-il.

« Abandon »

Sa gorge se serra, une part de lui se brisa… Il connaissait que trop bien ce sentiment. Être abandonné et tout abandonné… Il resta sidéré. Monsieur Prévost comptait vraiment laisser pour morts plus de deux-cent-mille soldats et chercheurs ainsi ? Une nouvelle fracture se produisit au sein du rêve. Le sol se déroba sous ses pieds et il chuta encore une fois. Le songe partait en lambeau et il se trouvait encore à l’intérieur ! Mais qu’ils enclenchent le réveil putain ! Il était trop paniqué pour utiliser sa technique pour forcer lui-même sa sortie !

Il se faisait de plus en plus engloutir par le cinquième niveau, le Cœur. Une onde l’irradia de la tête aux pieds d’un coup. Un stimulus ! Enfin ! Il allait quitter de cet enfer ! La procédure d’urgence venait d’être déclenchée ! Le soulagement s’empara de lui, malgré la désagréable sensation d’être arraché de force du songe. Pourquoi avaient-ils autant tardé ? Les vagues qui secouaient son corps se succédaient de plus en plus régulières et rapprochées. Ils étaient en train de mettre le paquet pour le faire revenir le plus vite possible. Ce n’était pas la première fois, mais c’était assez violent cette fois.

Tout devint flou et les formes disparurent. Puis, une lumière blanche aveuglante. Il ne savait plus s’il rêvait ou non. Il avait l’impression d’être là, et pourtant si lointain en même temps. Une pression douloureuse lui écrasa les tempes. Ouais, c’était signe qu’il était réveillé ça… Et en plein retour de force…

Comment this paragraph

Comment

No comment yet