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JBDelroen
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Chapitre 4.2

Déconnectée de mes pensées funestes, je me concentrai de nouveau sur ce qui m’amenait en ce lieu. Sara. Je hochai prestement la tête.

- Oui, elle a tout trié à la maison et n’a rien laissé. J’espérais qu’elle avait peut-être rangé son agenda ici ou quelques brochures. N’importe quoi ! Ne serait-ce qu’un post-it avec un numéro de téléphone.

- Un agenda ? répéta Ishmail. Elle ne notait pas tout ça dans son portable ?

Je secouai la tête en négation.

- Non. Elle a un agenda. Un carnet. Tu sais, elle appelle ça un BuJo. Un Bullet Journal, je crois. Elle dit que ça lui permet de se recentrer sur ce qui est nécessaire. Elle l’emmène partout. Enfin, je m’emballe, il y a peu de chance qu’elle ne l’ait pas avec elle, mais c’est possible qu’elle l’ait laissé pour ne pas le perdre durant sa retraite, ce genre de choses.

- Doucement, Lockwood.

Avait-il senti la pointe de panique et le stress de ne pas retrouver Sara m’envahir ? Je me mordis le bout du pouce.

- Je… Je veux voir son bureau. S’il te plaît.

Il me considéra quelques secondes en croisant les bras.

- Bien, mais tu sais…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que la porte s’ouvrit, dévoilant une humaine à la chevelure blonde encore plus minuscule que je ne l’étais. Je clignai des yeux de surprise, et une voix un peu haut perchée et sucrée comme le miel s’éleva de ce petit corps aux tendres formes :

- Oh, pardon ! Je vous dérange ?

Elle fit remuer ses lunettes en même temps que son nez et une bouffée de barbe à papa me monta dans les sinus.

- Oh non ! Pas du tout ! Je m’excuse !

Je commençai à sentir de nouveau la panique poindre en moi. Je n’étais pas censée être ici. Le minuscule bout de femme s’avança dans la salle de repos et approcha des muffins. Elle en prit un qu’elle mordit aussitôt sans se poser la question à quel goût ce dernier était, laissant le cœur couler dans sa gorge.

- Délicieux ! Ils viennent de la même boutique que d’habitude, n’est-ce pas ? Maintenant, on nous les livre directement ?

Ses petits talons tintèrent sur le sol alors qu’elle marchait vers la machine à café tout en parlant la bouche pleine.

- Non, euh...

- Vous êtes aussi des îles maudites ? Une amie d’Ishmail ?

- Qu... ? Les îles maudites ? Mais.. Quoi… ?!

Ça y est, je balbutiais. Ishmail, à mes côtés, soupira et intervint avant que je ne me ridiculise davantage.

- Lockwood, je te présente Neera, notre chef. Neera, voici Lockwood, une de mes anciennes camarades en effet, mais c’est surtout la colocataire de Sara.

Les présentations faites, il se tourna plus complètement vers moi et m’expliqua :

- Quand Neera veut parler des îles Selenes, elle emploie le terme de « maudites » à cause d’hypothèses délirantes sur de supposés mystères non résolus.

La tasse remplie dans la main, la dénommée Neera se retourna vers moi tout en plongeant un morceau de muffin dedans avant de le déguster.

- Vous avez le même accent. Tu sais, la douce intonation montante en fin de phrase, les « r » qui roulent dans la gorge…. Et ce ne sont pas des hypothèses délirantes, elles mériteraient d’être un peu plus approfondies !

- Que… que voulez-vous dire ?

J’étais toujours légèrement hébétée. Promis, je rattraperai mon cerveau plus tard.

- Je suis une grande fan de TrueCrime, et chaque année, en été, il y a des disparues sur ces îles.

- Oui, comme dans tous les endroits du monde Neera, et les falaises des îles Selenes n’ont jamais été à prendre à la légère.

Ishmail ne semblait pas accorder d’importance aux dires de Neera et pour le coup, je n’avais pas le moindre avis.

- Je n’en avais jamais entendu parler, réussis-je à marmonner.

Elle termina sa tasse de café et griffonna quelques mots sur un morceau de papier qu’elle me tendit.

- Tu devrais regarder un de ces jours cette chaîne sur internet, tu verras, c’est passionnant !

Ishmail leva les yeux au ciel et je ne pus que hocher la tête en fourrant la note dans ma poche. J’étais bien trop stressée pour être à l’aise.

- Mais tu n’es pas venue pour ça, ma petite, n’est-ce pas ? Ainsi donc, tu es la colocataire de Sara ? soupira-t-elle. Et toi non plus tu ne sais pas ce qui lui est arrivé ?

Son regard bleu était tout désolé, et sa mine triste laissa entrevoir ses rides, son âge la marquant bien plus quand elle ne s’illuminait pas comme avec ses vidéos de TrueCrime.

- J’espère qu’elle va bien. Ça ne fait que deux jours qu’elle est absente, et elle nous manque déjà.

- J’allais emmener Lockwood au bureau de Sara, il n’y a pas de problèmes avec ça, Neera ?

- Non, non, pas du tout. Si vous trouvez quelque chose, tenez-moi au courant.

Elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Elle regarda qui l’appelait et expira une telle masse d’air qu’elle vint me chatouiller les oreilles.

— Ah, en voici un qui ne me manquait pas. L’ex-mari.

Son intonation se fit d’un coup beaucoup rude, et hargneuse. Son expression aussi. Le petit bout de femme maternelle se transforma sous mes yeux en une créature féroce et amère.

— Excusez-moi.

Elle nous tourna le dos et décrocha, la voix partant sur des tonalités agressives. Elles ressemblaient au crissement des ongles sur les tableaux noirs et je fermai fort les paupières en espérant en faire de même avec mon ouïe. À la place, Ishmail m’attrapa par le poignet et m’entraîna hors de la salle de repos, closant derrière lui la porte, soufflant de soulagement lui aussi. Le brouhaha des bureaux était de beaucoup plus appréciable.

— Excuse-la, elle n’a pas une relation très harmonieuse avec son ex-mari si l’on peut dire.

— Et elle est obligée de lui parler si elle ne s’entend pas bien avec ?

— On peut dire ça. Il y a des grands enfants, avec de grandes dépenses et Neera ne roule pas forcément sur l’or en tant que mère célibataire. Ranger ne paie pas si bien que cela, ajouta-t-il avec un sourire en coin.

— Oh, bien. De toute façon, ce n’est pas comme si j’étais amenée à la revoir ou à la côtoyer tous les jours.

Je haussai les épaules en faisant la moue. Ce n’était pas dans ma nature d’en tenir rigueur aux autres pour leurs sautes d’humeur.

— Oui, c’est vrai que tu ne côtoies plus beaucoup de monde.

Il pencha la tête de côté, me scrutant. Je détournai les yeux, mâchouillant l’intérieur de ma joue, cherchant de quoi distraire son intention.

— Alors, ce bureau ? déviai-je la conversation.

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