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1 - 1. Le Capitaine Markios
2 - 2. La Septième Brigade
3 - 3. Flint et Gabriel
4 - 4. Les premiers rapprochements
5 - 5. Le camp
6 - 6. Le mystère de Kritz
7 - 7. Le secret du mercenaire
8 - 8. L'esprit de la lumière
9 - 9. Tel oncle, tel neveu
10 - 10. Les observations du vampire
11 - 11. Une matinée gênante
12 - 12. Sur le chemin du retour
13 - 13. La fête des récoltes
14 - 14. Le subterfuge de l'albinos
15 - 15. Le cadavre
16 - 16. La détresse d'une guerrière
17 - 17. Les préparations
18 - 18. Cassandra et Misaki
19 - 19. La chasseuse et la crécerelle
20 - 20. Les négociations
21 - 21. Le siège de Xu Fahn
22 - 22. La colère de Nash
23 - 23. La gloire et la chute de Virgile
24 - 24. Un moment de répit
25 - 25. Les origines de Diana
26 - 26. Les nouvelles directives
27 - 27. Le passé de Luna Kelly
28 - 28. La vengeance d'une magicienne
29 - 29. Les manigances de la secte
30 - 30. Les enfants d'Athéna
31 - 31. Le piège
32 - 32. La bravoure de Misaki
33 - 33. Le père absent
34 - 34. Pour qui sonne le glas
35 - 35. La débrouillardise de Luna
36 - 36. Les sous-sols de Baldt
37 - 37. Shayne et Nox
38 - 38. La détresse de Flint
39 - 39. Euryale et Sthéno
40 - 40. De la poudre aux yeux
41 - 41. Troyd et Narcissa
42 - 42. Yosuke et Misaki
43 - 43. L'invasion de Baldt
44 - 44. La supercherie de Perséphone
45 - 45. L'Héritage des Markios
46 - 46. Nash et Diana
47 - 47. Le Roi de l'Olympe
48 - 48. La riposte du vampire
49 - 49. L'intervention divine
50 - 50. Célébrations amères
51 - 51. Flint et Athéna
52 - 52. Le grand ménage
53 - 53. Tendres moments
54 - 54. La lettre de William
55 - 55. Le plan du tyran
56 - 56. L'Ambassadeur d'Archenwald
57 - 57. Un vent de changement
58 - 58. La réunion du groupe
59 - 59. La crise d'Estelle
60 - 60. Le début du voyage
61 - 61. En route pour Archenwald
62 - 62. Chaos sur l'île de Cao Cao
63 - 63. Congé au bord de la mer
64 - 64. Convalescence et complaisance
65 - 65. Les héros de Scottie Sanders
66 - 66. Luna et Wyatt
67 - 67. Le panneau des requêtes
68 - 68. Sous les étoiles
69 - 69. Le retour du dragon
70 - 70. La double surprise de Gabriel Markios
71 - 71. La dimension maudite
72 - 72. L'anniversaire du golem
73 - 73. La cueillette de champignons
74 - 74. Révélations et réconciliations
75 - 75. La fin du monde
76 - 76. Les champs de coquelicots
77 - 77. Le mage et la loutre
78 - 78. Les papillons bleus
79 - 79. Amanites et toiles d'araignées
80 - 80. Flint et Lucas
81 - 81. Pattes acérées et partie de pêche
82 - 82. De l'autre côté du voile
83 - 83. Des retrouvailles corsées
84 - 84. Métamorphoses
85 - 85. Charlie et Gabriel
86 - 86. La famille Tabris
87 - 87. Shayne et Lucas
88 - 88. Frères d'armes
89 - 89. Shayne et Cassandra
90 - 90. Le refuge du nord
91 - 91. Scottie et Wyatt
92 - 92. Le règne de la noirceur
93 - 93. Une lueur dans les ténèbres
94 - 94. Le plan des dieux
95 - 95. Au-delà du temps et de l'espace
96 - 96. Le cri de l'ange
97 - 97. Plumes noires
98 - 98. Utopie
99 - 99. Seconde chance
100 - 100. Une déclaration troublante
101 - 101. Le terrible secret des dieux
102 - 102. Panique nocturne
103 - 103. Un rebondissement étonnant
104 - 104. Décalage horaire
105 - 105. Deus Ex Machina
106 - 106. Nemo et Randy
107 - 107. La grande plongée
108 - 108. La Fête du Canada
109 - 109. La journaliste et le strip-teaseur
110 - 110. Quand Estelle rencontre Kylie
111 - 111. L'ascension de Perséphone
112 - 112. Le choix de Thanatos
113 - 113. Athéna et Perséphone
114 - 114. Retour à Célestia
115 - 115. Une pause bien méritée
116 - 116. Flint et Luna
117 - 117. La déchéance du mage
118 - 118. Période d'adaptation
119 - 119. Mère et fils
120 - 120. Le blond et son colosse
121 - 121. Le souhait d'Artael
122 - 122. Le voyage continue
123 - 123. Le premier assaut
124 - 124. Une chute inattendue
125 - 125. Retrouvailles dans l'espace
126 - 126. Nash et Cerbère
127 - 127. Le fléau des anges
128 - 128. L'heure de la bête
129 - 129. Lucas et Kyran
130 - 130. La décision de Flint
131 - 131. Le champion du diable
132 - 132. Des gorgones et des larmes
133 - 133. Nash et Troyd
134 - 134. Le combat tant attendu
135 - 135. La philosophie du diable
136 - 136. La boîte de Pandore
137 - 137. La fin d'une aventure
138 - 138. Une sensation de déjà-vu
139 - 139. Troyd Markios
140 - 140. Le début d'une nouvelle ère
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74. Révélations et réconciliations

Le 5 avril 3918 AD, Flint et son groupe se trouvaient à mi-chemin entre Alba et Archenwald. Ils avaient dû envoyer un messager à la capitale pour leur présenter des excuses de leur retard. Ils ne pourraient pas s’y rendre avant d’avoir terminé un accord qu’ils avaient passé avec la maire du village. Celle-ci recherchait de vaillants guerriers pour résoudre le mystère du champ de coquelicots au nord de leur communauté. Elle prétendait que ces derniers étaient hantés et que la plupart des villageois qui s’y rendaient en fin de soirée ne revenaient jamais.

— Croyez-vous vraiment que c’est une bonne idée de camper ici pour la nuit ? demanda Gabriel qui marchait le long des fleurs rouges, en compagnie de Flint et Shayne. Ça me fout les boules, toutes ces histoires de fantômes…

Il prit rapidement la main de son mari, effrayé. Il tournait la tête dans tous les sens.

— Oh Gabriel… fit Shayne. Ne me dis pas que tu ne t’en es jamais remis de cette peur… On a pourtant passé de nombreuses nuits à en chasser…

— Oui, mais le dernier fantôme qu’on a éliminé a pris possession de mon armure et j’ai failli tuer la pauvre Misaki en l’écrasant ! pleurnicha-t-il.

— Je ne t’en veux pas, tu sais ? dit la guerrière qui marchait derrière eux.

— Merci… couina le golem d’une toute petite voix.

Le reste du groupe les suivait en silence. Ils avaient opté pour ne pas louer de voiture pour cette nuit-là, ni de chevaux. La majorité de leurs possessions se trouvaient dans un entrepôt de l’auberge, où les aubergistes avaient accepté de les surveiller. Les membres de la Septième Brigade avaient emporté le strict minimum avec eux.

Giotto sortit sa tête du sac noir du colosse, qu’il portait d’une simple manche, par-dessus son épaule. Le tout était rempli d’accessoires ou d’ingrédients pour préparer des repas. Sous son apparence miniature, le dragon avait pratiquement la taille d’un chat et ne prenait pas trop de place.

— Et puis, il y a Dia et moi, remarqua le reptile. N’oublie pas que les esprits élémentaires n’ont rien à craindre des spectres. Tu pourras compter sur nous pour te protéger.

— M… Merci, Gio, gémit Gabriel.

Ils finirent par trouver une surface aplatie où mettre leurs sacs de couchages et allumer un feu de camp pour cette nuit. Cassandra avait transporté une tente dans un sac qu’elle partagerait avec les autres dames du groupe. Elle commençait déjà à l’installer. Les trois hommes dormiraient à la belle étoile.

Un peu plus loin, Dia pourchassait des papillons de différentes couleurs et essayait de les attraper avec ses crocs. Elle sautillait dans tous les sens et souhaitait en dévorer quelques-uns. Elle se mit même à grogner et à japper à quelques reprises. Lorsque le dernier lépidoptère pris la fuite, elle battit sa longue queue au sol quelques fois, puis revint vers le groupe, déçue. Elle était grincheuse, cet après-midi-là. Elle n’avait pas réussi à se trouver un repas depuis quelques heures. Tous les lièvres et les oiseaux des plaines se faisaient rares et elle avait de plus en plus faim.

— Ne t’en fais pas, mentionna Flint qui se tourna vers elle. Nous finirons bien par trouver une bête pour toi. D’après Shayne, il y a beaucoup de sangliers qui traînent au nord de ces plaines. Ça te dit d’en traquer avec nous ?

— Oh ! Parfait, dit-elle en relevant le pif vers son porteur.

— Ils sont plus précisément dans les bois, corrigea Shayne. Toutefois, ils sortent de temps à autre dans les champs afin de profiter du soleil.

Flint déposa son sac de couchage par terre et Gabriel fit de même. Dia s’étira et bâilla. Elle s’allongea près de son porteur et se roula au sol pour se gratter le dos dans l’herbe. Elle avait besoin d’un brossage, car sa fourrure était trop épaisse pour elle et elle perdait beaucoup de poils.

— Viens ici, toi, ordonna Misaki à l’animal.

— Hein ? Pourquoi ? demanda l’esprit qui se releva afin de regarder la guerrière.

Misaki lui montra le peigne qu’elle tenait dans l’une de ses mains et Dia compris ce qu’elle comptait faire. La pauvre partenaire de Flint s’approcha donc de la jeune femme, tête basse. C’était une humiliation pour elle de passer à travers la mue printanière, près des humains. Elle les trouvait si compliqués avec toutes leurs règles d’hygiènes.

— C’est pour ton bien, précisa Misaki qui se pencha vers la bête. Tu me remercieras plus tard. Ça t’évitera de lécher ton poil et de tomber malade.

— Pffft… bouda Dia, qui lui tourna le dos.

Tandis qu’on la brossait, la louve aperçut Luna déposer une marmite au sol. Elle l’avait emporté afin de préparer un potage, ce soir, en compagnie de Gabriel. Elle s’était aussi occupée d’emmener les ustensiles. Shayne quant à lui avait les bols en sa possession.

Les membres de la Septième Brigade comptaient manger du poisson en brochette ou bien faire cuire du sanglier. Le potage serait leur troisième option. Ils finissaient toujours par préparer au moins deux options, à cause de leurs nombreux goûts très différents.

— Au fait, Gabriel, mentionna Cassandra qui se tourna vers lui. Quand t’es-tu rasé la barbe ? Je viens de remarquer qu’elle est plus courte que d’habitude…

— Ah bon ? demanda celui-ci.

Il se frotta le menton et réalisa, qu’en effet, sa barbe avait raccourci. Il avait complètement oublié que Giotto s’en était occupé le jour précédant. Il observa aussitôt le petit dragon dans son sac qui pouffa de rire.

— Oh, c’était toi ! s’exprima-t-il.

— Il fallait bien que quelqu’un s’occupe de toi lorsque tu étais en pleine régression, soupira le reptile. Mes griffes sont aussi tranchantes que des lames.

Misaki siffla, épatée.

— Pas mal, pas mal ! dit-elle. Ça me fait de la concurrence.

— Comment ça ? interrogea Giotto.

— Je m’occupe normalement de coiffer tout le monde, lorsque nous sommes sur la route. J’ai oublié mes ciseaux à Baldt, mais bon… Ça tombe bien que tu sois parmi nous. On pourra désormais compter sur toi pour cette tâche.

Gabriel retourna son attention vers son esprit élémentaire.

— Où as-tu appris à tailler les barbes, toi ? fit-il.

Le dragon haussa des épaules et répondit :

— Bah, tu sais… Quand ça fait plus de mille ans qu’on existe, on en apprend des choses. J’imagine que l’une de mes anciennes incarnations a appris tout ça avec un ancien partenaire de route. J’ai rencontré tellement de personnes au cours de mes nombreuses vies que j’ai dû oublier qui c’était…

— Plusieurs incarnations ? formula Luna. Je croyais que ton autre corps était très vieux. Comment est-ce possible ?

— Ah… ça ? C’était mon troisième corps, celui de l’un de mes fils. Il s’appelait lui aussi Giotto. Il y a fort longtemps, il a accepté de devenir mon hôte. Une partie de lui partage désormais le corps de Riordan avec moi. Les souvenirs de nos ancêtres nous suivent depuis la création de ce monde.

Ils se tournèrent tous vers lui alors qu’il s’adressait à la magicienne. Cette remarque prit tout le monde au dépourvu, à un tel point qu’ils restèrent silencieux, un moment.

Misaki arrêta de peigner la louve et demanda aussitôt au dragon :

— Tu en es à combien de réincarnations, au juste ?

— Si on calcule le nombre de siècles et d’enfants que nous avons tous mis au monde… ceci est ma cinquante-septième incarnation. Je m’assure de toujours trouver une femelle qui voudra bien élever mon prochain hôte… Le prochain n’est pas encore né, mais son œuf se trouve au creux d’un volcan inactif, avec ses frères et sœurs. Il devrait éclore d'ici à quelques années.

Cette révélation les choqua tous.

— Eh bah, ça alors… Athéna a de quoi être fière de vous, dit Gabriel qui caressa la tête du dragon. C’est toute une dynastie que vous avez là.

— Hé hé hé… couina le dragon. Mes ancêtres te remercient.

Son visage s’assombrit toutefois et il sortit du sac de son porteur avant de reprendre graduellement sa taille normale, alors qu’il s’avançait sur l’herbe. Une fois qu’il était redevenu le gigantesque dragon qu’il avait toujours été, il s’allongea et tourna son visage vers les autres. Il déploya ses ailes un peu et les referma.

— Quelque chose ne va pas ? demanda Flint.

— Non, pas vraiment, mentionna Giotto. Enfin, si… Mon espèce est en voie de disparition, car la chasse aux dragons argentés existe depuis plusieurs siècles.

Flint remarqua que Giotto avait des yeux d’un mauve éclatant. Il vit beaucoup de détresse dans son expression, même s’il essayait de cacher son désarroi. Il commençait à s’habituer à sa présence ; même qu’il faisait de son mieux pour adoucir l’atmosphère entre eux.

— Et les autres races de dragons… sont-elles en danger ? demanda Flint.

— D’après mes souvenirs, plusieurs d’entre elles se sont déjà éteintes, remarqua Shayne. J’ai dû en combattre quelques espèces lors de mes contrats. À l’époque, j’étais jeune et j’ignorais qu’ils étaient tous en voie de disparition.

— Tu ne pouvais pas savoir, remarqua Giotto. Rares sont les dragons dociles comme les têtes argentées. Nous sommes les plus pacifistes d’entre tous. Depuis ma première incarnation, les dragons et dragonnes ne vivent que pour la Déesse Athéna et s’assurent de protéger ces terres. Il y a toujours un hôte qui attend que mon âme soit transférée dans son corps, au cas où je devrais mourir… Cependant, comme je l’ai expliqué l’autre jour, Riordan était mon dernier espoir. Les autres dragons sont encore trop jeunes et peu entraînés afin de contenir toutes les connaissances que j’ai accumulées au fil des trois derniers millénaires. Même cette nouvelle enveloppe n’est pas encore prête. Elle est immature, sans oublier son impatience et son impulsivité. J’ai parfois de la difficulté à prendre le contrôle.

— Pfft, c’est tellement gentil, papy, soupira son petit-fils qui reprit le contrôle de son corps, temporairement. Mais bon, on vit ensemble désormais, alors va falloir t’y faire.

Le grand reptile secoua la tête et reprit sa posture initiale.

— Je ne m’habituerais jamais à sa présence, mentionna Luna. C’est trop flippant…

Cassandra approuva d’un signe de tête.

Le soleil allait bientôt se coucher, le groupe commença à préparer le terrain afin d’y camper pour la nuit. Un quart d’heure plus tard, Flint, Shayne et Dia se rendirent dans les bois, au nord des plaines, pour traquer un sanglier. Giotto n’avait pas très faim, alors il resta auprès de Gabriel et des autres qui préparaient un potage aux légumes.

Le capitaine trancha quelques arbustes devant lui, et se fraya un chemin avec Dia dans l’une de ses mains. Elle était retournée à sa forme d’épée, tandis que le vampire se trouvait à quelques mètres d’eux. Il se tenait debout, près d’un arbre. Il avait fermé ses yeux et écoutait les bruits de la nature. Flint remarqua qu’il semblait méditer. Il s’approcha près de lui, après s’être débarrassé d’une branche qui s’était coincée dans son chandail. Comment le vampire s’était retrouvé là ? Il l’ignorait. Cependant, la rapidité de Shayne l’impressionnerait toujours.

— Tu en as mis du temps, dit ce dernier qui ouvrit l’œil. Ça fait vingt minutes que je t’attends. Que s’est-il passé ?

— Dia devait faire ses besoins et je me suis perdu, expliqua Flint. C’était une très mauvaise idée de te suivre. Je n’ai jamais été très habile dans les bois.

— La capacité de traquer une proie dans la forêt s’acquiert avec de l’entraînement et beaucoup de patience. En tant que vampire, j’ai été forcé d’apprendre à survivre dès mon plus jeune âge. Parfois, la meilleure façon de se déplacer est de grimper aux arbres et de sauter de branches en branches…

— Ah, parce que c’est ce que tu as fait ?

Il hocha la tête et poursuivit :

— Toutefois, j’oublie que tu n’es pas un vampire, donc il te serait plus facile de faire apparaître tes ailes et survoler ces bois.

— Sûrement, mais je n’ai pas ton sens de l’odorat, ni ta vision et ton ouïe.

— Tu sais que c’est faux, remarqua Dia à son partenaire. Tu ne veux simplement pas utiliser tes pouvoirs, car ils t’épuisent. N’est-ce pas ?

Flint marmonna des paroles inaudibles. Shayne comprit qu’il râlait. Il n’avait pas vraiment fait attention à ses mots. Il entendait des bruits à sa gauche : des oiseaux qui volaient au-dessus de leurs têtes.

— Il a passé trois jours dans un coma. Il vaudrait mieux qu’il ne nous refasse pas le même coup, mentionna Shayne qui s’adressa à l’épée magique.

— Pour une fois, nous sommes du même avis, formula Flint. Je préfère ma bonne vieille apparence. J’aime quand c’est plus simple.

— Par contre, si tu les utilisais plus souvent, tu apprendrais à mieux contrôler le mana que tu dépenses, poursuivit Shayne. Je sais que Giotto t’en a parlé l’autre jour, mais je serais prêt à te servir de partenaire d’entraînement.

— Arf, tu ne vas pas me faire la morale toi aussi… ?

Flint lui fit son air de chien battu, ce qui ne surprit pas Shayne. Le vampire s’éloigna de l’arbre et haussa les épaules.

— Nous ne voulons que ton bien, dit-il. Seulement, tu ne sembles pas prendre la tâche que ta mère t’a offerte, au sérieux.

— Depuis quand crois-tu en elle ? demanda alors Dia. N’es-tu pas athée ?

— Disons que je n’ai plus vraiment le choix de croire à vos histoires de dieux, puisque je suis plongé au beau milieu de vos drames.

Il fronça des sourcils.

— Je crois avoir eu cette même conversation avec Nox, des milliers de fois, continua-t-il. Te souviens-tu au moins s’il était vivant, ces dernières années ?

— Bien sûr ! déclara Dia. Il était tout le temps en ma compagnie… On ne se quittait jamais… Enfin… Sauf qu’on a été séparés et je ne me rappelle plus pourquoi…

— Je crois qu’on ne devrait pas trop la forcer à se souvenir de tout ça, suggéra Flint. Ça viendra tout seul. Laissons-lui du temps.

Shayne approuvait cette idée, toutefois il était distrait par un nouveau détail.

— J’entends ton estomac grogner, dit-il. Je crois que je vais traquer le sanglier pour vous. Tu es trop affamé pour faire quoi que ce soit.

— Même pas vrai, mentit Flint.

GrrrRrrrRrrr… Ses gargouillements se firent plus fort. Il rougit timidement.

— D’accord, je m’avoue vaincu. Dia devrait y aller avec toi.

— Entendu, conclut Shayne. Retourne au camp. Nous ne tarderons pas.

Ce dernier était sur le point de partir lorsque Flint s’approcha et le retint par le bras.

— Attends, dit-il.

— Quoi donc ?

— Je… Je souhaitais te présenter mes excuses pour t’avoir manqué de respect, l’autre jour.

Shayne ne s’était pas attendu à ce que Flint ait une prise de conscience de ce genre. Ses oreilles s’écarquillèrent, comme celles d’un félin surpris.

— Je dois reconnaître que j’avais aussi mes torts dans cette dispute, répondit Shayne. Luna et les autres m’ont fait comprendre que je ne suis pas assez souvent avec votre groupe pour voir comment vous gérez les choses. C’était injuste de ma part de me servir de mon rang comme excuse. Donc, moi aussi, je suis désolé.

Flint lâcha la manche de son supérieur et se laissa tomber la tête, soulagé.

— Fiou… dit-il. Je m’étais répété cette scène dans la tête à plusieurs reprises, mais je n’imaginais pas que tu me dirais tout ça.

— Ah bon ? demanda l’autre. Pourquoi ?

— Il fait de l’anxiété, lui informa la louve. Je croyais que tu le savais.

— Oh, pardon… J’ai fini par oublier ce détail à force de m’occuper de tous ces dossiers. J’ai plusieurs centaines de brigadiers à gérer, vous savez ?

Flint trouvait cette remarque déprimante.

— Et dire que tu es l’une des personnes qui m’a conseillé de voir un psychologue, quatre ans plus tôt, dit-il. Franchement, je suis déçu.

— Mais euh… C’est que… déglutit le vampire.

— Quatre looongues années de thérapies et mon pauvre thérapeute ne veut même plus me voir en peinture, tellement je ne suis qu’un adulescent irrécupérable…

Sa partenaire de combat reconnut aussitôt son côté mélodramatique. Cette facette de lui n’apparaissait que lorsqu’il blaguait. Il le faisait rarement devant les autres. C’était surtout devant son mari et sa fille qu’il agissait ainsi.

— Quand même, il a fait beaucoup de progrès, je trouve, remarqua Dia.

Elle fit une pause et observa la réaction effrayée de Shayne.

— Voyons, Flint ! Tu es en train de le traumatiser… lui reprocha-t-elle.

Le capitaine gloussa et mit une main sur l’épaule de son supérieur.

— Allons, je te fais marcher. Je vois toujours mon psychologue, mais moins souvent qu’avant. Par contre, il m’arrive d’aller lui parler pour discuter de mes problèmes familiaux. Pour ce qui est de l’anxiété, bah ça fera toujours partie de moi, j’en ai peur.

Il déposa son épée au sol et elle reprit l’apparence d’une louve sous leurs yeux.

— Est-ce que tu me trouves difficile à gérer ? demanda Shayne à son subordonné.

— Seulement quand tu essaies de prendre des décisions à ma place, commenta Flint. Quand ça arrive, mes mécanismes de défenses prennent le dessus et je deviens agressif. Désolé pour ça…

— Oh… ça explique maintenant ton comportement quand on te fait trop de suggestions. Je tâcherai de m’en souvenir…

Il salua Flint d’un mouvement de tête, puis ordonna à Dia de le suivre. Elle le rejoignit et ils s’éloignèrent rapidement dans les bois.

Flint rebroussa alors chemin et revint au campement de son groupe. À sa grande surprise, il constata que Giotto était en train de refaire la coiffure de Misaki à quelques mètres de la tente. Lorsqu’il avait terminé sa tâche, le dragon miniature bondit au sol, pendant que la guerrière s’observait dans un miroir à main. Il avait raccourci ses cheveux de quelques centimètres, qui lui montaient jusqu’aux épaules. Avant, ils étaient assez longs pour qu’elle puisse se faire une queue de cheval plus longue. Elle semblait satisfaite de son travail.

— Pas mal ! dit-elle au reptile.

— Ce fut un plaisir, répliqua Giotto qui fit une révérence.

L’esprit élémentaire de la création se promena ensuite en direction des autres et sauta dans le sac de Gabriel. Quant au colosse, celui-ci mettait un peu de sel dans la marmite, alors que Luna mélangeait le tout. Les légumes sauvages qu’ils avaient trouvés sur la route allaient leur servir de repas ; les plaines de Lanartis en avaient en abondance. Ce qui expliquait pourquoi on en vendait à travers le monde.

Pendant ce temps, Misaki se nettoyait avec un linge humide. Elle vit Flint s’approcher du reste des autres et formula :

— Déjà de retour ?

— Je crève de faim… dit-il, la tête basse. Mon estomac vide déconcentrait Shayne alors, il m’a demandé de revenir au camp.

— J’ai des galettes aux noisettes dans mon sac, proposa Cassandra.

— Ça ira, merci, répliqua Flint. Tu manges déjà assez peu, je préfèrerais que tu les gardes pour quand tu auras envie de grignoter.

Cassandra désapprouvait cette remarque, mais il n’avait pas tort. Elle n’avait pas un énorme appétit et ses habitudes alimentaires limitaient ses choix de collations.

— Me prends-tu pour une anorexique, ou quoi ? Je suis végétarienne, râla-t-elle. Je ne meurs pas de faim… J’ai simplement moins d’appétit que Gabriel et toi.

— Et il n’y a aucun mal à cela, rétorqua Flint. Seulement, je me sentirai mal de te priver de tes délicieux biscuits, puisque tu les aimes autant que moi.

Elle rougit timidement et hocha la tête.

— C’est vrai qu’ils sont délicieux, déclara-t-elle. Mais bon, je risque de finir avec un diabète si je n’arrête pas de manger trop de sucreries… Ta fille a cette vilaine manie, elle aussi. Je vais lui proposer de suivre une diète avec moi et remplacer toutes nos friandises par des fruits.

— Elle va s’énerver, je le sens, dit Gabriel qui rajouta des morceaux de carottes dans le potage. Au moins, elle se brosse les dents deux fois par jour, depuis qu’elle s’est fait arracher une dent cariée. J’espère que Wyatt se débrouille bien avec son groupe…

Ils essayaient de ne pas trop s’en faire pour leurs quatre camarades. C’était plus difficile pour Flint et son mari, car ils s’ennuyaient d’Estelle. Cependant, ils gardaient espoir de les revoir un jour. Si Dia et Giotto avaient survécu à cette dimension, il y avait de fortes de chances qu’ils s’en sortent tous vivants.

— Connaissant cette grosse nouille, il va se mettre à pleurer à la première occasion où ils seront encerclés par des monstres, se moqua Luna.

— Pfft, mais non, ajouta Cassandra. Wyatt n’est pas si poule-mouillée que ça, quand même. Il se débrouille très bien quand il est avec nous.

— C’est ce que vous croyez, mais il faut tout le temps que je lui couvre ses arrières.

Luna haussa les épaules, tandis qu’elle leur affichait une expression nonchalante. Elle faisait sa petite peste lorsqu’il était question du mage, car il était non seulement son meilleur ami, mais son rival depuis plusieurs années. Elle afficha alors une triste mine ; se demandant s’il était toujours vivant.

— Il est mieux de nous préparer d’autres cornichons dès qu’il reviendra… soupira-t-elle. Sinon, je le tue. Je le découpe en rondelles et je le fais frire…

Malgré ses paroles hostiles, ses amis décelèrent seulement de la tristesse dans sa voix. Elle commença à pleurer et se cacha les yeux avant de s’éloigner de la marmite. Gabriel se sentit mal pour elle. Misaki, revenue au groupe, enlaça la magicienne et l’emmena afin qu’elles fassent une petite promenade.

— Pauvre Lu’… dit Flint, qui s’était rapproché de son mari.

— Elle l’aime vraiment, ce garçon, soutint le dragon, à leurs pieds. Je ne sais pas qui c’est, mais il a l’air d’un gentil jeune homme…

Gabriel goûta à la soupe et grimaça. Celle-ci manquait de sel. Il en mit une autre pincée. Flint quant à lui, s’agenouilla près du sac afin d’inviter le reptile à grimper sur son bras. Giotto hésita un moment, puis monta sur son épaule.

L’esprit de la création en profita pour examiner Luna, au loin. Il se demandait ce qu’il pourrait faire pour lui remonter le moral.

— Je crois qu’on devrait lui laisser un peu de temps et d’espace, lui dit Gabriel qui venait de lire dans ses pensées.

— Ah ! Tu arrives déjà à me comprendre à ce point ? demanda la petite créature.

— Bien sûr !

— Intéressant…

Flint se frotta le menton et essaya de se souvenir comment sa première conversation télépathique s’était déroulée avec Dia. Plusieurs années s’étaient écoulées, depuis ce jour. Il avait fini par oublier plusieurs détails de sa vie. Il savait toutefois qu’il s’était senti très proche d’elle, suite à la mort de son oncle Nash.

Il sortit un bonbon à menthe de sa poche de jeans. Giotto renifla la friandise, intrigué. La dernière fois qu’il avait humé cette odeur, c’était il y avait plusieurs années de cela. Il avait un vague souvenir d’avoir côtoyé une vieille dame avec qui il était resté, autrefois. Il n’avait pas tout le temps été un dragon. Pendant quelque temps, il avait vécu sous l’apparence d’un chat. Il avait été l’animal de compagnie de cette femme jusqu’à ce qu’il fût tué par un renard affamé qui s’était attaqué à leur ferme. Son âme avait alors erré jusqu’aux volcans où il avait hiberné dans l’œuf d’un bébé dragon.

— Est-ce que tu en veux ? demanda Flint.

— Non, ça ira, répondit l’esprit. L’une de mes anciennes amies empestait de bonbons à la menthe. C’était il y a deux cents ans. Elle avait plein de bonbonnières dans sa maison et en mangeait au moins un par jour.

— Vraiment ? Si ça te dit, tu pourras nous raconter d’autres de tes histoires lors du repas. Ça fait toujours du bien d’entendre de nouveaux récits.

— Ha ! Elle est bien bonne celle-là, remarqua Giotto. Je croyais que tu n’en avais rien à faire de mes paroles…

— Ça, c’était pour critiquer ma vie privée. Pas pour le reste.

Flint lui poussa le museau avec son index.

— Bip, bip ! formula-t-il.

— Je ne suis pas un animal…

— C’est tout comme ! remarqua Gabriel avant de lui caresser la nuque.

— Je vous hais, soupira le dragon, railleusement.

Sans le vouloir, Giotto ronronna comme un gros chat. Il maudissait son ancêtre félin.

— Dommage, parce que tu es coincé avec nous jusqu’à ce que ta mission soit terminée, répliqua Flint. Tu as intérêt à bien t’entendre avec Dia, sinon on va devoir vous mettre des muselières à tous les deux.

— Même pas drôle, bouda la petite créature.

Pourtant, Flint comme Gabriel rirent aux éclats. Même Cassandra trouvait cette conversation plutôt marrante à entendre.

Cassandra se demandait comment se débrouillaient Shayne et Dia, dans les bois. Avaient-ils réussi à attraper leur sanglier ? Elle se posait cette question, chaque fois qu’elle jetait des coups d’œil inquiets derrière elle, toutes les quinze minutes. Elle n’était pas en forme ce jour-là, donc elle ne s’était pas proposée pour aller traquer le gibier avec eux. De toute façon, elle n’aimait plus chasser… sauf si c’était urgent.

Toutes ces histoires de fantômes l’inquiétait, mais elle pensait que son talent de communiquer avec les créatures de l’au-delà allait sûrement les aider, ce soir-là.

Puis, elle entendit des bruits non loin d’eux. Shayne apparut depuis un bouleau et traînait un sanglier qu’il avait abattu. À ses manches de manteau étaient perchés deux lièvres morts étranglés. Cassandra grimaça de dégoût, mais était heureuse de revoir celui qui faisait battre son cœur. Derrière lui, Dia revenait avec une perdrix dans la gueule, à moitié rongée. Cette fois, la guérisseuse eut un haut le cœur et préféra détourner son attention vers la marmite. Elle vit, un peu plus loin, Misaki et Luna qui discutaient près de la rivière. Elle espérait que la magicienne se sentait mieux.

— Ah ! Déjà de retour ? dit Flint. Je vois que la chasse a été bonne.

— Il y en a pour tout le monde, mais je ne pense pas que nous allons manger tout ça, remarqua le vampire. Nous pourrions emporter le reste à Alba, demain…

— C’est une grosse prise, en tout cas ! s’exclama Gabriel qui remarqua la taille du sanglier. Ça tombe bien, j’ai un peu de sauce barbecue dans mon sac…

— Dans ce cas, assurons-nous que sa viande soit bien cuite, proposa le capitaine. Nous ne savons pas quelles maladies peuvent se trouver dans cette chose.

— Pas besoin de t’en faire pour ça, répondit le vampire. N’oublie pas que je suis capable de détecter toutes les anomalies reliées au sang de mes victimes. Je n’ai qu’à le boire un peu et je pourrais te dire tout de suite s’il peut être consommé par un humain. Mon flair ne ment jamais. Il est rare que je tombe sur une créature malade.

— Dans ce cas, je te crois, formula Flint, rassuré.

Shayne se tourna alors vers Cassandra et sortit une grosse pomme de son sac de voyage. Il l’avait cueillie dans les bois, dans un verger sauvage. Elle semblait très juteuse, à en juger sa robe rouge et sa lourdeur.

— Tiens, j’ai pensé à toi, dit-il tandis qu’il esquissa un sourire.

— Oh, c’est très gentil de ta part ! formula-t-elle, ravie.

Elle sautilla de bonheur et s’approcha de lui avant de lui faire une bise rapide, sur le coin de la bouche. Flint et Gabriel remarquèrent la scène et gloussèrent. Shayne et sa dulcinée avaient déclaré leur amour au reste du groupe, quelques jours plus tôt. Flint était toujours dans son coma, mais ils ne pouvaient pas garder leur secret plus longtemps. Gabriel trouvait leur relation adorable. Les autres ne paraissaient pas tellement s’en préoccuper.

Il n’y avait que Dia qui leur avait d’abord posé des questions gênantes sur leur écart d’âges, mais elle avait cessé de les embêter, lorsque la guérisseuse l’avait fusillé sévèrement du regard.

— C’est pour quand le mariage ? taquina le capitaine qui leur fit un clin d’œil.

— Euh… nous n’en sommes pas encore là… répondit Cassandra, timidement.

Quand elle réalisa qu’il blaguait, elle fronça des sourcils et s’approcha de lui pour lui faire une pichenette sur le nez. Il pouffa de rire et retourna son attention vers la marmite, alors que Gabriel y mettait d’autres pommes de terre coupées. Cette soirée promettait d’être très agréable, selon Flint. Toutefois, il avait un étrange pressentiment en rapport à toutes les histoires de fantômes de ces plaines. Ce soir-là, il espérait résoudre ce phénomène étrange, coûte que coûte, et apporter la paix à la communauté d’Alba.

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