Jake se tient le dos droit, les paumes posées à plat sur la table et le regard fixé sur le mur en face de lui. Derrière la vitre, Casey Harris et Raphael étudient le moindre de ses mouvements. Ou plutôt son immobilité. Le suspect n’a pas bougé d’un seul iota depuis que l’adjoint Greene l’a laissé seul dans cette pièce.
— Il me paraît trop calme, constate le lieutenant, je ne suis pas comportementaliste, mais durant ma carrière, j’ai remarqué que les innocents angoissent davantage pendant les interrogatoires que les coupables. Pour la simple et bonne raison qu’ils ignorent de quoi nous les accusons. Ils se rongent les ongles, se tripotent les mains, demandent des explications et gesticulent sur leur chaise. À l’inverse, les coupables font l’erreur de se dire qu’en paraissant sereins, ils auront l’air innocents.
Les souvenirs de ces dernières semaines affluent dans l’esprit de Raphael. Il se revoit dans le bureau du lieutenant à quelques mètres de là. Il repense à cette boule atroce dans son estomac lorsqu’il a franchi le seuil du commissariat pour y déclarer le meurtre de Hasna Malek et la disparition de Maya. À la peur d’être pris pour un fou. Jake a tout bonnement l’air de ne rien ressentir.
— Vous croyez que c’est mon agresseur ? demande Raphael.
— À vous de me le dire. Je ne veux pas vous influencer. Son comportement lors de son interpellation peut être dû au fait que ce soit un p’tit con. J’ai cru comprendre que Greene et lui ont partagé une histoire.
Au même instant, Sam pénètre dans la salle à l’éclairage tamisé. Il tend un gobelet à Raphael qui jette un anti-inflammatoire au fond de sa gorge. Son ardoise repose sur un meuble d’appoint à côté d’un dossier et d’un magnétophone. Il ignore pourquoi il persiste à la trimballer partout. Il l’a à peine utilisée, malgré la douleur que lui inflige la vibration de ses cordes vocales. Il se rapproche du faux miroir en tentant de se remémorer l’agression, ne serait-ce que la couleur des yeux du taxidermiste, mais la porte demeure verrouillée à double tour. Il se souvient de l’avant, de l’après. L’attaque, elle, reste floue.
— Je ne sais pas. La stature pourrait correspondre. L’ecchymose aussi. Mais il a donné une excuse.
— Des balivernes, commente Sam, je me suis cogné à une table. Tu ne vas quand même pas croire cette explication ? C’est ridicule.
— Ce que je crois n’a aucune importance. Sans preuve. C’est ma parole contre la sienne. La parole d’un marginal contre celle du frère cadet de la capitaine. Cette cabane, c’est la sienne ? Je n’ai appris nulle part qu’il en possédait une.
— Parce qu’il n’en a pas, intervient Harris, l’abri appartenait à LeBlanc.
— Chloe l’a reconnue grâce à la tête d’élan, complète Sam, Emmy, sa copine dont je t’ai déjà parlé. C’est la fille de Stephen. Elles jouaient souvent là-bas, gamines.
— Nous avons fouillé les ruines de fond en comble. Nous avons bien trouvé des restes d’animaux empaillés, différents produits utilisés pour la taxidermie et des jerricanes, mais rien sur l’arme du crime.
Le ton monotone utilisé par le lieutenant, inquiète Raphael.
— Vous me croyez au moins ? s’empresse-t-il de demander.
— Bien sûr qu’on te crois, le rassure aussitôt Sam, cet incendie est la preuve qu’on souhaitait dissimuler quelque chose. Quant à l’arme… Le coupable a dû l’embarquer.
Le silence retombe quand Helen Anderson entre à la hâte dans la salle d’observation.
— Puis-je connaître les raisons de détention de mon frère ? interroge-t-elle.
— Regardez par vous-même, réplique Sam, les marques correspondent. Les équipes ont interrogé Beaver, ainsi que Reagan, les Taylor et Campbell. Aucun ne présente des traces de coups aux visages. Ce n’est pas le cas de…
— Cela vous donne-t-il le droit de l’appréhender de la sorte, adjoint Greene ? Vous avez vu l’état de ses poignets ? Ne vous a-t-on pas formé aux droits humains à l’école de police ? À l’avenir, je vous prierai de ne plus laisser vos sentiments biaiser votre jugement. Au prochain écart, je vous colle une mise à pied.
— Ça ne peut pas être un hasard. Il se serait blessé au moment exact où Raphael a été agressé ? Ça parait un peu gros, non ?
— Nous avons contacté l’institut, annonce la capitaine avec flegme, mais autorité. Hier après-midi, Jake travaillait. La pointeuse ne ment pas. Où est son avocat ? Vous le lui avez proposé au moins ?
— Évidemment, fulmine Sam, j’agis dans les règles ! Il n’en veut pas. Il trouvait inutile de le déranger pour ces conneries.
Ses talons claquent lorsqu’elle se rapproche de son subordonnée. Le menton haut, elle le défie.
— Baissez d’un ton si vous désirez conserver votre insigne. Dois-je vous rappeler que vous vous adressez à votre supérieure ?
— Greene, calmez-vous, somme Casey, sinon je vais être dans l’obligation de vous demander de sortir. Vous êtes jeune. Ne faites pas la même erreur que moi.
Il se tourne vers la capitaine.
— Aucun risque qu’il se soit éclipsé sans que l’on remarque son absence ? Ne serait-ce qu’une heure ou deux ? Je présume qu’il n’a pas toujours un collègue collé aux basques.
Helen pose les yeux sur son frère qui n’a pas bougé d’un millimètre depuis son installation entre ces murs ternes. Elle doit se rendre à l’évidence. L’ecchymose qui traverse son nez peut correspondre à la tranche d’une chaussure qu’on abat violemment sur un visage.
— Allez l’interroger Harris. Vous l’avez suffisamment fait attendre.
Pas un mouvement ne vient tressaillir le prévenu quand Harris pénètre dans la salle d’interrogatoire, un dossier sous le bras. Il arbore même un sourire insolent.
— Lieutenant.
— Jake.
Casey s’installe face à lui, tandis que l’accusé fait mine de lire l’heure sur une montre inexistante.
— Vous en avez mis du temps. Vous avez essayé de jouer avec mes nerfs ? Pas de bol pour vous, je suis quelqu’un de très patient.
— Tu sais pourquoi tu es là ?
Le blond écarte les mains avec une nonchalance déconcertante.
— Sam m’a parlé d’une agression.
— Et d’un meurtre.
La précision efface le sourire narquois de Jake. Harris allume la caméra accrochée dans un angle et dépose le magnétophone au centre de la table. Il enclenche le bouton d’enregistrement, décline son identité suivie de celle du suspect, et lui explique les raisons de son arrestation. L’homme en face de lui demeure de marbre.
— Où étiez-vous hier après-midi aux alentours de quinze heures ?
— Derrière mon établi. Je travaille à l’institut psychiatrique Harmony Pine, comme agent d’entretien.
— Donc vous êtes plutôt manuel.
— Sans me vanter, je me débrouille plutôt pas mal.
— Que répariez-vous ?
— Je ponçais du bois. L’un des patients a fracturé le chambranle d’une porte lors d’une crise psychotique. Vous pouvez vérifier auprès d’eux.
— Nous allons nous en assurer, l’informe-t-il en se tournant sur le miroir sans tain.
Dans la pièce voisine, Anderson s’adresse à Sam.
— Vous savez ce qu’il vous reste à faire, Greene. Contactez aussi le juge Clark, qu’il vous livre un mandat pour retourner à Harmony en bonne et due forme, afin d’interroger le médecin d’Aaron Crawford. Prenez un binôme avec vous, Soller, Coffin, peu importe, mais pas Raphael. Soyez dans les règles cette fois.
— Sachez que je vais également réclamer un mandat de perquisition pour fouiller le domicile de Jake. En bonne et due forme.
— Je ne vous en empêche pas. Je veux simplement que vous différenciiez vie professionnelle et vie personnelle, ce dont, de toute évidence, vous avez dû mal. Basez-vous sur les faits et juste les faits.
— Parce que votre vision à vous n’est pas biaisée peut-être ? Jake est votre frère.
— Et il a été votre compagnon pendant treize ans. Maintenant, soit nous continuons ce jeu infantile, soit nous nous mettons au travail pour tirer toute cette histoire au clair.
L’adjoint s’éloigne sans mot dire. Raphael aimerait le rejoindre, s’excuser une énième fois pour avoir chamboulé son quotidien de la sorte. Sam l’avait prévenu : rendre visite à Aaron Crawford risquait de freiner sa carrière.
S’être confié à lui sur son rapport à la violence l’a libéré. Pour la première fois depuis des années, Raphael n’a plus cette impression de chaîne enroulée autour de son torse qui l’empêche de respirer. Il a apprécié la danse de ses doigts dans ses cheveux emmêlés, la chaleur de ses lèvres sur sa peau quand il l’a réconforté. Jamais personne ne lui a parlé de cette façon-là. Jamais personne ne l’a compris. Il ne s’est jamais ouvert avec autant d’honnêteté. Pas même avec Sofia, pourtant témoin de sa descente aux enfers. Cette vérité laide l’aurait repoussée bien plus tôt que prévu. Pas même avec les psys, avec qui il muselait ses pensées par peur d’être pris pour un dingue. Personne ne devait découvrir cette noirceur en fond de lui. Or, avec Sam, les mots ont trouvé leur chemin naturellement, et ça l’éffraie.
En silence, Raphael se rapproche de la vitre pour étudier les traits durs du blond, son sourire moqueur, la manière dont il bouge et son allure fière. Il sent qu’il passe à côté d’un détail, mais lequel ?
— J’apprécie le travail soigné, lance le suspect après une question que Raphael n’a pas entendue.
Casey s’installe plus confortablement sur sa chaise.
— C’est tout à votre honneur. Que vous est-il arrivé ? s’enquiert-il en désignant sa pommette boursouflée. Vous vous êtes battu ?
Jake frotte le coin de la table.
— Je me suis cogné dans un angle en ramassant une bande abrasive. La maladresse est mon plus gros défaut. Vous pouvez le demander à Sam. Je parie qu’il est là-dedans.
Il effleure ses poignets marqués du pouce et poursuit :
— Vous lui direz d’y aller mollo la prochaine fois avec les menottes. Dans un autre contexte, je n’aurais pas dit non, mais…
— Un témoin peut le confirmer ? l’interrompt Harris.
— Je bosse seul. Je déteste avoir du monde dans les pattes.
— Un loup solitaire. Je vous comprends. Je suis pareil. J’aime enquêter en solo.
Jake esquisse un sourire en coin.
— Si je vous suis, l’unique raison de ma présence ici, c’est ça, lance-t-il, en pointant de l’index sa pommette meurtrie. Ce n’est pas un peu arbitraire comme motif, lieutenant ?
— Votre blessure correspond à celle supposée de l’agresseur de notre victime.
— Supposée ? Vous n’êtes pas sûr ? De mieux en mieux. Peut-être devrais-je l’appeler cet avocat finalement, le menace-t-il. Je commence à me sentir à l’étroit ici.
Anderson se déplace d'un pas en direction de la séparation. Elle porte ses doigts à ses lèvres rouges, son front luisant de sueur.
— Ne joue pas au plus malin, marmonne-t-elle, répond aux questions.
Ses yeux clairs alternent rapidement entre l'accusé et l'accusateur, comme si elle suivait une balle que se renverraient des tennismans
— Vous êtes claustro ? Ça vous angoisse d'être sous terre ? demande Harris.
— Pas du tout.
— Vous préférez peut-être le grand air ? Vous vous baladez en forêt ?
— Comme toute personne normale qui habite Bellwood. Il n’y a que ça autour de nous. De la forêt.
— Répondez par oui ou par non.
Jake libère un soupir puis répond d'un ton sec.
— Oui.
Casey feuillète le dossier.
— Vous connaissiez Stephen LeBlanc ?
— Le type qui s'est suicidé cet été ?
Le lieutenant opine.
— Pas personnellement. Non.
— Si je vous parle d'une cabane de chasse, je présume que ça ne vous dit rien non plus ?
— Je ne chasse pas.
— Évidemment.
Casey prend une bruyante inspiration.
— Où étiez-vous dans la nuit du 12 au 13 octobre ?
— Quel est le rapport avec cette agression ?
— Où étiez-vous, insiste Harris, excédé.
— Chez nos parents, murmure la capitaine, de l'autre côté. Nous fêtions l'anniversaire de notre père.
— Chez nos parents, assure l'accusé.
— Pourquoi ? interroge Casey.
Le blond réajuste sa position et précise :
— C'était l'anniversaire de mon père.
— À quelle heure avez-vous quitté la soirée ?
— Je ne sais plus. Tard.
— Donnez-moi une fourchette.
— Entre 23 heures et minuit.
— Qui était là ?
— Ma mère, mon père, Helen, une de mes tantes. De la famille, quoi.
— Vous ne vous êtes pas éclipsé durant la fête ?
— Non, assure-t-il, sans briser le contact visuel avec l'enquêteur assis en face de lui. Ma sœur pourra vous le confirmer. Elle nous observe, je me trompe ?
Il lève une main et agite les doigts en direction de la vitre, toujours affublé de son sourire. À son tour, Harris lorgne le miroir. Raphael détaille la gestuelle de l’accusé, analyse chacune de ses expressions. Il émane de lui une drôle d'impression, un sentiment familier. Un déjà-vu.
— Hier soir, où vous étiez ?
Le suspect lève les yeux au ciel, visiblement excédé.
— Pourquoi vous me posez toutes ces questions ? Un coup, vous me parlez d'hier après-midi, après du mois d'octobre, puis d’hier soir. Vous allez me faire tout le calendrier ? Je voulais la jouer cool avec vous, mais à ce rythme, je vais vraiment finir par l'appeler cet avocat et je ne plaisante plus.
Harris braque ses prunelles noires dans le bleu des yeux de l'accusé. Il éteint le magnétophone et se penche sur la table, réduisant la distance entre eux.
— Non, c'est moi qui essaie d'être cool avec toi, Jake. Ça t'amuse d'être ici et de nous faire perdre notre temps ? À moins que ce soit ce que tu cherches ? Gagner du temps ? Ou, je sais pas… peut-être que tu cherches à emmerder ta sœur, vu que tout le commissariat est au courant qu'en ce moment ça ne va pas fort entre vous ?
Il recule et ouvre le dossier d'Adam Taylor dont il glisse le portrait en sa direction.
— Tu veux que je te rappelle les chefs d'accusation ? Une agression qu'on pourrait requalifier de tentative d'homicide et un meurtre au premier degré, ajoute-t-il en martelant la photo, ça te fait toujours rire ? Tu préfères que je te laisse mariner seul une heure supplémentaire ?
Jake baisse la tête.
— Non.
— On peut reprendre ?
— Oui.
— Bien.
Harris remet le magnétophone en route, et réitère sa question.
— Où étiez-vous hier soir ?
— Chez moi. Seul.
— Vous n'êtes pas sorti de la soirée ?
— Non. Je suis rentré du boulot et je n'ai pas quitté ma maison. J'avais juste envie d'avaler un antidouleur et de me foutre au lit.
Le lieutenant tapote la photo.
— Vous connaissiez bien Adam Taylor ?
— Je le croisais de temps en temps en ville, au restaurant de ses parents, mais on n'était pas amis si c'est ce que vous sous-entendez. C'est tout juste si on avait déjà échangé un mot tous les d… attendez… Vous n'êtes pas en train de me foutre son meurtre sur le dos, là ? Je suis trop con. C'est pour ça que vous vouliez savoir où j'étais cette nuit d'octobre.
Helen Anderson frappe deux coups à la vitre.
— Vous débordez Harris, siffle-t-elle en ses dents.
Casey lève une main en l'air, demandant cinq minutes supplémentaires.
— Comment décririez-vous votre relation avec Aaron Crawford ?
— Aaron Crawford ? D'Harmony ? Qu'est-ce qu'Aaron vient foutre là-dedans ?
— Cessez de répondre à mes questions par d'autres, et répondez.
— Y a aucune relation, c'est un patient de l'institut, s'exclame Jake comme si cela relevait de l'évidence. Je ne comprends pas où vous voulez en venir. De quoi m'accusez-vous au juste ? D'agression ? De meurtre ? Vous me parlez de cabane, de LeBlanc et maintenant de Crawford… Ça n'a ni queue ni tête. Vous voulez connaitre le fond de mes pensées ? Je pense que vous essayez de me faire tourner en bourrique jusqu'à ce que je lâche un truc qui pourrait se retourner contre moi. C'est fini. Je ne parlerai plus sans mon avocat. Tant pis si je dois moisir des heures dans ce trou avant qu'il arrive.
De nouveau, la capitaine abat son poing sur la vitre. Harris souffle profondément par le nez, éteint le magnétophone puis se dirige d'un pas lourd dans la salle d'observation.
— Je peux savoir à quoi vous jouez, lieutenant ? Vous deviez le questionner uniquement au sujet de cette agression. Pour ce qui concerne Adam, il vous a fourni un alibi que je confirme, et nos parents feront de même.
— Raphael et Greene se sont rendus ce matin à Harmony Pines pour l'interroger au sujet de l'incendie de 1981. Il leur a donné le nom de Jake.
La capitaine fixe leur collaborateur.
— Parlons-en de votre petite virée. Ne vous avais-je pas sommé d'attendre ? De quel droit contestez-vous mes ordres ? Vous avez signé un contrat, monsieur Kelly. Vous devez vous y tenir à la lettre. Qu'êtes-vous allé faire là-bas, sans autorisation, ni nous en avertir de surcroît ?
Raphael déglutit, sa gorge en feu. Mal à l'aise face à une telle intensité dans le regard, il contemple la pointe de ses bottes. Une seconde s'écoule avant qu'il ose répondre.
— Aaron sait. Il a menti aux enquêteurs à l'époque pour une raison ou une autre, mais il sait ce qu’il s’est passé ce soir-là.
Le visage d'Anderson, si cela est possible, pâlit davantage.
— Que vous a-t-il dit ?
Observant tour à tour la capitaine et son lieutenant, il décide d'omettre sa vision.
— Rien. Il a mentionné Jake, c'est tout. Il était en pleine crise. La sécurité nous a jetés dehors avant qu'on en apprenne plus.
— Il n'a certainement pas compris vos questions. Je vous ai déjà parlé de ses problèmes. Je ne vois pas comment mon frère pourrait être impliqué de près ou de loin à cette histoire, puisqu'il n'était pas né.
— Je pourrais y retourner, propose Raphael d'une voix éraillée.
— Vous plaisantez, j'espère, s'offusque Anderson, il en est hors de question. L'agent Greene et son binôme s'en chargeront. Quant à vous, restez-en à notre contrat. Nous vous avons embauché pour éclaircir l'affaire Malek. Ne vous égarez pas sur plusieurs plans. Chaque chose en son temps. Sommes-nous d'accord ?
— Et pour son coquard ?
Helen s'adresse à Casey.
— Si vous souhaitez poursuivre cet interrogatoire, je vous prierai d'appeler notre avocat comme il vous l'a demandé, et cantonnez-vous à ceux pourquoi vous l'avez embarqué.
Harris pivote sur ses talons. Derrière la vitre, Jake conserve une allure sereine. Casey croise le regard de Raphael.
— Il peut sortir, approuve le lieutenant, mais qu'il reste dans les parages.
— Évidemment, rétorque Helen, rentrez chez vous, Raphael et reposez-vous. Je vous promets que nous ferons tout pour retrouver celui qui vous a fait ça.
Elle sort dans le couloir avant de réapparaître de l'autre côté du miroir. Elle va pour enlacer son frère quand il la repousse. Durant cet interrogatoire, une étrange idée s'est installée dans l'esprit de Raphael. Il doit retourner interroger Boris Pavel.