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Hanae_Ecriture
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Chapitre 2 - La descendante des Gaunt (1/2)

L’arrivée de Callista Darkwell à Poudlard n’était pas passé inaperçue. Dès ses premiers pas dans les couloirs, elle avait attiré les regards, capté les chuchotements, et semé le trouble dans les esprits. Élève de Serpentard, elle avançait avec une élégance presque théâtrale, chacun de ses gestes, mesuré avec soin, comme si chaque mouvement participait à une mise en scène dont elle contrôlait parfaitement les effets. Sa silhouette glissait parmi les élèves avec une aisance déconcertante, et pourtant, quelque chose en elle dérangeait, comme un courant froid dans une pièce chaude.

Il y avait dans ses yeux une profondeur difficile à sonder, un éclat glacé, presque inhumain. Lorsqu’elle croisait quelqu’un du regard, il devenait difficile de détourner les yeux, comme pris dans un filet invisible. Les rumeurs s’étaient rapidement propagées – une descendante d’une lignée ancienne, venue d’un coin oublié de la Grande-Bretagne magique, dont le nom ne figurait que dans les marges des vieux grimoires. Mais plus on parlait d’elle, plus le mystère s’épaississait. Certains murmuraient à voix basse, échangeant des regards lourds de sous-entendus, puis se taisaient brusquement comme si prononcer son nom trop fort risquait d’attirer quelque chose de dangereux.

Ce jour-là, en sortant du cours d’Histoire de la Magie, je m’attendais à la routine familière : les bavardages dans les escaliers, les pas précipités vers la Grande Salle, les éclats de voix joyeux. Pourtant, quelque chose détonnait. Scorpius m’interpella. Son ton n’avait rien de léger. Il se tenait là, immobile, le regard grave, les traits tendus par une inquiétude qu’il ne cherchait même plus à masquer. Ses yeux d’habitude pétillants paraissaient voilés, comme obscurcis par une pensée obsédante.

Je ralentis instinctivement, interpellée par la nervosité qu’il dégageait. L’air entre nous devint plus dense, comme si la lumière elle-même hésitait à éclairer la scène. Les bruits du couloir se réduisirent à un murmure lointain, étouffé, presque irréel. Autour de nous, les élèves passaient sans vraiment exister, comme s’ils appartenaient à un autre monde. Je le fixai, troublée. Scorpius ne parlait pas. Il baissa légèrement les yeux, sa mâchoire crispée, les mots luttant pour franchir le seuil de ses lèvres.

Je sentis un frisson me parcourir, glacé, inattendu. L’instinct me soufflait que ce qu’il allait dire allait tout changer. Mon coeur battait plus fort, cogna contre mes côtes, chaque pulsation un peu plus forte, un peu plus urgente. L’angoisse montait, insidieux, sans forme précise, mais bien réelle. Je n’osais rompre le silence. Tout en moi attendait. Sa voix. Sa vérité. Cette tension invisible qui nous enveloppait annonçait qu’un nouveau pan de notre histoire allait s’ouvrir – et peut-être nous faire basculer vers quelque chose d’irréversible.

— Tu as entendu parler de Callista ? Tout le monde la surnomme déjà “La Sorcière du Sang Ancien”.

— C’est ridicule, dis-je en haussant les épaules. Pourquoi lui donner un tel surnom ?

— Il paraît qu’elle a exécuté un sort de réaninamtion de plantes mortes en un seul geste, sans baguette, précisa Scorpius, ses yeux plissés par le doute. Même les professeurs étaient surpris.

Je fronçai les sourcils, une tension sourde se glissant sous ma peau, comme une onde lente mais persistante. Une inquiétude, d’abord diffuse, se répandant en moi, alourdissant mes pensées. Dans le monde des sorciers, la magie sans baguette existait – certains y parvenaient avec de l’expérience, d’autres par nécessité. Mais là, il s’agissait d’autre chose. Ce que j’avais vu n’était pas un simple tour de force : la précision, la puissance, le contrôle… tout dans cette manifestation magique trahissait un savoir ancien, une autorité rare sur les forces invisibles. Il ne fallait pas être expert pour comprendre que Callista ne jouait pas selon les mêmes règles que nous. Et cela me mettait mal à l’aise.

À Poudlard, les murs chuchotaient depuis toujours. Des histoires, des légendes, des avertissements à peine audibles s’enroulaient dans les couloirs comme des courants d’air glacés. Rien ne disparaissait vraiment ici : les murmures d’hier pouvaient redevenir cris demain. Cette réalité rendait chaque mystère plus menaçant, plus tangible.

Quelques jours plus tard, nous la retrouvâmes dans le calme feutré de la bibliothèque. À l’abri des regards pressés, Scorpius et moi nous étions installés derrière une étagère, à la fois curieux, et inquiets. Là, à une table reculée, Callista lisait. Seule. Un vieux grimoire ouvert devant elle, large et poussiéreux, dont les pages, couvertes d’encre fanée, dégageaient un parfum âcre de parchemin oublié. Ses doigts glissaient doucement sur les mots, comme s’ils réveillaient des mémoires endormies. Le halo doré des chandelles jouait avec les ombres sur son visage, dessinant des éclats mouvants qui accentuaient la profondeur de son expression. Elle lisait sans relever la tête, absorbée, comme happée par quelque chose que nous ne pouvions pas voir.

Autour d’elle, un vide s’était formé. Aucun élève ne s’approchait. Même les bavardages habituels avaient perdu de leur vivacité dans ce coin de la pièce. Une retenue invisible régnait, comme si l’espace lui-même reculait à son passage. Cette distance qu’elle inspirait n’était pas née de la peur directe, mais d’un instinct collectif, primitif. Une perception floue que quelque chose n’allait pas.

En l’observant, je me surpris à repenser au journal. Aux phrases codées. Aux avertissements cachés dans les nuages. Tout devenait plus clair. Il y avait un lien. Pas un simple hasard ou une coïncidence d’école, mais une ligne invisible qui reliait Callista à cette énigme que nous tentions de percer. Sa manière d’ouvrir les pages, de les parcourir avec une lenteur presque rituelle, éveillait en moi une tension faite de fascination et d’alerte. Qui était-elle vraiment ? Que cherchait-elle ? Et surtout… que savait-elle déjà ?

Une forme de pression se logea dans ma poitrine. Pas douloureuse, mais constante, comme un poids indéfinissable. Je sentais, sans pouvoir l’expliquer, que quelque chose approchait. Un point de bascule. Et dans ce calme apparent, dans cette lumière tamisée et ces respirations retenues, je compris que nous ne pourrions plus reculer. Le fil de nos destins venait peut-être de croiser celui de Callista, et il était déjà trop tard pour l’ignorer.

— Il y a quelque chose de pas net avec elle, dis-je à voix basse à Scorpius. Elle connaît une magie qui n’est pas enseignée ici.

— Tu crois que ça pourrait avoir un lien avec ce qu’on a lu ? Les Reliques ? Demanda-t-il, les sourcils froncés.

— Possible. Surtout si elle a des liens avec les Gaunt.

Scorpius hocha lentement la tête, les yeux fixés sur un point invisible devant lui. Son regard, habituellement vif et curieux, s’était voilé d’une réflexion silencieuse, presque pesante. Une inquiétude sourde traversait ses traits, comme un nuage assombrit brièvement un ciel d’été. Il n’était plus le garçon léger que je connaissais, mais un esprit absorbé par quelque chose de plus grand que nous, un questionnement profond qu’il n’osait pas encore formuler à voix haute. Ce mélange de fascination et de crainte qui glissait sur son visage ne fit qu’alimenter l’aura troublante qui entourait Callista depuis son arrivée.

Le lendemain, le cours de Défense contre les Forces du Mal prit une tournure inattendue. LA salle était habitée par l’énergie fébrile propre aux jours de duel : murmures fébriles, rires nerveux, regards échangés avec hâte. Chacun attendait son tour, baguette en main, l’esprit tendu vers l’objectif de briller quelques secondes. Lorsque Callista fut appelée, le silence se fit aussitôt plus dense, comme si les murs eux-mêmes s’étaient rapprochés pour mieux assister à la scène.

Elle s’avança avec une lenteur calculée, les épaules droites, le menton levé. Face à elle, un élève de Gryffondor la fixait, les traits tirés par une tension visible. Il leva sa baguette, prêt à attaquer. Mais il n’en eut jamais le temps.

Dans un mouvement à la fois simple et précis, Callista leva la main, sans la moindre hésitation. Un souffle invisible balaya l’espace entre eux. Son adversaire s’immobilisa net, les bras raidis, les yeux écarquillés. Aucune formule, aucun mot. Juste ce geste fluide, et la magie fit le reste. Le silence fut total. Même le professeur resta figé, comme si le monde venait de se fissurer sous ses yeux.

La jeune fille resta impassible. Son visage n’exprimait ni fierté, ni satisfaction. Juste ce calme glacé, cette maîtrise tranquille qui troublait autant qu’elle impressionnait. Une assurance déroutante, presque dérangeante, émanait d’elle. Tout en elle transmettait une certitude absolue, celle de savoir exactement ce qu’elle faisait… et ce dont elle était capable.

L’air dans la pièce était devenu plus dense, presque étouffant. Une tension magnétique reliait chaque élève à cette scène, les clouant sur place. Les murmures jaillirent enfin, timides, étouffés, partagés entre admiration et malaise. Mais moi, je ne bougeais pas. J’étais captivée. Quelque chose, dans la manière dont elle dominait l’instant, me happait tout entière.

Ses yeux brillaient d’une intensité étrange. Une lumière fuyante, indéchiffrable. J’y lisais une détermination farouche, mais aussi une solitude profonde, comme si elle portait en elle un savoir trop lourd pour être partagé. Une part de moi voulait comprendre, percer ce mystère qu’elle laissait derrière chacun de ses pas. Mais l’autre… l’autre ressentait un frisson au creux de l’échine. Comme si nous venions d’être témoins d’un pouvoir qu’on n’aurait jamais dû réveiller.

Dans cette salle suspendue entre admiration et crainte, une certitude naquit en moi : Callista n’était pas simplement une élève de plus. Elle était l’écho d’un secret enfoui, l’annonce d’un bouleversement à venir. Et quoi qu’il arrive, nous étions déjà trop proches d’elle pour faire marche arrière.

— Tu crois qu’elle va vraiment réussir à s’intégrer ici ? Murmura Scorpius après avoir assisté à la scène. Les autres n’ont pas l’air de l’aimer.

— Ce n’est pas une question de sympathie, répliquai-je, le regard fixé sur Callista. C’est une question de confiance. Et elle n’inspire rien de bon.

Les rumeurs autour de Callista enflaient chaque jour davantage, se glissant entre les pierres froides du château comme une brume insidieuse. Ce n’étaient plus de simples murmures : c’était un souffle collectif, un choeur étouffé d’élèves qui, dans les recoins d’une salle de classe ou à l’abri d’une colonne, prononçaient son prénom à voix basse, avec un mélange d’émerveillement et de crainte. Les visages s’allongeaient lorsqu’on évoquait sa présence, les regards s’égaraient vers elle avec une prudence instinctive. Quelque chose se passait. Quelque chose d’anormal.

Autour d’elle, les choses changeaient. Des objets se mettaient à léviter sans avertissements, comme si la gravité elle-même s’était soudainement désintéressée de ses lois. Des bruits sourds, inclassables, surgissaient dans les couloirs déserts, faisant sursauter ceux qui s’y aventuraient. Des mots, gravés à même la pierre, apparaissaient du jour au lendemain sur les murs, en lettres sinueuses et entremêlées, écrites dans un langage que personne ne reconnaissait. Personne… sauf Callista. Elle les lisait comme s’ils lui parlaient directement, comme si une voix invisible guidait ses pensées.

Cette étrangeté la plaçait à la frontière de l’admiration et de la peur. Les élèves la dévisageaient avec cette expression hésitante qu’on réserve à ceux qu’on ne peut ni accuser ni défendre. Elle fascinait, oui – mais elle inquiétait encore plus.

Ce soir-là, malgré le couvre-feu, Scorpius et moi prîmes une décision qui faisait battre nos coeurs plus fort que de raison : retourner à la Salle sur Demande. Ce que nous avions découvert dans le journal n’était plus une simple énigme. Il fallait savoir. Comprendre si tout cela – les symboles, les phénomènes, la magie incontrôlable – était lié.

Les couloirs étaient plongés dans une obscurité presque liquide. Chaque pas résonnait comme un coup trop fort, chaque souffle formait un nuage dans l’air glacé. Les pierres humides sous nos pieds ajoutaient une froideur sourde à notre appréhension. Une tension invisible, rampante, s’enroulait autour de nous alors que nous approchions de la salle interdite. C’est à ce moment-là que nous l’entendîmes.

Des chuchotements.

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