Ce moment, ce lieu, cette quête... tout nous poussait en avant. Et même si le doute rôdait encore, une vérité s’imposait peu à peu : nous ne pouvions plus reculer. Le savoir était notre seule boussole, et chaque fragment déchiffré nous rapprochait de l’inconnu qu’il nous faudrait affronter, ensemble.
— Il doit y avoir quelque chose ici sur la destruction des Reliques, murmura Rose, concentrée.
Je l’observai, me sentant partagé entre l’envie de la rassurer et la terreur grandissante qui se nourrissait de mes doutes.
— La clé est de trouver un sort qui soit assez puissant, mais qui n’attire pas l’attention d’Elara. Si elle découvre que nous sommes sur sa piste, cela pourrait être la fin.
— J’ai trouvé quelque chose, s’exclama Scorpius, son visage illuminé par la découverte. C’est un ancien sortilège, mais il est risqué. Il nécessite que celui qui l’utilise se libère d’un fragment de son âme.
Mon cœur se serra à cette idée.
— Tu veux dire que je devrais sacrifier une partie de moi-même ?
— Ce serait le seul moyen de briser le lien, expliqua Scorpius. Mais il faut être sûr d’être prêt à payer ce prix.
Je me levai brusquement, incapable de rester assis.
— Je ne peux pas sacrifier qui je suis.
Rose se leva à son tour, son regard perçant.
— Albus, tu es notre ami. Nous ferons tout ce qu’il faut pour t’aider, mais il te faudra prendre cette décision.
Une angoisse sourde me nouait l’estomac, s’insinuant en moi avec la lenteur glaciale d’un hiver qui s’infiltre sous la peau. C’était plus qu’une simple peur – une sensation rampante, insidieuse, qui envahissait peu à peu chaque parcelle de mon corps. Mes pensées s’emmêlaient, mes muscles se tendaient, comme si une force invisible m’écrasait de l’intérieur. Chaque choix que j’avais fait, chaque pas posé sur ce chemin incertain, ajoutait à la charge qui pesait déjà sur mes épaules, alourdissant ma silhouette et mon âme. Je portais ce poids comme on porte une vérité qu’on n’a pas choisie, mais qu’on ne peut plus fuir.
Je me sentais perdu, dérouté, comme un navire emporté par une mer capricieuse, sans ancre ni direction, ballotté par des vents contraires. La Baguette de Sureau, les Reliques... Ces objets fascinants, chargés d’une histoire trop grande pour moi, me glissaient entre les doigts comme du sable. Ils portaient la promesse d’un pouvoir immense, mais aussi d’une chute vertigineuse. Au lieu de m’éclairer, ils brouillaient mes repères, m’emprisonnaient dans un labyrinthe de doutes.
Mon esprit s’agitait, secoué par des vagues de pensées contradictoires, incapable de trouver un point fixe où s’accrocher. J’étais comme enfermé dans une nuit trop dense, où la moindre lueur disparaissait aussitôt qu’elle naissait. Autour de moi, le monde continuait de tourner, mais je n’arrivais plus à m’y connecter. L’isolement s’installait, lourd et silencieux, creusant un fossé entre moi et ceux que j’aimais. Et dans ce silence, dans ce vide, je peinais à distinguer ce que je devais être de ce que je devenais.
— Je vais le faire, murmurai-je finalement, la voix tremblante. Mais je ne le ferai pas seul. Nous le ferons ensemble.
Rose et Scorpius échangèrent un regard déterminé.
— Ensemble, répétèrent-ils en chœur.