Je resserrai ma prise sur ma baguette, les doigts crispés, tremblants d’effort et de tension. La fatigue me rongeait, mais je n’avais pas le luxe de flancher. Devant moi, le champ de bataille se dressait comme une épreuve ultime. Il n’était plus temps de douter. Il ne restait plus que l’instant présent, la volonté de se battre, de protéger ceux que j’aimais – et de tenir bon, coûte que coûte, face à l’inconnu.
— Albus, fais attention ! Cria Rose, fuyant derrière un pilier.
Je ne pouvais pas reculer. Chaque fibre de mon corps me poussait à avancer, une force intérieure m’imposant de ne pas céder à la peur qui m’effleurait comme un voile sombre. Ma connexion avec les Reliques se renforçait à chaque seconde, tel un fil invisible et indestructible qui m’attirait irrésistiblement vers elles. C’était comme une pulsation dans mon esprit, un appel puissant et obsédant qui m’invitait à puiser dans une énergie insoupçonnée, à m’emparer d’une puissance qui me ferait basculer de l’autre côté de l’abîme. Pourtant, au fond de moi, une petite voix murmurait, insistante, me rappelant que chaque instant passé à exploiter cette force me rapprochait d’une zone dangereusement floue, où la lumière perdrait tout sens et où je pourrais me perdre à jamais.
L’angoisse se tordait dans ma poitrine, se mêlant à une excitation dévorante qui faisait battre mon cœur plus vite. C’était un tourbillon de sensations qui m’étourdissait, m’empêchant de réfléchir clairement. D’un côté, l’attraction magnétique des Reliques, et de l’autre, la terreur de l’inconnu qui m’envahissait. J’étais suspendue entre ces deux forces contraires, incapable de décider si je devais céder à la tentation ou lutter pour garder le contrôle. Le dilemme était lourd, presque écrasant. Chaque fraction de seconde était marquée par la peur des conséquences de mes choix, la conscience que je ne pouvais pas faire marche arrière.
L’air autour de moi devenait plus lourd, comme une pression invisible qui pesait sur mes épaules. La responsabilité de ce que je faisais, de ce que j’allais devenir, s’accrochait à moi, se cristallisant en un fardeau que je n’étais pas sûre de pouvoir porter. Les ténèbres et la lumière s’affrontaient au plus profond de moi, dans un combat silencieux mais incessant, une lutte entre le désir de pouvoir et la peur de perdre mon humanité. À chaque mouvement, à chaque pensée, je m’enfonçais un peu plus dans cet abîme intérieur, et je savais que le chemin à suivre, s’il existait encore, serait pavé de sacrifices.
— Callista, rejoins-nous ! Lançai-je à travers le tumulte.
Elle se tenait là, déchirée, son visage marqué par le doute et la détermination.
— Je… je ne peux pas trahir ma famille, dit-elle, mais je ne peux pas non plus rester ici.
Elara profita de cette hésitation pour se rapprocher d’elle, ses mots comme des venins.
— Callista, tu sais ce que ta mère aurait voulu. Prends ce pouvoir, utilise-le à ton avantage.
Je ne pouvais pas laisser cela se produire. La force des Reliques pulsait en moi, m’appelant à agir.
— Callista, n’oublie pas qui tu es ! La puissance de ta lignée ne doit pas t’enchaîner.
Elle se tourna vers moi, son visage assombri par la confusion. Puis, lentement, elle fit un pas en arrière, déchirant le lien qui la liait à Elara.
— Je choisis ma voie !
Un cri de rage jaillit d’Elara, déchirant l’air comme un appel désespéré, mais il arriva trop tard. L’énergie de Callista se déchaîna alors avec une fulgurance dévastatrice, illuminant la pièce d’une lumière aveuglante. C’était comme si le temps s’était suspendu sous l’intensité de cette décharge. Je pouvais presque la toucher, cette énergie, vibrante et palpitante, se répandant dans l’air comme une onde invisible. Elle enveloppait tout autour d’elle, infusant l’espace d’une aura mystique, presque palpable, une présence presque tangible.
À cet instant précis, une sensation nouvelle se réveilla en moi. Les Reliques, jusque-là discrètes, réagirent, s’intensifiant à chaque battement de mon cœur. C’était comme si leurs pouvoirs s’éveillaient en parfaite synchronisation avec notre détermination commune. Chaque pulsation de cette force ancestrale résonnait à l’unisson avec mes propres battements de cœur, un accord silencieux entre mon âme et ce pouvoir ancien, un lien que je n'avais pas pleinement compris jusqu’à maintenant. La chaleur se propagea à travers mon corps, me submergeant, m’emplissant d’une énergie brute et électrique. Un mélange étrange d’excitation et de frissons d’appréhension m’envahit, chaque cellule de mon être vibrant avec une intensité nouvelle.
Je savais, au fond de moi, que la ligne entre le contrôle et le chaos devenait de plus en plus floue, presque imperceptible. À chaque instant, je m’approchais d’un seuil décisif, d’un moment où tout pouvait basculer. Ce pouvoir, cette force en moi, je ne pouvais plus l’ignorer. Nous étions à un carrefour, un point de non-retour, et chaque mouvement, chaque pensée, déterminait notre avenir.
— Ensemble ! Criai-je, ma baguette levée.
Nous unîmes nos forces, fusionnant nos volontés pour ériger un rempart contre l’obscurité étouffante qui nous enserrait comme un lourd manteau. L’éclat de lumière émanant de Callista se mêla à la mienne dans une danse silencieuse, presque chorégraphiée, créant une onde d’énergie pure et vibrante. Elle se déploya dans la pièce, balayait l’air comme un souffle purificateur, détruisant les ténèbres autour de nous. Ce rayonnement, d’abord doux et apaisant, se transforma rapidement en une lueur aveuglante, pénétrant chaque recoin de l’espace sombre, chassant les ombres avec une force presque palpable, les forçant à se dissiper dans l’immensité.
Mais alors que la lumière se répandait, un poids accablant se posa sur mon cœur, une prise de conscience douloureuse qui m’atteignit en plein ventre. Le prix de cette victoire, celle à laquelle nous aspirions tant, était bien plus élevé que je ne l’avais imaginé. La pression qui m’enserrait grandissait, me comprimant comme dans les bras glacés d’un spectre invisible. Chaque mouvement devenait plus difficile, chaque respiration plus lourde. La connexion avec les Reliques se resserrait autour de moi comme un étau, m’entraînant dans un tourbillon de pouvoir ancien et terrifiant. Je pouvais presque entendre les murmures de leurs promesses séductrices, mais aussi les échos sourds des sacrifices qui les accompagnaient, un chant funèbre qui s’épanouissait dans mon esprit, se faufilant dans chaque repli de ma pensée.
L’angoisse monta en moi comme une mer déchaînée, une vague indomptable qui engloutissait chaque pensée rationnelle. J’étais attirée vers un abîme où je ne pouvais plus voir les bords, où l’obscurité me submergeait à chaque instant. Chaque battement de cœur résonnait dans ma poitrine comme un tambour de guerre, martelant la réalité d’un choix inéluctable. L’adrénaline dévalait mes veines, me poussant à avancer, mais elle se mêlait à une peur sourde, une inquiétude croissante, insidieuse, qui me collait à la peau comme une brume glacée. La lutte contre les ténèbres devenait une lutte contre moi-même, et au fond de moi, je savais que le chemin que nous empruntions pourrait me coûter tout ce que j'avais de plus précieux. Tout ce que je n’avais jamais cru incarner.