La tension à Poudlard avait atteint un paroxysme, saturant l'air d'une lourdeur palpable, d'une densité presque suffocante, comme un épais brouillard menaçant. Les couloirs, d'ordinaire si vivants, étaient envahis par des murmures nerveux, des voix tremblantes échappant de chaque recoin. Méfiance, rumeurs, et spéculations s'entremêlaient, créant un chœur de doutes grandissants, comme les premiers grondements d'une tempête prête à éclater. L'arrivée de Callista Darkwell n’avait pas seulement perturbé l’équilibre de l’école, elle avait réveillé des forces obscures qui échappaient à notre compréhension. La présence de cette énigmatique nouvelle venue tordait l’air autour de nous, plongeant l’établissement dans une ombre dense et inquiétante. La paix qui avait autrefois régné ici n’était plus qu’un souvenir fragile, effacé par les ombres qui se tissaient chaque jour un peu plus serrées autour de nous.
Ce matin-là, je me retrouvai, comme toujours, aux côtés de Rose et Scorpius dans notre coin habituel de la Grande Salle. Mais là où la camaraderie et les éclats de rire emplissaient d’habitude l’espace, il n’y avait plus que silence et lourdeur. L’atmosphère était devenue pesante, oppressante, et même les rayons de soleil qui filtraient à travers les fenêtres étaient plus ternes, plus froids. Les visages autour de nous, qui s’illuminaient habituellement de sourires complices, étaient désormais marqués par l'inquiétude et la tension. Les conversations qui flottaient dans l’air, habituellement légères et naturelles, étaient remplacées par des échanges hésitants, entrecoupés de silences gênants et de regards furtifs, échangés d’un bout à l’autre de la table comme si chacun redoutait ce qui pourrait être dit ou entendu.
Une nervosité palpable se glissait entre nous, dense et invisible, mais omniprésente. C’était comme si l’air lui-même vibrait sous le poids de cette inquiétude collective, un murmure souterrain prêt à se transformer en un cri. Chaque bouchée que je portais à ma bouche avait un goût amer, comme si tout dans cette pièce avait perdu de sa saveur, comme si même la nourriture était affectée par l’ambiance lourde qui pesait sur nous. Chaque son – le cliquetis d’une fourchette, le murmure d’une conversation à l’autre bout de la table – me paraissait amplifié, chaque mouvement des autres élèves autour de moi résonnait dans le silence comme un écho troublant. La nervosité, présente dans chaque geste, chaque regard, rendait l’air encore plus étouffant. Un malaise profond m’envahissait, m’accrochant à ma peau comme une seconde couche, difficile à ignorer, pesant sur mon esprit et mes pensées.
— Tu as entendu parler de cette nouvelle élève qui prétend avoir un lien avec la famille Gaunt ? Demanda Scorpius, sa voix basse, comme s’il craignait d’être entendu.
Rose hocha la tête.
— Ils disent qu’elle rassemblerait des partisans dans l’ombre. C’est comme si tout le monde était attiré par elle.
L’angoisse me serra le cœur. Callista avait peut-être des ambitions que nous n’avions pas soupçonnées. Et ce lien avec les Gaunt, il ne pouvait pas être anodin.
— Je ne comprends pas pourquoi elle nous a approchés, murmurai-je. Est-ce qu’elle essaie de manipuler notre confiance ?
Rose soupira, son regard tourné vers la table des Serpentard où Callista discutait avec d’autres élèves.
— Elle n’est pas la seule. Une autre descendante des Gaunt est arrivée récemment, Elara, et elle semble jouer un rôle clé dans tout ça. On dit qu’elle est bien plus puissante que Callista.
Je sentis une vague de frustration monter en moi.
— Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard. Si Elara manipule Callista, cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour nous tous.
Scorpius regarda autour de lui, son expression se durcissant.
— Nous devrions confronter Callista. Peut-être qu’elle ne sait même pas qu’elle est utilisée.
Alors que nous nous levions pour quitter la table, une voix familière se fit entendre.
— Où pensez-vous aller ?
C’était Callista, debout à l’entrée de la Grande Salle, son regard à la fois accusateur et interrogateur.
— On… on voulait juste discuter, balbutiai-je, peu convaincu par ma propre excuse.
Elle s’approcha, et l’atmosphère devint soudainement électrique.
— Vous avez des questions. Je le sens. Et je sais que vous vous méfiez de moi.
— Tu as raison, Callista, répondit Rose, la voix ferme. Comment pouvons-nous être sûrs que tu es de notre côté ?
Callista eut un rictus, mais son regard demeura perçant.
— J’ai plus en commun avec vous que vous ne le pensez. Je sais ce que ça fait d’être dans l’ombre de son héritage. Ma famille cache des secrets, et Elara les utilise contre moi.
Je levai les yeux, surpris par cette confession.
— Alors tu n’es pas ici pour nous nuire ? Demandai-je, un brin d’espoir dans la voix.
— Non, répliqua-t-elle, mais je ne peux pas affronter Elara seule. Elle a des partisans puissants, et elle sait comment manipuler ceux qui m’entourent.
Scorpius ne lâchait pas son regard.
— Qu’est-ce que tu veux vraiment, Callista ? Que nous t’aidions à affronter ta cousine ?
Elle hésita, puis se redressa, une détermination nouvelle dans ses yeux.
— Oui, mais je dois d’abord vous prouver ma loyauté. Elara ne se contentera pas de rester dans l’ombre. Elle voudra récupérer les fragments de la prophétie avant nous, et elle ne reculera devant rien.
La confrontation devint de plus en plus tendue, et je sentais le poids de la décision peser sur mes épaules. Nous devions choisir un camp, mais le choix était délicat.
— Que proposes-tu ? Demandai-je, frustré par cette situation.
Callista s’approcha un peu plus, et sa voix devint plus douce.
— Il y a une réunion prévue ce soir dans la salle des trophées. Elara y sera, et je vous invite à venir. Vous pourrez voir par vous-mêmes qui elle est vraiment et ce qu’elle prépare.
— Et si c’est un piège ? Interrogea Rose, méfiante.
Callista baissa les yeux un instant, puis murmura.
— Vous devez avoir confiance. Je suis bien plus en danger que vous ne le pensez.
Nous échangions des regards, chacun pesant le risque. Mais dans le fond, j’étais partagé.
— Très bien, dis-je finalement. Nous irons, mais si quelque chose tourne mal, je ne te ferai pas confiance une seconde de plus.
Callista hocha la tête lentement, un éclair furtif de soulagement traversant son visage, un instant de répit fragile au milieu de la tempête de tensions et d'incertitudes qui secouait nos esprits. Ce moment suspendu, presque imperceptible, offrait un souffle d’air frais avant que la vague ne déferle à nouveau sur nous. Mais je savais, au fond de moi, que ce soulagement était aussi éphémère qu'une brise légère avant l'orage. La vérité, la lourde vérité, n'était pas encore là.
Lorsque la nuit tomba, la salle des trophées s’enveloppa dans une atmosphère dense et oppressante, imprégnée d’une tension quasi palpable. Les murs, recouverts des souvenirs figés d'anciennes victoires, retenaient l’air, comme si chaque trophée, chaque plaque gravée, murmurait des récits oubliés d’autres âges. Le silence qui régnait dans la pièce était lourd, presque suffocant, et chaque écho de nos pas résonnait, amplifié, dans cette vaste pièce vide. C’était comme si le lieu lui-même attendait, suspendu dans le temps, observant nos moindres mouvements, nous pressant de faire face à l’inévitable. Les ombres qui s’étiraient sur les murs se gonflaient, se transformer en formes menaçantes qui se faufilaient entre les rayons de lumière incertains, intensifiant l’angoisse qui s’insinuait dans nos veines.
Rose, juste à côté de moi, serrait ma main avec une force surprenante, comme si elle cherchait à s’ancrer dans ma présence, à éviter de se laisser emporter par la peur qui suintait dans l’air. Je pouvais sentir la chaleur de sa paume contre la mienne, mais aussi la légère tremblement qui parcourait ses doigts, chaque pulsation de son cœur battant plus vite, plus fort, comme un tambour de guerre résonnant dans la pièce. Ses yeux brillaient d’une lueur vive, la même inquiétude que j'avais vue en moi-même se lisait dans son regard, une lueur inquiète qui trahissait l’anxiété qui grondait sous la surface. Elle était tendue, prête à réagir au moindre bruit, à la moindre secousse, comme si l’instant d'après pouvait basculer dans l’inconnu, un pas en dehors de la réalité.
À quelques pas devant nous, Scorpius avançait avec une détermination calme, mais ses yeux, vifs et alertes, scrutaient les ombres comme s’il pouvait y deviner les dangers invisibles qui nous entouraient. Il était sur le qui-vive, prêt à dégainer sa baguette à la moindre alerte, chaque muscle tendu sous sa peau. Malgré son apparence calme, je pouvais sentir l’électricité de son propre doute, l'ombre d'une crainte profonde qui ne pouvait se cacher derrière son regard acéré. Il n’était pas seulement là pour nous protéger, il luttait contre ses propres démons, contre cette sensation d’étouffement que la pièce, pleine de silence et d’angoisse nourrissait.
L’air, lui aussi, était chargé d’une promesse muette, lourde de secrets non révélés, de mystères inachevés qui pendaient au-dessus de nous comme un nuage menaçant. Nous le savions tous : cette nuit allait être différente. Elle allait définir notre avenir, forger nos choix dans la chaleur du danger et dans l’incertitude. Une certitude persistait en nous, tissée dans la nervosité qui pulsait dans chaque veine, chaque respiration. Nous n’en ressortirions pas indemnes, quoi qu’il advienne.
— Qu’est-ce que tu crois que nous allons découvrir ici ? Chuchota Rose.
Je haussai les épaules, l’esprit en ébullition.
— Je ne sais pas. Mais nous devons rester sur nos gardes.
En pénétrant dans la salle, une atmosphère lourde et tendue nous enveloppa immédiatement. Une dizaine d’élèves se tenaient là, tous rassemblés dans une discipline presque militaire, sous l’autorité indiscutable d’Elara. À travers l’espace, son apparence frappait par une beauté sereine, ses traits fins sculptés comme une œuvre d’art, une élégance indéniable, mais c’était dans ses yeux que résidait la véritable force. Ils brillaient d’une lueur froide, presque tranchante, une intensité glacée qui se frayait un chemin en moi et me fit frissonner, un frisson qui se propagea tout au long de ma colonne vertébrale. L’air était figé, suspendu, saturé de tension, comme si la moindre parole ou mouvement pourrait enflammer cette ambiance électrique.