Assis sur le canapé de son salon, Alexis découpe consciencieusement des articles dans une revue scientifique. Des semaines à lire des revues médicales, des témoignages de victimes, et de proches. Certains ne s'en sortent pas, d'autres reviennent, tout dépend des personnes, de la gravité de leur état, mais aussi du soutien de leur famille.
Pour le moment, Johan est plongé dans un coma de stade trois, dit aréactif. Techniquement fermé au monde extérieur, il n'est censé réagir à aucune stimulation physique ou sensorielle. Pourtant, à force de passer des journées entières à ses côtés, Alexis s’est persuadé que Johan n'est pas la coquille hermétique que les médecins décrivent. Il y a autre chose... Après tout, n’y a-t-il pas cet infime changement sur le moniteur, à chaque fois qu’il lui parle ? Lorsqu'il lui prend la main, les pupilles de Johan ne bougent-elles pas plus vite sous ses paupières closes ? De quoi rêve-t-il, à quoi pense-t-il, que ressent-il ? Certains témoignages parlent d’une sensation de flottement, un ici et ailleurs difficile à appréhender pour quelqu'un n'ayant pas vécu une pareille expérience. Parfois présents, parfois absents, les comateux semblent être pris dans un entre-deux étrange et angoissant.
Épuisé, Alexis repose le magazine qu'il tient entre ses mains et range les articles découpés avec les autres dans une petite boîte avant de se laisser tomber sur le canapé, les yeux rivés sur le plafond de son petit salon. Avec tout ce qui se passe dans sa vie, depuis presque un mois maintenant, il a placé sa carrière toute entière entre parenthèses. Il y a des choses plus importantes.
Comme Johan.
Tous les jours, autant que possible, Alexis est présent à l'hôpital. Il n’est pas venu tout de suite, il doit l’admettre ; c’est cette peur d’affronter la réalité qui a retenu sa décision. Quatre jours après son opération s‘est-il seulement résolu à franchir les portes de l’hôpital pour découvrir un corps inerte, branché à des machines dont il ne connaissait alors même pas le nom. Il a cru défaillir. Johan, ce Johan cynique, souriant et tendre, n'était qu'un élément relié à une vie artificielle. Et puis, il s’était repris, avait franchi les portes, s’était assis dans ce fauteuil et lui avait pris la main. Avant cela, les médecins lui avaient expliqué l’état de santé de Johan, l’avaient prévenu et lui avaient seulement dit que parler pouvait parfois aider l’état émotionnel des patients plongés dans le coma. Au début, Alexis avait pensé qu’il s’agissait là d’un exercice ridicule, surtout destiné aux proches, à la famille pour qu’il se sentent moins inutiles. Puis, petit à petit, il y avait pris goût, s’était accroché à cet espoir sans doute illusoire. L’espoir que Johan puisse l’entendre et l’écouter. Il y avait cru - et y croit encore.
Lentement, Alexis se retourne sur les coussins du canapé pour regarder l'heure sur sa montre. Il aurait dû dormir un peu, se reposer, mais cela fait longtemps qu’il n’y parvient plus, tenaillé d’angoisse, certain que, pendant son sommeil, Johan allait s'éteindre et partir. Il dort parfois à l’hôpital, on ne lui a jamais posé de question. Pour les médecins, Alexis est le petit ami de Johan. Il n’a jamais démenti, a laissé dire, même si ce n’est plus vraiment le cas. Mais c’est plus simple, et on lui permet de s’impliquer davantage. Et puis, après tout, n’est-ce pas ce que Johan a indiqué dans ses papiers ? Personne à contacter en cas d’urgence. Pourquoi lui ? Pourquoi pas sa mère, son père ou un membre de sa famille ? Mais, non. C’était son nom, à lui. Alexis Tabor.
C’est donc lui qu’on a appelé au beau milieu de la nuit pour lui dire que Johan avait eu un accident. C’est donc lui qu'on a fait venir à l'hôpital à trois heures du matin. Lui qui a attendu, attendu, et attendu encore avant de repartir, paniqué, pour appeler Florence. Florence qui l'a remplacé l'espace de quelques heures, qui a prévenu les parents de Johan... Ses parents qui, anéantis, ne peuvent même pas venir au chevet de leur fils unique. Manque de temps, manque d'argent. Mais ils téléphonent tous les jours et font ce qu'ils peuvent pour arriver le plus rapidement possible.
Un soupir échappe à Alexis qui se roule en boule dans le canapé pour écouter le bruit de sa propre respiration. L'angoisse et l'attente sont devenues quotidiennes lorsqu'il n'est pas aux côtés de Johan. Là-bas, l'espoir déchirant prend le pas sur tout le reste. Alexis peut tout raconter, sa vie et la vie du monde, dans les moindres détails. Ici, il n'y a rien d'autre que le silence. L'appréhension.
C’est avec l’image de Johan dans son lit d’hôpital, s’imaginant à ses côtés à lui tenir la main, qu’Alexis finit par s'assoupir l'espace de quelques heures.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, le jour n'est pas encore levé mais il sait qu’il ne dormira plus. Avec lenteur, il se lève, les membres endoloris par sa nuit sur le canapé, et se dirige vers la cuisine dans l'intention de prendre un café noir, très serré. La fatigue pèse lourdement sur ses épaules, mais il essaye de faire bonne figure, chaque jour. Pour Johan. Et pour ses autres proches qui s'inquiètent pour lui.
On ne cesse de lui dire de reprendre le cours de sa vie. Mais comment ? Comment peut-il seulement s’imaginer le faire ? Pas en étant responsable de Johan. Lui faire faux bond ? Inimaginable.
Malgré tout, personne ne semble le comprendre. On le regarde avec un étonnement non feint, une empathie parfois écoeurante, presque de la pitié. Au final, Alexis est seul. Seul avec Johan. Sans soutien moral, pas même celui de ses frères qui, derrière une fausse compréhension, tentent de le “remettre sur les rails”, comme ils disent si bien. Mais Alexis n’a pas besoin d’être “remis sur les rails” ; il est déjà au beau milieu d’une course effrénée. A cette pensée, un profond soupir de lassitude lui échappe. La vie quotidienne lui paraît vertigineuse, se résume à peu de choses : suivre les actualités, aller voir Johan, tout lui rapporter en détail, rester à ses côtés, rentrer, manger, dormir un peu. Ainsi de suite.
Fatigué, mais incapable de dormir, il se laisse tomber sur une chaise de la cuisine, la tasse de son café chaud entre les mains. La discussion qu’il a eue hier avec le médecin traitant tourne en boucle dans sa tête. Alexis avait formulé des hypothèses et le médecin l’avait regardé un instant avant de secouer la tête avec une étrange douceur mais une main ferme posée sur son épaule. Tout ce que je vous demande, monsieur Tabor, c’est de ne pas espérer à tort. Mais Alexis, lui, veut y croire. Pour la première fois de sa vie, il a réellement envie de se battre pour quelque chose, de le clamer haut et fort, qu’importent les conséquences. Il sait que Johan est là. Il n’en a aucune preuve, bien sûr, mais sa conviction est profonde, inexplicable.
L’attente le ronge, le désintègre, le réduit à néant. Il veut faire plus, toujours plus. Mais quoi, et comment ? Désemparé, il repose la tasse sur la table d’un mouvement brusque et, pour la première fois, se permet de craquer. Sa faiblesse, ses espoirs toujours brisés, amenuisés, brisent cette fine carapace qu’il laisse pourtant si rarement se dissoudre. Ce n’est pas une scène élégante, le chagrin ne laisse place à aucune subtilité. A cette scène, nul témoin, c’est bien là son seul réconfort.
Après ce qui lui paraît avoir duré de longues minutes, il essuie ses joues humides d’un geste fébrile, se force à avaler une gorgée de café avant d’allumer la radio pour écouter, d’une oreille distraite, les nouvelles matinales. D’un mouvement vague, presque dénué de sens, il ouvre son agenda. Les pages autrefois remplies sont désormais presque toutes vides, tracées du seul prénom de Johan.
*
Lorsqu’Alexis franchit les portes de la chambre de Johan, le décor devenu familier se dresse devant ses yeux. Son ami n’a pas bougé, il demeure là, silencieux, immobile dans ses draps blancs, aussi pâle qu’un cadavre et presque aussi froid. Des machines respirent à sa place ; seuls les ip bip incessants démontrent qu’un semblant de vie émane encore de lui. A cette vision, et comme à chaque fois, le cœur d’Alexis se brise. Chaque jour, un nouveau morceau s’envole. Pourtant, il ne prend cette fois pas la fuite et pénètre dans ce décor immuable. Il en fait partie aussi, après tout. Lentement, il s’assoit dans le fauteuil et s’efforce de sourire sans grande conviction. A quoi bon, maintenant ? John ne peut pas le voir, de toute façon. Avec douceur, sa main se pose sur celle de son amant et son pouce caresse machinalement ses doigts inertes.
« Salut, Jo. Encore une belle journée qui s’annonce, t’en penses quoi ? Il fait froid, dehors, mais j’ai la panoplie, tu me connais. Tu détesterais ma nouvelle veste, j’en suis sûr ! Et tu ne te gênerais pas pour me traîter de vieux. Il n’a pas encore neigé, mais on dit que c’est pour bientôt… M’enfin, tu sais ce que je pense des prévisions météo. J’aimerais bien me promener dans les rues, sans les flocons, à la nuit tombée. La ville est si belle, sous les lumières… Cette quiétude me manque. » Alexis baisse la tête et, dans un souffle à peine audible, ajoute : « Tu me manques. »
A peine a-t-il prononcé ces mots qu’il se rend compte d’une chose : c’est la première fois qu’il les prononce à voix haute. La première fois, aussi, que sa voix se brise. Cette révélation remue quelque chose en lui, une colère sous-jacente.
« Eh merde, Jo’, tu fais chier à la fin ! Pourquoi tu te bats pas ? Pourquoi tu me laisses seul ? Pourquoi tu reviens pas ? Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Qu’est-ce qu’il faut que je dise ? »
A ses suppliques, pas de réponse. Mais Johan l’entend, n’est-ce pas ? Et puis, alors, tout s’enchaîne, tout s’affole, tout s’active là, sur les moniteurs. Un bruit strident, effrayant. Alexis se lève, la panique s’empare de lui, il recule.
Avec une certaine violence, on lui claque la porte au nez. Seuls quelques bruits épars parviennent à ses oreilles. Des voix empressées. Un choc. Alexis s’adosse contre le mur, juste en face de cette chambre subitement condamnée, et plaque ses mains contre ses oreilles.
*
Dans la salle d'attente d'un hôpital, le temps s’arrête. Pourtant, tout autour, les hommes d'entretiens vaquent à leurs occupations, les infirmières passent, les médecins partent en consultation. Mais, ici, dans cette étrange bulle commune, rien ne bouge jamais vraiment.
En face d'Alexis, une vieille dame, le dos droit, fixe le mur. Le voile bleuté de ses yeux laissent transparaître une douleur sourde, une appréhension qui, au fil des minutes, prennent le dessus sur toute autre instance. Au sol, un homme joue avec un enfant, lui présente des legos, et des voitures, seule source de vie de la pièce. Ils animent ce tableau silencieux d'un sourire, d'un éclat. L'homme, cependant, a ces petits moments d’absence, cet air infiniment triste qui vient parfois assombrir ses traits avant que son fils ne le réinvestisse subitement d’une demande d’attention si simple, si facile.
A côté d'Alexis, une jeune femme vient de s'asseoir, un café chaud entre ses doigts nerveux. Il lui jette un coup d’œil, la détaille sans vraiment la voir. Leur point commun frappe Alexis d’une nausée soudaine : l'attente. Longue, oppressante, à l'issue incertaine. Perdu, il reporte son attention sur l'homme et l'enfant. Ils lui donnent un peu de chaleur et d'espoir, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Agités, ses doigts viennent jouer avec la chevalière qu'il porte au majeur, signe d’impatience. La vision du corps de Johan ne cesse de revenir le hanter. Ce corps inerte, immobile. Le bruit des machines qui s’emballent. Les infirmiers.ères en train de le chasser sans ménagement, dans l'urgence. Que s'est-il passé ? Aucune réponse. Attendez là-bas, lui a-t-on demandé.
Donc, Alexis attend, docile.
La jeune femme à côté de lui toussote, l'arrache à ses pensées. Il tourne la tête dans sa direction et, pour la première fois, la détaille vraiment. Petite et menue, elle porte sur son nez des lunettes carrées qui donnent à son visage une dimension encore plus fluette. A son tour, elle le regarde et un timide sourire naît au coin de ses lèvres. Par habitude, mimétisme, Alexis lui rend la pareille.
« Pour qui êtes-vous là ? » lui demande-t-elle à voix basse.
« Un ami... Et vous ? »
« Ma mère. » lui confie-t-elle. « Elle est malade depuis un moment. Le cancer, vous savez... » elle agite vaguement la main, tente ainsi de dissimuler son trouble derrière un sourire un peu gauche. « Elle a beaucoup souffert ces derniers mois ; c'est sa dernière opération; elle n'en veut pas d'autre. Donc si ça ne marche pas... » l'inconnue hausse les épaules. « J'attends le verdict, maintenant. »
Alexis hoche la tête. Il ne connaît pas cette jeune femme, ne la reverra sûrement jamais, pourtant c’est un élan de compassion et de sympathie que sent naître Alexis à son égard. Leur situation se rencontrent, s’ancrent dans la même problématique : l'attente. Cruelle attente. Alexis passe une main dans ses cheveux pour dégager quelques mèches de son front.
« J'attends le réveil d'un ami. » lui confie-t-il à son tour. « Ou… sa mort. » elle lui lance un regard empli d'interrogations, alors il lui explique : « Il est dans le coma depuis un moment. Peut-être vaudrait-il mieux qu'il s'éteigne s'il ne se réveille pas aujourd'hui. » souffle-t-il, frappé de cette soudaine réalisation, secoué par cet aveux formulé à voix haute. « J'ai lu que plus une personne s'enfonçait dans le coma, plus les séquelles pouvaient être conséquentes. Si elles le sont trop à son réveil, je pense que ça le détruira... »
Il ignore ce qui le pousse à parler aussi ouvertement à une inconnue, mais cette dernière semble le comprendre. Sans jugement, elle pose sa main sur la sienne et hoche la tête à son tour.
« Je sais. » lui répond-t-elle seulement.
Avec une profonde reconnaissance, Alexis s’autorise à lui sourire. Leurs doigts se lient et c’est ainsi qu’ils continuent d’attendre en silence.
C’est après de longues minutes qu’une infirmière finit par apparaître devant eux. Dans le petit espace, chacun retient son souffle. Le nom de la vieille dame, celle qui fixait le mur avec une insistance déconcertante, tombe dans l'air comme une sentence. Déception et soulagement se heurtent, et, derrière l'infirmière, la dame disparaît. Alexis constate que la main de l'inconnue s'est resserrée sur la sienne.
« Au fait, quel est votre nom ? » l'interroge-t-il avec douceur.
« Emma, » lui répond-t-elle en relâchant la pression sur ses doigts. « Et vous ? »
« Alexis. »
Après un nouveau sourire, le silence les enveloppe à nouveau.
Le père et l'enfant ont cessé de jouer. Fatigué, le petit garçon, a trouvé refuge dans les bras de l’homme et somnole. Un médecin pousse la porte, chacun sort de sa bulle. Une femme aux traits tirés entre dans la pièce. Plus maigre que mince, ses cheveux sales et ses cernes attestent de longues journées passées au chevet de quelqu'un, et de longues nuits sans sommeil.
Une énième fois, un médecin apparaît. Alexis le connaît. Leurs regards se rencontrent.
« Voulez-vous bien venir avec moi, monsieur Tabor ? »
Le cœur d'Alexis rate plusieurs battements. Il prend une profonde inspiration et tourne la tête vers Emma pour lui souhaiter bon courage. Elle lui sourit, de ce même sourire un peu gauche, mais ses yeux noisette lui rendent la force qu’il tente de lui transmettre sans un mot. Leurs mains se détachent, s’abandonnent, et Alexis suit le médecin hors de la salle d'attente dans les couloirs devenus si familiers de l’hôpital. Avant d'entrer dans la chambre de Johan, le médecin se tourne vers Alexis.
« Avant que vous n'entriez, je dois vous dire... »
« Il va bien ? » s'enquiert Alexis, n'en pouvant plus d'attendre.
« Il va comme il peut. Nous ne savons pas ce qui a provoqué ses complications mais, quoiqu'il en soit, le choc l'a tiré de son coma. Cependant... » l'arrête le médecin en voyant un sourire naître sur ses lèvres. « Je dois vous avertir de sa faiblesse, et de son état profondément troublé. Il se peut que certains de ses sens soient momentanément lésés. Plus d'un mois de coma provoque également d'inévitables faiblesses. Il ne semble pas manifester de dommage cérébral, mais on ne sait jamais. Vous devez vous attendre à tout. »
« Oui, je sais déjà tout ça ! » s'emporte Alexis, rendu impatient. « Je vous en prie, laissez-moi juste entrer pour le voir. »
Le médecin ouvre la porte et l'accompagne à l'intérieur.
En pénétrant dans la chambre, cette chambre maintes et maintes fois visitée, Alexis pose ses yeux sur le décor familier qui lui fait face. Des jours, des semaines... Et enfin, Johan est là, éveillé. Pour la première fois, sa silhouette se détache un peu du lit dont le dossier a été très légèrement incliné. Toujours aussi pâle, sa tête de Johan est à présent tournée vers la fenêtre dont il semble regarder le paysage grisonnant. Doucement, Alexis s'approche du lit, le cœur battant. Il a fait ce chemin tant de fois sans y penser. Aujourd'hui, la distance lui paraît plus grande encore. Quand, enfin, il arrive près du lit, il ne prend pas place dans le fauteuil comme d'habitude et préfère rester debout près de son ami.
« Salut, Jo' ! Salut, mon coeur... » un souffle, un sourire, un soulagement. « Re-bienvenue parmi nous ! »
Les prunelles sombres de Johan s'ancrent enfin dans les siennes. Il le voit. Il est conscient. Alexis tend la main vers lui mais Joha, d’un mouvement lent, qui semble douloureux, détourne la tête.
« ...v'eux pas d'lui. » un faible croassement , une voix presque éteinte à l'adresse du médecin.
Choqué, Alexis reste figé, son geste en suspens. Peut-être a-t-il mal compris. Il lève les yeux sur le médecin qui ne sait visiblement pas quoi lui dire. Il finit par faire un geste, l'incitant à sortir. Lentement, Alexis baisse le bras, ravale sa douleur et son incompréhension. Il adresse à la silhouette de Johan un pâle sourire avant de suivre le médecin en silence hors de la chambre, perdu.
« Ne vous ne faites pas, monsieur Tabor, ce sont des choses qui arrivent. Il faut lui laisser le temps de s'adapter à sa situation, et à ce brusque changement de conscience. Ce n'est pas une étape évidente. »
« Qu'est-ce que je fais, alors ? »
« Rentrez chez vous, nous vous appellerons en cas de changement, ou de souci. »
Alexis entrouvre la bouche avant de la refermer. Quoi ? Tout ça, toute cette attente, pour quoi ? Être renvoyé chez lui ? Mais où aller, vraiment ? Alexis serre les poings le long de son corps. Pas d'autre explication. Rien. Impuissant, il regarde le médecin s'éloigner et reste planté au milieu du couloir.
L'attente, toujours l'attente... Il s'appuie contre le mur, face à la chambre de Johan. Un long soupir s’échappe de ses lèvres. Que faire ?