Loading...
Report sent
1 - Chapter 1 : Silence
2 - Chapter 2 : Sons
3 - Chapter 3 : Temps
4 - Chapter 4 : Coma
5 - Chapter 5 : Reviens-moi
6 - Chapter 6 : Petit bout de rien
7 - Chapter 7 : Joyeux anniversaire !
8 - Chapter 8 : Casse-toi !
9 - Chapter 9 : Fautif
10 - Chapter 10 : Accident
11 - Chapter 11 : Besoin d'aide
12 - Chapter 12 : Psychologue
13 - Chapter 13 : Un pas en avant
14 - Chapter 14 : Ce qui est dit est dit
15 - Chapter 15 : Jamais sortir
16 - Chapter 16 : Dissociation
17 - Chapitre 17 : Retour à la maison
18 - Chapitre 18 : Avec ou sans sucre
19 - Chapitre 19 : Vivre
Loading...
Loading...
You have no notification
Mark all as read
@
Valentin_Bthr

Chapter 2 : Sons

Des heures. Des jours... Des mois ? Le temps, intangible, impalpable, glisse le long de mon esprit endormi. Parfois, je sais. Mais ces moments sont brefs, éphémères.

Parfois, je ne sais plus. C'est une curieuse sensation. Frustrante surtout. Comme avoir le nom de quelqu'un sur le bout de la langue, mais ne jamais parvenir à s'en rappeler. Et moi je n'ai personne pour m'aider à me souvenir. Personne pour me guider. Je suis seul. Je vis seul. Je me noie seul.

Bip. Bip. Bip.

Presque seul. Ma fidèle machine accompagne mes pensées, m'ancre dans une réalité à laquelle je n'appartiens plus. Le monde tourne. Moi, je suis figé. Silencieux. Immobile. A la fois conscient et inconscient.

A part toi, personne n'est venu me rendre visite. Tant mieux. Je n'aurais pas aimé qu'on me voit ainsi, dans ce lit d'hôpital, entre ces murs blancs aux infâmes odeurs de médicaments. Il n'y a que toi. Je ne sais pas toujours quand tu es là. Souvent, j'entends ta voix, au loin. Tes paroles tournent en boucle un long moment avant de m'échapper, puis de revenir à nouveau à la charge. Tu as envie que je t'écoute, que je t'entende, surtout.

Je t'entends. Mais je n'arrive pas à t'écouter. Tes mots s'étiolent, se désintègrent. Je ne les saisis pas, ramassis de sons épars et inaccessibles. J'essaye, pourtant, mais mon esprit fait barrage, protège peut-être ce qu'il me reste de conscience des assauts de la réalité. Je me plonge moi-même dans l'ignorance, hermétiquement fermé à tout propos.

Je me souviens de ta promesse. Tu ne dois pas partir. Tu es un bout de rien qui me raccroche à un tout. Non, tu n'es pas rien. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Tu fais partie de ce tout. Tu es tout. Le centre de mon nouvel univers. Il se forme tout autour de toi. Toi seul. Quand tu entres dans la pièce, je sais où se dirigent tes pas. Tu t'assois sur un siège, près de mon lit. Un siège aux coussins bleus (j’ai décidé qu’ils seraient bleus). Tu prends ma main (en tout cas j'aime croire que tu la prends). Et tu commences à parler.

Mes nouveaux repères se mettent alors à tisser leur toile tout autour de nos mains liées, remontent le long de ton bras et s'enroulent autour de toi. Lorsque tu t'en vas, ce monde se disloque morceau par morceau. S'effondre. Et se forge à nouveau autour du Bip Bip de ma machine. C'est un aller-retour étrange mais auquel je me suis accoutumé. J'ai besoin de me raccrocher à quelque chose. Quelque chose pour me prouver que je ne suis pas encore mort. Mais comment lutter ? J'ai à peine la force d'entendre le son déformé de ta voix. Je ne sais ni ce que je fais là, ni ce que je vais devenir. Mais ces questions viennent et repartent trop vite pour que j'en comprenne le sens et l'impact. Ce que je suis, qui je suis, je l'oublie peu à peu. D'anciennes sensations, trop lointaines et ensevelies, me hantent parfois dans les songes qui bordent ma nouvelle vie, mais je n'en veux pas.

Je ne veux rien. A part dormir.

Au loin, j'entends de la musique. Très faible, à peine audible, je n'en perçois que les sons discontinus. Atténuée par un voile qui, sans cesse, entoure mon esprit cotonneux. Elle résonne contre une paroi invisible et se répercute en écho au creux de mes oreilles. Les notes me narguent, dansent devant mes yeux, se fracassent contre mon crâne, puis s'étiolent. Malgré cette soudaine souffrance, je veux les retenir. Les dorloter. Je veux qu'elles restent, n'en pouvant plus de ce silence. Silence seulement entrecoupé de ta voix, et des Bip mécaniques de mon cœur se répercutant en rythme sur l'écran d'une machine désarticulée. Je veux entendre la vie, entendre la ville, le monde.

Les notes s'éteignent.

Je suis Seul. Où es-tu ?

Panique. Les Bip, Bip, lentement, s'accélèrent. J'entends le rythme s'emballer sur l'écran. C'est la première fois qu'il brise son tempo régulier. Cela me perd plus profondément encore ; alors, pour échapper à ce bruit désagréable, je m'enfonce dans les ténèbres de mon esprit.

Comment this paragraph

Comment

No comment