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1 - Chapter 1 : Silence
2 - Chapter 2 : Sons
3 - Chapter 3 : Temps
4 - Chapter 4 : Coma
5 - Chapter 5 : Reviens-moi
6 - Chapter 6 : Petit bout de rien
7 - Chapter 7 : Joyeux anniversaire !
8 - Chapter 8 : Casse-toi !
9 - Chapter 9 : Fautif
10 - Chapter 10 : Accident
11 - Chapter 11 : Besoin d'aide
12 - Chapter 12 : Psychologue
13 - Chapter 13 : Un pas en avant
14 - Chapter 14 : Ce qui est dit est dit
15 - Chapter 15 : Jamais sortir
16 - Chapter 16 : Dissociation
17 - Chapitre 17 : Retour à la maison
18 - Chapitre 18 : Avec ou sans sucre
19 - Chapitre 19 : Vivre
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Valentin_Bthr

Chapter 4 : Coma

Je sens que quelque chose ne va pas. Malgré tout, je ne veux pas sortir de ma coquille. Enfermé dans cette bulle de silence, je me repose loin de tout, loin de ce monde factice et rudimentaire que je tentais vainement de former jusqu'alors. Recroquevillé comme une huître dans sa coquille, je ne bouge plus, immobile, attendant seulement que le temps passe. Ce temps impalpable et intangible dont la logique ne cesse d'échapper à mon esprit embrumé. Des sons tentent de percer ma carapace, mais je tiens bon, je m'accroche, je lutte désespérément pour rester loin de tout. Je m'enfuis, j'esquive.

Quelque chose me dit que ça ne me ressemble pas. Mais rien ne me ressemble plus. Je ne suis plus rien. Rien d'autre qu'un corps immobile, qu'un train de pensées fugaces, un ballottement de sens incertains.

Plus les sons se font violence, plus je me renferme, entrant dans mes derniers retranchements dans l'espoir d'atteindre à nouveau ma précieuse bulle de silence. Celle contre laquelle j'avais un jour tant lutté. Celle que j'avais haïe et qui me manque désormais.

Mais, comme toujours, tu viens craqueler mes défenses. Tu les brises d'une parole... Ta simple voix qui m'appelle. Elle est douce, elle me supplie... Mais de quoi me supplies-tu ? Qu'attends-tu de moi ? Je ne peux rien t'offrir. Pourtant, dans un effort de volonté je t'accepte dans ma bulle. Toi et moi sans personne d'autre autour de nous, et le silence. Je te vois penché au-dessus du lit où est couché ce corps inerte qui est le mien. Tu tiens fermement ma main et caresses mes cheveux.

Lumière.

Je me tiens dans le fond de la chambre, spectateur de la pièce qui se joue sous mes yeux impuissants. Mon lit est au centre de la scène. D'un côté, une infirmière se tient derrière un jeune médecin en blouse blanche. De l'autre, tu es assis près de moi, les yeux luisants d'une colère qui ne m'est pas adressée.

Action.

« Johan est plongé dans un coma de stade 3, monsieur Tabor, nous vous l'avons déjà expliqué. »

« Stade 3 ou pas, on en sort des comas... »

« Ce n'est pas impossible, mais les comas aréactifs sont presque les plus violents. Les activités cérébrales de Johan ne sont liées qu'à des rêves qui occupent son état d'inconscience. Des pensées, peut-être, mais il n'est pas éveillé à ce qui l'entoure. »

« Je pense que si, docteur Galet. »

Un soupir s'échappe de la bouche du médecin.

« Johan ne ressent rien, c'est une coquille fermée au monde et à ses sens. »

« Mais qu'en savez-vous ?! » t'écris-tu soudain en te levant. « Dites-moi ce que vous en savez, merde ! Je suis sûr qu'il est conscient de chacune de mes paroles, de chacun de mes gestes, qu'il essaye de se réveiller, je le sais c'est Johan ! Il n'abandonnerait pas comme ça ! »

Un autre homme entre dans la pièce. Un médecin plus âgé. Il pose sa main sur l'épaule du plus jeune qui file sans demander son reste.

« Monsieur Tabor, voulez-vous venir un instant avec moi dans le couloir ? Ne dérangeons pas Johan.»

Tu hésites. Tes doigts s'attardent sur ma joue, puis tu hoches la tête et disparais dans le couloir avec le médecin. L'infirmière, quant à elle, réajuste les fils respirant à ma place et s'éclipse à son tour. Seul, je reste immobile devant une scène quasi déserte. Seul demeure mon lit, constante de la pièce. Je m'approche et regarde mon corps inerte avec dégoût et ressentiment. Les mots du médecin font sens au fond de ma tête. Coma. Coquille fermée. Rêves... Est-ce que je rêve depuis le début ? Suis-je seul dans cette chambre d'hôpital ? Me rends-tu vraiment visite ? Où suis-je ? Comment savoir... Pourtant j'existe. Oui, j'existe. Mais tout le monde semble penser le contraire, tout le monde m'ignore... A part toi.

Je tourne la tête en direction du couloir. A part ma chambre, je n'ai fait que fuir le reste du monde. Fuir mon propre état de santé, fuir. Fuir.

C'est Johan, il n'abandonnerait pas comme ça.

Oh, comme tu as tort, Alexis. Comme tu as tort... Je ne peux rien faire pour t'aider. Je ne peux rien faire pour t'offrir ce que tu souhaites avec tant d'ardeur : mon réveil.

La lumière éblouissante du couloir m'attire comme un papillon. J'avance de quelques pas, m'éloignant de mon corps allongé, du lit et de la chambre. Lorsque j'arrive à la hauteur du couloir, la lumière s'estompe. A sa place, rien de spécial. Quelques brancards, des infirmiers, infirmières, médecins. Il doit faire nuit.

Je te regarde. Je n'entends pas ce que tu dis, tu es trop loin du moi endormi sur le lit. Mais mon moi inconscient t'imagine très bien dans cette posture. Tu sembles contrarié, mais résigné. Ton regard se pose sur moi, un instant. Me vois-tu ? Tu détournes la tête. Non, bien sûr que tu ne me vois pas...

Bip.

Me revoilà dedans. Emprisonné dans mon propre corps, j'attends. Que la mort m'emporte, ou que quelque chose se passe.

Là est tout le problème : j'attends pendant que tu te bats. N'était-ce pas censé être l'inverse, à une époque dont je peine à me souvenir ?

J'aimerais tellement me réveiller, tu sais.

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