Je retenais ma respiration.
Angie se serrait contre moi, mal à l'aise.
- Après toi, Lucius, intima Steve.
- Je te remercie.
Il s'avança, toujours avec ce même air fier, ses cheveux blond platine descendants à ses épaules, plaqués. Son allure et sa posture droite, avec sa canne qui renfermait auparavant sa baguette, devant lui.
Il se planta en face de nous, et s'éclaircissait la gorge, avant de se mettre à parler.
- Il fut un temps où mon fils était un enfant correct. Droit dans ses bottes, élève sérieux, et le modèle de sa famille. Tu suivais à merveille toutes les valeurs que nous t'avons inculqué, ta mère et moi-même. Tu aspirais à devenir un homme sans pitié, espérant suivre la trace de ton propre père. Tu souhaitais ardemment connaître le succès, la gloire et le respect. Tu voulais marquer l'Histoire, en y apposant ton nom. Tu aurais pu réussir, tu y étais presque.
Il accentua une légère pause, et avant de reprendre la parole, Steve s'avança à son tour.
- Mais il a fallu que tu croises sa route.
Il désigna sa propre fille.
Interloqués, nous nous regardions. Nous nous demandions à quoi tout cela pouvait bien rimer.
- Exactement Steve. Tu as donc... croisé la route de... cette fille. Et tu t'es dangereusement entiché d'elle. Pourtant, maintes fois je t'avais prévenu, qu'elle n'était pas une personne faite pour toi. Et tu sauras tout, exactement, ce soir. Ici, et maintenant.
Mon cœur semblait s'arrêter de battre. Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait, mais ça sentait très, très mauvais.
J'espérais vivement qu'il ait de bons arguments. Car à n'importe quel moment, je nous défendrai.
- Steve ?
- Je m'en occupe.
Lucius se recula. Puis le père d'Angie prit la parole.
Je me demandais d'ailleurs où se trouvait Aileen, sa mère.
Il y avait forcément une raison pour qu'elle ne soit pas présente.
- Je suppose qu'Aileen, ma femme, vous a parlé de ta malédiction Angie.
Je tournais la tête pour voir ma petite-amie, qui acquiesçait de la tête timidement.
- Cette histoire... Est vraie. Aileen possède véritablement cette lignée issue d'une malédiction d'une demi-vélane. Et toi Angie, tu étais vouée à être maudite. Je pense que l'on t'a expliqué l'histoire du roulement...
Il fit une pause.
- Quand ta mère m'a raconté cela, j'ai été fasciné. Puis, j'ai paniqué. Je voulais avoir une descendance, mais c'était un trop gros risque à prendre. Notre famille risquait de se détruire, et de vivre des choses difficilement supportables. Un Maudit de la famille de ta mère... est impossible à contrôler, dès lors que ses pouvoirs se manifestent. Nous avions donc tout mis en œuvre pour ne pas...
Et finalement, Angie est arrivée. Par surprise. Aileen a immédiatement pris soin d'elle et a rassemblé toutes ses forces pour la rendre la plus heureuse possible, afin de l'épargner de la malédiction. Moi... Je n'ai pas su lui apporter cet amour. J'étais terrifié.
Et un beau jour, les premiers signes de la malédiction se sont manifestés : du jour au lendemain, nous avions su que c'était une sorcière. Tout ce qu'elle apprenait, elle le maîtrisait rapidement. Quand elle a su faire le sortilège d'Aguamenti, sort destiné à des élèves en sixième année, alors qu'elle n'avait que quatorze ans... Je me suis éloigné petit à petit d'elle, et d'Aileen.
J'ai renoué le contact avec Lucius, lorsque j'ai appris que tu fréquentais Angie. Je lui ai fait part de mes doutes, concernant ses secrets. Et nous avons décidé d'un commun accord, de rassembler nos forces et nos moyens pour mettre fin à votre relation. Car il était trop dangereux pour vous de rester ensemble. Mais vous avez continuer à... Vous aimer, malgré tout.
Plusieurs fois je regardais Angie, puis son père, puis elle. Je relevais certaines choses qui attisaient ma curiosité. Il cachait quelque chose. Depuis le début, il n'a pas dit une seule fois "ma fille". Il parlait d'elle comme si elle n'était pas là. Je ne savais même pas comment Angie faisait pour ne pas se rebeller contre son père. Car un père ne devrait pas parler à sa fille, de sa fille, de la sorte.
- Crachez le morceau, lâchais-je. Il y a autre chose, je le sais.
- Je suis d'accord avec lui père, répondit enfin ma petite amie. Dites-le. Dites ce que vous me cachez depuis ma naissance.
Mal à l'aise, Steve prit une longue inspiration.
- J'y viens.
Il se racla la gorge, avant de reprendre.
- Aileen et moi, nous partagions nos craintes, car tu manifestais ce pouvoir. Alors que... tu ne le devrais pas.
- Et pourquoi ?
- Parce que nous ne t'avons pas mise au monde.
Elle écarquilla les yeux.
Et j'étais tout autant choqué qu'elle.
- Ca signifie quoi tout ça ?! PARLEZ ! criais-je.
- Angie... Tu es arrivée chez nous, dans un tout petit berceau. Tu étais parfaitement brodé, dans un lange en dentelle couleur crème. Tu étais minuscule. Tu étais sûrement arrivée la veille, un vieil homme t'as déposé sur notre palier en laissant simplement une lettre, et toi. Je t'ai trouvé le lendemain matin. Surpris, j'ai hurlé. Et toi, tu t'es mise à rire, d'un rire cristallin, le même que ta mère. J'ai appelé immédiatement Aileen, et elle m'a expliqué que tu étais un bébé. Paniqué, je ne voulais pas te garder. J'avais peur que même sans avoir nos gènes, tu puisses posséder la malédiction. Mais ta mère en a décidé autrement. Tu étais si belle avec tes bouclettes noires et ton regard améthyste. Elle était tombée sous ton charme. Comme je partais travailler, je lui ai laissé le choix. Je devais rentrer le soir, et voir soit le bébé dans ses bras, soit comme à son habitude, en train d'aider les elfes. Et finalement, en rentrant, tu étais dans ses bras. Je n'avais pas d'autres choix que de t'accepter.
Et avec beaucoup d'efforts, et malgré ma peur bleue, j'ai finis par t'aimer, et par apprendre le rôle de père. Je t'ai tout inculqué, j'ai fais en sorte que tu sois comme la fille biologique que j'ai toujours voulu avoir. Je t'ai fait croire que tu étais une Sang-Pur, que tu irais à Serpentard. Je t'ai inculqué la valeur de notre sang et l'histoire de notre famille et de notre immense lignée. Et finalement, j'ai réussi. Tu es à Serpentard, tu es devenue celle que je voulais que tu sois.
Jusqu'à ce que tu le rencontre.
Il me désigna.
J'étais abasourdi.
Angie était tombée des nues.
Elle n'était pas une Sang-Pur. Tout ce qu'on avait construit ensemble... Une immense partie était fausse. Tout ça à cause d'un mensonge trop bien ficelé.
Mais peu importe quel était son sang, je l'aimais.
Néanmoins... Je n'en revenais pas.
Elle avait tout d'une Sang-Pur. Comment pouvait-elle avoir un autre sang dans ses veines ?
Et dorénavant je comprenais pourquoi Lucius désirait tant nous séparer. Et Steve également. Les deux tiennent absolument à ce que leur lignée reste Sang-Pur.
Je comprenais également pourquoi ses parents l'avaient retiré de Poudlard pendant la guerre. Le régime imposait que seuls les sorciers de Sang-Pur soient présents dans l'école. Or... Elle n'était pas Sang-Pur. Tout prenait sens, sans vraiment le prendre.
Mes nerfs prenaient petit à petit le dessus. Ce n'était pas terminé. Des milliards de questions se bousculaient dans ma tête. Une seule résonnait.
Qui est-elle ?
- Steve... Déclara Angie, les larmes aux yeux. Qui suis-je ? Qui sont mes vrais parents ?
Je regardais d'un œil noir son père adoptif. Il se passait une main dans la nuque, hésitant à répondre.
- Angie... J'ai... gardé la lettre de l'homme qui t'a déposé.
Il tendit un bout de parchemin, qu'Angie prit doucement, et l'ouvrit.
- Dedans... Tu trouveras les réponses. Tu es.... Une Née-Moldue. C'est pour cela que tes pouvoirs ont agi uniquement vers tes quatorze ans. Nous pensions que tu resterais sans pouvoir. Mais le destin en a fait autrement.
Tes parents biologiques sont écossais. Ils n'avaient aucune connaissance du monde magique. Quand tu es née... Ils t'ont emmenée quelques jours après à l'orphelinat. Ils ne pouvaient pas subvenir à tes besoins, et ce pour deux raisons : la première, ils ont pris peur en voyant tes magnifiques yeux violets. Ils étaient superstitieux, et dans leur culture, cette couleur apportait malheur, ainsi que de la malchance. La seconde raison... Ils étaient tous deux porteurs d'une maladie rare, qui les a emporté rapidement. Tu ne pourras donc, et j'en suis désolé, jamais connaître tes véritables parents.
L'homme qui t'a emmené à nous t'as sorti de l'orphelinat. Il a prétexté vouloir te sortir de là-bas car il considérait qu'une si belle créature ne pouvait pas vivre dans un endroit pareil. Il a donc tenté de t'élever, mais manquant de ressources, il ne pouvait pas subvenir à tes besoins. Il t'a déposé à la première maison qu'il a trouvé. Et ce fut la nôtre. Nous ne connaissons pas l'identité de cet homme.
Cette fois... tu sais tout.
Je bouillonnais intérieurement. Je ne comprenais pas pourquoi on lui avait caché tout ça. Elle était en droit de savoir. Cela aurait évité tout un tas de problèmes.
Bon... Peut-être que nous n'aurions pas pu se rencontrer... Mais merde, cacher ça à son enfant, c'est inconcevable.
- Je suis donc une simple Née-Moldue ? Et tout ce qu'on trouve à me dire, c'est que vous êtes désolé ? Désolé de quoi ? De m'avoir caché toute ma vie pendant des années ?! De m'avoir caché ma véritable nature ?!
Angie s'emportait. Je voyais sa haine, sa rage. Quelque chose que je ne connaissais pas chez elle. Elle qui était si calme. Si joyeuse.
- Nous l'avons fait pour te protéger !
- Me protéger ?! C'est ce que vous me dites depuis ma naissance ! Sans que je sache pourquoi ! Et en quoi ça me protègerait !
- De moi.
Au lieu d'une réponse, deux voix avaient parlé.
Logiquement, Voldemort avait répondu. Normal, lui qui cherche à rayer de la carte les Nés-Moldus et les Sang-Mêlé.
Mais... Pourquoi Lucius avait répondu également ?
Tout le monde l'observait.
Steve semblait le regarder avec pitié, le suppliant de ne pas faire de mal à Angie.
Je relevais la tête vers Lucius, restant sur mes gardes.
- De vous ? Demandais-je, ahuri.
- C'est exact, de moi.
Le Lord n'osa même pas intervenir. Voyant que la situation allait en son sens, il préférait s'éloigner pour observer en silence et prendre goût à la suite des évènements.
Lucius écarta son "ami", et s'avançait vers nous.
Automatiquement, je mettais Angie derrière moi, et je gardais ma baguette, prêt à lancer un sort s'il le fallait.
- Pendant des semaines j'ai cherché le moyen de récupérer la dignité de mon fils. Pendant des semaines, j'ai essayé tous les stratagèmes possibles pour que ta Sang-de-Bourbe et toi, vous restiez loin l'un de l'autre. Je t'ai prévenu plusieurs fois Drago, que cette fille était mauvaise pour toi. Alors maintenant que tu es au courant, cesse d'être manipulée par cette sorcière, et retrouve le droit chemin. Viens.
Il me tendit la main, espérant que je la prenne.
Ce type est devenu totalement taré.
Et il se considère encore comme mon père.
Qu'il aille se faire voir.
Je vais lui montrer de quoi je suis capable.
- Si je comprend bien, vous avez tout essayé, juste pour satisfaire votre égo et sauver votre lignée de Sang-Pur ?! Tout ça, parce que vous saviez qu'avec Angie, la famille Malefoy, et la famille Lewis, ne seraient plus des Sangs-Purs ?! Je n'ai jamais connu pareille foutage de gueule. Alors écoutez-moi bien. Il n'est pas question que je rejoigne les rangs des Mangemorts. Je ne suis pas l'un des leurs. Et je suis encore moins votre fils. Les deux seules personnes que j'aime le plus au monde, sont Angie, et ma mère ! Parce que oui, ma mère me comprenait, ma mère est de mon côté et ma mère ne se mettrai jamais en travers de l'amour que je porte à Angie ! Mais vous... Vous vous seriez prêt à me tuer, juste pour obtenir ce que vous voulez ! Alors allez-y, battez-vous ! Mais vous êtes un lâche, un moins que rien. Tout ce que vous entreprenez, vous l'échouez. Contrairement à vous, j'ai réussi à faire beaucoup mieux que je pensais pouvoir faire. Angie m'a ouvert les yeux sur un monde que j'aurais aimé connaître bien avant. Elle est tout pour moi, elle est ma perle, je l'aime plus que la Terre et le ciel ne peuvent l'imaginer. Je serais prêt à lui donner ma vie pour sauver la sienne. Et peu importe qui elle est, qu'elle soit Sang-Pur ou Née-Moldue, je l'aime et je l'aimerais jusqu'au bout du monde. Parce que ce n'est pas le sang qui fait la personne, c'est son âme. C'est sa façon d'être, c'est son caractère.
A bout de souffle, et excédé par la colère, je ravalais ma salive et reprenais ma respiration.
- Essayez, de toucher à un seul de ses cheveux. Essayez donc. Je n'hésiterais pas à vous ôter la vie. Car vous n'êtes plus rien pour moi. Vous n'êtes qu'un sale égoïste qui ne pense même pas au propre bonheur de son fils. Et ça, ce n'est pas digne d'un père. Je refuse que vous me considériez encore comme votre fils.
J'avais parlé avec haine, les dents serrés. Je voyais son visage se crisper sous la colère, devenir complètement déformé. Il me faisait penser à Bellatrix. Il perdait totalement la raison, il devenait fou.
Reculant, il pointa sa baguette vers moi. Il respirait fortement.
Un coup d'œil au loin et je voyais Voldemort se frotter les mains.
Espèce de...
- STOP !
Ma mère avait débarqué de nulle part, et s'était positionnée entre Lucius, et Angie et moi.
Et la scène que je vis sous mes propres yeux m'anéantissait sur place.
Lucius avait lancé un sort, et ma mère se l'était reçu de plein fouet. Elle était tombée au sol, inanimée.
Mes oreilles s'étaient instantanément bouchées. Je m'écroulais au sol, Angie à côté de moi, tentant de savoir si ma mère respirait. J'entendais un hurlement, une lamentation. Paniqué, et le souffle coupé, mon corps ne réagissait plus à rien. Angie posa ses deux mains froides sur mes joues. Elle me parlait mais je n'entendais pas grand-chose. Elle me cherchait du regard.
- Drago, Drago !
D'un coup la réalité me revenait en face.
Lucius avait osé touché à ma mère.
Je regardais Angie, qui s'arrêtait de bouger en me voyant à nouveau réceptif. Elle m'aidait à me relever, et le visage sombre, une haine noire grimpante, je pointais ma baguette sur Lucius.
- Vous allez me le payer.
On ne touche pas à ma mère.
Je lançais un sort violent, qu'il esquiva.
Angie se mit à mes côtés, et me lança un regard, signifiant qu'elle était prête à se battre.
Lucius ripostait. Il lança un sort de magie noire, et ensemble, Angie et moi formions un bouclier protecteur puissant. Nos baguettes jumelles amplifiaient les sorts et les rendaient plus puissants lorsque nous combattions ensemble.
Pendant plusieurs minutes, les sorts fusèrent entre Lucius, et nous. Notre stratégie de défense marchait à merveille, si bien que notre adversaire s'épuisait rapidement.
- Ca suffit. J'en ai assez. Déclara-t-il hors d'haleine.
Angie et moi reculions, pour également respirer. J'abaissais ma baguette et regardais ma belle.
Nous venions de gagner cette bataille.
J'avais tellement envie de l'embrasser maintenant, mais les personnes qui étaient autour de nous ne nous permettait pas de le faire dans les bonnes conditions.
- Il est temps pour nous de partir... Entendis-je de la voix du Seigneur des Ténèbres.
- Non... répondis Lucius. Je n'ai pas dit mon dernier mot.
Et alors que j'allais remettre Angie derrière moi pour la protéger, un cri de rage, puis un éclair vert traversa l'obscurité. Ma petite amie écarquilla les yeux, et ses prunelles violettes perdirent peu à peu de leur clarté.
- Non... Non non non non non non !
Je soutenais Angie, mais son corps devint lourd et elle s'écroula au sol, le regard sans plus aucune expression.
Je m'écroulais près du corps de ma petite-amie, je me penchais sur elle pour tenter de l'entendre respirer. Mes larmes tombaient sans qu'elles ne puissent s'arrêter, comme une cascade qui tombait à l'infini. Ma voix se cassa, je l'embrassais de partout, mes mains tremblaient. Je fermais ses yeux tout doucement.
Je n'en croyais pas mes yeux.
Il venait de faire l'impardonnable.
- C'est fini Drago.
Je n'eus pas le temps de me relever pour riposter.
La dernière chose que je vis fut un éclair vert.
Puis le blanc total.