Les mois étaient passés à une allure folle.
Le beau temps revenait enfin.
Mais cela ne voulait pas pour autant dire que tout allait bien.
Depuis les révélations du Professeur Rogue, et de l'histoire du père d'Angie, ainsi que les mises en garde, nous n'étions plus aussi sereins et détendus.
Elle ne cessait de chercher quelque part, dans le moindre livre à la bibliothèque, et même si je voulais savoir la vérité aussi, je l'en empêchais, pour notre bien.
Du moins pour l'instant.
Pour me changer les idées, j'avais décidé de me concentrer à nouveau sur cette stupide Armoire à disparaître, qui, décidément, faisait bien des siennes.
Angie, quant à elle, m'accompagnait de temps en temps : en effet, j'avais décidé de la garder au plus près de moi, même si j'appréhendais sur ce qui pourrait lui arriver.
En ce qui concernait nos amis, nous avions décidé cette fois de ne rien leur dire sur nos découvertes, tant que nous ne saurions pas toute l'histoire.
Mais un certain Potter, lui, était toujours sur la piste de ce Prince de Sang-Mêlé, et lorsque j'ai appris qu'il nous avait vus sortant du bureau de Rogue le jour où nous avions tout appris sur lui, je sus qu'il n'allait plus nous lâcher d'une semelle.
Alors Angie, qui d'ailleurs allait de moins en moins discuter avec le Trio d'or depuis le conflit avec Miss Sang-de-Bourbe, a fait en sorte de laisser planer le doute concernant Rogue, ce qui avait fait réagir Potter, mais depuis, il nous laissait tranquille. Il faisait ses recherches de son côté, mais il a rapidement abandonné lorsqu'il ne trouvait aucune piste.
Néanmoins, je ne comprenais toujours pas pourquoi notre Professeur de Défense contre les Forces du Mal l'aidait pour ses cours de Potions...
Enfin, je saurais bien à l'occasion.
Nous étions en plein après-midi. La salle de classe était plus silencieuse que jamais.
Normal, le cours d'Histoire de la Magie est tellement ennuyant...
Je ne cesserais de le dire.
- Est-ce que tu crois que ça va comme ça si je l'écris plutôt de cette manière ?
Blaise venait de me sortir de ma somnolence. Il essayait d'écrire un poème pour Astoria, car son anniversaire était pour bientôt.
Le problème c'est qu'il me demandait de l'aide, alors que les poèmes et moi, ce n'était vraiment pas une super affaire.
Mais je l'aidais tout de même : après tout, c'est mon meilleur ami. Je lui devait bien cela.
- Fais voir.
Il me tendit son parchemin.
Par Merlin, que c'est horrible. Je n'aimait vraiment pas écrire des mots doux, je préférais les dire de vive voix.
"Tes cheveux d'or volant dans l'air frais printanier, ta peau frissonnante à mon toucher, tes yeux éclatants sous le ciel étoilé,
Mon coeur crie Bombarda Maxima quand j'admire ta beauté"
Beurk.
Si je devais décrire Angie, je ferais mieux que ça.
Mais je gardais cela pour moi.
- Hum, pas mal, répondis-je. C'est mieux que ce que tu as mis tout à l'heure.
- Mouais, c'était pas une si bonne idée de la comparer à une Vélane.
- En effet. Je crois pas qu'elle ressemble à un monstre quand elle s'énerve si ?
- .... Un peu quand même.
Je manquais de rire à cette information. Il est vrai qu'Astoria avait parfois son petit caractère. Par moments, elle pouvait être joyeuse, puis la moindre remarque la faisait partir en vrille.
Le cours prit fin quelques minutes plus tard, je ne pus donc même pas tenter de faire une sieste. Cet après-midi, nous avions cours de Vol, et comme Angie allait me remplacer au poste d'Attrapeur pour le prochain match, j'avais jugé que ce n'était pas nécessaire que je participe au cours.
Je me dirigeais donc directement vers la Salle sur Demande.
Ah oui ! Je ne vous avais pas dit qu'Angie avait réussi les sélections de Quidditch. Et en effet, elle a eu le poste qu'elle voulait : remplaçante au poste d'Attrapeur. Elle était si fière quand elle a su qu'elle était prise... depuis la reprise des matchs, on en avait fait un chacun, et il faut se dire qu'elle se débrouillait à merveille, finalement. Elle qui était effrayée par le balai il y a quelques années...
- Où tu vas Drago ?
Quand on parle du loup...
- Angie... je t'en avais parlé. Faut que j'aille là où tu sais.
- Heuu... Ah oui ! Désolée ! Ca m'étais sorti de la tête.
- Je t'en veux pas.
- Tu penses y arriver ?
- Je l'espère...
- Mais en réalité tu ne veux pas.
- Angie...
- Excuse-moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. C'est que... tu es tellement tourmenté... je ne sais pas comment je ferais si j'étais à ta place. Je pense que j'aurais voulu me rebeller, mais ce n'est pas une chose à faire en face de Tu-Sais-Qui.
- En effet. Il vaut mieux être très prudent.
- Je sais... Et bien... bon courage petit sucre. Je t'envoie mon soutien.
- Merci ma belle. Bon cours. Amuse-toi bien.
Elle m'embrassa sur la joue, et partit rejoindre Blaise qui lui tendait déjà les bras, tel un frère protégeant sa soeur.
Finalement, j'avais fini par accepter leur relation. Après tout, je sais que si je ne suis plus là, elle saura trouver du réconfort auprès de lui, et mon meilleur ami sera là pour elle à chaque moment.
***
J'arrivais devant l'entrée de la Salle sur Demande. La grande double porte m'attendait déjà.
Je m'apprêtais à entrer, lorsque j'entendis un bruit derrière moi.
- Qui est là ?! soufflais-je méchamment.
- Désolé Monsieur Malefoy, Dobby ne voulait pas vous énerver...
Je reconnu immédiatement mon ancien elfe de maison, sous-fifre de mon père, lorsque ce dernier se mit à parler tout en sortant de sa cachette.
- Dobby, doit vous informer -
- Qu'est-ce que tu fais là ?! C'est Potter qui t'envoie ?! Hein ?
- Oh non ! Monsieur Potter ne ferait pas ça.
- Arrête, je sais que tu mens ! Il cherche à tout prix de savoir ce que je trafique !
- Dobby n'a jamais menti, Monsieur. Dobby est venu seul.
- Un elfe ne ment pas, ah oui ? Première nouvelle. Je ne te crois pas ! Fiche le camp !
- Dobby, doit vous remettre -
- BARRE-TOI !
Mon ton colérique l'effraya, et quelque chose tomba de ses mains toutes frêles. Il trembla, et chercha à les ramasser.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une lettre Monsieur, pour vous Monsieur. Dobby a fait le messager pour vous.
- Une lettre ? Pourquoi je ne la reçois pas par hibou ?
- Dobby devait vous la donner lui-même. Dobby a fait son travail.
Il s'avança, et me tendit la lettre.
Je reconnu le cachet de ma tante.
Je la pris doucement, appréhendant ce qu'il s'y cachait à l'intérieur.
Qu'avais-je fait encore ?
- M... Merci Dobby. Désolé, tu peux y aller.
Sa tête changea, il se mit à sourire et ses yeux globuleux pétillèrent.
- Monsieur Malefoy... A dit un compliment... a Dobby... Pour la première fois !
- Oui bon ça va... Allez, file avant qu'on te remarque.
- Dobby est heureux.
Et il s'en alla en sautillant.
- Qu'est-ce qui faut pas faire pour rendre la journée d'un elfe joyeuse...
En regardant une nouvelle fois autour de moi, j'entrais dans la Salle sur Demande, avec la lettre de Bellatrix entre les mains.
Qu'est-ce qu'elle avait à me dire ?
J'hésitais à l'ouvrir.
Avais-je fait une erreur ? Mon avancée dans la réparation de l'Armoire était trop lente ? Ou... Quelqu'un savait pour les échanges entre le professeur Rogue, Angie et moi ?
En tremblant, j'ouvrais péniblement l'enveloppe.
" Cher Drago,
Je t'adresse au plus vite ce message pour t'informer que tu dois immédiatement me rejoindre à la lisière de la Forêt Interdite, dès lors que tu recevras ce parchemin.
Ta famille a des choses à te dire, et il est important que tu sois présent.
A très vite,
Bellatrix Lestrange"
Ouf. C'était moins grave que ce que je pensais. Une simple réunion de famille...
Mais pourquoi maintenant ?
Intérieurement, je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Je sentais mon estomac se nouer.
Tout en contemplant l'armoire recouvert de son drap habituel, je tournais les talons et me dirigeais à l'endroit indiqué.
J'espérais que ce soit rapide, car je ne pouvais pas prévenir ma bien-aimée.
***
- Bonjour mon cher.
- Bonjour tante Bella.
Je n'étais pas du tout rassuré. Elle affichait un visage ferme, qui n'augurait rien de bon. Je supposais intérieurement qu'ils avaient découvert certaines choses que nous ne voulions pas. Et je priais pour que ça n'ait aucun rapport avec Angie.
Sans plus attendre, Bellatrix me demanda de la suivre dans la Forêt Interdite. D'ailleurs, une réflexion me venait à l'esprit : comment avait-elle pu arriver jusqu'ici alors qu'une barrière magique empêchait tout sorcier malfaisant de franchir les portes de Poudlard ?
Bon, il fallait l'avouer, être un Mage Noir permettait de balayer tous les obstacles d'un revers de main. Mais je ne pensais pas que Dumbledore fasse un sortilège pouvant se rompre en un claquement de doigt.
Tout en ayant les pensées ailleurs, ma tante s'arrêta et me tendit sa main. Je sus qu'on allait transplaner.
Toujours inquiet, je tendis ma main, et en fouettant l'air, nous quittions Poudlard.
En atterrissant, je reconnu immédiatement ma demeure. C'était encore moins rassurant, d'autant plus qu'il était devenu le quartier général de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ainsi que de ses sbires.
- Avance, Drago. Ils t'attendent.
- Ils ?
- Tais-toi et avance.
Cette réaction ne présageait rien de positif non plus. Habituellement, Bellatrix se montrait un peu, je dis bien un peu plus clémente avec moi, puisque j'étais de la famille.
Alors je m'exécutais et avançais à reculons.
Le grand portail ainsi que la porte d'entrée plus loin s'ouvrirent automatiquement.
Les lumières qui animaient l'intérieur me fit comprendre qu'il y avait pas mal de monde.
En marchant à une allure lente, je ralentissais lorsque j'arrivais sur le seuil d'entrée.
- Il est là, entendis-je au loin.
Comme a mon habitude, j'attendis que l'on m'invite à entrer.
- Dragoo !! Viens, entre !
Cette voix, c'était celle de mon père. Elle paraissait faussement joyeuse. Au ton employé, je pouvais déjà m'attendre à une belle engueulade.
Je franchissais donc le pas de la porte. Je trouvais dans le grand salon mon père, droit comme un piquet, une main posé sur le divan, l'autre appuyé sur sa canne renfermant sa baguette. A sa droite, presque collée au mur, ma mère, avec un regard vide, triste. Elle vivait mal toute cette situation, je le savais. Elle voulait qu'on me laisse tranquille, mais je n'avais pas le choix. Désolé mère.
Ma tante se précipita pour se poster près des escaliers amenant aux cachots.
Tout aurait bien pu se passer, mais la surprise fut telle que lorsque j'entendis des pas venir de l'escalier dos à moi, qui menait à l'étage supérieur, je me retournais et vit avec stupeur la présence d'un homme assez grand, se portant de la même manière que mon père, et qui jetait son regard vert émeraude éclatant partout où il le posait. J'aurais cru faire face au père de Potter, mais il était mort.
Derrière lui, une sublime femme descendait élégamment. Elle avait la main droite légèrement posée sur la barre de l'escalier, et elle tenait le bas de sa robe de l'autre main. Ses longs cheveux roux ondulés donnait de la clarté à cet endroit lugubre, et le bleu océan de ses yeux ajoutait une touche subtile à sa beauté. Lorsqu'elle s'avança près de moi pour rejoindre ma famille, une odeur de fraîcheur printanière traversa mes narines. Je retrouvais une note d'orchidée, mais également une senteur légère de jasmin, semblable au parfum que portait ma mère pour des soirées spéciales.
Mon coeur rata un battement, et je compris pourquoi : je me trouvais en face des parents d'Angie. Et comme elle me l'avait dit, ils ne lui ressemblent pas.
Pourtant, je n'aurais pu imaginer ses parents autrement.
Une question restait en suspend : que faisaient-ils ici ?
- Drago, assieds-toi.
Mon père m'invita à s'asseoir sur le divan. Tous les autres restèrent debout.
- Si nous t'avons appelé aujourd'hui, malgré tes cours, c'est que nous avons, avec les parents de Miss Lewis ici présents, fait une découverte qui n'avait pas lieu d'être.
Je ravalais ma salive. Qu'allaient-ils me dire ?