- Il faut te rendre à l'évidence, mon pote, t'es amoureux d'elle !

- Arrête tes conneries, tu sais très bien ce que je pense de ce genre de choses !

- Ca va pas durer, l'opinion que tu as de l'Amour.

- Rhhhh....

- Aller, t'arrive même pas à t'en rendre compte ?

- Comment pourrais-je ? C'est la première fois que quelqu'un me fait cet effet là.

Cela faisait presque un mois que Blaise jouait le psychologue et expert en relations avec moi. Je lui avait confié ce que je ressentais pour Lewis, et direct il a mis ça dans la case que je devais à tout prix éviter : l'amour. Rien que d'y repenser, ça me donne la nausée.

- Tu sais, je ne sais pas si c'est réciproque pour elle, mais en tout cas, depuis votre soirée romantique lors du Bal, elle ose même plus te regarder en face.

- Vraiment ?

- Yess ! En plus, elle m'a confiée deux ou trois trucs à ton sujet et...

- De quoi ?! Raconte !

- Ah non ! Je lui ai promis de garder le secret ! Pour l'instant en tout cas.

- Mhhh...

Je croisais les bras et je faisais mon boudin.

- Sinon, Blaise, je fais comment ?

- Pour ?

- Expliquer ça à mon père.

- Pourquoi devrait-il savoir ?

- T'aurais peut-être oublié ?

Je lui ressort la lettre que m'avait adressé mon père deux semaines plus tôt. Je ne sais pas comment, mais il était au courant que je devenais faible devant Lewis. Et ça ne lui plaisait pas du tout. Je soupçonnais Angie d'avoir envoyée une lettre à ses parents, que l'un deux, travaillant au Ministère, en aurait parlé à des collègues, que mon père serait passé par là et aurait entendu la conversation, et m'aurait adressé une lettre de suite après. Je n'accuse personne dans cette histoire, mais là, j'avais un problème sérieux. Mon père ne voulait surtout pas que je déroge à cette règle : "ne baisse pas les bras, ne soit pas faible, ne montre jamais tes faiblesses, de quelque manière que ce soit", ce qui rejoignais également à l'autre règle : "ne montre jamais tes sentiments". Je devais rester de marbre et ne jamais être faible. Cela faisait partie de la réputation de ma famille.

Le problème, c'est que depuis qu'Angie est là, je n'ai pas respecté ces deux règles. Pourtant, j'ai tout fait pour les suivre. C'est Angie qui m'a rendu tel que je suis aujourd'hui. Je n'ai pas suivi les règles, contre mon gré. Mais je ne peux pas résister à Angie, je ne peux pas lui faire ça. Et mine de rien, ça faisait peur d'être faible devant une fille.

- Je n'en ai aucune idée.

- Ah, merci de ton aide.

- Mais merde à la fin, je veux bien t'aider, mais c'est pas à moi de tout décider à ta place ! Je ne suis pas là pour faire les choses à TA place, je suis là pour te donner des conseils. Et sur ça, désolé, mais je ne sais vraiment pas comment je vais pouvoir t'aider.

- Mmhh...

- On en reparlera ce week-end. Pour l'instant, on a cours.

Et mince. En plus, pour ce cours, j'étais à côté d'Angie.

Nous montions les marches jusqu'à la salle d'Histoire de la magie. Le cours le plus ENNUYEUX de Poudlard. Enfin, y en a d'autres, mais celui-là est vraiment ennuyeux, à tel point que tout le monde dort dans ce cours. Car en effet, quand le professeur n'est autre qu'un fantôme qui te parle d'une voix monotone, franchement, en moins de deux minutes tu as envie de dormir.

Comme à l'habitude, je m'installais au fond de la salle. Quand Angie arriva, elle hésita quelques secondes avant de me rejoindre. Pourquoi elle hésitait ?

"Angie a peut-être un faible pour toi, Drago", m'avait dit Blaise, la semaine dernière. Un faible pour moi ? En même temps, avec cette soirée, lors du Bal, on a réussi à se rapprocher. C'était bien la première fois que j'avais eu une longue discussion avec elle, sans se disputer. Mais depuis ce soir-là, on s'était reparlé que quelques fois. Il y a eu un changement, et cette situation n'était pas agréable.

Angie s'installa et sortit un livre, puis un oreiller.

- T'as pas assez dormi, cette nuit ?

- Bof.

- Pourtant tu t'es levée bien en retard ce matin.

- Ecoute Drago, c'est pas que j'ai pas envie de discuter avec toi, mais en ce moment je ne suis pas dans mon état normal. Et j'ai quelques problèmes familiers. Donc oui, j'ai du mal à dormir. Maintenant, laisse-moi me reposer.

- Encore un truc en commun, à ce que je vois.

Je savais que ça piquerai sa curiosité.

- Hein ?

- Ben, pareil pour moi, quoi. Je ne suis plus moi-même, et j'ai des problèmes familiers, dis-je en haussant les épaules.

- Ah.

Elle tournait la tête et croisa ses bras sur son oreiller. Je sortis le mien et fit de même.

Je voyais Blaise et Greengrass nous regarder. Je relevais la tête. Je voyais que mon ami riait. Qu'est-ce que cette situation a d'amusante ?

- Angie ?

Pas de réponse.

- Psst. Angie. J'ai...un truc à te demander.

Toujours pas de réponse.

Je voulais pas la déranger, mais en même temps la question que je voulais lui poser, je l'avais dans la tête depuis un moment. Et j'aimerais la lui poser avant de l'oublier.

Je bougeai ma jambe pour taper la sienne. Elle ne bougea pas. J'entendais simplement sa respiration, lente et paisible.

Elle changea de sens et sa tête se retrouva de mon côté. Mon cœur fit un bond. Bordel, elle était tellement mignonne quand elle dormait.

Je regardais vers Blaise. Très bien, il dormait, lui aussi. Je m'approchais donc d'Angie.

- Angie, dis-je tout doucement.

- Drago....

Elle... avait dit mon prénom dans son sommeil ?

- Drago....em...embrasse.....moi.....

Sa voix était à peine perceptible, mais ce qu'elle venait de dire là, je l'avais très bien entendu. Je ne bougeais plus. Mon cœur a raté un ou deux battements. Mes joues chauffaient tellement qu'elles finissaient par me brûler.

Elle... voudrait que je l'embrasse ?

Alors.... Ce que m'a dit Blaise.... C'est vrai ?

                                                                       
***

Je gagnais la table des Serpentard pour enfin manger. Ca faisait deux heures que j'attendais l'heure du repas, j'avais vraiment trop faim.

- Bordel, encore un jour et c'est le Week-end ! Dit Pansy.

- Et qui dit Week-end, dit....

- PRE-AU-LARD ! Hurlèrent Astoria et Pansy.

- Y a la sortie à Pré-au-Lard, ce week-end ? Leur demandais-je.

- Bien sûr que oui ! Aaahhh... Vivement Samedi, qu'on puisse enfin sortir, histoire de changer d'air.

- Mais... je pensais qu'elle serait annulée, car Dimanche y a la deuxième tâche.

- Mais la deuxième tâche du Tournoi est en Février, Drago ! Il reste un bon mois encore avant de voir Potter perdre !

En arrivant dans la Grande Salle, je vis Diggory. Celui-ci m'avait aperçu alors qu'il était en plein fou rire. Son sourire s'effaça et il invita ses amis à aller plus loin. Au passage, il détourna le regard, tandis que moi je le regardais de haut.

Car oui, j'avais oublié de vous expliquer ce détail. Quelques temps après le Bal, j'avais décidé une bonne fois pour toutes de régler quelques comptes à Diggory. En plein jour, au beau milieu de la cour, je l'avais entendu parler d'Angie, et ce qu'il avait dit ne m'avais pas plus du tout. Comme Chang était là, j'en avais profité aussi pour lui montrer à quel point son cher petit copain était un moins que rien. Je lui ai donc adressé la parole en trouvant de belles paroles blessantes, pour l'énerver, ce qui fonctionna. Un duel acharné s'engagea alors, et les sorts fusèrent de toutes parts. J'ai réussi à lui lancer un sort assez puissant, que ma tante Bellatrix m'avait appris plus jeune, et je l'ai projeté sur un arbre. Comme son t-shirt était resté accroché à une branche, j'en avais profité pour lui lancer un sort dont il se souviendra toute sa vie : grâce à ce sort, je l'ai défroqué. Il est resté au moins 30 minutes en slip devant une grosse masse d'élèves (dont sa copine), avant qu'un prof ne réussisse à le sortir de là. D'ailleurs, je me demandais bien ce que faisaient les professeurs à ce moment précis, car en règle générale, lorsqu'un duel survint entre deux élèves, ils leur faut moins de 5 minutes pour intervenir. Or, ils ont mis au moins 40 bonnes minutes avant d'arriver.

Bref, depuis ce jour, Diggory ne fait plus en sorte de faire souffrir Angie, et dès qu'on se croise, il baisse le regard et trace son chemin.

Je m'installais à la table des Serpentard, à notre place habituelle, et je commençais à manger. Mon dieu, attendre 19h pour enfin savourer ces plats, c'est une torture.

- Dis, où est Blaise ? Demande Astoria à Pansy.

- Je sais pas, il m'a dit de partir devant, il attendait Angie. D'ailleurs Drago, toi qui connaît si bien ton ami, tu penses pas qu'il a un faible pour elle ?

- Blaise, amoureux d'Angie ? Je sais pas. Je sais qu'il la trouve jolie, mais il a toujours préféré les blondes.

Astoria rougissait à ces mots.

- Pas la peine de rougir, ca paraît évident non ?

Elle ne disait rien. Bon. Tout de même, ce que venait de dire Pansy m'a mis directement sur la défensive. Même si c'est mon ami, je n'aimerais pas qu'il soit amoureux d'elle. Si j'étais dans mon état normal, ça ne me dérangerait pas du tout. Mais c'est loin d'être le cas aujourd'hui.

- Et pourquoi l'attendait-elle ?

- Ben, je crois qu'il voulait lui dire un truc. En tout cas, il m'a dit que ça n'était pas mes oignons.

- Ok.

Je le sens mal.

15 bonnes minutes passèrent avant que nos deux amis nous rejoignent enfin.

- Bah alors, il était temps ! Dit Greengrass. Blaise, je vois que tu t'es enfin décidé à me remplacer !

Blaise fit les gros yeux.

- Oh arrête, fait pas l'idiot ! On a tous compris votre petit jeu à tous les deux, surenchérit-elle.

- Mais y a rien entre Angie et moi !

L'intéressée ne disait rien. Au contraire, elle me fixait, les joues rouges. Moi je regardais un coup l'un, un coup l'autre. Je ne savais pas quoi faire entre exploser de rage, ou simplement écouter. Et franchement, ça m'étonnais beaucoup qu'Astoria gueule sur Blaise de la sorte. Moi qui croyais que tout était fini entre eux....

- Bien sûr, y a rien ! Pansy, tu m'as dit quoi tout à l'heure ?

- Ben, que Blaise m'avait dit qu'il attendait Angie.

- Et ça veut rien dire pour toi, Monsieur Zabini ?!

- Si on ne peux même pas parler avec son amie !

- Son amie ! Pfff, tu parles ! Drago, tu connais Blaise par cœur. Tu as forcément dû les voir plusieurs fois ensemble, non ?

- Oui, mais ils discutaient, tout simplement. Je vois pas où est le problème... et comme je t'ai dit, il ne s'intéresse qu'aux blondes. Dis-je en haussant les épaules.

- Alors je suis la seule à penser que Zabini et Lewis sortent ensemble en cachette ?!

Nous restions tous bouche-bée. De plus, quelques élèves s'étaient retournés, car elle avait parlé un peu trop fort.

- Greengrass, je ne sais pas d'où tu sors ces débilités, mais je te jure qu'il n'y a rien entre Angie et moi. Nous sommes simplement de très bons amis, et si tu as ne serait-ce qu'une seule preuve à me donner pour prouver ce que tu avances, je reconsidérerais mes propos.

Astoria ne dit plus un mot.

- Bien. Tu peux aller t'asseoir Angie, désolé pour ça.

- Oh, c'est rien. Je commence à avoir l'habitude.

- L'habitude ? Demandais-je.

- Astoria n'est pas la seule à penser que je sors avec un tel ou un tel. Tu sais, t'es pas le seul à avoir du succès.

Blaise s'assit à côté de moi, et Angie en face de lui. Greengrass sortit de table, énervée, et Pansy se rapprocha pour être en face de moi.

- Bon... alors.... Heu... il s'est passé quoi exactement ? Demandais-je, tout en ayant peur de la réponse.

- Angie et moi avons discuté.

- De quoi ?

- Drago, c'est un sujet assez délicat, et en parler là maintenant me mettrais mal à l'aise, répond Angie.

- Ah. Ok.

- On pourra quand même savoir plus tard ? Demande Parkinson.

- Peut-être...

- Non. Coupa Angie.

Pansy fut surprise face à cette réponse catégorique. Personnellement, moi aussi ça m'étonnai. De quoi ont-ils bien pu parler ? Est-ce qu'au fond, Astoria avait raison ?

Tout d'un coup je me souviens du cours d'Histoire de la magie.

"Drago.... Embrasse-moi....." avait-elle dit dans son sommeil. Le rouge me monta aux joues en un rien de temps. Je fis mine d'éternuer pour le cacher à mes amis, le temps que je me calme.

Non. Astoria ne pouvait pas avoir raison. C'est impossible.

Mais alors... est-ce que le sujet de leur conversation tournait autour de ça ?

En tout cas, il va falloir que je parle à Angie de ce qu'il s'est passé pendant le cours. Même si je n'appréhende pas vraiment ce genre de moment.

Pendant le repas, nous parlions de tout et de rien, sauf de ce qui me titillait depuis le départ. Je finissais par m'ennuyer et, même si j'attendais avec impatience le dessert, je sortis de table.

- Ben, tu restes pas ? Demande Blaise. On s'amuse bien non ?

- Faut....que je finisse mon devoir de métamorphose, mentis-je en me grattant la nuque.

- D'ac, à plus.

Je ne sais pas si il a gobé mon mensonge, mais je pus quitter la pièce et aller dans la salle commune. Je pris de quoi écrire, pour faire mine "je vais faire mes devoirs mais pas ici", et j'allais à la Tour d'astronomie.

                                                                       
***

Je ne savais pas combien de temps j'étais là. Je regardais au loin, bien qu'il fasse nuit. Je contemplai la pleine lune, qui éclairait le ciel sombre.

J'avais griffonné quelques trucs sur le parchemin. Des genres de réflexion. Plus des mots que des phrases. Des mots qui me passaient par la tête, qui étaient en lien avec des questions pour l'instant sans réponses.

Mais depuis que je suis sortis de la Grande Salle, deux choses restèrent dans mon esprit, et me retournèrent le cerveau. D'abord ce que j'ai entendu de la bouche d'Angie en cours d'Histoire de la magie, lorsqu'elle dormait, et ensuite ce qu'a dit Astoria et le comportement de Blaise, en ce qui concerne Angie.

Une chose est sûre, c'est que toutes mes réflexions tourne autour d'une seule personne. Angie. Et je commençais sérieusement à en avoir marre.

- Je savais que je te trouverai ici.

Je me retournais et vis Blaise.

- Ca fait presque 3 heures que tu es là, Drago, tu veux pas aller dormir ?

- J'ai pas sommeil.

Plus précisément, j'ai de plus en plus peur de m'endormir. A chaque fois que je dors, mes rêves sont de plus en plus étranges. Il m'arrive parfois de me réveiller en sursaut. Et puis, je n'ai pas envie de refaire le même rêve que la nuit dernière : celui où Angie fut tuée par le Seigneur des Ténèbres alors que je tentai de la sauver. D'ailleurs, pourquoi je me suis mis du jour au lendemain à rêver d'elle ? Sur le parchemin, je regardais ce que j'avais écrit : inconsciemment j'avais rajouté le mot "rêve"..... Cela devient de plus en plus bizarre.

- Qu'est ce qui t'amènes, Blaise ?

- Je savais très bien que tu n'étais pas venu ici dans l'intention de faire tes devoirs, Drago. D'ailleurs, au moment même ou tu as quitté la Grande Salle, je savais très bien que tu viendrais ici.

Pourquoi ai-je cru un seul moment que mon mensonge passerait auprès de celui qui me connaît par cœur ?

- Bon, là n'est pas la question, poursuivit-il. Qu'est-ce qui te tracasse ?

- D'abord... dis-moi franchement ce que tu ressens pour elle.

- Angie, tu veux-dire ? C'est une amie, rien de plus.

- Tu mens.

- Pourquoi tu ne me crois pas ?

- Blaise, j'espère vraiment que ce que tu dis est la vérité, mais la façon dont tu as réagi m'a fait penser le contraire, et, non pas que je crois Astoria, mais ce qu'elle a dit m'a fait me remettre en question....

- Pourquoi crains-tu que j'aime Angie, Drago ? Tu es jaloux, peut-être ?

- Peut-être, mais dans ce cas je ne serai pas le seul....

- Tu avoues donc enfin que tu as des sentiments pour elle.....

- Ce n'est pas ce que j'ai dis. Encore une fois, c'est toi qui le pense, moi je ne sais même pas ce que je ressens pour elle, car encore une fois, tout ce que je t'ai dis, tous ces sentiments, ces sensations, c'est la première fois que je les ressens, et c'est effrayant, voire à vomir.

- N'en fais pas trop quand même, Drago, au bout d'un moment, il va falloir que tu te mettes à l'évidence qu'Angie représente beaucoup pour toi.

- Je tiens à elle, oui. Bon. Réponds-moi. Dis-moi, toi, ce que tu ressens pour elle.

Je savais qu'il me cachait quelque chose. Les sentiments, chez lui, c'est difficile à voir, mais je connais mon ami.

- Bon... disons que je la considère.... Comme ma petite sœur.

- Ta....

Ouh là. Je m'attendais à tout, mais absolument pas à ça.

- Oui, ma petite sœur. C'est plus qu'une amie, mais j'en suis pas au point d'en être amoureux. Et c'est loin d'arriver. Mais faut tout de même avouer qu'elle est ravissante.

- Ta petite sœur..... Je comprend mieux pourquoi tu es aussi proche d'elle.

- Et pourquoi elle vient souvent me voir pour se confier.

- Et c'est tout ?

- Oui, pourquoi ? T'as l'air étonné.

- Un peu que je le suis !

- Mais ça t'enlève un poids, non ?

- ....

- Dis-moi franchement. Faut pas que tu gardes tout pour toi.

- Blaise, en Histoire de la magie....

- Oui ?

- Elle a marmonné dans son sommeil.....

- Et ?

- Elle a dit qu'elle voulait que je l'embrasse.

- ....

Blaise restait bloqué à cet instant précis.

- Mais merde, dis quelque chose !

Il reprit ses esprits.

- Elle... a vraiment dit ça ?

- Plus ou moins....

- C'est quoi, les mots EXACTS qu'elle a prononcé ?

- Oh non, me demande pas ça.

- Tu veux que je fouille dans ta mémoire ?

- Nan, c'est bon, je vais te le dire.....

Je me concentre. J'essaie au maximum de me contrôler pour ne pas rougir, mais c'était déjà trop tard. Je baissais donc la tête pour pas qu'il ne voie ma gêne.

- Elle a dit : "Drago, embrasse-moi".

- Vraiment ?

Au même moment un bruit de bout de bois qui tombe retentit. C'était une baguette qui était tombée.

Blaise se retournait, et tout en prononçant "Lumos", il demanda qui était là.

Mais il n'y avait pas de réponse.

- Qui est là ? Reprit Blaise. Sortez de l'ombre, on sait que vous nous observez.

Quelle ne fut pas notre surprise en voyant une Angie extrêmement gênée sortir du coin sombre où elle nous écoutait.

- Angie... dit Blaise.

Elle nous regardait tous les deux, me fixa un instant, puis prit la fuite.

- Nan, Attends ! Dis-je.

- Drago, laisse-là, me dit Blaise en essayant de me retenir.

- Elle a entendu ce que j'ai dis, je dois aller la voir.

- On doit continuer notre conversation et la laisser tranquille !

- Je n'ai plus envie de continuer de parler avec toi, maintenant qu'elle a tout entendu ! Dorénavant, c'est entre elle et moi que ça se passe ! Je pense que je t'ai dis assez de choses, que je me suis assez dévoilé comme ça alors que je suis constamment mal à l'aise !

- Tu oses à peine me parler de ça, Drago, comment veux tu en parler avec la personne concernée ?

- Crois-moi, on s'est dit bien plus de choses que tu ne le crois le soir du Bal. Et je n'étais pas si mal à l'aise que ça. Laisse-moi passer.

Blaise souffla et s'écarta de mon chemin car il savait très bien qu'il ne me retiendrai pas plus longtemps, de toute manière.

Je file à toute vitesse à la recherche d'Angie.

Bien sûr que si que j'étais mal à l'aise quand je parlais de ce que je ressentais à Angie, mais je pense qu'il faut que l'on se parle. Je veux mettre les choses au clair avec elle. Question sentiments, elle est tout aussi mystérieuse que moi.

Elle aimait bien se réfugier à la tour d'Astronomie, mais comme j'y étais, son second choix est la volière. Je me rendis donc là-bas.

Je traversais les couloirs en évitant de croiser Rusard ou un professeur qui rôderait ici. Comme on est en période de Tournoi des Trois Sorciers, les professeurs faisaient souvent des rondes.

Je grimpais les escaliers pour accéder à la volière.

Bien évidemment, Angie se trouvait là.

Elle caressait une chouette splendide, aux couleurs uniques : blanc aux tâches orangés sur le devant, mélange d'orangé et de beige sur le dos et les ailes. Son animal était magnifique, tout comme elle. Les deux s'accordaient parfaitement.

- Te voilà.

Elle se retournait, et lorsqu'elle me vit, le rouge lui monta aux joues.

- Je... n'ai pas envie de discuter.

- Angie...

- Drago, je... ne suis pas prête à discuter de ça. Et je n'ai rien à dire en ce qui concerne ce que tu as pu entendre.

- Angie. J'ai besoin de savoir. Si je n'ai pas de réponse à mes questions, je vais devenir fou. Je sais.... Je suis conscient que tu n'es pas qu'une simple "pote" à mes yeux. Je tiens à toi. Je n'ai pas envie de rompre notre amitié, car j'apprécie ta compagnie. Tu es joyeuse, studieuse, drôle, et.... Tellement belle. Mais tu es encore trop mystérieuse, et je n'arriverai pas à mettre un mot à ce que je ressens pour toi si je n'arrive pas à comprendre, à répondre à mes questions. Et je pense que tu es dans la même situation que moi. Alors je pense que l'on doit résoudre ça tous les deux.

Je ne sais pas comment j'ai fait pour aligner tout ça d'un trait, mais j'en avais marre de faire semblant. Je voulais être sincère avec elle.

- Tu....

Je voyais qu'elle hésitait.

- Je suis sincère, Angie.

- Drago...

Elle souriait. Je voyais à quel point ça la rendait heureuse que je lui dise ça. Et mine de rien, j'aimais bien la rendre comme ça.

- Pour l'instant, j'aimerais juste comprendre pourquoi tu as dit ça dans ton sommeil. Est-ce que c'était intentionnel ? Sincère ? Ou rien de tout ça ?

- Ca n'était pas intentionnel.

- Alors pourquoi avoir dit ça ?

- Je ne sais pas Drago. Pour être honnête..... Je suis.... Dans le même état que toi. Et c'est pour ça que je t'évites.

Alors c'est pour ça..... Ça veut dire que..... Elle....

- Et ça te fait peur ? Demandais-je.

- Un peu. Mais je ne sais pas pourquoi.

Blaise avait donc encore raison.

- Drago ?

- Oui ?

- Si tu veux bien.... Pfff, je sais pas comment t'expliquer....

- Prend ton temps.

- Même si j'ai peur, j'ai quand même envie de rester avec toi. J'ai toujours envie d'apprendre des choses sur toi, et je veux que notre amitié soit plus forte que ça. Mais pour l'instant, je ne me sens pas prête d'aller plus loin.

- Tu as peur que ça échoue à nouveau ?

Un silence se fit.

- Je crois bien que tu as trouvé la raison de ma peur.

- En même temps, avec ce que tu as vécu ces derniers mois....

- Oui, c'est vrai.

- Pourtant, je ne suis pas comme eux.

- J'aimerais tellement te croire Drago.... Mais rappelle-toi de notre relation au début de l'année. Je ne sais pas si je supporterai ça.

- Avec toi, je ne serais plus comme ça.

- Drago.... Tu as toujours été comme ça. Tu ne peux pas changer en un claquement de doigt.

- Je ferais des efforts.

- Tu es prêt à aller plus loin que l'amitié, Drago ?

Là je m'arrête. Après l'amitié, je sais ce qu'il y a.

- Non.

- Alors on est d'accord.

Un long silence s'installa. Quelques minutes passèrent, puis je rompis cette atmosphère pesante.

- Angie ?

- Oui ?

- Est-ce que tu comprends ce que tu ressens pour moi ?

- Oui et non.

- Comment ça ?

- Drago....

- S'il-te-plaît.

- Oui..... Parce que j'ai déjà eu deux petits copains. Et non..... Parce que ce que je ressens pour toi, ce n'est pas pareil que ce que je ressentais pour les deux autres. Disons...... que.....

Elle s'arrête.

- Non, je suis trop mal à l'aise pour continuer. Désolée.

Je m'approche d'elle. Je me mets en face d'elle, et je lui remonte son menton pour que nos regards se croisent. Je plonge mon regard dans le sien.

- Regarde-moi, Angie.

La réaction qu'elle a à ce moment même sur son visage me révéla qu'elle voyait qu'à cet instant précis, j'étais exactement comme elle.

- Crois-tu vraiment que je ne suis pas mal à l'aise, Angie ? Ce n'est pas parce que je suis un Malefoy, que je ne peux pas être faible devant une fille, telle que toi. Et je l'ai su en apprenant à te connaître.

- Drago.....

Sa voix était tellement faible à ce moment là. Je pouvais entendre son cœur battre la chamade.

Par Merlin, elle était tellement..... Sublime.

- Ce que je ressens pour toi..... C'est quelque chose de beaucoup plus fort.

- Angie....

- Qu'y a-t-il Drago ?

- Apprends-moi à comprendre mes sentiments.