- Mec, ça va pas ?
Il devait être aux alentours d'une heure du matin, quand Blaise débarquait, l'air encore fatigué, dans la salle commune.
J'étais assis depuis des heures sur mon fauteuil, la tête dans mes mains, à regarder mes pieds et en écoutant le crépitement du feu émeraude.
Un verre de Whisky Pur feu traînait encore sur la table, et à voir l'allure de la bouteille, je l'ai rapidement vidée.
- Non... dis-je doucement à mon ami.
Sans même le regarder, je savais qu'il observait la scène, afin de comprendre ce qui m'arrivait.
- Ne me dis pas que tu t'es une nouvelle fois querellé avec Angie ?
- Non, ce n'est pas ça... écoute je veux pas en parler.
- A ça, tu me la fais pas à moi, dit-il en s'asseyant sur le canapé à ma droite.
Je relevais la tête, le regardais avec mon air décontenancé, pris mon verre et le finissais cul sec.
- C'est ce qui s'est passé ce matin ?
- Non...
- Merde, alors quoi ?
Je ne disais rien. Il baissa la tête pour réfléchir.
- Tu sais que je suis là si t'as besoin, hein ? Me rappelait-il.
- Je sais Blaise, mais je ne sais pas si je ferais bien de t'en parler.
- Tout dépend en quoi cela consiste.
- Justement, le sujet est trop délicat.
Nous soufflons tous les deux.
Après de longues minutes de silence, je finis par craquer.
- Et puis merde, promet-moi de le dire à personne ok ?
- T'en fais pas Drago.
- Bien.
Je mis ma main dans mes cheveux. Je sentais que j'allais faire la plus grosse connerie de l'univers, mais je ne pouvais pas garder ça pour moi plus longtemps.
- C'est à propos de la mission que je dois faire.
- Oh ! Bordel, je m'attendais à tout, mais pas ça.
- Je suis coincé Blaise, je sais pas quoi faire...
- Explique-moi.
- Mais je ne peux pas tout te dire, j'ai déjà dévoilé trop de choses à Angie...
- T'as peur pour elle, c'est ça ?
- Oui bien sûr, mais ce n'est pas vraiment ça le problème actuellement.
- Alors quoi ?
Il avait pris mon bras pour me forcer à le regarder.
- Mec... t'es sûr de vouloir continuer là-dedans ? Regarde-toi, on dirait que tu es malade.
- Je n'ai pas le choix....
- Je suis là.
Heureusement que je pouvais compter sur lui. Baissant la tête, je décidais de lui en parler en évitant l'histoire du collier d'opale.
- On m'a demandé d'utiliser quelqu'un pour parvenir à mes fins.
- Pardon ?!
Blaise restait hébété.
Puis, je le vis baisser la tête, et sourire tout doucement.
Que va-t-il me sortir comme âneries celui-là ?!
- N'est-ce pas une des qualités de notre maison ?
Par Merlin, il débloque, c'est pas possible.
- Blaise, c'est vraiment pas le moment de vouloir faire des blagues.
- Désolé. Je voulais détendre l'atmosphère. Bon, et donc ?
- Et donc je n'ai pas envie de le faire. Et je ne savais pas si je devais en parler à Angie ou à toi.
- Pourquoi ça ?
- Parce que si je te le disais, je ne sais pas ce que tu me dirais, me conseillerais de faire. Et si j'en parle à Angie, j'ai peur qu'elle finisse pas me dire de l'utiliser elle plutôt qu'une personne innocente, simplement car elle veut m'aider. Je veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit tu m'entends ?
- Oui, je comprends parfaitement.
- Et puis avec Potter qui n'arrête pas de me suivre et de dire à tout Poudlard que je suis Mangemort...
- C'est vrai. Dans ce cas, il faudrait que ce soit une personne qui n'attirerait pas les soupçons sur toi.
- Oui, mais qui ?
- Je sais pas... tiens, et si on faisait une liste de toutes les personnes proches de Potter ? Ca pourrait éliminer beaucoup de monde.
- Il faudrait faire une liste des personnes proches de nous aussi.
- C'est vrai. Bon, t'en dis quoi ?
- C'est une bonne idée Blaise. Merci.
- Pas de quoi.
Je soufflais à nouveau. Malgré tout, je ne voulais pas qu'une personne risque sa vie pour ça. Le collier est bien trop dangereux. Mais je ne peux pas le faire moi-même, car Potter se mettrait à crier sur tous les toits qu'il avait encore raison et que personne n'avait voulu l'écouter. Pourtant, ça serait beaucoup moins contraignant.
- Drago, je sais que tu ne veux pas faire une chose pareille parce que tu n'es plus le même qu'avant, que tu n'as plus les mêmes opinions par rapport à la gloire ou autre, et que c'est à cause de ton père que tu dois faire ça, mais je ne veux pas non plus apprendre que le Seigneur des Ténèbres t'a tué parce que tu n'as rien fait. Je ne veux pas perdre mon meilleur ami, et je ne veux pas qu'Angie perde la personne qu'elle aime le plus au monde, je ne veux pas la voir souffrir.
- Je le sais Blaise...
- On est tous là pour toi d'accord ? Et c'est pas parce que tu es Mangemort et que tu fais de mauvaises choses, qu'on va t'abandonner pour ça, parce qu'on sait très bien que c'est contre ton gré que tu dois le faire. Angie est là, et je serais toujours là pour toi. Compris ?
Il me tendait la main.
Je lui adressais un faible sourire, puis je lui serrais la main, tout en disant "Compris", et en lui faisant une accolade.
Blaise est le meilleur ami que tout le monde voudrait, n'est-ce pas ?
L'envie de dormir n'étant pas présente, nous nous décidons de faire la liste de toutes les personnes qu'il faudrait éviter.
Potter, Granger, les Weasley, Londubat, la plupart des Gryffondor, dont ceux faisant partie de l'Armée de Dumbledore l'année précédente, Angie, Pansy, Greengrass, le nouveau petit-ami de Pansy (Darwin), Livia (la nouvelle amie d'Angie), Lovegood, Chang, étaient entres autres les personnes à éliminer.
Après de longues heures de débat, nous arrivions à la conclusion que pour ne pas éveiller le moindre soupçon, je devais choisir un pauvre petit Poufsouffle.
Et j'avais déjà une idée de la personne idéale...
***
Quelques jours avaient passé et je commençais à élaborer mon plan. Je n'avais toujours pas parlé à Angie de ce que j'allais faire, mais Blaise m'avait dit que si je ne le faisais pas et qu'elle découvrait tout au dernier moment, elle m'en voudrait, et il n'avait pas tort.
Mais je redoutais vraiment ce moment, par peur de ce qu'elle pourrait me dire....
La tête appuyée dans ma main droite, je regardais mon plat, mais j'avais l'esprit ailleurs.
- Drago, tout va bien ?
La voix d'Angie me tira de mes pensées.
- Heu... oui, ça peut aller, ne t'en fais pas ma jolie.
Je mis ma main sur son genou, mais elle l'enleva délicatement, et pris mon menton avec douceur pour diriger mon visage vers ses pupilles violettes.
- Tu es pâle Drago, tu as maigri, qu'est-ce qui ne va pas ? Parle-moi.
- Ce... c'est rien, t'en fais pas.
- Drago ??
Quand elle insistait comme ça, je ne pouvais pas me taire. Elle était si irrésistible...
- Tu veux qu'on sorte pour en parler ?
Je tournais la tête vers Blaise, et à son air, il me poussait à y aller. Je n'avais plus le choix.
La boule au ventre, j'acquiesçais, et Angie m'entraîna dehors.
Nous montions dans mon arbre fétiche, et nous nous installions l'un en face de l'autre.
- Bon, dis-moi ce qui ne va pas. C'est la mission, c'est ça ?
- Pfff... oui, dis-je, plaidant coupable.
- Quel est le problème ?
- Je... je sais pas si je fais bien de t'en parler...
- Drago.
Elle s'approcha de moi en rampant, et s'assit à califourchon sur mes jambes. La chaleur montait en moi rapidement et mon cœur se mit à battre intensément.
- Tu as besoin de moi dans cette épreuve. Tu m'a déjà expliqué beaucoup de choses que je n'aurai pas dû savoir, et grâce à moi Harry a cessé de te suivre avec la carte du Maraudeur, du moins pour l'instant. J'ai toujours couvert tes arrières, et je continuerai à le faire. Je veux t'aider au mieux parce que tu ne peux pas être seul dans cette tâche. Je suis avec toi, et je ne te laisserai pas dans cet état. Je ne veux pas que tu ruines ta santé physique et morale à cause de cette mission. Alors dis-moi ce qui ne va pas.
Je pris une grande inspiration avant de prendre le courage de lui expliquer droit dans les yeux.
- Je dois utiliser quelqu'un pour donner un paquet à Dumbledore. J'ai décidé de choisir une Poufsouffle en première année, mais je n'ai pas réussi à l'approcher, et je dois finir ce truc avant la fin de la semaine.
Angie restait bloquée.
Je tournais la tête pour regarder ailleurs.
- Tu vois, je savais que c'était une mauvaise idée de te le dire...
- Non, non, non... dis pas ça. Regarde-moi.
Je plongeais mon regard dans le sien. Nous avions tous deux les larmes aux yeux, sans vraiment que je sache pourquoi.
- C'est juste que... pourquoi tu dois utiliser quelqu'un ? C'est quoi ce paquet ?
- Un collier d'Opale.
- C'est quoi ?
Même si elle avait fait d'énormes progrès dans la pratique de la magie et dans l'histoire, elle n'était pas une Miss-je-sais-tout, comme Granger.
- C'est un collier dont les perles sont ensorcelées par de la puissante magie noire. N'importe quelle personne serait tentée de toucher ce collier, tant la puissance magique est attirante et le collier beau en lui-même. Mais dès qu'une personne touche ce collier, elle est envoutée par une force tellement puissante qu'elle en souffre, et elle peut en mourir. Ce collier a tué dix-neuf Moldus.
- Ouahou... il est vraiment dangereux alors...
- Oui, et je veux en aucun cas que tu t'en approches, déclarais-je au cas où elle tenterait de vouloir prendre la place de ma victime.
- Hum, d'accord, mais la personne que tu vas utiliser, tu es sûr qu'elle ne sera pas tentée de le toucher ? Et puis, c'est une pauvre innocente...
- Angie, je n'ai pas le choix, je ne peux pas faire autrement, il faut qu'il y ait le moins de soupçons possible...
- Mais maintenant que tu m'as expliqué, je pourrais prendre sa place, car je sais ce qu'il ne faut pas faire...
- Angie, qu'est-ce que je viens de te dire ?
Et voilà...
- Je sais Drago, mais...-
Je la coupais, car je savais qu'elle voulait défendre son propos et qu'elle voulait m'aider, et même si je suis reconnaissant envers elle, je ne voulais pas qu'elle fasse ça.
- Angie, il n'est pas question que je fasse le sortilège de l'Imperium sur toi, tu sais très bien que je vais devoir utiliser ce sortilège. Même si le fait de vouloir m'aider part d'une bonne intention, cette fois, il est hors de question que je te mêle à ça. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, et si cela s'avère être le cas, je m'en voudrais toute ma vie. Je risque déjà ma propre vie, je ne veux pas que tu risques la tienne, même pour protéger une innocente inconnue...
Je voyais ses larmes monter, elle se retenait pour ne pas les lâcher.
Je m'approchais doucement d'elle et je lui essuyais ses petits yeux qui perlaient, faisant ressortir ses prunelles violettes, virant vers le rose. J'écartais une mèche rebelle, et j'insistais pour qu'elle plonge son regard dans le mien, prouvant mon sérieux.
Elle m'attira contre elle, et nous restions là quelques instants, dans la chaleur de l'autre, à laisser échapper nos émotions et nos nerfs.
Je l'écartais doucement de mon corps, pour faire de nouveau face à son visage rougi.
- Je suis désolée Angie, mais je refuse de te perdre, annonçai-je doucement.
Elle acquiesçait de la tête, mais je voyais dans son regard qu'elle tentait de me dire autre chose.
- Qu'est-ce qui ne va pas, ma belle ?
- R...rien... c'est juste... que je veux quand même t'aider...
En voyant sa peine, quelque chose me traversa l'esprit.
- Ecoute, tout à l'heure, je t'ai dit que je n'arrivais pas à approcher cette fille... je veux dire, je ne sais pas par où commencer. Elle est à Poufsouffle en première année, et au vu de ma réputation, je veux pas trop lui faire peur.... Tu comprends ?
- Oui....
Et là, l'étincelle revint en elle. J'adorais ce moment. Cela me faisait penser à une étoile qui se mettait enfin à scintiller dans la nuit noire, elle qui avait peinée à se montrer, la timidité prenant le dessus.
- Je pourrais... aller lui parler ? Il y a beaucoup de nouveaux élèves qui viennent me voir, toute maison confondue. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs.
Je souriais à cette information. Croiser une élève de Poudlard avec des cheveux aussi sombres que la nuit et des yeux rose-violet si brillants, ça attire forcément l'attention.
- Si tu veux. Je pense que tu seras plus douce avec elle.
Elle souriait aussi, contente de pouvoir m'aider.
- Comment elle s'appelle ?
- Alys, il me semble.
- C'est un beau prénom.
- En effet.
- Bon, et bien j'irais la voir ce soir, je pense à la bibliothèque. Les Poufsouffle y passent pas mal de temps.
- D'accord. Quand elle sera prête à me voir, dis-le-moi.
- C'est comme si c'était fait.
Elle m'embrassa, puis nous descendions de l'arbre, pour retourner dans la Grande Salle finir notre repas.
Finalement, plus de peur que de mal : cela s'était mieux passé que ce que je croyais.