La matinée s'était agréablement bien passée. En compagnie de Granger, Darwin était allé faire des emplettes au village dont nous avions discuté la veille.
J'étais donc resté avec Potter. Nous ne nous sommes pas vraiment adressé la parole, mais nous avions échangé pour accomplir les tâches que nous devions faire, c'est-à-dire, faire du rangement dans les deux tentes, aller chercher de l'eau dans un petit cours d'eau à quelques pas, et aller pêcher en mer.
Lorsque Darwin et Granger sont revenus, nous avons stocké tous les achats effectués. Nos réserves étaient à bloc. Nous avions de l'eau, de la nourriture, et même des kits de soins, nous permettant de tenir un mois entier. Darwin en a également profité pour acheter quelques vêtements et chaussures de rechange, ainsi qu'un nécessaire de bain.
Après cela, l'heure du repas arriva.
- Et la carte du Maraudeur, vous ne l'avez pas ?
- Si, bien sûr. Harry s'en sert de temps en temps pour voir où se trouvent nos amis.
- On pourrait l'utiliser pour voir la meilleure entrée non ?
- Peut-être, mais il y a énormément de patrouilleurs. Non, le mieux c'est vraiment de réfléchir à quelque chose qui soit réalisable, concret, et sans danger. HARRY ! Viens manger !
Potter entra enfin dans la tente et s'installa à table, en prenant soin de s'écarter de Darwin et moi.
- Harry...
- Quoi ? Oui, bon, bon ! Ok !
Il bougea et se posa là où Granger lui demandait.
- Merci. Un peu d'efforts ne fais pas de mal.
Il bougonna. Puis se servit en crudités.
- On a fait une bonne récolte non ? risquais-je.
Il marmonna un "oui" et ne dit rien de plus. Granger souffla, exaspérée. Darwin ne dit rien, et moi je m'affalais sur ma chaise, bras croisés.
- J'ai comme l'impression que toi et moi, on a échangé nos rôles... non ?
La Gryffondor me fit les gros yeux. Potter ne répliqua pas et se contenta de manger. Je levais les bras au ciel, avant de reprendre le repas.
- Sérieusement Harry, s'énerva son amie, mets-y du tien ! Tu vois pas que Malefoy essaye tant bien que mal de détendre l'atmosphère ! Et toi tu le rejettes ! Bon sang, tu es stupide !
Elle se leva tout en râlant et sortit de la pièce.
Le repas se passa dans le silence, avec un boudeur, et deux affamés.
Je profitais de la digestion pour sortir un peu. Je ne m'éloignais pas trop, car notre camarade Gryffondor avait créé une immense barrière magique tout autour de notre campement, pour que nous ne puissions pas être vus.
L'atmosphère à l'intérieur semblait tendue. En effet, quelques instants plus tard, Darwin me rejoignit avec une tête qui n'exprimait pas la gaieté.
- Ca se gâte là-dedans non ?
- Ouais, Hermione fait une leçon de morale à Potter.
- Bah, il est con aussi.
- Toujours.
Nous exprimions tous les deux un léger rire.
- N'empêche, on a vraiment eu de la chance. Un peu plus et je serais sûrement mort à l'heure qu'il est.
- Dis pas ça Darwin. On aurait fini par trouver un moyen. De toute manière ça sera pas la dernière fois qu'une chose pareille arrivera.
- Oui, je suis d'accord.
Un léger silence s'installa, avant que mon ami ne reprenne.
- J'ai hâte.
- De les retrouver ?
- Ouais. Ma soeur me manque vraiment. Ma petite-amie aussi.
- Pareil. J'aimerais les retrouver.
Il sortit quelque chose de sa poche.
- Hermione me l'a confié pour que nous puissions voir un peu. Mais chut, Potter ne doit rien savoir.
- C'est la carte du maraudeur ?
- Yes.
- Comment on l'ouvre ?
Il prit sa baguette, et pointa le bout de parchemin.
- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
Instantanément, le parchemin se mit à dessiner des images, des formes, et des noms apparaissaient. On lisait Lunard, Queudver, Patmol, Cornedrue. Sûrement les créateurs de cette carte.
Lorsque Darwin dépliait l'ensemble du parchemin, on y voyait tout Poudlard.
- Wouah, fantastique !
Ouais, fantastique, c'était le nom de cet objet. On pouvait voir chaque élève bouger de classe en classe, dans les couloirs, à l'extérieur, dans les salles communes. Leurs noms apparaissaient au-dessus de leurs petits pas.
Je cherchais activement Angie.
Je regardais au niveau de la Tour d'Astronomie, de la Volière, de la salle commune.
Rien.
- Drago, regarde.
Darwin tapa du bout du doigt un petit couloir vide, au niveau semblait-il du troisième étage. Je remarquais, dans un petit coin, deux petits pas qui ne bougeaient pas, et au-dessus, l'étiquette "Angie Lewis".
Aussitôt, mon coeur fit un bond et mon estomac se noua.
Je le ressentais au plus profond de mon être.
Elle n'allait pas bien.
- Hey, y a ma sœurette qui arrive.
Je regardais deux autres petits pas avec le nom de Livia apparaître, avançant vers Angie et se plantant devant elle. Les paires de pieds ne bougèrent pas pendant quelques instants, avant qu'elles ne gigotent un peu, pour se déplacer véritablement.
- Elles vont vers les toilettes des filles, dis-je.
- C'est pas bon ça, ajouta Darwin.
Je m'écartais du bout de parchemin, l'air perdu. En manquant de tomber, j'allais m'asseoir sur une pierre à côté, totalement abattu.
Mon ami remballa la carte du Maraudeur et s'installa à côté de moi, en posant une main amicale sur mon épaule.
- Je sais que c'est pas facile mec. Je sais ce que tu ressens. Elles doivent être à bout. Même en deux mois.
- Darwin...
Les larmes me montèrent aux yeux. Imaginer Angie en pleurs, seule, dans les couloirs de Poudlard, là où tous nos souvenirs régnaient, nos moments joyeux... et le fait de la penser là, dans une atmosphère sombre, effrayée par le régime mit en place, les Crowley semant la terreur...
- On doit tout faire pour aller les chercher. Je refuse d'imaginer Angie, Blaise, ta soeur ou n'importe qui d'autre dans cet endroit transformé en château de l'horreur, être soumis, emprisonnés et traité de la sorte, à la limite de l'esclavage.
Darwin acquiesça. Il me prit dans ses bras pour me réconforter, et je vis par-dessus son épaule Potter et Granger, qui avaient entendu ce que j'avais dit, par leurs expressions stupéfaites.
- Drago, me chuchota mon ami. Hermione, Potter, annonça-t-il un peu plus fort. Surtout, ne bougez pas.
Je le sentis sortir sa baguette. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, je fis de même, et vit les deux Gryffondor reproduire la même chose.
D'un coup, je comprenais.
Dans mon champ de vision, apparu deux gars, tout fins, les cheveux sales, une tête affreuse (on aurait dit qu'il ne s'étaient pas lavés depuis des jours).
Le pire, c'est que je les avais déjà rencontré, ceux-là.
C'étaient des Rafleurs.
Au service de Voldemort.
- Et merde.
Le pire arriva. Potter va penser que nous les avons amené là exprès.
Quelle coïncidence, manquait plus que ça.
Et puis, tout s'enchaîna.
Ce moment, je m'en souviens comme si c'était hier. Il a été quelque peu marquant pour moi. Déjà, car nous n'avions pas pensé une seule seconde se retrouver entouré de Rafleurs, mais surtout, avec tout ce qui s'est ensuivi.
Nous, nous pouvions les voir, mais eux, non. Néanmoins, il ont été assez intelligents pour comprendre que nous avions mis une barrière protectrice, nous empêchant d'être vus.
Pendant qu'ils nous observaient sans vraiment nous observer, Potter à décidé de péter un câble. Comme nous nous y attendions Darwin et moi. Il nous a accusé, a gueulé sur Hermione pour nous avoir fait un minimum confiance. Il a pensé que nous avions créé tout un stratagème pour amener les Rafleurs jusqu'à eux. Le pire, c'est que je les connaissais, alors comment ne pas croire à sa version ?
Pourtant, Hermione, aussi surprenant que cela puisse paraître, a pris notre défense. Nombre d'éléments aussi infimes fussent-ils, lui permettaient de comprendre que nous n'y étions pour rien, que ce n'était que pure coïncidence. Et pour preuve : pas de provisions, un seul sac pour tout transporter, des vêtements sales, une mine horrible, une errance pendant des jours entiers.
Malheureusement Potter ne nous croyait pas. Il continuait sur son idée, aussi buté fut-il.
N'ayant rien d'autre pour prouver notre innocence, nous avions prié le ciel Darwin et moi, pour qu'enfin Potter puisse posséder d'une once de compréhension et d'intelligence dans son crâne d'abruti.
Après un enchaînement d'engueulades, les Rafleurs en aveient profité, et avaient même réussi à briser la protection magique. Prenant Granger par les cheveux, Darwin par les épaules, Potter et moi tentions de libérer nos amis respectifs des mains de nos ennemis.
Une fois cela fait, s'engagea alors une course-poursuite dans les bois, à coups de lancer de sorts, de sauts par-dessus les obstacles, de cascades.
Les Rafleurs nous avaient finalement attrapé, et nous avaient annoncé que notre destination serait...
Mon Manoir. Une raison de plus pour faire croire à Potter mon innocente culpabilité.
Mais ce dernier avait tout de même reçu un sort de défiguration de la part de son amie, sûrement pour éviter d'être reconnu.
Après notre capture, nous avions marché pendant des heures, avant de transplaner, et marcher à nouveau, pour enfin apercevoir le lieu que j'avais fui.
Ma promesse de ne plus y remettre les pieds était tombée à l'eau.
Ce fut l'heure du jugement.
Plus que dix minutes, et nous atteindrons le portail.
Traîné par le col, j'avais mal aux épaules, aux jambes, aux pieds.
Nous avions abandonné notre campement. En somme, nous n'avions plus rien.
Et là où nous allons, je savais que nous quatre allions passer un mauvais quart d'heure. Moi, encore plus que les autres. Je ne serais même pas surpris si l'on m'enfermait dans les cachots.
A côté de moi, Potter, défiguré, qui me regardait d'un oeil très mauvais depuis au moins deux heures. Je lui répondais du même regard, qui signifiait "tu veux ma photo ?".
Devant moi, Darwin. Lui, il a morflé. Porté en mode sac à patates sur l'épaule d'un des Rafleurs, il balançait de gauche à droite, complètement dans les vapes, avec du sang sur le haut du crâne qui dégoulinait.
A sa gauche, Granger. Elle hurlait, la priant qu'on lui lâche ses cheveux. Mais plus elle se débattait, plus elle souffrait, car plus le Rafleur tirait dessus. Encore un peu et elle deviendrait chauve en moins de quelques secondes.
- Nous y sommes presque, déclara mon ravisseur. Préparez-vous à en baver.
Les quatre ricanèrent. Je m'agitais en faisant un mouvement brusque d'épaule.
- Hey ! Calme-toi le jeune ! me cria le Rafleur.
- J'aimerais arriver chez moi dans une tenue un peu plus approprié ! répondis-je.
Il me lâcha, et je remis mes vêtements en place.
- Et comment vous les traitez, les autres ! Hey toi !
Je m'avançais vers celui qui tenait Granger par les cheveux, et je lui tirais l'oreille. Il se mit de suite à tout lâcher et à geindre comme un gamin.
- Tu crois que c'est comme ça qu'on traite les dames ? On est peut-être prisonnier, mais on va pas s'enfuir ! Tu lui fais mal, hein, tu vois comme ça fait mal ?
Il me supplia et je le lâchais. Je regardais Potter, avec un air qui disait "alors, tu crois vraiment que je suis de leur côté ?".
En seule réponse, il détourna le regard.
Fillette.
Granger me remercia. Je ne fis rien pour Potter, et elle comprit. J'aurais aimé agir pour Darwin, mais vu l'état dans lequel il était ce serait abuser de la chose.
Nous marchions donc encore, avant d'atteindre l'allée menant au portail noir métallique, qui s'ouvrit à notre arrivée.
Nous avancions plus prudemment jusqu'à la porte d'entrée, blanche comme neige, contrastant avec le Manoir assez sombre.
- Attendez ici.
Nos kidnappeurs signalèrent leur présence. Ce fut un Elfe qui nous ouvrit, au dégoût de la Née-Moldue.
- Messieurs, Ellie vous donne la permission d'entrer.
Nous passions un par un, et quand je croisait le regard de l'Elfe que je n'avais encore jamais vu, je l'entendis chuchoter, des paillettes dans les yeux : "Monsieur Malefooyy..."
Apparemment, il avait hâte de me rencontrer.
Malheureusement, ce n'était pas mon cas.
Traînés jusqu'à l'immense salon, Granger fut jetée aux pieds de ma tante, Bellatrix, qui semblait attendre depuis des heures sa future victime à torturer.
Potter, lui, était assis de force au sol, devant mon père, qui me tira immédiatement par l'épaule et m'emmena loin de la prochaine scène d'horreur.
J'eus à peine le temps d'apercevoir Darwin, emmené dans les cachots.
Qu'avais-je fais encore ?
Dans quelle merde les ai-je fourré ?
Paniqué, j'attendais, tête basse, les larmes aux yeux, les lèvres tremblantes, les jurons, et les baffes de mon connard de père.