Courir.

S'enfuir.

Je m'échappais le plus loin possible du Manoir.

Jusqu'à maintenant, tout se déroulait parfaitement.

Je devais rejoindre un endroit précis.

Attendre deux kilomètres avant de transplaner à la Cabane Hurlante.

J'observais ma montre. Pratiquement 18 heures. Le rendez-vous était à 21 heures pile.

Je trimballais mon sac, rempli de provisions, d'objets de première nécessité.

Je n'avais fait aucune lettre d'excuse à ma mère, pourtant, jusqu'à la dernière minute, j'en brûlais d'envie de le faire.

Je ne l'avais pas fait, pensant que cela nous permettrait de fuir le plus loin possible avant d'être traqués par les Rafleurs.

- Encore... quelques mètres.

J'étais essoufflé. Deux kilomètres ce n'était pas rien.

Je pensais à Angie. J'étais impatient de la revoir.

En fait, j'étais impatient de tous les revoir. J'espérais que ce plan marche.

Il va marcher.

***

Echec.

Echec total.

J'ai totalement foiré.

Il était actuellement 23 heures. Personne n'était présent.

J'essuyais les dernières larmes tombés suite à mon excès de colère.

Pourquoi ça n'avait pas fonctionné ? Qu'est-ce que j'ai raté ?

Les lettres n'étaient-elles pas arrivées ? Ont-ils voulu s'enfuir, avant de se faire choper ? Ma mère a-t-elle compris ce que je voulais faire ? Voulait-elle me protéger en n'envoyant aucune lettre ?

Des tas de questions remplissaient mon cerveau. Exténué, je donnais un coup de pied dans une vieille malle moisie, qui explosa au moment du choc.

Je pris mon sac et le mis sur mes épaules. Je sortais un sandwich, et en sortant de la cabane hurlante, je croquais dedans.

Je ne devais pas rester ici. C'était un lieu très prisé des Mangemorts, ils allaient forcément venir, et me trouver.

Je descendais l'allée humide, mes chaussures se recouvraient d'une boue légère. Oui, de la boue en début Septembre, étonnant, mais c'était la vérité.

Je m'enfonçais dans la forêt, et marcha.

Je ne savais pas trop où aller. Me rendre chez Angie ? Où était-ce exactement ? Je l'ignorais.

Poudlard ? Non. Trop dangereux. On m'a demandé de ne pas approcher l'école.

Et Blaise ? C'était beaucoup trop loin.

Me rendre sur le Chemin de Traverse ou Pré-au-Lard était inutile. A part des provisions peut-être... enfin, je n'avais besoin de rien pour l'instant.

Alors je marchais, toujours tout droit, ou presque. La fatigue me gagnait bien vite.

Il me fallait un coin sécurisé pour camper.

Après une demi-heure de marche en plus, je trouvais un lieu tranquille. Il y avait pas mal d'arbres, et un espace au centre.

- Parfait.

Je lançais d'abord un sortilège de protection pour ne pas être vu. Puis, je posais mon sac et déballais quelques affaires. Je sortis un tout petit sachet. Un sort facile le fit voleter, puis il se déplia automatiquement pour former une belle tente.

J'entrais dedans. D'aspect extérieur, elle paraissait petite, mais d'intérieur, c'était une tente magique. Qui dit magique... dit qu'elle avait des étages.

Je posais le sac à l'entrée, et refermais la tente.

Ensuite, je descendis pour prendre une douche. Ca peut paraître fou en effet, mais il y avait effectivement une douche, dans la tente.

D'ailleurs, il y avait également une chambre, un salon, et un espace cuisine. Une tente spacieuse, qui pouvait s'étendre selon le nombre de personnes à l'intérieur.

Rafraîchi, et les cheveux propres (très important), je remontais pour me préparer quelque chose à grignoter.

Malheureusement, je n'avais que des Sandwichs, et pas pour une éternité. Alors je restais sur ma faim, et alla me coucher sur le canapé, qui était assez grand pour que j'y sois installé confortablement.

Ne voulant dormir que d'un oeil, la fatigue me gagna rapidement et je m'endormis profondément, néanmoins, avec des inquiétudes.

***

Combien de temps avais-je dormi ?

Tout ce que je savais en sortant de la tente, c'est que le soleil était déjà bien haut dans le ciel, même si on ne le voyait pas, car couvert par la couche nuageuse.

Nous étions... le 3 Septembre. Si mes calculs étaient bons.

Bizarrement, la rentrée n'était pas prévue pour le 1er, comme chaque année. Il s'était fait le 2, hier donc. Une demande du Professeur Rogue, dorénavant Directeur de Poudlard ? Aucune idée.

Était-ce pour cette raison que mes amis n'ont pu venir au rendez-vous convenu ? C'était fort probable. Mais tous ? Je n'y crois pas.

Nous savions déjà à l'avance qui irait à Poudlard, et qui n'irait pas. Les choses avaient-elles changées pendant les semblants de vacances que l'on a eues ? Peut-être.

Je remballais ma tente d'un coup de baguette, puis entama mon sandwich matinal.

Je parcourais la forêt lugubre, en quête de je ne sais trop quoi, qui pourrait m'aider.

J'optais pour la chance.

***

J'avais l'impression de tourner en rond depuis des heures. En réalité, je ne savais depuis combien de temps je marchais. Je n'avais pas une seule fois consulté ma montre, et je ne voulais pas la consulter. J'étais fixé dans un objectif qui, jusqu'à présent, était quasi inexistant.

Le bois et le feuillage craquelait sous mes chaussures pleines de boue. De plus, elles me faisaient mal aux pieds. Ce n'étaient pas des chaussures faites pour marcher dans un lieu hostile comme celui-ci. Pour la prochaine fois, j'en prendrais de la graine.

J'avais un instant songé à faire demi-tour, mais je devais tout faire pour renoncer à cette idée. Si j'avais décidé de m'échapper, je ne devais pas faire machine arrière. Il n'y avait plus de retours possibles. J'étais considéré comme un fugitif, voire un traître, aux yeux du Maître. Oh et puis merde, personne n'était mon maître après tout. C'était simplement Voldemort, point.

Après des kilomètres parcourus, à aller je ne sais où, j'aperçus enfin une légère clarté traverser l'obscurité de la forêt. En face de moi, il y avait moins d'arbres. Prudemment, j'avançais donc par-là.

Trop concentré sur mon chemin, je ne fis pas attention à ce qu'il se passait aux alentours. C'est alors qu'une silhouette vive traversa mon champ de vision de part en part.

Qu'était-ce ? Un animal ? Une créature fantastique ? Un patronus ? Ou simplement... une personne ?

Je me figeais, sortant ma baguette. Je restais à l'affût du moindre geste de la silhouette. Dans cette pénombre, je n'y voyais pas grand chose, mais le rayon de lumière suffisait pour observer les ombres se mouver.

J'entendis des pas, des branches craqueler, du feuillage remuer.

- Qui est là ?! Sortais-je, les lèvres tremblantes.

J'aperçus immédiatement un buste se pencher, et des yeux me regarder.

Serait-ce ?

- Malefoy ? Répondait une voix grave.

Une voix... j'avais déjà entendu cette voix quelque part. Où donc ?

- Malefoy, c'est toi ? Insista la voix.

Un homme. Je l'ai connu à Poudlard. Serpentard ? Peut-être...

En observant un peu mieux, je remarquais ses pupilles bleutées. Un bleu profond, comme... la nuit.

Soudain, son nom me traversa l'esprit.

- Darwin ?

- Drago ! Bon sang, c'est bien toi !

Il s'avança vers moi et nous nous prenions dans une accolade amicale. Il me tapa l'épaule, me regarda de la tête aux pieds, tout en semblant rassuré d'être tombé sur quelqu'un de bien vivant.

- Mon vieux ! T'as changé dis ! Mange un peu. Dit-il sur le ton de la rigolade.

- J'essaie ahah, répondis-je légèrement gêné. Tu sais, les temps sont durs en ce moment.

- Ouais... j'imagine l'ambiance dans laquelle tu dois vivre. Mais d'ailleurs, t'es pas à ton Manoir ?

- J'ai pris la fuite. Tu n'as pas reçu la lettre ?

Il s'arrêta, perplexe.

- Quelle lettre ?

Non. Tout de même pas ?

- Je vous ai envoyé une lettre. A toi, ta soeur, Angie, Blaise, Astoria, Pansy. Ne me dit pas que personne n'a rien reçu ?

Puis, il sembla réaliser. Il fouilla dans une poche.

- Tu parles... de ça ?

Il me montra une enveloppe.

- Oui ! Celle-là !

- Je comprends mieux...

- Quoi donc ?

- Mes parents ont intercepté la lettre. Je pense que chacun d'entre nous attendait qu'au moins un se décide à envoyer un truc, mais tu sais, on est tous contrôlés. Que nous soyons Mangemort ou pas. Tu sais, vu que toi...

- Ouais je sais.

- Bref. Et j'ai réussi à la reprendre lorsqu'ils ont emmené Livia à la gare hier matin.

- La gare ?

- Oui, pour Poudlard.

Bon. J'avais donc la confirmation qu'un de nos amis était là-bas. Qui d'autre y était ?

Sans attendre, Darwin reprit.

- J'ai profité qu'il n'y avait personne pour m'enfuir. Ils ont... des liens avec des types pas nets du Ministère, et ils voulaient que je reste au domicile familial pour servir de... messager, en quelque sorte. Bref, j'avais pas envie, et j'ai trouvé la lettre sur un meuble, comme ça. Je l'ai pris et je me suis cassé.

- Je vois.

- Et pendant le chemin, j'ai lu, et j'ai réalisé trop tard que tu nous avais tous donné rendez-vous. Je suis désolé. Si j'avais su...

- T'en fais pas. Personne n'est venu.

- Oh. Pas... surprenant.

- Mouais. Enfin, l'important c'est que nous nous soyons trouvés.

- Exact. Tu comptais faire quoi ?

- Je ne sais pas encore. Et toi ?

- Peut-être fouiller près de Poudlard. D'ailleurs t'es au courant de tout ce qui s'y passe ? J'espère que les autres arriveront à s'accrocher.

A cet instant, je me figeais.

- Les autres ? Ils... y sont tous ?

- Tu n'es pas au courant ?

Je devenais livide.

- Merde. Bon, viens, on a des trucs à se dire je crois.

Il partit en direction du faisceau de lumière, et je le suivais.

***

Nous nous asseyons sur une grosse roche gris clair, à la lisière de la forêt. Au travers de certains arbres, nous avions une vue dégagée sur un paysage qui ne nous était pas anodin.

- T'as vu où on est ? demandais-je, stupéfait.

- Ouais... il semblerait que nous y soyons, sans le vouloir.

J'acquiesçais sans un sourire.

Que de souvenirs en ces lieux...

- Bon. Comment ça se fait que tu ne sois au courant de rien Drago ?

- Aucune idée. Pourtant ça fourmille d'infos au Manoir, si tu savais... et toi comment tu peux savoir ce qu'il s'y passe à Poudlard ?

- J'écoute. Je ne peux pas prendre part aux conversations, mais je peux écouter. C'est déjà ça. Et puis bon, avec ma soeur... normal.

- Ouais.

- Est-ce que... tu as déjà connaissance de certaines choses ?

- Genre, le professeur Rogue directeur de Poudlard ?

- Exact.

- Ouais, au courant. Faut dire...

- Oui, tout le monde est au courant de son double-jeu maintenant.

- Mouais.

- Sinon... oui, tous nos amis y sont. Va savoir pourquoi en réalité. Normalement, Blaise, Astoria et Pansy n'auraient pas dû y aller. Vu leurs familles...

- Oui. Et pourtant ils y sont apparemment.

- Malheureusement oui. Y a la mère de Blaise qui est venue chez nous y a quelques temps. Blaise et Astoria étaient là, mais à l'extérieur. La mère de Blaise leur avait défendu d'entrer chez moi. Va savoir... Enfin, de ce que j'ai compris, y en a pas mal qui fricotent avec les forces du Mal, et donc, leur seule "sécurité" (il mima le geste des guillemets), c'est d'être à Poudlard. Mais crois-moi, ils vont en baver.

- J'en doute pas...

- Oh, tu devrais. Devine qui dirige, qui fait la loi là-bas ?

- Hum... je ne sais pas ?

- Les frères Carrow.

Mon teint déjà livide devenait blême. J'étais dépité d'apprendre tout cela. En plus, Poudlard régné par les Carrow... ça serait vite le chaos. J'espère qu'un semblant de résistance se formera là-bas, sinon, aucun ne pourra supporter.

- Ils les ont envoyés en enfer, t'es conscient de ça Darwin ?

- Je sais. Mais qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? On n'a pas le droit d'aller les chercher, on ne devrait même pas être ici en train de discuter !

Ouais, on avait bravé les interdits, c'était certain.

Mais qui a dit qu'on ne pouvait pas encore le faire ?

- Je refuse de laisser Angie là-bas.

- Drago, arrête, on ne pourra rien faire. Ils sont peut-être pas au meilleur endroit, mais contrairement à nous, ils ont un minimum de confort. Et puis, ils étudient encore. De toute manière, moi, je ne peux plus rentrer à Poudlard.

- Arrête de dire des conneries. C'est pas parce que tu as fini tes études que tu ne peux pas y retourner. Regarde les Aurors.

Il fit mine de réfléchir.

- Mouaiis... enfin, après tout, ils seront entre Sangs-Purs...

- Je rêve ou tu veux pas te mouiller ? Et puis tu racontes quoi là ?

- Tous les élèves qui ne sont pas Sang-Pur sont interdits.

Sérieusement ?

Ca voulait donc dire, qu'une bonne partie des copains de Potter n'étaient pas à Poudlard...

- A quoi tu penses Drago ?

- Je sais pas. Trouver un moyen de faire sortir nos amis. Et si tu veux pas, je ferais ça seul.

- Seul ?! Tu rigoles ! Maintenant que je t'ai trouvé, pas question de te laisser ! On est deux dans cette galère.

Il semblait rire nerveusement. Je souriais faussement, mais j'étais au moins rassuré qu'il soit là. Même si au départ on ne s'entendait pas vraiment bien, à force de se côtoyer, nous avons appris à nous connaître. Depuis, on est de très bons potes.

Je baissais la tête. Nous devions trouver une solution. Il fallait absolument que nous soyons tous réunis. J'ai légèrement commencé à réfléchir sur ce que l'on pourrait faire une fois tous dehors, presque libres...

- Mec...

Darwin me tira de mes pensées.

- Mmh ?

- J'ai peut-être une idée. Mais... ça va pas te plaire.

Une idée ?

Du moment qu'on arrive à entrer dans Poudlard...