Recomendation: Killshot - Slowed + Reverb
Othara s'apprêta à contre-attaquer avec sa lance quand la faux du silence retira son pique de ses cheveux et se rua vers le troll pour le lui planter férocement entre les deux yeux, avant de trancher son visage en deux. Du sang vint éclabousser la figure de la meurtrière et des gens se mirent à hurler quand il tomba raide mort sur le sol.
— +10 points, compta-t-elle en reprenant son arme nonchalamment.
Alors qu'elle nettoya son pique avec un mouchoir en soie, elle remarqua que l'elfe comprima la plaie du roi avec ses mains, armé de son arc et de ses flèches faites de cristal.
— Depuis quand tu... Non, attends, mauvaise question. Comment tu as fait pour prendre ton arme aussi vite ? Lui demanda-t-elle en agitant son pique devant elle comme si c'était une baguette magique.
— Apparemment, les armes sont interdites à la soirée, du coup ils me l'ont confisqué et l'ont mise derrière le bar. J'ai simplement été la chercher, se justifia-t-elle en haussant les épaules.
— Normal quoi, constata-t-elle blasée.
Elle soupira et se dirigea vers le roi, dont le teint devint de plus en plus livide.
— Hucral... commença-t-il affaiblie, je vous en prie, aidez-moi...
— Taisez-vous et vous m'éviterez déjà le trois-quarts du boulot, le réprimanda-t-elle froidement en s'agenouillant près de sa blessure.
Elle glissa sa main sous celle de la chasseuse pour prendre la relève de la compression de la plaie, et regarda les invités qui les observèrent en silence.
— Gardes ! Les appela Lycair en se levant, comprenant le problème de la guérisseuse. Je veux que vous évacuiez les civils en dehors du château sur le champ ! Et n'oubliez personne, l'apothicaire a besoin de silence.
— Oui Votre Altesse !
Ils s'exécutèrent dans la seconde qui suivit en se dirigeant vers la grande porte, pour compter les habitants qu'ils obligèrent à sortir dans le calme.
— Cette autorité me rappelle tant de souvenirs, se remémora la sorcière rêveuse, merci de les avoir mis dehors Lycair.
Elle reporta son attention sur le roi, et un halo de lueur verte illumina ses mains ensanglantées et le visage de son patient, qui retrouva peu à peu ses couleurs. Voyant les résultats prodigieux, l'enseignante se précipita vers les portes du palais pour les réouvrir et réinviter les civils à l'intérieur.
— C'est fini maintenant. Tout va bien Majesté.
Elle cala sa main dans son dos et le releva lentement avant d'appeler un garde en lui faisant un signe de la main.
— Quelle efficacité ma fille, la félicita-t-il à l'attention de Lycair, ça fait froid dans le dos.
Alors qu'elle s'apprêta à lui donner un ordre, elle écarquilla les yeux et fixa le roi, qui arbora un petit sourire fier.
— (Par l'origine c'est son père ! Ça veut dire qu'il nous a vu danser et nous dévorer du regard ?! Ma première impression est fichue.)
Elle déglutit et soupira, avant de se lever pour se rapprocher de lui de sorte à ce que personne ne les entende.
— Vous vous souvenez de moi ? Lui demanda-t-elle froidement à voix basse. Lors de l'incident de vous savez qui.
Il hocha la tête d'un air grave et la sorcière posa sa main sur son épaule, ce qu'il effraya involontairement.
— Je veux que vous emmeniez le roi dans les cachots au sous-sol, tout en étant prêt à sortir à tout moment et sans vous faire repérer. Vous pouvez faire ça ?
— Sans aucun souci, lui garantit-il déterminé.
Elle tapota l'épaule pour lui signaler qu'il pouvait exécuter ses ordres, avant de se retourner vers les habitants qui la regardèrent de leurs gros yeux.
— Quant à vous, cria-t-elle à leur attention, vous restez ici le temps qu'on aille vérifier les alentours. Évitez de compliquez la vie à ces pauvres soldats !
Sans attendre leur approbation, elle attrapa le poignet de Lycair avant de hoqueter de stupeur et de se paralyser sur place.
— Ça ne va pas Hucral ? Lui demanda-t-elle inquiète.
Elle ne répondit pas et elle l'entraîna hors du château pour refermer brusquement les portes, avant de les téléporter chez elle.
— J'ai envie de recracher mon goûter, se lamenta-t-elle en se callant contre le mur pour atténuer la violence de l'atterrissage.
Sans lui prêter la moindre attention, la sorcière claqua sa porte d'entrée d'un coup de vent et se précipita vers les étagères de sa bibliothèque, en quête de sors.
— Qu'est-ce que tu trafiques Hucral ? S'enquit-elle en arquant un sourcil.
Renforçant son bouclier autour de son continent, elle ignora involontairement l'elfe, ce qui l'agaça de plus belle.
— Hucral Naught !
Elle s'arrêta net et la regarda d'un air ahuri, ses fioles à la main.
— Qu'est-ce que tu fiches encore ? Pourquoi on est là ?
Elle fit les cents pas dans toute sa maison en essayant de chercher ses mots, avec Stella qui l'observa depuis sa chambre à coucher.
— Je- Je, on n'a pas le temps ! Cria-t-elle subitement. Il fait que je trouve une solution et aussi que je- oh mais en même temps je dois- et je sais que je suis censée rester calme dans ce genre de situation mais j'ai-, mais j'ai...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que ses potions se brisèrent en mille morceaux sur le sol et qu'elle éclata en sanglots devant elle, pétrifiée et le regard paniqué.
— Ehh ehh Hucral ! Paniqua-t-elle en se précipitant vers elle pour prendre son visage dans ses mains. Essaye de te détendre.
— Il y a trop d'information, sanglota-t-elle tétanisée, il faut que je découvre la raison de- de leur attaque, et aussi que je te-
Elle pleura de plus en plus et commença à ventiler simplement en s'imaginant ce qui pourrait arriver à celle qu'elle aimait. Cette dernière lui caressa le visage calmement et la regarda un inspirant par le nez et en expirant par la bouche.
— Vas-y fait comme moi, l'incita-t-elle d'une voix apaisante.
La couturière essuya les larmes de la divinatrice qui pleura de plus en plus au fur et à mesure qu'elle appliqua son conseil, ce qui la rendit triste et perdue à la fois.
— Ton besoin de tout contrôler a toujours été ton plus grand défaut, lui fit-elle remarquer tendrement en plongeant son doux regard dans le sien, et ça t'empêche de voir au-delà de tes peurs.
L'apothicaire l'enlaça difficilement et renifla quelques instants, n'ayant plus de larmes en réserve. Elle nicha sa tête dans le creux de son épaule et la serra un peu plus fort, se sentant apaisée et plus confiante que jamais. La carapace autour de son cœur s'effrita et ses doutes s'évanouirent comme la brume.
— Ça fait des millénaires que j'essaye de changer ce défaut, lui avoua-t-elle d'une voix posée, mais c'est juste que... j'ai tellement peur de te perdre encore une fois. Je me sens tellement désemparée...
— Je sais me battre, lui affirma-t-elle en lui caressant la tête de ses mains ensanglantées, je sais me défendre, je sais tuer... Et coudre aussi.
La sorcière laissa un petit rire lui échapper, qui lui raviva un sourire chaleureux que l'enseignante ne pût malheureusement pas admirer.
— Qu'est-ce que tu aimerais faire après avoir réglé le problème ? Lui demanda tendrement la chasseuse, remplie d'espoir et de curiosité.
Prise de cours par sa question, elle s'éloigna lentement de son étreinte douillette, mais en gardant toujours sa main dans la sienne.
— J'aimerais... te faire découvrir mon monde et toutes les belles choses que j'ai faites durant tous ces millénaires, mais aussi faire plein de goûter, oh et rencontrer tes parents. Dans de bonnes conditions cette fois, renchérit-elle d'un sourire timide sans oser la regarder. Je veux découvrir cette Lycair qui fait chavirer mon cœur, et être à tes côtés. Encore une fois.
Face à cette réponse qui ressembla plus à une déclaration, l'elfe entremêla leurs doigts écarlates et la regarda avec détermination pour retenir ses larmes qui la submergèrent.
— Alors bats-toi. Bats-toi pour ce qui te fais vivre et ce qui te fais aimer les lendemains, la réconforta-t-elle en la prenant de nouveau dans ses bras.
Elles restèrent ainsi pendant quelques minutes, profitant du silence apaisant que l'une offrait à l'autre.
— Dis-moi Lycair... commença la sorcière timidement.
— Oui ?
— Tu penses que je vais arriver... à m'en sortir ?
Elle écarquilla les yeux avant de s'éloigner d'elle et de lui faire son sourire aussi doux que la lune, pour lui ôter toutes ses inquiétudes.
— J'en suis sûr, la rassura-t-elle, parce que je serais là avec toi.
La faux du silence hocha la tête et expira de toutes ses forces, essayant d'évacuer le stress qui la rongea. Elle s'imagina sélectionner toutes ses pensées négatives et les jeter à la poubelle, pour laisser la place à d'autres réminiscences plus joyeuses.
— Alors, comment je peux t'aider ?
— Très bonne question chère élève ! Remarqua-t-elle en faisant virevolter ses cheveux tout en ramenant ses fioles à leur état normal.
Depuis l'attaque contre le roi, elle n'avait pas arrêté de penser à un milliard de possibilités qui ne mettait pas Lycair en danger. Mais après leur discussion, elle eut un regain de confiance en elle et en l'elfe, qu'elle était prête à intégrer dans ses projets.
— J'ai une idée, lui annonça-t-elle en essayant de faire partir le sang dans ses cheveux, je vais te téléporter de nouveau à la soirée et il faudra que tu ordonnes aux gardes de conduire les invités sur mon continent pour qu'ils soient protégés par ma barrière.
Elle fit apparaître une serviette et s'ébouriffa les cheveux, avant de se sécher ses mains, de nouveaux propres.
— Mais, la prévint-elle en voyant son regard s'illuminer, si tu vois que la situation dérape et que c'est trop difficile à gérer, je veux que tu m'appelles illico presto.
— À vos ordres caporale !
Alors qu'elle frotta le sang sur ses mains en évitant de toucher sa robe, la sorcière alla chercher son bocal de poussière d'étoiles et sa dague, toujours dans ses pensées.
— Au fait Hucral, commença-t-elle en se séchant les mains, est-ce que je peux te piquer des vêtements ? Je vais avoir du mal à me déplacer en robe.
— Oui bien sûr, l'assura-t-elle avec ses feuilles séchées dans les mains, ma chambre est à côté de la salle de bain qui se trouve à gauche de l'entrée.
Elle hocha la tête et se dirigea dans sa chambre en faisant claquer ses talons sur le sol, ce qui attira l'attention de la sorcière un court instant avant qu'elle ne retourne à ses occupations.
— Tu n'as aucune tenue traditionnelle ?! S'exclama-t-elle depuis la pièce. Cette saleté de CHEMISE !
— Lycair si tu me déchires un vêtement tu as intérêt à me le recoudre à la perfection ! La prévint-elle sérieuse. Ou je te mets une araignée dans les cheveux.
— ARRÊTE J'AI PEUR DES ARAIGNÉES !
Alors qu'elle alluma son encens en bâton avec son feu et qu'elle le rependit dans la pièce, elle écarquilla les yeux de choc et sa mâchoire se décrocha en voyant la chasseuse.
— (Par l'origine, par les étoiles, les nébuleuses et tout ce que tu veux !)
Lycair, qui l'attendait les mains dans les poches devant la porte de sa chambre, avait mis ce que la sorcière portait le jour de leur première rencontre quand celle-ci était encore un vampire. Cependant, elle n'avait pas fermé sa chemise, ce qui laissa son entre seins et sa cicatrice visible.
— (Je pense que je viens de faire dix arrêts cardiaques en une seconde.)
— Le pantalon est bien mais la chemise me prive trop de mes mouvements, lui avoua-t-elle en levant légèrement les bras avec un petit sourire, tu n'aurais pas autre chose ?
Elle déglutit et se contenta de la rejoindre pour pénétrer dans la pièce et lui chercher quelque chose de plus adéquat.
— Les pantalons te vont très bien, la complimenta-t-elle en fouillant dans un tiroir, tu devrais en porter plus souvent non ?
— Je suis d'accord avec toi mais comme ma mère n'arrêtait pas de me dire que ça me grossissait les cuisses, je t'avoue que j'ai du mal.
— Ta mère n'avait pas les yeux en face des trous alors, contra-t-elle en pouffant de rire, outrée des remarques qu'elle a pu se prendre plus jeune. Si je te passe un corset bustier c'est bon ?
— Oui ne t'en fais pas.
Alors qu'elle regarda les modèles en sa possession, Lycair vérifia la solidité de ses talons aiguilles pour voir s'ils étaient aptes à la course, avant d'avoir une idée qui dessina un sourire en coin sur son visage.
— Je crois que j'ai trouvé !
Elle sortit un corset similaire à sa tenue de sorcière, sauf qu'il possédait des lianes de roses rouges sur les parties légèrement transparentes, qui elles étaient d'un bleu nuit profond. De plus, les volants manquèrent à l'appel et l'étoile à cinq branches était remplacée par un cœur.
— Ça te convient ? Lui demanda-t-elle peu convaincue par son choix.
— Nous allons voir ça, rétorqua-t-elle sensuellement en le prenant pour le mettre entre ses jambes.
Elle fit glisser sa chemise en satin noir le long de ses bras fins et musclés, montrant ainsi sa nudité à la sorcière, qui ancra profondément son regard perçant dans ses yeux ardents. Alors qu'elle sonda son âme sensuellement, ses yeux descendirent sur ses seins et sa taille, qu'elle rêva d'enlacer de ses bras brûlants. Son regard se rapatria sur ses lèvres qui formèrent un sourire séduisant, et s'imagina les sceller aux siennes pour l'éternité.
— (Elle est aussi sublime de l'intérieur que de l'extérieur. Ça me rend folle.)
Elle s'adossa contre son armoire et continua de la défier du regard, tandis qu'elle s'approcha d'elle avec sa chemise à la main.
— Range-la avant qu'elle ne se froisse, lui conseilla-t-elle en la regardant intensément, je te connais sinon tu vas oublier.
— À vos ordres princesse, répliqua-t-elle en la faisant voler jusque dans son placard, tout en maintenant le regard. Besoin d'aide pour le corset ?
— Volontiers mon humble chevalière.
Elles sourirent et Lycair lui tendit le corset, avant de se retourner et de se tenir aux poignets de son armoire tout en ramenant sa chevelure dorée devant elle. Hucral passa le corset autour de sa poitrine et referma le bouton qui se trouva sur la bordure du haut, avant de pester.
— Met toi face à moi s'il te plaît, il faut que regarde si c'est bien mis devant.
Elle s'exécuta et scruta la faux du silence qui se baissa légèrement, avant de relever son regard brûlant de désir vers elle.
— Je peux ? Lui demanda-t-elle en gardant ses mains à une distance raisonnable de sa taille et de sa poitrine.
Ses joues s'empourprèrent et elle hocha la tête pour lui donner l'autorisation, appréhendant la réaction de son corps face au toucher de la femme aux cheveux écarlates. Tandis que cette dernière posa ses mains sur sa taille et vérifia que tout était en place, elle se dirigea vers sa poitrine et regarda si l'armature ne lui rentrait pas à l'intérieur. Son dos se cambra l'espace d'un instant et elle resserra sa prise sur l'armoire en prenant une inspiration bruyante.
— Tes seins ne sont pas trop serrés ou aplatis ? S'assura-t-elle pour être sûre qu'elle pouvait fermer le corset. (Sa respiration est tellement saccadée, je vais perdre la tête.)
Elle secoua la tête, mais la sorcière la fixa d'un regard ardent et taquin à la fois.
— Auriez-vous perdu votre langue, Majesté Lycair Howl ? Lui chuchota-t-elle suavement à l'oreille.
— Je profite juste de ce moment plus qu'agréable, répondit-elle en lui tournant le dos, y a-t-il un mal à cela, chevalière Hucral Naught ?
— Mais absolument pas princesse, rétorqua-t-elle en attrapant les lacets du corset, je vous prie de m'excuser pour mon... impertinence.
Quand elle sentit le souffle brûlant de la sorcière dans sa nuque, un éclair de plaisir traversa le corps de l'elfe et se déversa dans tout son sang au fur et à mesure que son corset épousa sa taille. Le simple fait de sentir les mains de la sorcière frôler son corps chamboula tout son être et dérégla tous ses sens.
Elle ferma les yeux et cala son dos contre le corps d'Hucral, qui encercla lentement sa taille de ses bras. Ses pupilles se dilatèrent et elle sentit sa température corporelle monter en flèche avant de regarder la divinatrice avec envie, qui lui donna un baiser dans la nuque.
— Qu'est-ce que tu attends ? Lui demanda-t-elle d'une voix frêle en lui tendant son cou un peu plus. Pousse-moi contre le mur et montre-moi à quel point tu me veux.
Hucral ne se fit pas prier et retourna Lycair pour la plaquer sur sa penderie en bois et l'embrasser passionnément en fermant les yeux.
— Enfin... murmura-t-elle entre deux baisers.
La couturière hoqueta de sa respiration haletante et plongea ses doigts dans les cheveux écarlates de la sorcière, ce qui lui rappela ce fragment de souvenir qu'elle avait entrevu. La divinatrice attrapa sa hanche de sa main baguée et caressa son visage de l'autre, tandis que l'elfe commença à avoir la tête qui tourne sous l'effet de l'adrénaline.
Elle passa ses bras musclés autour du cou de l'apothicaire et son souffle se saccada quand Hucral descendit dans le creux de son cou pour le parsemer de baiser ardents. Sa cage thoracique se tordit de plaisir tandis que l'effervescence de son toucher brûlant lui fit perdre toute rationalité.
Elle avait l'impression qu'Hucral savait exactement où la toucher, et le fait de s'imaginer aller plus loin avec elle la transporta encore plus dans cette extase sexuelle que sa partenaire lui faisait ressentir.
— Hucral... soupira-t-elle d'extase en plantant ses ongles dans le dos de la sorcière.
Son dos se cambra et la faux du silence lui embrassa de nouveau les lèvres avec une douceur irrésistiblement envoûtante, ce qui laissa à Lycair des papillons dans son bas-ventre. Durant ce moment qui sembla durer une éternité, leurs souffles érotiques se mélangèrent avec sensualité et elles se perdirent dans les soupirs de l'une et de l'autre, qui électrisèrent la tension de plus en plus au fur et à mesure qu'elles passèrent leurs mains brûlantes de long de leur corps.
Ne voulant pas arrêter cet instant magique qui lui raviva des sensations qu'elle avait oublié, Hucral interrompu à contrecœur leur baiser et caressa les lèvres de sa partenaire avec son pouce, sans les quitter de son regard désireux.
— Te voilà prête pour la bataille, murmura-t-elle avec un sourire fier. Je vais aussi me changer, histoire de ne pas tâcher ce magnifique costume aussi beau que sa créatrice.
Elle s'éloigna de Lycair pour faire matérialiser son spectre et s'évapora sous un rideau étoilé avant de réapparaître dans la seconde avec sa tenue de sorcière habituelle, et cette fois-ci avec son chapeau noir, ornée de roses rouges et d'étoiles en argent qui pendirent.
— (J'arrive encore moins à me défaire d'elle dans cet accoutrement. Elle est tellement hypnotisante que j'en perds la raison. Je veux goûter ses lèvres encore et encore.)
— Tu pourras admirer ma beauté irrésistible plus tard ma reine, la taquina-t-elle comme si elle l'avait entendue, en attendant nous avons d'autres chats à fouetter.
Elles quittèrent la pièce et se placèrent sous le lustre, tandis que la faux du silence se plongea dans ses pensées en s'agenouillant. Elle fit apparaître sa dague dans sa main et réfléchit un court instant, avant de se la planter dans les carotides.
— Mais qu'est-ce que tu fabriques ?! S'écria Lycair en se précipitant vers elle.
Elle ne répondit pas et dessina un cercle avec son sang, puis un croissant de lune surmonté d'une étoile à cinq branches à l'intérieur. Au-dessus de chaque pointe, elle y inscrit des runes inconnues, qui retinrent l'attention de Lycair.
— Je n'ai jamais vu ces runes magiques.
— C'est moi qui les ai créées c'est pour ça, déclara-t-elle d'une voix neutre en essayant de chasser leurs baisers de son esprit pour se concentrer.
— Mais même dans les manuels de magie les plus anciens que possède le roi je n'en ai pas trouvé des similaires.
— Ceux qu'il garde ne sont pas si vieux que ça, l'informa-t-elle en continuant d'écrire, c'est principalement la raison pour laquelle ici très peu de personnes utilisent la magie qui sort de l'ordinaire. Surtout que depuis l'apparition des sorcières ça ne s'est pas amélioré, de ce que j'ai compris. Et puis le roi ne peut même pas se servir de ces bouquins puisqu'ils doivent être déverrouillés par leur propriétaire légitime.
— Mais dans ce cas, comment peux-tu affirmer qu'ils ne sont pas assez anciens ? Tu ne les as jamais vus.
— Tout simplement parce que c'est moi qui les ai rédigés, lui confia-t-elle en guérissant sa plaie avec ses pouvoirs.
Alors qu'elle commença à comprendre ce que lui disait la sorcière, l'elfe tilta quelque chose d'encore plus grand.
— Une minute... Ça veut dire que...
La sorcière s'arrêta d'écrire et regarda Lycair avec un sourire en coin, qui lui rappela celui de cette femme qui l'avait prise au piège durant sa quête de souvenirs.
— C'est moi qui ai inventé la magie Lycair.
Face à cette révélation, la couturière resta stoïque en écarquillant les yeux, le souffle coupé. Cette femme qui se tint devant elle et qui l'avait transporté sur une autre planète il y a un instant affirmait avoir créé la magie, ce qui bombarda la tête de l'elfe de questionnements aussi infini que l'univers.
— (Mais dans ce cas... qu-quel âge a-t-elle ?!)
Toutefois, c'était la seule question qu'elle arriva à se formuler mentalement. Le domaine de la magie est tellement vaste, qu'il est difficile de s'imaginer que sa créatrice se trouvait devant ses yeux. On pourrait même se demander si elle n'est qu'une simple sorcière.
— Tu... n'as pas répondu à la question que je t'ai posée quand nous sommes arrivées ici, lui reprocha-t-elle hésitante et confuse.
— Oh oui désolé, répondit-elle en dispersant des plantes séchées dans son cercle, c'est un rituel de sang que je réalise pour renforcer ma barrière, mais en fonction des ingrédients que je mets ou de mes intentions, il est utile dans d'autres domaines. Par exemple, le renforcement des capacités, des pouvoirs, le masquage de présence et la télépathie, et c'est ce qu'on va faire.
Elle se rapprocha lentement de Lycair, à une distance raisonnable.
— Est-ce que tu m'autorises à prendre deux gouttes de ton sang pour que l'on puisse communiquer même séparée ?
L'elfe fut prise de court par sa question, car elle imaginait tout sauf ça. Même si elle voulait l'aider, sa peur de la scarification l'envahit soudainement. Son corps commença à lui brûler et elle se sentit agonisé sous les coups de lames imaginaires, qu'il lui semblait familière. Voyant l'hésitation sur le visage de l'elfe, Hucral s'éloigna et rangea son arme.
— Ne t'inquiète pas, j'ai compris, La rassura-t-elle d un doux sourire.
Elle alla chercher des bougies et les disposa autour du cercle, pour terminer son rituel. Cependant, quand elle fit apparaître une flamme dans le creux de sa main, la chasseuse hurla et eut un mouvement de recul, se cognant ainsi contre le vase grec de la sorcière, qui se brisa en mille morceaux sur le sol. L'émanatrice sursauta et éteignit sa flamme pour se précipiter vers la courtière qui se tenait au mur.
— Lycair ça va ?!
Elle attrapa son visage dans ses mains et le tourna dans tous les sens avant de lui prendre délicatement les bras pour voir si des morceaux de céramiques s'étaient plantés dans sa peau.
— Désolé, s'excusa-t-elle haletante, j'ai cassé ton va-
— J'en ai rien à foutre du vase, l'interrompu-t-elle alarmée en regardant ses mains, c'est toi le plus important.
Elle reprit sa respiration calmement en serrant les poings, tandis que la sorcière la regarda paniquée.
— Tu as peur du feu ? Lui demanda-t-elle pleine de doute.
Elle hocha la tête pour approuver et l'apothicaire lui proposa sa main ou elle n'avait pas fait apparaître la flamme, qu'elle accepta.
— Pardonne-moi, je ne savais pas.
— Ce n'est rien, tu ne pouvais pas savoir, l'assura-t-elle d'un ton chaleureux, tu sais aussi bien que moi que c'est dur d'oublier son passé quand il est écrit sur tout ton corps.
Elle la regarda tristement et s'apprêta à rallumer le feu à une distance raisonnable quand Lycair lui attrapa le poignet, le regard déterminé.
— Je veux le faire, lui confirma-t-elle en faisant allusion aux gouttes de sang.
— Tu es sûr ? Lui demanda-t-elle inquiète. Je ne veux pas que tu penses que je te force. C'est ton choix Lycair.
— J'en suis sûr. À cent pour cent.
— Dans ce cas dis-moi quand tu veux arrêter, lui ordonna-t-elle en faisant réapparaître sa dague pour la prendre par le bout et la maintenir au-dessus de la paume de sa main, je m'exécuterais sur-le-champ.
Elle maintenu sa position et releva sa tête vers l'elfe, attendant de nouveau son autorisation. Cette dernière hocha la tête pour lui confirmer qu'elle voulait toujours le faire et Hucral dirigea la pointe de la lame au-dessus de sa paume, et la lui trancha légèrement.
La chasseuse siffla de douleur et la sorcière se dépêcha de récolter comme convenu l'équivalent de deux gouttes, avant de la guérir avec sa magie tout en la remerciant et la félicitant de son courage.
— (Elle n'a pas menti, elle a vraiment pris deux gouttes. Ni plus ni moins.)
Tandis que la sorcière écrivait son prénom dans le cercle, l'elfe ne put s'empêcher de sourire face à cette action, qui ne signifiait rien pour les autres, mais beaucoup pour elle. Voyant qu'Hucral alluma de nouveau sa flamme au creux de sa main avec précaution, elle resta très loin d'elle et la regarda manier le feu avec une aisance addictive, son arc et ses flèches sur son dos. Elle alluma ses bougies et éteignit le feu, avant de faire un signe à Lycair pour lui annoncer qu'elle pouvait venir sans crainte.
— Qu'est-ce que tu vas faire pendant que je serais là-bas ? Lui demanda-t-elle nerveuse.
— Je vais défendre la Terre des fées, l'informa-t-elle en faisant apparaître son spectre, ma sœur a des problèmes de santé donc je vais aller la protéger. J'ai senti un nombre phénoménal d'âmes qui se trouvaient sur son continent.
— Tu ne m'avais pas dit que tu avais une sœur, percuta-t-elle en ricanant.
— Quand tout sera fini, je te la présenterais, lui assura-t-elle avec un sourire.
— J'ai hâte dans ce cas.
La divinatrice pouffa de rire et serra la main de Lycair avant de la téléporter derrière le château du roi.
— (Quelqu'un t'a vu ?)
— (Non madame !)
— (Parfait, bonne chance alors.)
Elles ricanèrent et la faux du silence coupa la communication, fit une caresse à sa chatte et sortit de sa maison pour se rendre sur le champ de bataille.