Hucral reposa le vase et retourna en vitesse dans la salle de réunion pour se précipiter vers la terrasse, affolée.
— Je veux que tous les habitants se réunissent sur la place centrale du village maintenant ! Ordonna-t-elle en criant à plein poumon.
Un mouvement de masse se créa et ils se rendirent en un rien de temps au point de ralliement. Ils levèrent leur tête en s'attendant à ce que ça soit la reine qui a donné l'ordre, mais ils observèrent qu'en réalité c'était la sorcière.
— J'exige que toutes les fées qui s'occupent des jardins viennent me retrouver dans la salle de convalescence !
Le brouhaha s'arrêta et ils se regardèrent entre eux dans un silence gênant.
— Non mais pour qui tu te prends à nous donner des ordres sale intruse ! Cria soudain l'un d'eux. On obéit qu'à la reine on n'a pas confiance en toi !
Le ciel commença à s'assombrir et à gronder, alors qu'ils la huaient. Son visage se crispa de colère et elle fit apparaître son katana dans sa main, pour l'envoyer de toutes ses forces dans leur direction. Au même moment où il se planta dans le sol et le fissura, un tonnerre écarlate rugit dans les cieux. Certains levèrent les yeux pour observer ce phénomène, tandis que d'autres se regardèrent avec choc, ne comprenant pas ce qui se passait.
— Peut-être n'ai-je pas été assez clair, constata-t-elle fermement.
Ils reportèrent son attention sur elle et la tension devint palpable. Ils déglutirent et la faux du silence remarqua même que certains d'entre eux avaient les yeux qui tremblaient et des gouttes de sueur sur leur visage. Hucral bougea légèrement ses doigts et fit voler son sabre jusque dans sa main, et répéta sa demande.
— J'exige que toutes les fées qui s'occupent des jardins viennent me retrouver dans la salle de convalescence, maintenant. Sinon je vous fais tous exploser, un par un.
Le tonnerre retentit de nouveau, mais toujours avec cette couleur rouge étrangère.
— C'est clair cette fois ? Demanda-t-elle d'un ton glacial.
Ils hochèrent tous la tête et les principaux concerné se hâtèrent d'exécuter ses ordres. Quant à Hucral, elle retourna dans la salle de soin en ouvrant la porte violemment, et attrapa le vase.
— Et bien, quelle autorité, fit remarquer la reine affaiblie. Je vous ai entendue d'ici.
Hucral ne releva pas et se contenta de s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, prête à les sermonner. Elle entendit des pas dans les escaliers, et quelqu'un toqua dans l'instant d'après.
— Entrez, autorisèrent Hucral et Titania en même temps.
Une fée poussa la porte et entra prudemment, suivis bientôt par une dizaine d'autres. Ils s'inclinèrent devant la reine et se placèrent au fond de la pièce pour être le plus loin possible de la sorcière, tout en restant face à elle. Cette dernière leva le vase de digitale pourpre et l'agita légèrement pour attirer leur attention.
— Je veux que vous me disiez tout ce que vous savez sur cette fleur, et n'omettez aucun détail.
Alors que la foudre écarlate faisait encore rage dehors, une fée au corps musclé mais au visage doux sortit du groupe et s'avança légèrement.
— (Elle a l'air d'en avoir sous la caboche, voyons un peu ce qu'elle vaut.)
— Tout ce que nous savons malheureusement, c'est que cette plante aime en général les sols frais et le soleil, et qu'elle est utilisée pour les problèmes cardiaques.
Hucral soupira et hocha la tête, laissant ainsi la fée retourner se fondre dans la masse.
— (Je retire ce que j'ai dit.)
Elle s'apprêta à parler quand trois autres fées, à l'apparence plus importantes que les autres, pénétrèrent dans la pièce.
— Ah vous êtes là, s'exclama Titania en se levant pour les rejoindre. Hucral, je vous présente...
— Elros votre commandant et chef des armées, Lomion votre stratège et Othara votre plus puissante guerrière, qui est aussi votre meilleure amie depuis votre tendre enfance, conclut-elle en finissant la phrase de la reine.
Ils la regardèrent tous incrédule, tandis qu'Hucral examina, ou plutôt jugea, les nouveaux arrivants. Elros, qui était à gauche de leur petit groupe, possédait une chevelure lisse qui lui arrivait au niveau des épaules, et sa couleur blonde était si éclatante et brillante, qu'on aurait pu s'imaginer que le soleil lui-même lui en avait fait don. Cette dernière contrasta avec sa mâchoire carrée et ses yeux d'un blanc neige, qui étaient mis en valeur par son liner rouge inversé. Son long manteau blanc, qui s'arrêta jusqu'en bas de ses genoux, était orné de motifs aussi dorés que ses cheveux et il était cintré avec une épaisse ceinture marron de sorte à laisser entrevoir son pantalon de la même couleur. Mais tous ces éléments superficiels n'étaient rien face à la beauté que lui offrait son vitiligo, lui donnant l'apparence d'un ange. Elros ria à gorge déployée, et Hucral ne put s'empêcher de se demander s'il se moquait d'elle.
— Votre Majesté, est-ce une espionne ? Demanda Elros de sa voix grave en souriant de toutes ses dents.
Hucral reporta ensuite son attention sur Lomion qui était sur la droite, et qui dégagea une aura bien moins chaleureuse que son collègue. Ses yeux de glaces mis en valeur par ses lunettes rectangulaires et ses cheveux argentés attachés en une demi-queue, parfaitement plaquée sur le dessus, renforçait son air froid et son regard méprisant. En revanche, sa toge bleu nuit aux motifs argentés en forme de spirale se mariait parfaitement avec sa chevelure et ses traits du visage, qui étaient moins marqués que ceux d'Elros.
— Très drôle Elros, le félicita-t-elle en le regardant d'un air blasé. C'est Hucral, la sorcière dont je vous ai parlé hier.
La principale intéressée dévia enfin son regard sur celle qui se trouvait au centre du groupe, Othara. C'était assurément la plus belle des trois, et personne n'aurait pu convaincre l'apothicaire du contraire. Elle avait réalisé des twists sénégalais sur ses cheveux afro et y avait mêlé de très fines mèches dorées, qu'elle avait ensuite plaquée jusqu'en bas de sa nuque. Ses yeux marrons étaient mis en valeur grâce au fard à paupières beige pailleté qu'elle avait mis, et son mascara rouge. Sa bouche n'était pas maquillée, mais son piercing sur le côté de sa lèvre inférieure l'embellit à merveille. Elle descendit son regard et admira son armure en or, ou du moins ses morceaux. Hucral remarqua que par-dessus son ensemble noir, la guerrière avait laissé ses protections d'épaules, de tibia et de ses hanches. Toutefois, même si sa tenue était belle, elle ne servait qu'à embellir encore plus la peau noire d'Othara.
— Tu penses que celle-ci saura trouver ce que tu as ? Demanda cette dernière à l'attention de sa meilleure amie.
Face à sa question l'apothicaire pouffa en les fixant de son regard de marbre, avant de reporter son attention sur ses pétales qu'elle découpa.
— Nous le découvrirons bien assez bientôt ma chère. Qui vous a donné ces fleurs ? Demanda-t-elle à la reine d'un ton plus froid qu'elle ne l'aurait voulu.
Lomion fronça les sourcils et referma son livre violemment. Il se racla la gorge et releva le menton avant de s'adresser à la guérisseuse.
— Surveillez votre ton et votre langage je vous prie, lui ordonna-t-il d'une voix calme mais autoritaire.
La faux du silence s'esclaffa avec une arrogance volontaire et continua de couper un pétale de sa plante, l'ignorant délibérément.
— Je vois que ça vous amuse en plus de ça, fit-il remarquer en persiflant.
Elle donna un dernier coup de ciseaux et les serra dans sa main, avant de se tourner vers lui.
— Ce qui me fait rire c'est que vous vous permettez de me déranger dans mon travail pour me faire des commentaires aussi efficaces que votre présence dans cette pièce, lui reprocha-t-elle en perdant patience. Vous êtes venue ici pour me "gracier" de votre présence et me rappeler l'importance de la personne que je soigne alors que votre existence est insignifiante comparée à ce vaste univers, lui rappela-t-elle en agitant ses ciseaux vers lui comme si c'était une baguette magique. Donc on va faire un truc, soit vous fermez votre clapet et vous me laissez travailler, soit je vous mets à la porte. Pigez ? Et personne ne me donne d'ordre.
Elle fit brûler sa paire de ciseaux sous son nez pour les faire disparaître et lui faire faire un mouvement de recul, avant de se tourner de nouveau vers Titania pour attendre sa réponse, sa main sur sa hanche.
— C'était le troll dont je vous ai parlé tout à l'heure qui nous les avait offertes, avoua-t-elle avec appréhension.
— Ben voyons ça m'aurait étonné, pesta Hucral en levant les yeux au ciel.
Elle observa le groupe de fées qui se trouva toujours au fond de la salle intensément, avant de tilter quelque chose. Elle les regarda avec confusion et se concentra de nouveau sur la reine, espérant qu'elle réponde à sa question.
— Je viens de percuter... Mais il n'est pas censé exister une fée des jardins, de la botanique ou quelque chose dans le genre ?
La reine écarquilla les yeux avant de détourner son regard de la sorcière, qui avait posé sans le savoir une question délicate.
— La dernière fée spécialisée dans ce domaine est morte d'une maladie incurable il y a de cela quelques millénaires... marmonna-t-elle tristement.
L'apothicaire sentit que Titania ne lui disait pas tout, mais elle n'insista pas. Elle prit le pot de fleurs et le leva au-dessus de sa tête pour que tout le monde se concentre.
— Bien, ouvrez grand vos oreilles, ça vaut aussi pour vous le binoclard à lunette, proclama-t-elle agacée. Ces magnifiques digitales sont extrêmement toxiques. Que ça soit en feuilles sèches ou fraiches, c'est mortel, même avec dix grammes. Et certes, il est vrai qu'elle est très efficace pour les traitements cardiaques, continua-t-elle en prévision de leurs remarques, cependant son utilisation est devenue illégale en raison de son instabilité et de son imprécision.
Elle posa le vase et attrapa l'encens qui reposait sur le bureau de la salle.
— Quant à ça, j'en déduis que c'est du laurier-rose au vu de l'odeur ? Demanda-t-elle en signe de confirmation.
Ils hochèrent tous la tête, se préparant à apprendre des choses encore plus horribles.
— C'est tout aussi nocif, car vous faites brûler les branches, les informa-t-elle détachée. La fumée provenant de la combustion est mortelle. Tout comme l'eau des ruisseaux qui ont baignés dans ses racines d'ailleurs.
— Mais alors, comment peut-on faire ? Demanda la reine déroutée.
— Ça ne va pas se faire en un jour. Il va falloir me débarrasser de cette digitale, et arrêter de brûler le laurier. Pour ce qui y est de votre maladie, est-ce que vous avez des vertiges ou bien des évanouissements ? Énuméra-t-elle déjà fixée. J'ai peut-être une idée.
La reine hocha la tête, stupéfaite que celle qui ne sort jamais de chez elle en sache autant.
— Vous êtes simplement atteinte de la bradycardie. Avant que vous ne me demandiez ce que c'est, c'est une arythmie associée à un rythme anormalement lent du cœur. Et les plantes ont dû empirer votre état.
— Oh mais c'est horrible...
Hucral regarda la reine perdre son assurance et perçut de la terreur dans son regard. Elle s'agenouilla et mit sa main sur son épaule, tout en prenant une voix une plus douce pour la rassurer.
— Malheureusement je ne peux pas la faire disparaître. En revanche, on peut la traiter, enchaîna-t-elle pour éviter d'effrayer d'avantage la reine. Pendants les prochains jours, je vais seulement vous soigner avec ma magie, ensuite nous allons incorporer petit à petit les médicaments pour voir si vous les supportez. Mais pour ça, il faudra que vous restiez au lit, d'accord ?
— Mais je ne peux pas, le troll va revenir pour d'autres négociations.
— J'en fais mon affaire ne vous en faites pas, la rassura-t-elle en lui tapotant l'épaule.
Elle se releva et se tourna vers le groupe de fées.
— Quant à vous j'aimerais que vous rassembliez toutes les fleurs de vos jardins pour demain, comme ça on pourra faire un remède ensemble. Vous pouvez disposer.
Ils quittèrent la salle en silence, ne laissant plus que Titania et ses conseillers présents.
— Quand doit-il revenir ? Lui demanda Hucral tout en broyant la fleur dans sa main pour la mettre dans un flacon.
— Après demain.
— Lomion, c'est vous qui organisez les rencontres de ce genre ?
— Oui, cependant je ne m'occupe que des rencontres officielles, clarifia-t-il sans condescendance.
— Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Demanda la sorcière en haussant un sourcil, réellement curieuse.
— Ce qu'il veut dire, intervint Elros en s'avançant, c'est qu'il ne s'occupe pas des rencontres lambda. Le troll qui revient dans deux jours n'est pas envoyé par son roi pour des raisons qui le concerne lui et notre reine, il y va de son propre chef, à des fins purement personnelles.
— Donc, s'il disparaissait mystérieusement, il ne sera pas au courant ? Lui demanda-t-elle en guise de confirmation en ayant déjà le cerveau qui travailla à toute vitesse.
Ils hochèrent tous la tête et ne purent s'empêcher de se questionner sur les intentions de la femme aux cheveux écarlates.
— Qu'est-ce que vous avez dans la tête Hucral ? Lui demanda Lomion suspicieux.
Tandis qu'elle se dirigea vers la reine pour placer ses mains sur ses tempes, elle ne put s'empêcher de ricaner face à sa question.
— Croyez-moi, vous ne voudriez pas savoir.
Une lueur verte engloba le corps de Titania pendant quelques secondes, puis Hucral se rapprocha de son cœur pour écouter ses battements.
— Bon, votre rythme cardiaque n'est plus affecté par votre maladie, conclut-elle fièrement. Demain nous préparons le remède et je le testerais avant de vous le donner.
Elle rangea ses flacons dans son petit sac et se dirigea vers la porte, prête à partir, quand Titania l'interpella une dernière fois.
— Merci beaucoup Hucral, pour tout.
Cette dernière se contenta de sourire en baissant lentement la poignée.
— Je ne fais que mon travail Votre Altesse.
Et de partir.
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— Un bulbe de jonquille, et un peu de laxatif, lista Hucral en ajoutant les ingrédients à sa mixture. Il ne reste plus qu'à mélanger.
Un liquide d'un violet fluo se créa dans son mini chaudron, ce qui colla un sourire machiavélique sur le visage de la sorcière. Elle sortit deux flacons vides de son sac et les remplie de sa potion, se préparant à vivre le meilleur fou rire de sa vie. La sorcière les disposa dans son support pour tube à essais, pour donner l'impression que ce n'était pas un mauvais tour, et écrivit même dans son livre de faux effets.
— On va partir sur du renforcement musculaire, des améliorations au niveau des sens et de la digestion, un teint plus lumineux et peau hydratée.
Elle termina sa page par la phrase "Testez et approuvé" avec sa signature, pour bien les mettre en confiance. Ensuite, elle but une potion d'invisibilité et s'installa au fond du couloir.
— (Je suis vraiment la gamine que je pense être. Mais bon, je ne reprends le travail que demain, alors je peux me venger ce soir, pour rigoler un peu.)
Cependant au bout d'une heure d'attente, elle ne vit toujours personne.
— Pff je m'ennuie, se plaignit-t-elle en levant les yeux au ciel. Et en plus j'ai faim.
Elle jeta un coup d'œil à sa montre mais ne vit rien à cause de sa potion. Elle soupira et se leva pour aller à la fenêtre incrustée dans le bois. Elle l'ouvrit et se pencha pour observer l'emplacement de la Lune attentivement.
— Il doit être entre 23 h 30 et 00 h, conclut-elle en reculant pour la refermer. Logique que j'ai faim j'ai oublié de prendre mon deuxième dessert.
Elle retourna au fond du couloir et s'écroula sur le sol. Elle soupira et s'apprêta à fermer les yeux quand elle entendit des bruits de pas venir dans sa direction.
— (Enfin un peu d'action !)
Elle se leva et observa silencieusement les deux fées qui s'étaient arrêtées devant sa porte.
— (La brune aux yeux marron c'est Astal, et l'autre rigolo aux cheveux blond platine et aux yeux blancs c'est Aerin. En plus de ça ils sont frères et sœur. Ça promet.)
Astal entrouvrit la porte de la sorcière pour y glisser son regard et essayer de la repérer. Tandis qu'elle l'ouvrit encore un plus pour se pencher, Hucral marcha sur la pointe des pieds pour se rapprocher d'elle, et lui souffla légèrement sur l'oreille.
— Arrête Aerin tu sais que je déteste ça, pesta-t-elle en se grattant l'oreille avec sa main.
— Mais je n'ai rien fait, lui avoua-t-il d'un air confus.
— Mes fesses ouais.
Elle finit par pousser entièrement la porte et remarqua instantanément les potions.
— Mince elle n'est pas là, soupira Astal. Aerin, va examiner les potions de plus près pendant que je regarde le reste.
Son frère lui fit un tchek et se dirigea vers le bureau d'Hucral, lui aussi sur la pointe des pieds. Il repéra le fameux livre et le feuilleta en silence. De l'autre côté, Astal fouillait dans son sac, ou elle y trouva son matériel de dessin, ses potions pour la reine et ses armes.
— (Non mais je rêve où elle touche mes affaires ?! Elle a intérêt à tout ranger parfaitement.)
Sa sœur continua ses recherches quand elle se prit les pieds dans le katana de la sorcière, qu'elle avait calé contre le mur.
— Astal regarde où tu mets les pieds, je ne donne pas cher de notre peau si elle apprend qu'on est venu ici, la blâma-t-il gavé.
— (MON SABRE PUTAIN.)
— Ça va c'est bon, pas besoin d'en faire tout un fromage.
Elle se releva et tendit sa main vers le sabre pour le ramasser, quand elle s'arrêta à quelques centimètres de son manche. Elle se pétrifia sur place et ne put dévier son regard de son fourreau, qui cacha sa lame. Une terreur inexplicable commença à lui prendre aux tripes quand son frère posa sa main sur son épaule, la faisant ainsi sursauter et sortir de sa transe.
— Ça va sœurette ? Lui demanda-t-il inquiet. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Elle secoua la tête et se releva, encore un peu dans les vapes.
— C'est difficile à décrire, lui avoua-t-elle d'une petite voix, j'avais l'impression que ma conscience était en train de se faire aspirer par quelque chose. Quelque chose de terrifiant.
Elle se baffa le visage et reprit son sourire farceur habituel, et se dirigea vers le bureau.
— Tiens, prends-en une, dit Astal en lui tendant une fiole. Les effets ont l'air incroyables d'après ce qui est écrit.
Son frère prit la fiole et la regarda sous tous les angles, très peu confiant à cause de la couleur, avant de hausser les épaules en signe d'abandon.
— Santé, trinquèrent-ils en ricanant.
Ils burent les mixtures cul-sec, avant de grimacer.
— Mais c'est dégueulasse !
— Tu sais ce qu'on dit ma sœur, les remèdes les plus infects sont les plus efficaces.
— Oui c'est sûr. Bon on y va, avant qu'elle ne revienne.
Ils fermèrent la porte et sortirent sur la pointe des pieds en vitesse, de peur de se faire prendre. Quant à Hucral, elle ramassa son sabre et remit en ordre tout ce qu'Astal avait touché, et mis son pyjama en riant.
— Ola là, j'ai hâte à demain rien que pour voir leur état. Enfin, s'ils arrivent à venir, ça sera déjà bien.
Sur cette note d'euphorie, Hucral se coucha, le sourire jusqu'aux oreilles.