— Bien, tout le monde est là ? Vérifia Hucral en haussant le ton. Une minute, où sont Astal et Aerin ?
— Ils n'ont pas pu venir pour une raison inconnue, affirma une fée confuse.
— Mmh je vois. (J'utilise toute ma force mentale pour ne pas éclater de rire, mais je sens que je vais bientôt lâcher.)
Pendant que la sorcière ria intérieurement, extérieurement, elle prépara un médicament pour la reine, avec l'aide de ses sujets et de ses conseillers. Elle commença par leur apprendre les propriétés des fleurs qu'ils possédaient, tout en leur spécifiant des détails à ne pas négliger. Ils récoltèrent les fleurs que leur demanda la sorcière et elle leur expliqua comment faire les bonnes doses pour ce genre de soins. En même temps qu'Hucral donna ses cours, elle fit léviter son carnet et sa plume pour noter les plans qui lui vinrent en tête pour la venue du troll demain. Elle se rappela sans cesse qu'elle devra faire attention au choix de ses mots et de ses actions, histoire de ne pas l'étriper quand elle l'apercevra.
De l'autre côté, sous les instructions précédemment données par l'apothicaire, Othara et son groupe arrachèrent les lauriers-roses et les digitales pourpres, ce qui permis à l'eau et à la terre d'être désintoxiquées. Quand l'aguille de sa montre annonça 10 h 32, Hucral et les fées avaient fini de concocter le remède pour leur reine. Elle prit alors un poison pour ralentir ses battements de cœur et attendit qu'il fasse effet.
— Vous êtes folle, lui dit Elros horrifié, il n'y a que vous pour vous empoisonner volontairement.
— Je vous rappelle que je suis une sorcière immortelle, lui confia-t-elle en prenant un verre d'eau, et depuis que j'ai arrêté les tentatives de suicides, je vous avoue que je n'ai pas grand-chose à faire de ma vie.
Elle avala le cachet cul-sec, avant de tirer la même grimace qu'Aerin et Astal hier. Après avoir réalisé toutes ses tâches, notre étoile se rendit dans la salle où reposa Titania. En même temps qu'elle lui prodigua les soins, la sorcière n'arrêta pas de lui narrer avec un sourire d'enfant les prouesses qu'elle et ses sujets avaient accomplies aujourd'hui.
— Et donc je leur ai donnée des copies de mon livre, conclut-elle en refermant la fenêtre. Mais seulement les parties nécessaires, parce qu'on n'est pas à l'abri que quelqu'un s'en serve pour de mauvaises raisons.
La reine ricana et se leva de son lit, ce qui attisa la curiosité de l'apothicaire.
— Désolé, s'excusa-t-elle soudainement timide, je ne pensais pas qu'un jour je parlerais autant. Je devrais peut-être me-
Titania l'enlaça avec tendresse, et Hucral passa lentement ses bras autour de sa taille, désorientée par ce geste si soudain.
— Je te remercie Hucral, lui confia-t-elle tendrement.
Un point de chaleur se glissa dans la poitrine de l'apothicaire, et elle retint de toutes ses forces ses larmes. Elle resserra légèrement sa prise et resta encore dans ses bras quelques instants, avant de se dégager avec hésitation de son étreinte et de lui sourire.
— Il n'y a pas de quoi, répliqua-t-elle d'une voix douce.
Elle rassembla ses affaires et s'inclina une dernière fois, avant de s'en aller. Quand elle referma la porte derrière elle, elle tomba nez à nez avec les frères et sœurs, ce qui la fit sursauter.
— Oh mon dieu je suis désolée madame Naught, paniqua Astal en écarquillant les yeux, on ne voulait pas vous faire peur.
— Ce n'est rien voyons, la rassura-t-elle en ricanant. J'étais dans mes pensées.
— Vous avez fini de prodiguer les soins à notre reine ? Lui demanda Aerin pour changer de sujet.
— C'est exact, je m'apprêtais d'ailleurs à retourner à mes appartements, leur confia-t-elle intriguée. Ça vous dit de m'accompagner ? Quand on cherche à s'excuser, on préfère toujours un endroit calme.
Tandis que la guérisseuse traça son chemin jusqu'à sa chambre, les deux adolescents se regardèrent avec choc. Quand ils la rejoignirent, elle était en train de refaire son lit et d'aérer la pièce. Voyant qu'ils étaient là, elle se retourna pour leur faire face et les inviter à s'asseoir.
— Je suis désolée, mais il n'y a pas de chaise dans cette chambre, leur expliqua-t-elle en soupirant, donc je ne peux que vous proposer mon lit.
— Comment vous avez su qu'on venait pour voir pour cette raison ? Lui demanda Astal tandis qu'Hucral débarrassait le peu d'affaires qui traîna sur son bureau pour s'asseoir dessus.
— Parce que tu viens de me confirmer la raison de votre présence ici.
Comme s'ils étaient un esprit dans deux corps différents, ils inclinèrent la tête sur le côté, avec la même expression d'incompréhension.
— Tu as répondu à ta propre question en me la posant, clarifia-t-elle blasée. Tu aurais très bien pu être ici pour une autre motivation. Mais ce n'est pas le cas. Ça veut dire que vous venez vous excuser auprès de moi, car vous avez fait quelque chose dans mon dos que vous n'auriez pas dû.
Ils ouvrirent la bouche en même temps, signe qu'ils avaient compris.
— J'accepte vos excuses mais à une condition.
— Mais on a encore rien dit, répliqua le frère en fronçant les sourcils.
— C'est inutile, je sais ce que vous avez fait.
— Et vous n'allez pas nous punir ou nous tuer ? Lui demanda Astal interloquée.
— Mais je vous ai déjà punis, lui fit remarquer la sorcière.
Ils n'eurent même pas le temps de comprendre sa phrase qu'ils percutèrent ce qu'elle a voulu dire.
— La potion...
— Bien vu génie, l'acclama la sorcière d'un ton ironique.
— C'était vache quand même, y a intérêt à ce que vous vous soyez marré, lui dit Aerin d'un ton boudeur.
La sorcière étouffa son rire pour rester sérieuse, mais de fines larmes ruisselèrent sur ses joues.
— C'était l'un des meilleures fou rire que j'ai eu de ma vie si tu savais, lui avoua-t-elle en séchant ses pleurs.
Elle expira bruyamment et se racla la gorge, pour se reconcentrer.
— Enfin peu importe, reprit-elle de sa voix habituelle. Ma condition est que vous serviez de cobaye pour mes futures expériences, pas mortelles, pendant les deux prochains millénaires.
Ils écarquillèrent les yeux et la regardèrent avec choc, regrettant instantanément ce qu'ils avaient fait hier. Alors qu'elle contenu son rire, elle remarqua l'air préoccupée qu'arborait Astal.
— Comment tu te sentais aujourd'hui ? Lui demanda-t-elle préoccupé.
Elle la regarda, comprenant très bien à quoi elle faisait allusion. Elle fixa le sol et essaya de chercher les mots qui pourraient décrire avec précision ce qu'elle avait ressenti hier. Une boule d'angoisse se coinça dans sa gorge et elle déglutit, avant d'ouvrir la bouche.
— Je vous avoue que je n'en sais trop rien, lui confia-t-elle à voix basse. Quand j'ai voulu le prendre, je n'ai même pas eu le temps de le frôler que... je sais pas... j'ai comme senti mon être tout entier se faire emporter. J'avais l'impression de suffoquer et d'être prisonnière pour toujours dans l'un de mes pires cauchemars. J'étais tétanisée.
Hucral se leva et s'avança jusqu'à elle, pour mettre la main sur son épaule. Elle leva la tête et la regarda avec des yeux remplis d'incompréhension et de peur.
— Je ne suis pas sûr que vous me répondrez, mais... qu'est-ce qui se trouve dans ce sabre ?
Elle enleva sa main de son épaule et détourna le regard, laissant la culpabilité la ronger petit à petit.
— Je... Je ne peux pas te le dire. Je suis désolée.
Astal lui sourit tendrement et ils se levèrent pour refaire son lit.
— Ne vous excusez pas pour ça Hucral, la rassura-t-elle d'un ton doux. Le principal, c'est que vous nous pardonnez et que tout le monde aille bien, le reste importe peu.
Voyant que la sorcière ne réagissait pas, ils décidèrent de s'en aller pour la laisser dans ses pensées. Cette dernière soupira et se baffa le visage, avant de prendre son matériel de dessin et son carnet, pour mettre en forme son plan. Elle cala son dos contre le mur et lévita légèrement au-dessus du sol, et commença à griffonner les dialogues. Cependant, elle resta coincée au bout de trois phrases.
— Non ça ne va pas, rouspéta-t-elle en déchirant sa feuille. Je ne comprends pas pourquoi je me casse autant la tête, je pourrais juste l'assommer et le retenir prisonnier, non ?
Même si elle était convaincue de son idée, Hucral claqua des doigts pour faire apparaître son paquet de cartes.
— Ça me rappelle tant de souvenirs, se remémora-t-elle nostalgique.
Dans l'une des anciennes vies de Lycair, la faux du silence l'avait rencontré en tant que divinatrice. Ainsi, avant de devenir une sorcière, Hucral avait appris à prédire l'avenir avec Lycair en guise de professeure. Grâce à Hucral qui s'amusait à faire flotter les cartes pour les tirages, la clientèle avait doublé. Toutefois, ses prédictions étaient souvent erronées, ce qui la contrariait. Quand Lycair perdit la vie des années plus tard, l'apothicaire avait décidé de se créer ses propres cartes. Cependant, elles avaient un but un peu plus... macabre. Elle piocha une des cartes qui flottaient autour d'elle et fit disparaître les autres d'un revers de main.
— C'est assez basique comme mort, mais pourquoi pas.
Elle reprit son carnet et au lieu de faire des dialogues, elle réalisa des croquis de toutes les situations possibles et inimaginables qui pourrait se produire. Coup bas, combats, tout pouvait arriver. La divinatrice était tellement absorbée dans son travail, qu'elle ne se rendit même pas compte qu'au bout d'une longue heure de travail acharné, elle s'endormit.
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Tandis qu'Hucral s'était assoupie en flottant, la porte de sa chambre s'ouvrit violemment. Elle hurla de peur et s'écroula sur le sol la tête la première.
— Non mais vous dingues où quoi !
Elle s'apprêta à piquer une crise quand elle se rendit compte que la reine était la responsable. Elle se releva rapidement et se précipita vers elle, en lui tournant autour pour vérifier que tout allait bien.
— Majesté, vous êtes souffrante ? S'enquit-elle alarmée.
— C'est plutôt à moi de vous poser la question, rétorqua la reine inquiète.
Elle se remit face à elle et haussa un sourcil.
— C'est-à-dire ?
— On m'a rapporté que vous vous étiez pendue, lui annonça-t-elle gravement.
Un blanc aussi grand que l'âge de la divinatrice s'installa, ce qui la rendit sans voix.
— Alors techniquement, vous avez raison, mais c'était il y a très très longtemps. Et je dois vous avouer que je n'aime pas trop cette technique, parce qu'après j'ai des irritations sur le cou et elles mettent des semaines à partir à chaque fois, lui expliqua-t-elle en grimaçant.
Titania fixa Hucral d'un regard désespéré et se contenta de soupirer. Elle lui tapota l'épaule et s'en alla, comme si de rien n'était.
— Bah, qu'est-ce que j'ai dit ?
L'apothicaire haussa les épaules et retourna à ses dessins pour peaufiner les derniers détails avant la rencontre.
— Ça doit être une fée, supposa-t-elle en relisant son croquis. Quand je dormais, j'ai senti sa présence un court instant, mais peu importe. Le pédophile vient vers 14 h, et il est 12 h.
Elle donna un autre coup de crayon quand elle réalisa ce qu'elle venait de dire.
— Oh punaise il est midi...
Elle laissa tomber ses affaires et partit en trombe de sa chambre.
— C'EST L'HEURE DE MANGER YOUPII !
Le palais de la reine des fées était très particulier. Pour un avantage stratégique et pratique, elle avait pris la décision de creuser l'intérieur du tronc du grand arbre sacré et ses branches, pour y incruster des pièces. Ainsi, chaque branche de l'arbre comportait une salle spécifique, comme des chambres, des cuisines, des stocks d'armes et de sorts.
Quant au tronc, il possédait d'un côté un site d'entraînement, et de l'autre, une grande salle à manger où tout le monde se réunissait. Elle traversa la salle de réunion et descendit les escaliers en colimaçon à toute vitesse, et sautilla de joie jusqu'à la porte, juste avant de s'arrêter pour reprendre son sérieux. Quand elle entra dans la pièce, sa mâchoire se décrocha et elle écarquilla les yeux. La salle tout entière était sculptée dans le bois, les bordures étaient peintes en doré.
De grandes tables rectangulaires formèrent un U, ce qui permettait à tout le monde de prendre aisément la nourriture. Elle remarqua aussi des flux de particules de magie qui se dégagèrent du bois et qui virevoltèrent dans les airs.
— Ferme ta bouche Hucral sinon tu vas manger les mouches, lui conseilla une inconnue.
D'instinct, elle s'exécuta puis se retourna et vit que c'était Mylène. Elle rigola face à sa remarque avant que son regard ne dévie sur son avant-bras, mal recousu.
— Je dois t'avouer que c'est un peu douloureux, lui confia-t-elle en souriant. En plus, il recommence à tomber.
Pour prouver ses propos, elle agita légèrement son bras, ce qui le fit tomber sur le sol. Elle siffla de douleur et grimaça, avant de le ramasser et de le garder sous son autre bras. La voyant faire, la sorcière secoua la tête.
— On va faire autrement. Maintiens-le à quelques centimètres de ta blessure comme si tu t'apprêtais à le recoller, lui ordonna-t-elle en la fixant.
La fée fronça les sourcils, mais s'exécuta sous le regard de la divinatrice. Cette dernière sortit une aiguille de sa poche, et un fil à la lueur violette apparu.
— Suture au fil stellaire.
Une lumière violette jaillissait du bras de Mylène et des centaines de fils dansèrent entre eux tandis qu'Hucral cousu son bras, sous son regard ébahi. Elle essaya de définir les différents mouvements qu'elle réalisa, mais elle n'arriva pas à les suivre à l'œil nu. Sa rapidité était telle, qu'en moins de dix secondes, elle termina.
— Bien, j'ai recousu la peau, les os, les cellules et tes vaisseaux sanguins, tu es pratiquement comme neuve, lui expliqua-t-elle concentrée.
Elle vérifia qu'elle n'avait pas fait d'erreurs, et tira d'un coup sec son fil magique. Le bras de la guerrière se recolla, et seule une fine cicatrice était visible tout autour de ce dernier. Ahurie, cette dernière ouvrit et ferma son poing, comme si elle essaya de se convaincre qu'elle ne rêvait pas.
— Comme je t'ai soigné avec cette magie, la cicatrice ne partira pas avec le temps, lui avoua-t-elle d'un ton désolé, à moins que je me serve d'un autre sort pour la faire disparaître. Dans tous les cas, la décision te revient.
Mylène ne répondit pas et se jeta dans les bras de la sorcière pour l'enlacer de toutes ses forces. Cette dernière lui caressa la tête, pour compenser le fait qu'elle ne lui rendit pas son étreinte.
— Je suis désolée pour ce jour-là.
Mylène s'éloigna d'elle et lui fit un grand sourire, ce qui surpris la divinatrice.
— Je te pardonne à condition qu'on aille manger, parce que j'ai une faim de loup !
La sorcière hocha la tête en signe d'affirmation et elles coururent vers les tables tout en rigolant. Avec maintenant son deuxième bras de retour, Mylène prit une assiette et y déposa tout ce qui lui faisait envie. Quant à Hucral, elle pointa du doigt chaque encas différent pour les faire flotter dans les airs, avant de rejoindre la guerrière sur un banc en bois avec des coussins noirs.
— Tu sais, je voulais viser ta tête à la base, lui avoua l'apothicaire la bouche pleine, mais je me suis loupée.
La guerrière éclata de rire, jusqu'à en pleurer et presque s'étouffer. Elle toussa un bon coup et reprit son souffle, avant de repartir à rire.
— Punaise mais t'es vraiment nulle, constata-t-elle en continuant de rire à gorge déployée.
Hucral lui tira la langue avant de lui voler le dernier morceau de viande qui restait sur sa brochette.
— Je t'emmerde, rétorqua-t-elle en feignant d'être vexée.
La divinatrice la joignit dans son fou rire, jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive qu'il était 13 h 41 sur une horloge de la salle. Elle écarquilla les yeux et avala sa nourriture, avant de se tourner vers Mylène.
— Dis, le troll que je reçois cet après-midi, tu le connais ?
Elle leva un sourcil et piqua un de ses petits fours avec son cure-dent.
— Non je ne l'ai jamais vu, pourquoi ? S'enquit-elle suspicieuse.
Elle lui prit l'assiette des mains et la fit flotter dans les airs, pour capter son attention sur la conversation.
— Tu penses pouvoir m'aider avec quelque chose ?
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— Par l'origine j'ai envie de dormir, maugréa-t-elle épuisée. Je dors toujours après le repas du midi normalement.
Alors qu'elle était avachie sur une table ronde installée dans le jardin, elle se redressa soudainement et se donna quelques baffes au visage pour se réveiller. Elle se frotta les yeux et se leva pour mieux admirer les jardins royaux, qui étaient très simples. Les parterres, composés de nouvelles fleurs aux couleurs vive telles que le jaune et l'orange, étaient identiques à ceux de sa maison. Toutefois, les fleurs étaient plantées de sorte à former des bordures pour les chemins qui menaient au palais et au village des fées, et des spirales aux couleurs éclatantes. Elle passa sa main dans les pétales de fleur quand elle sentit deux âmes approcher. Elle se redressa et se dirigea dans l'embrasure du tronc, là où était cachée Mylène.
— Il est là ? Lui demanda-t-elle en gardant ses yeux fermés pour rester concentrée.
Après avoir demandé son aide lors du déjeuner, Hucral avait entraîné Mylène à cacher sa présence, et à la faire réapparaître lentement pour qu'elle n'éveille aucun soupçon, avant de masquer son odeur avec un sort.
— Oui malheureusement, pesta-t-elle dans sa barbe. Tu t'en sors de ton côté ?
Cette dernière hocha la tête pour éviter de parler, avant de reprendre un rythme de respiration régulière.
— (Bon, surtout ne le tue pas. Reste concentré.)
Elle observa une fée escorter le troll, qui avait encore une fleur à la main.
— Votre hôte ne va pas tarder à arriver, lui affirma-t-elle avec indifférence. Je vous prie de patienter.
Cette dernière s'éclipsa en s'inclinant, et Hucral attendit quelques minutes avant de sortir de sa cachette, comme si de rien n'était. Quand elle s'avança vers lui, elle ne put s'empêcher d'être choqué, malgré l'inexpressivité de son visage. Contrairement à ce qu'elle pensait, les trolls n'étaient pas si affreux que ça. Celui-ci avait les cheveux mi-longs bruns, avec un corps d'athlète. On pouvait voir à sa grande mâchoire, qu'il avait des dents monstrueuses, et ses grands yeux sombres vous donnait l'impression d'être perdu dans un trou noir.
— (IL FAIT 2m10 ?! Je fais à peine 1m74 c'est quoi cette arnaque.)
Quand il croisa son regard, il s'approcha d'Hucral, jusqu'à ne plus être qu'à quelques centimètres d'elle. Il se contenta de la regarder en souriant, tandis qu'elle le fixa comme si elle inspecta chaque parcelle de son âme. La panique commença à le gagner et une boule d'angoisse se forma dans son estomac, comme si sa conscience toute entière se retrouva dans un néant froid et solitaire. Il se sentit comme transporté dans son regard, qui semblait annoncer un présage de mort. N'étant plus capable de continuer ce petit jeu, il déglutit et s'éloigna d'elle, une goutte de sueur glissant sur son visage.
— À qui ai-je l'honneur ? Demanda-t-il légèrement inquiet.
— La nouvelle représentante officielle la reine, l'informa-t-elle d'une voix douce. (Celle qui va te faire la peau.)
Il ricana, comme si on lui avait dit la blague la plus drôle du monde.
— Je vois, mais je préférerais connaître votre nom Madame Scarlett.
— Vous n'avez pas besoin de le savoir, déclina-t-elle en souriant. (Madame Scarlett?)
— Compris, Madame Scarlett. Dans tous les cas, je suis enchanté de vous rencontrer, concéda-t-il en se préparant à lui embrasser la main.
— Moi de même, répliqua-t-elle en l'esquivant. Que diriez-vous de parler affaires ? (Bon, vu son comportement, il ne crachera pas le morceau si facilement. Et je refuse d'être aussi joueuse que lui, je préfère faire la gentille fille naïve.)
Quand ils prirent place à table, elle fixa la plante qu'il tenait d'un regard faussement intrigué.
— C'est une jolie fleur, remarqua-t-elle tendrement. Comment elle s'appelle ?
— Je savais qu'elle allait vous plaire. C'est du brugmensia.
— Elles ont même des baies, c'est très charmant. Elles ont des particularités ? Demanda-t-elle innocemment.
— Pourquoi je vous le dirais alors que vous pourriez le découvrir par vous-même ? Demanda-t-il d'un ton narquois. Ça serait moins divertissant.
— Comment ça ? (Ça sera divertissant quand je vais t'emmener dans le néant de mes mains.)
Il ricana face à sa demande, avant de la regarder d'un air malfaisant, tout en souriant.
— Que diriez-vous d'une tisane ?