Environ huit siècles s'étaient écoulés depuis la mort de Lycair, enfin selon les dires d'Hucral, car il y a quelque temps, elle avait malheureusement commencé à perdre le compte. Cependant, elle la dessina toujours, que ça soit ses mains, son visage, son corps ou même son âme, du moins comment elle l'imagina. Au fur et à mesure du temps, elle rendit de plus en plus visite à Titania, qui est devenue pour elle la sœur qu'elle n'a jamais eue.
Elle allait aussi voir Mylène, qui était devenue une de ses amies les plus proche, pour s'entraîner avec elle. Elle passait aussi du temps avec Aerin et Astal et n'hésita pas à se servir d'eux comme cobayes pour ses expériences non mortellement dangereuses. Du coté des conseillers de sa sœur, qu'elle avait appris à connaître avec le temps, elle enseigna aussi des techniques de combat qu'elle connaissait grâce à ses aventures à Othara, et inversement.
Durant les poses qu'elles faisaient après leurs combats, Othara lui parlait de ses parents qui malgré leur gentillesse et leur merveilleuse éducation, n'avaient pas accepté le fait qu'elle soit bisexuelle. Elle lui narra aussi qu'après cette révélation, les journées chez elle était une torture et qu'elle passait le plus de temps qu'elle pouvait dehors, à s'amuser à la bagarre avec ses amis. Quand elle avait aussi annoncé à ses parents qu'elle voulait rejoindre l'armée de Titania, cela avait été la goutte de trop et ils l'ont mise à la porte.
Quand elle avait entendu ça, la sorcière était tellement frustrée et en colère et cassait son sabre en bois chaque fois qu'elle donnait un coup dans les airs. La guerrière lui partagea aussi les sentiments qu'elle pensait éprouver pour la reine lorsqu'elle l'avait recueilli, et où elle s'était rendu compte que ce n'était pas de l'amour mais de la reconnaissance et de l'admiration.
Du côté du chef des armées, pendant ces huit longs siècles, Elros exigeait toujours la présence de la sorcière quand il s'agissait de prendre soin de sa chevelure brillante car selon lui, "le savoir-faire d'une sorcière vaut toutes les étoiles de l'univers". Ainsi, leurs séances de coiffures étaient devenues peu à peu des moments de confession, ou chacun pouvait se libérer sans peur d'être jugé. Elros lui avait alors raconté qu'après-avoir quitté sa femme, il avait pris la décision d'adopter une petite fille, car c'était son rêve de devenir père.
Il lui parlait de ses comportements qui le rendaient gaga, de ses jolis cheveux de princesses, de son sourire aussi brillant qu'une étoile et de son envie de la protéger et d'être un papa poule avec elle. Mais quand sa fille n'avait même pas dix ans, elle avait péri dans un incendie qui s'était déclenché chez son amie avec qui elle jouait. Il n'a plus jamais été le même depuis ce jour, et il ressentait depuis tout ce temps ce vide dans son cœur chaque fois qu'il voyait un père enlacer ses enfants, jusqu'à en pleurer. Après cette confession, la sorcière l'avait pris dans ses bras pour le réconforter.
— Si ma fille avait été encore vivante, elle serait aussi belle, douce et gentille que toi, lui avait-il confié de sa voix grave.
Quand elle avait entendu ses paroles, elle n'avait plus la force de retenir ses larmes.
— Tu as perdu ton enfant tandis que j'ai perdu ma mère. Au final, nous ne sommes pas si différents que ça, avait-elle rétorqué de sa voix frêle.
Elle n'aurait jamais aussi pensé éprouver de la compassion pour Lomion, le stratège. Ce dernier détestait parler de ses émotions comme elle, mais en passant plus de huit cent ans à se côtoyer et à se supporter, nous ressentons toujours le besoin de dire ce que l'on a sur le cœur, au risque d'imploser.
— Mes parents n'avaient pas de diplômes, avait-il commencé à lui expliquer, donc nous étions très pauvres. Ma petite sœur avait échoué dans ses études et nous ne pouvions pas nous permettre de lui donner une seconde chance, donc mes parents plaçaient tous leurs espoirs en moi, ce qui m'a conduit à une dépression sévère. J'ai même essayé de me suicider le jour de la remise des diplômes, car j'avais eu peur d'échouer.
Quand la divinatrice avait appris ça, son cœur s'était serré et elle se sentit soudain moins seule. Il avoua avoir obtenu son diplôme au centre de soin, ou il avait fondu en larmes. Après cet événement, il avait décidé de quitter la maison sans dire mot, mais d'envoyer de l'argent à sa famille anonymement, pour subvenir à leurs besoins.
— Je sais que c'était une réaction excessive, avait-il admit tout en continuant son travail, mais j'étais trop jeune pour comprendre que la communication aurait pu recoller les morceaux. Parfois, je me dis même que si mes parents n'avaient été autant sur moi, peut-être que je ne serais pas celui que je suis aujourd'hui, mais ce qui est fait est fait. Je ne peux pas revenir en arrière et retourner les voir alors que je vis comme un fantôme depuis des millénaires.
Depuis ce jour, Hucral ne se sentait pas aussi proche de lui qu'avec les autres, mais elle avait le sentiment que leur histoire les liait, et que c'était le genre d'amis qui te disaient ce que tu dois entendre et non ce que tu veux.
Elle alla aussi voir le roi des elfes et leur prisonnière, car il y a de cela trois cent ans, ils avaient enfermé pour la première fois la reine dans les cachots situés sous le palais de cristal. Depuis, la sorcière n'eut besoin de venir la frapper que deux fois. Entre-temps, le roi avait répandu la rumeur comme quoi son épouse était atteinte d'une maladie incurable. De plus, il avait chargé les meilleurs soigneurs de chercher un remède, histoire de rendre son mensonge plus crédible. Mais ils ont fait chou blanc, comme prévu.
En-dehors de cette affaire, Hucral en avait profité pour avouer au roi qu'elle avait réalisé qu'elle travaillait illégalement, et elle avait tellement peur d'être réprimandé qu'elle avait dégainé son katana et sa dague en même temps. Heureusement pour elle, et surtout pour lui, ce dernier était très reconnaissant envers la sorcière, et voyant ses dons de guérison, il avait décidé de faire comme s'il n'avait rien entendu et l'a laissé continuer à exercer sa profession. En sachant cela, Hucral avait pleuré de joie, car elle avait pensé à tout le raisin qu'elle pourrait continuer à manger.
Pour fêter sa victoire, elle allait aussi narguer la reine dans les cachots de temps en temps, pour rigoler un peu. En revanche, il n'y avait qu'Hucral qui s'amusait durant ces moments. Le reste de son temps, elle continua de vivre normalement avec Stella, de préparer les repas, de mettre à jour son livre de découvertes, et d'aller au travail, ou elle acceptait des patients pas très intéressants à ses yeux. Jusqu'au jour où un blessé particulier vient à elle.
— Pas question, déclina-t-elle froidement. Je préfère passer ma vie d'immortelle à chercher un moyen de me tuer que de soigner un troll.
— Hucral ce n'est qu'un enfant, rétorqua son chef désemparé, il n'a pas encore eu le temps de faire quelque chose de mal que tu le juges déjà.
— Qu'est-ce que vous en savez d'abord ? Je ne pense pas que vous habitiez dans leur royaume à ma connaissance, enchaîna-t-elle en croisant les bras.
Désespéré, il soupira et lui dit une dernière chose avant de partir.
— Je te demande au moins d'y réfléchir, la pria-t-il en dernier espoir. Je sais que ses jours ne sont pas en danger, mais tu as une semaine maximum pour te décider. Passe ce délai et tu en subiras les conséquences.
Il partit sans se retourner, laissant ainsi Hucral seule dans ses pensées. Cette dernière soupira bruyamment, épuisée par la situation dans laquelle elle se trouva. Elle était à deux doigts de changer de planète pour recommencer une nouvelle vie, mais cela reviendrait à abandonner face à l'adversité.
— Pff, quand je disais des patients sortant du lot, je ne voulais pas dire des trolls, se lamenta-t-elle en enlevant sa blouse. Mais d'un autre côté, ce n'est qu'un enfant... Il va falloir que je prenne la bonne décision, et pour ça, il n'y a rien de mieux que de sécher le boulot pour aller prendre l'air chez ma sœurette.
Motivée par son idée, la divinatrice sortie en trombe de la pièce, le sourire aux lèvres. Elle s'apprêta à traverser les portes d'entrée quand elle se fit interrompre par quelqu'un.
— Bah alors Hucral, tu rallonges tes pauses ? Demanda ironiquement une voix masculine.
Elle se stoppa net, et ferma son poing de toutes ses forces.
— (Non mais c'est une blague... Putain quel casse-couille celui-là, je peux pas me le voir en peinture, en sculpture en tout ce que tu veux. Et c'est pareil pour son frère, il m'a mis dans de beaux draps quand il est venu me voir lorsque j'étais avec la messagère.)
Elle se retourna lentement et le regarda en tirant une tête d'enterrement, signe qu'elle aurait préféré ne jamais le voir.
— Qu'est-ce que tu m'veux encore Umel ? Rouspéta-t-elle agacée. J'ai pas ton temps.
Il se rapprocha d'elle avec un sourire débile tandis qu'elle lui lança un regard blasé.
— Où tu vas comme ça ?
— Ça t'regarde pas, lâche-moi la grappe et retourne bosser y a encore du boulot, répliqua-t-elle d'un ton détaché.
— Ohh et qu'est-ce que tu comptes faire, la nargua-t-il d'un ton mesquin. Parce que si je rapporte tes actions au chef, il ne va pas être content et te virer.
La faux du silence ricana face à la bêtise qu'Umel venait de dire et s'approcha de son visage en souriant, assez près pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille.
— Si tu fais ça, j'irai balancer à ta copine que tu as couché avec sa mère, pigé ?
Il hoqueta de stupeur et s'éloigna de la sorcière en lui faisant les grands yeux.
— Comment tu sais ?!
— Et si tu traînes encore dans mes pattes, l'informa-t-elle sans se donner la peine de répondre à sa question, je te fous la honte de ta vie pour que je n'aie plus à revoir ta misérable personne. Et je m'assurerais que tu ne pourras plus te trouver de travail. C'est clair ?
Umel, qui était si jovial au début de leur interaction, était devenu blanc comme un linge et déglutit, montrant qu'une panique le gagna doucement mais sûrement. Hucral n'attendit pas sa réponse et lui tapota l'épaule, avant de lui passer devant.
— Bon, j'y vais. Passe une mauvaise journée, lui souhaita-t-elle avec un sourire plus que sincère.
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— Et donc je ne sais pas quoi faire, conclut-elle dépitée. Vous me conseillez quoi ?
La reine des fées et Othara soupirèrent, désespérées et épuisées par l'histoire de l'apothicaire, tandis qu'Elros rigola si fort qu'on l'entendit du village des fées.
— Je vais finir par passer l'arme à gauche avec toi, se plaignit la reine déroutée.
Après avoir mis un coup de pression phénoménale à son guignol de collègue pour se marrer, Hucral s'était empressée de se rendre à la Terre des fées pour voir Titania et lui demander conseil par rapport à son dilemme. Au fur et à mesure que la sorcière lui avait raconté son histoire, l'expression de la reine des fées s'était dégradée de plus en plus et ses conseillers la regardaient avec jugement.
— Écoute sœurette, je ne suis pas très doué pour donner des conseils aux autres, alors tout ce que je peux te dire, c'est de suivre ton intuition, lui confia Titania confuse. Analyse tes deux pensées et réfléchis à laquelle des deux est la plus susceptible de marcher.
La divinatrice s'écroula sur le lit en baldaquin de sa chambre et soupira de toutes ses forces. Pour discuter, elles avaient décidé d'aller dans la chambre de la reine, pour être sûr que personne n'écoute derrière leur porte. Contrairement à la salle de soin qui était très simple, la chambre de sa sœur était plus imposante. Située dans la branche la plus haute du grand arbre sacré, elle était la pièce la plus longue du palais. Quatre piliers construit avec le bois le plus solide de la forêt tenaient solidement le plafond, qui était décoré avec une tapisserie représentant le continent de la reine.
Celui-ci était tellement épais qu'il rendait n'importe quelle pièce insonorisée. Certaines gravures sculptées directement dans le bois étaient peintes d'un vert sapin et d'un doré rayonnant, ce qui rendait cet endroit plus vivant. Son lit en baldaquin du même vert, était encadré par une table de chevet en bois de chaque côté, avec une bougie en cierge posée dessus. Quant à son armoire, elle longea toute la pièce, et était principalement composée de vêtements de tous les jours et de nombreuses paires de chaussures et de bijoux.
— Moi, je veux bien, mais mon cerveau me dit de le tuer et mon cœur me dit de l'épargner. Et je ne tue pas sans raison, lui rappela-t-elle préoccupée.
— Dans ce cas, trouve un moyen de connaître ses véritables intentions, comme ça tu pourras faire ton choix.
Hucral se redressa et croisa les jambes tout en la regardant en soupirant, espérant que la réponse tombe du ciel ou qu'on lui apporte sur un plateau d'argent.
— Selon moi si tu hésites c'est que tu ne veux pas vraiment le tuer, supposa le stratège en ouvrant la bouche pour la première fois depuis le début de la conversation.
Othara pouffa légèrement de rire tout en s'amusant avec l'arme de la sorcière en la faisant tourner avec son index.
— Cette phrase ne s'applique pas à Hucral Lomion, et tu le sais.
Elle arrêta de jouer avec et lança la dague violemment en visant la tête de la divinatrice. Cette dernière l'attrapa avec seulement son index et son pouce, à moins d'un centimètre de son œil. Elle regarda la guerrière et fit disparaître la dague avec un sourire en coin.
— Elle est impitoyable, continua-t-elle en le fixant d'un regard grave, et si elle hésite, ce n'est pas parce que c'est un enfant, mais bel et bien parce qu'elle envisage les conséquences que son choix pourra avoir. Et c'est ce qui la rend encore plus dangereuse, termina-t-elle en regardant la principale intéressée.
— Mais comment je suis censée faire, je ne peux pas leur dire "oui dites-moi pourquoi vous êtes là et si la réponse ne me plaît pas je vous tue tous" ?
Alors qu'elle regarda par sa fenêtre, la reine leva les yeux au ciel et se retourna pour faire face à sa sœur.
— Hucral, commença-t-elle blasée. Tu es littéralement une sorcière.
Cette dernière écarquilla les yeux, comme si elle lui avait révélé l'information qui allait changer sa vie.
— Ehhhhh mais c'est vrai ça ! Remarqua-t-elle en souriant comme une débile.
Titania se tapa la main contre sa tête et attrapa son épée pour la sortir de son fourreau. Hucral fit les gros avant de se lever du lit et de courir dans la chambre pour éviter les attaques de sa sœur.
— Hors de ma vue sœurette ! Lui ordonna-t-elle en pointa la porte de son épée.
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— Aller je peux le faire, s'encouragea-t-elle en expirant bruyamment.
Elle porta ses bras à sa tête pour essayer d'arranger son chapeau, mais elle balaya simplement l'air.
— Argh, j'avais oublié que je ne le mets jamais au travail.
Marmonnant dans sa barbe, la sorcière se gratta la tête quand quelqu'un toqua, la faisant sursauter. Elle déglutit et s'avança pour poser sa main sur la poignée. Elle soupira avant d'afficher un tendre sourire, et d'ouvrir la porte.
— Je vous en prie entrez.
Tandis qu'elle laissa la famille pénétrer dans la pièce, elle se dirigea vers la table ou était disposée des gobelets et une bouteille d'eau en verre.
— Comment puis-je vous aidez ? Leur demanda-t-elle en commençant à remplir les verres.
— En fait, mon petit garçon est très malade et nous n'arrivons pas à savoir ce qu'il a, l'informa la mère inquiète. Nous sommes prêts à y mettre le prix.
Après sa discussion avec la reine des fées, Hucral avait échafaudé un plan tout bête. Leur faire boire une potion de vérité, préparée par ses soins après plusieurs explosions dans la cuisine, et leur poser toutes les questions qu'elle voulait dans le plus grand des calmes.
— Ne vous préoccupez pas du prix madame, je vous offre les soins pour votre première fois. Tenez, leur tendit-elle les verres avec un doux sourire.
Tandis qu'ils burent tous en discutant, la divinatrice en profita pour les examiner. Le crâne chauve de son père permettait de voir les veines et les tatouages qui parcoururent son crâne, et son nez camard s'harmonisa avec ses lèvres coupées et ses yeux verts. Sa cape courte en véritable fourrure qui couvrit ses épaules, se fondit parfaitement avec ses deux lanières marron qu'il avait positionnées sur son corps en forme de X. Par-dessus son pantalon rouge, il portait des jambières en laine qui allaient de ses genoux jusqu'au-dessus de ses talons, ou il portait des bottes à lacet marron.
Quant à sa femme, ses cheveux noirs attachés faisaient en sorte que notre regard se porte sur son œil noir, qui était le seul qui lui restait. Ses oreilles, son nez et ses lèvres étaient percés, de même que ses joues. Sa robe tablier en laine blanche elle aussi, était attachée à la sous-robe qu'elle portait avec deux broches en bronze. À sa taille était disposée une épaisse ceinture, ou elle y avait accroché ses dagues et ses glaives. Comme son mari, elle possédait des bottes hautes marrons, qui étaient utilisés pour les combats.
La sorcière reporta enfin son attention sur leur fils, qui faisait la taille d'un adolescent. Le dessus de son crâne était rasé et le reste de ses cheveux étaient attachés comme ceux de sa mère, ce qui rappelait à Hucral ces espèces de samouraï qu'elle avait vu lors de l'un de ses voyages. Comme son père, il avait deux lanières qui formaient un X sur son corps, ce qui laissa entrevoir aussi son torse musclé. Il portait aussi le même pantalon que lui, mais il y avait accroché des glaives et des bijoux, comme sa mère. À part leur peau verte, elle remarqua qu'ils étaient tous les trois très musclés et possédaient cette mâchoire épaisse qui pourrait vous briser un os avec une simple morsure.
— (Heureusement que je les ai rendues inodores, les trolls ont un flair impressionnant.)
Alors que la mère s'apprêta à prendre la parole, son fils la coupa en s'approchant d'Hucral.
— Vous n'avez pas l'air d'un médecin madame, lui dit-il de sa voix d'adolescent.
Elle se mordit l'intérieur des joues pour se retenir de s'éloigner de lui comme si elle fuyait la peste et se contenta de lever un sourcil, ne sachant pas ce qu'il voulait dire par là.
— Comment ça ?
— C'est vrai que vous n'êtes pas comme vos autres collègues, ajouta la patiente en la détaillant d'un regard intrigué et jugeur. On dirait une...
La sorcière posa sa main sur sa hanche et attendit de se faire juger par ceux qu'elle se retenait de tuer depuis le début de leur apparition. Le regard de la mère s'attarda sur le visage de la la faux du silence, qui était différent de tout ce qu'elle a pu voir. Elle remarqua sa cicatrice à son œil droit qui volait la vedette à ses yeux en amande écarlates et intenses. Son nez légèrement en trompette, s'harmonisait avec ses lèvres gercées et asymétriques qui n'étaient pas maquillées.
Son attention se reporta sur sa tenue, qui sortait un peu trop de l'ordinaire pour un centre de soin. Son corset bustier noir en maille où les côtés étaient légèrement transparents et possédaient des lanières noires, montrait son dos nu à l'apparence soyeuse et ses muscles discret. Sur son corset, au niveau de sa poitrine, se trouvait de la dentelle transparente et une étoile à cinq branches. La bordure de ses bonnets était ornée de volants fait de la même maille, ce qui se fondait parfaitement avec son long collier qui avait un pendentif en croissant de lune argentée.
Ses manches longues volantent noirs s'arrêtèrent avant ses épaules, dans l'alignement de sa poitrine, et étaient embellis par des volants rouge sang et gris foncé. Pour finir, ses manches possédaient de la maille transparente avec des lanières noires, au même que celles de son corset. Au moment où elle observa ces dernières, elle fronça les sourcils, car elle remarqua des fissures écarlates, qui partaient de sa main jusqu'à son épaule droite. Sa jupe blanche à ourlet tombant, qui lui arriva à la moitié de ses cuisses, était recouverte par une autre jupe asymétrique noir plus courte devant, dont les bordures possédaient des petits froufrous rouge sang très discret.
Cet ensemble faisait en sorte que l'on se concentre sur ses jambes élégantes, dont la gauche était embellie par une sangle pour maintenir sa dague, qui étaient habillées avec un collant noir transparent. Pour finir le regard de la femme troll se posa sur ses bottes à talon qui possédaient des lacets tout le long, et un volant noir en haut de sa paire en cuir, serré avec une ceinture noir et argenté miniature. Elle releva ses yeux vers le visage de la guérisseuse et la fixa en fronçant les sourcils, car cet ensemble lui donna l'apparence d'une...
— Sorcière, conclut-elle en plantant son regard dans le sien.
— Pourtant c'est ma tenue de tous les jours, leur assura-t-elle en feignant un sourire gêné.
— Et puis tu vois bien qu'elle n'a pas de chapeau maman, ajouta son fils d'un regard désespéré.
Un silence mortel se répandit dans la salle et les parents commencèrent à la fixer d'un regard meurtrier, comme s'il avait trouvé une nouvelle proie. Les voyant l'observer ainsi, la sorcière ricana pour essayer de détendre l'atmosphère et se racla la gorge, avant de s'approcher d'eux.
— Enfin bref, revenons à nos moutons, reprit-elle se dirigeant vers l'enfant. Alors dis-moi, comment tu te sens ? (Par l'origine heureusement que je ne prends pas mon chapeau pour le travail.)
— Je me sens bien pourquoi ?
— Étrange, il n'a aucun symptôme ? Demanda-t-elle à l'attention des parents tout en se dirigeant vers les placards.
— Bien sûr que non, puisque nous ne sommes pas malades.
Alors qu'elle feignit de chercher quelque chose, elle se retourna lentement et regarda la mère en fronçant les sourcils.
— Dans ce cas, qu'est-ce qui vous amène chez les elfes ? S'enquit-elle de son ton froid habituel.
Hucral pouvait voir dans ses yeux qu'elle se battait pour ne pas lui dire leurs véritables intentions, mais malheureusement les sorts d'une sorcière sont très efficaces. Son mari la regarda et hocha la tête en signe de désapprobation, comme pour lui interdire d'en dire plus.
— On voulait se renseigner sur les plantes toxiques... pour améliorer nos poisons pour le roi.
La divinatrice écarquilla les yeux pendant quelques secondes avant de se ressaisir.
— Très bien, je vois, se contenta-t-elle de répondre, juste est-ce que je peux vous examiner avant de vous laisser partir ?
Les parents se regardèrent, intrigués par sa demande, mais acceptèrent. L'apothicaire s'approcha d'abord de la mère, elle regarda ses yeux, sa langue, sa peau et lui ingérer une petite baie adoucissante pour apaiser sa gorge. Elle réalisa la même action avec son enfant et son mari.
— Malgré vos propos, vous avez tous les trois un léger mal de gorge, que j'ai apaisé avec une baie. Quant aux fleurs, je suis désolée, mais c'est du secret médical, je n'ai malheureusement pas le droit de vous les révéler.
Sa patiente la regarda d'un air légèrement effrayé quand la sorcière prit son visage dans sa main pour le rapprocher du sien.
— Et puis même si je vous le disais, vous oublierez tout de cette conversation quand vous sortirez de cette pièce, je peux vous l'assurer, murmura-t-elle d'un ton glacial.
Elle s'éloigna d'elle et lui ouvrit la porte, les invitant à partir.
— Nous comprenons, lui assura le père en se levant, nous vous remercions pour vos services. Viens chérie, on y va.
Ils partirent du centre de soin tous les trois main dans la main, et Hucral ne les quitta pas une seconde du regard. Au même moment, son chef surgit par la porte de derrière et vint vers elle avant de poser sa main sur son épaule.
— Bien joué Hucral, la félicita-t-il, je savais que tu prendrais la bonne décision.
Elle se contenta de hocher la tête en souriant, et de partir de la salle. Quand elle franchit les portes d'entrée, elle se retourna et regarda dans la direction du royaume des trolls avec mépris.
— J'espère que vous profiterez de votre retour au bercail, parce que ça sera votre dernier.