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Nameless0401
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4 - Fragments d'Absence

Il y a des absences qui résonnent davantage que toutes les présences. Elles n'ont pas de contours précis, mais elles s'insinuent partout, dans le silence des pièces, dans l'air qui semble soudain plus dense. La tienne, je la ressens comme une ombre qui me suit, une empreinte invisible, profondément gravée. Ce n'est pas seulement son départ qui me hante, mais tout ce qui l'a précédé.

Ce moment exact où j'ai compris, sans avoir besoin de mots, que ce qui était en train de se défaire ne pourrait jamais être recousu.

Il n'y a pas eu de cri, pas de scène déchirante. Juste une suite d'évidences, lentes et silencieuses, qui se sont empilées jusqu'à devenir insupportables. Cette séparation, je la porte en moi comme un souvenir brûlant, mais étrangement, elle ne s'est pas imposée d'un coup. 

Elle a été là bien avant que je ne puisse l'admettre. Je crois que, quelque part, je savais que nous étions déjà partis l'un de l'autre, même en étant encore là, dans ces moments d'attente, de conversations qui n'allaient jamais au fond des choses.

Je me suis longtemps demandé : à quel moment as-tu commencé à partir ? Était-ce au cours d'une de ces discussions légères où je n'avais pas les mots justes ? Était-ce dans mes silences, mes hésitations ?

Peut-être étais-tu déjà absente, bien avant que je ne m'en rende compte. Peut-être que j'ai refusé de voir ce que ton regard me criait.

Je m'accrochais à une idée de nous, à ce que nous aurions pu être. Mais cette idée s'est lentement effondrée, pierre par pierre, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.

Aujourd'hui, je suis seul face à cette absence. Elle a pris sa place, méthodiquement. Ce n'est pas qu'un vide dans l'espace, mais une absence qui m'habite, une absence à laquelle je ne peux échapper. Elle me suit comme mon ombre. Tout ce que je fais semble s'y heurter. Elle n'est pas bruyante. Elle ne se manifeste pas dans des élans de douleur ou des cris désespérés.

Non, elle est bien plus sournoise, bien plus discrète. C'est un murmure constant, une présence dans les marges, là où je ne la cherche pas.

Quand je prépare un café, quand j'écoute une chanson que tu aimais, quand je croise un détail qui me rappelle un instant partagé. L'absence est là. Elle ne crie pas, mais elle me tient. Elle a cette capacité étrange à transformer tout ce qui aurait dû être anodin en quelque chose de douloureusement signifiant.

Et pourtant, cette absence n'est pas seulement une douleur. Elle est aussi une sorte de constat froid, une vérité implacable qui me renvoie à moi-même. Ce n'est pas seulement toi qui es partie, mais aussi une partie de ce que j'étais avec toi.

Une version de moi que je ne retrouverai jamais. Ton départ a marqué la fin d'un nous, mais aussi d'un moi que je ne reconnais plus.

Je m'interroge sur ce qu'elle signifie, cette absence.

Pas seulement la tienne, mais celle qui me semble plus grande, plus ancienne. Cette sensation d'être déconnecté, d'être en retrait, comme si une partie de moi n'avait jamais su comment se lier vraiment. Je reviens sans cesse à cette idée que l'absence était déjà là, bien avant que tu ne partes. Que ce que je ressens aujourd'hui n'est qu'une continuité, une amplification d'un manque plus profond, que je portais déjà avant toi.

Je me demande si c'est cela, finalement, qui a tout saboté : cette incapacité à combler le vide en moi, cette peur de me perdre en m'ouvrant entièrement. Peut-être que tu l'as senti, ce manque, et qu'il t'a éloignée, malgré toi. Peut-être que mon incapacité à te donner ce que tu attendais ne venait pas d'un manque d'amour, mais d'un manque de courage. Et aujourd'hui, cette absence, c'est aussi celle de tout ce que je n'ai pas su être.

Mais il y a autre chose. Quelque chose d'étrange, presque cruel. Ton absence semble plus palpable aujourd'hui qu'elle ne l'était lorsque nous étions encore en contact. Comme si, en disparaissant totalement, tu avais pris une forme plus concrète, plus envahissante. Quand tu étais encore là, même à distance, il y avait cette illusion que tout pouvait encore être sauvé, que les choses pouvaient s'arranger. Mais aujourd'hui, il n'y a plus rien à espérer. Il ne reste que cette absence, qui devient un écho, un rappel constant de ce qui aurait pu être.

Je me rends compte que cette absence a une étrange beauté. Elle n'est pas seulement douleur. Elle est aussi mémoire. Elle contient tous ces instants partagés, ces moments de bonheur fugace, ces sourires volés. Elle est le témoin de ce que nous avons été, de ce que nous n'avons pas su devenir. Elle est imparfaite, oui, mais elle est aussi précieuse. Elle me rappelle que, malgré tout, il y a eu quelque chose. Et cela, personne ne pourra me l'enlever.

Je ne sais pas si je finirai par m'y habituer, si elle deviendra un simple fond sonore, une partie intégrante de moi. Pour l'instant, elle est encore trop vive, trop présente. Mais je sens qu'elle évolue. Elle ne m'écrase plus de la même manière. 

Elle devient quelque chose d'autre, une sorte de compagnon silencieux. Une partie de moi commence à l'accepter, à comprendre qu'elle ne disparaîtra jamais complètement. Et peut-être que c'est cela, finalement, la leçon de tout cela : apprendre à vivre avec les absences, avec les manques, sans chercher à les combler ou à les fuir.

Dans cette acceptation, il y a une forme de paix, même si elle est teintée de mélancolie. Une compréhension que certaines choses ne peuvent être changées, que certaines histoires ne peuvent être réécrites. Et c'est peut-être dans cette mélancolie que réside la beauté de l'absence. Elle nous force à regarder en nous, à affronter ce que nous fuyons, à comprendre que, parfois, ce qui nous manque est aussi ce qui nous construit.

Alors, je continue d'écrire. Les mots viennent plus facilement maintenant, comme si cette introspection avait ouvert quelque chose en moi.

**

"Je sais que ton absence fait désormais partie de moi, une ombre indélébile, mais aussi une lumière douce qui éclaire ce que nous avons partagé. Je ne sais pas si je trouverai un jour les mots pour exprimer pleinement ce que je ressens, mais je veux que tu saches que, malgré tout, je suis reconnaissant pour ce que nous avons vécu.

Même si cela n'a pas duré, même si cela s'est terminé ainsi, ces moments restent en moi, intacts et précieux."

**

Je relis ces lignes, et pour la première fois, je sens une forme de sincérité apaisée. Ce n'est pas une résolution, pas un pardon total, mais un début. 

Une tentative d'accepter ce que je ne peux changer, et de continuer à avancer, même avec cette absence qui m'accompagnera toujours.

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