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Nameless0401
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1- Dans Le Silence

Les mots que j'écris ne sont as pour être lus, mais pour que je puisse les comprendre moi-même.

Les mots, si simples en apparence, sont devenus des pierres de plomb dans mes mains. Ce silence... un silence lourd, lourd comme un abîme, suspendu dans l'air comme un nuage trop-plein d'eau. Et moi, je me tiens là, devant l'écran, et je cherche les mots. Des mots qui, je le sais, n'auront jamais le poids de ce que j'éprouve. Mais où sont-ils, ces mots ? Pourquoi sont-ils si difficiles à trouver ?

Je me dis que peut-être le temps qu'il me faut pour rédiger cette réponse, peut-être le temps qu'il me faut pour choisir les bons mots, ce temps est celui qu'il me fallait pour comprendre, enfin, ce qui est devenu évident pour elle. Elle a trouvé les mots, elle. Peut-être les a-t-elle cherchés plus tôt que moi, peut-être a-t-elle cherché plus sérieusement. Peut-être n'ai-je pas été assez honnête avec moi-même pour comprendre que, tout ce que je voulais, c'était trouver une issue. Mais la vie n'est pas une issue. La vie est une succession de chemins, et j'ai sans doute fait le mauvais choix en me perdant dans ce silence.

Chaque mot m'enfonce dans la prise de conscience de ce que j'ai perdu, mais aussi de ce que j'ai volontairement laissé échapper.

Je pourrais lui répondre tout de suite. Mais je suis comme pris dans un tourbillon. Je relis à nouveau ses mots. Je la vois là, dans ce message, seule, après tout ce temps, après tout ce que nous avons traversé. Une image de nous se forme, mais elle n'est pas une image claire, elle vacille. Elle est floue, comme un souvenir dont les contours s'effacent. Et pourtant, elle est là, bien réelle, cette image. Je l'entends même, d'une certaine manière. Et ce silence. Ce silence, encore et toujours. Le silence des mots non dits. Le silence des gestes jamais posés.

Pourquoi n'ai-je pas agi avant ? Pourquoi ai-je attendu, hésité, reculant encore et encore ? Ce silence, cette distance que je croyais si précieuse, a-t-elle jamais eu une signification, ou était-ce juste une illusion, une manière pour moi de me protéger de ce que je ressentais sans pouvoir le dire ? 

La vérité est là, claire et implacable : je n'ai pas su. Et c'est cette vérité-là qui me brise. Elle a eu la lucidité de poser des mots sur ce qui est devenu une évidence pour elle. Elle a compris. Elle a compris plus tôt que moi. Pourquoi ai-je eu peur d'agir ? Peut-être que je craignais d'être malheureux si je me rapprochais trop, si je risquais de m'attacher à elle, si j'osais espérer plus. Ou peut-être que je n'ai jamais cru que cette situation était réellement possible. Peut-être ai-je sous-estimé, comme toujours, l'importance des actes.

Je repense à cette soirée. La dernière. Je vois encore la pièce où nous étions, l'ambiance chaleureuse et presque banale, avec ses rires, ses silences, ses regards. J'avais tout ce dont j'avais besoin sous les yeux, et pourtant, je n'ai rien fait. Rien. Je suis resté là, comme un spectateur, incapable de franchir ce seuil. Nos échanges étaient légers, presque insouciants. Le monde autour de nous semblait calme, tranquille, détendu, et moi, j'étais là, avec ce poids que je portais en moi, ce poids que je n'avais pas osé poser. Je n'ai pas agi. Pas un geste, pas une parole. Le silence, à cet instant, ne me semblait pas être une prison. Il semblait être une sorte de paix fragile, une tranquillité éphémère où il n'était plus nécessaire de tout dire. Mais c'était là le problème. Si le silence est une paix, il peut aussi être une fuite. Et moi, je m'y suis perdu.

Je n'ai pas saisi cette occasion. Ce moment. C'était comme si tout était là, comme si elle m'offrait une chance, sans rien dire, sans le montrer. Ce n'était pas une invitation explicite, mais une invitation à être enfin celui que j'aurais dû être. Mais je n'ai pas su répondre. Je suis resté là,  à regarder la possibilité s'éloigner sous mes yeux.

Le temps est passé, et avec lui, mon incapacité à saisir l'instant. Pourquoi n'ai-je pas osé ? Pourquoi ne lui ai-je pas pris la main, pourquoi n'ai-je pas fait ce pas qui aurait changé le cours des choses ? Il semble maintenant évident que c'était là, ma dernière chance. Et je l'ai laissée filer. Comme une brume qui s'évapore au matin.

Je la revois. Elle semblait si sereine, si calme. Mais était-ce un masque ? Était-elle en train de m'observer, attendant que je fasse ce geste, que je franchisse ce seuil, ce pas décisif ? Elle m'avait donné la possibilité de changer les choses, mais moi, j'ai préféré l'immobilité. J'ai préféré observer. Peut-être parce que j'avais peur. Peur de ce que je pourrais découvrir, peur d'affronter mes propres démons. Peur de l'amour. Peur d'être vulnérable.

Et maintenant, que puis-je dire ? Que puis-je écrire qui ne soit pas un mensonge ? Je me demande, dans ce silence, si mes mots auront un sens. Si ma réponse sera à la hauteur de ce qu'elle m'a donné. Parce que, non, je n'ai pas agi avant, mais c'est ce mutisme qui m'a laissé le temps de réfléchir. Celui qui, à chaque instant, m'oppresse un peu plus.

Je commence à rédiger ma réponse, mais je sens déjà que ce ne sera pas suffisant. Que mes mots, aussi sincères soient-ils, ne parviendront pas à réparer ce que j'ai brisé.


Bonsoir .

Je vais bien, merci !

Merci beaucoup pour ta réponse et pour la sincérité avec laquelle tu as partagé ton ressenti. Je ressens moi-même bien des choses en ce moment... un peu triste de comprendre que ce que j'espérais construire avec toi n'a pas eu la fin voulue.


Je relis ce que je viens d'écrire. Ce sont les mots d'un homme qui cherche à se convaincre, mais ils résonnent déjà faux. Ils résonnent comme un adieu timide, une promesse d'avenir sans avenir. Je n'ai pas agi avant, et je vois à présent que ce n'est pas simplement une question de timing. C'est une question de regret. Et ce regret, il ne me quittera jamais.

Il y a des moments où l'on croit que l'amour est une récompense, un trésor qu'on doit attendre, mériter. Mais non. L'amour, en réalité, n'a jamais attendu. Il est comme la mer : il se retire pour mieux revenir. Mais à condition de ne pas fermer la porte, à condition de ne pas se détourner, à condition de ne pas laisser le sable se poser dessus, lourd et figé.

Maintenant, je sais : l'amour n'est jamais figé. Il est fluide, il s'épanouit dans l'échange, dans l'acte partagé, dans le geste d'ouverture.

Et c'est cela, justement, que je n'ai pas su faire. M'ouvrir. Ouvrir cette porte, ce chemin, à ce que nous aurions pu être. À ce que nous n'avons pas été. Et qui désormais, me fuit à jamais.

La vérité de l'amour n'est pas dans les attentes, ni dans la nostalgie des "et si". La vérité est dans l'instant présent. 

Elle est dans ce que l'on ose, ce que l'on prend, ce que l'on vit. Ce silence, cet abîme que je contemple, m'a appris cela : l'amour ne se trouve pas dans l'attente, mais dans l'action. Et dans cette action, il y a parfois des pertes irréparables. Mais c'est là que réside la leçon.

Quand on apprend à aimer, on apprend aussi à accepter ce que l'on perd, ce que l'on a laissé filer entre les doigts, sans pouvoir le retenir. 

Parce que l'amour, comme tout dans cette vie, a son temps. Et ce temps, je l'ai laissé filer.

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