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Nameless0401
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2 - Les Mots Suspendus

Le silence entre nous semblait parfois plus parlant que n'importe quelle parole. Et je me trouve, encore une fois, perdu, tentant de comprendre, cherchant une forme de vérité dans les non-dits, dans les échanges avortés que le temps a oubliés, mais que mon esprit continue de revivre à chaque instant, comme une mélodie lancinante que je n'arrive pas à effacer.

Je me souviens d'une conversation qui n'a jamais eu lieu, d'une conversation que je voulais initier, que je savais nécessaire, mais que, inexplicablement, je n'ai pas eue. Un simple geste de ma part, une phrase, un mot, mais rien. Rien n'a éclaté dans l'air, rien n'a percuté le vide. Et le silence est resté là, là où aurait dû naître quelque chose de plus profond, d'indispensable, une forme de compréhension que nous n'avons jamais partagée. J'aurais dû te parler. C'est moi qui ai retardé l'inévitable, moi qui ai nourri cette distance en évitant de dire ce qui aurait dû être dit, ce qui m'aurait permis de t'atteindre, de briser cette barrière invisible que j'avais construite autour de moi.

Je n'avais pas peur de toi, ni de la vérité. J'avais peur de moi. Peur de ce que cela aurait signifié, peur de ce que ces mots auraient changé, de ce qu'ils auraient révélé. Chaque fois que je m'approchais du moment où je devais franchir cette ligne, une peur viscérale m'envahissait, me figeait, et tout me semblait soudainement incertain. Les mots qui s'échappaient de ma bouche étaient les mauvais, des mots qui ne traduisaient pas ce que j'avais vraiment dans le cœur.

Tout était si... décalé, et l'idée même de parler d'amour, de parler de ce que je ressentais, me paralysait. Alors je n'ai rien dit. Rien de ce qui m'aurait permis de poser les choses clairement. Et toi, tu m'attendais. Peut-être pas activement, peut-être pas avec cette impatience insoutenable, mais je sais que tu attendais une vérité que je n'ai jamais pu offrir.

Les non-dits s'accumulaient, lourds, pesants, comme des pierres invisibles qui se sont empilées au fil du temps. Chaque regard fuyant, chaque vide qui suivait nos échanges, était une pierre de plus dans ce mur invisible qui nous séparait. Et, je me le dis aujourd'hui, peut-être que si j'avais eu le courage de prononcer les mots qui brûlaient en moi, si j'avais eu la force de t'exprimer ce qui m'échappait à chaque instant, nous aurions eu une chance.

Ces mots ne sont jamais sortis. Et aujourd'hui, je me demande ce qu'il en serait advenu si seulement ils avaient franchi le seuil de ma bouche. Si je t'avais parlé, si j'avais exposé mes doutes, mes peurs, mes désirs, si je t'avais dit ce que j'avais toujours voulu te dire, peut-être que tout aurait été différent. Mais la réalité me dit que tout s'est fait autrement. Tout est resté suspendu dans l'air, dans l'attente de quelque chose qui ne viendrait jamais.

Et voici le regret, l'inachevé. Ce que nous n'avons pas accompli, ce que nous n'avons pas exploré. Ces moments où tout aurait pu basculer, où nous aurions pu nous retrouver autrement, mais où j'ai préféré attendre, repousser, fuir l'inévitable. C'est un goût amer que laisse en moi ce regret. Un vide que je ne peux remplir, une place laissée vacante à cause de ma propre négligence, de mes hésitations, de ma propre incapacité à avancer.

Mais il est trop tard, et la vérité se pose dans l'ombre de ce que nous n'avons pas fait, de ce que nous n'avons pas osé dire. Et la vérité, tout en étant douloureuse, a une clarté glacée qui fait naître une forme d'acceptation, une acceptation que je n'aurais jamais cru possible.

Puis, il y a cet instant étrange, ce mécanisme intérieur, ce sabotage de soi-même, ce qui m'a empêché d'agir. La peur de m'engager, la peur d'être vu, d'être pleinement reconnu dans ce que je suis et ce que je ressens. Cette paralysie qui m'a fait attendre. Attendre quelque chose qui n'est jamais venu.

Ce n'était pas par manque de désir, ni par manque de sentiment. C'était simplement cette crainte d'être vulnérable, cette peur que l'intensité de ce que je ressentais ne soit trop grand, trop lourd à porter. Ce malaise intérieur, cette voix qui me disait que si je m'exposais trop, je risquais de tout perdre. Et au final, c'est moi qui ai perdu. Car à force de m'échapper de moi-même, à force de ne pas oser, j'ai perdu ce qui m'était cher. J'ai saboté ma propre chance, je me suis fait le bourreau de mes propres aspirations. Et je le vois avec une clarté qui m'arrache le cœur.

J'ai tant voulu comprendre ce qui m'avait empêché d'agir. Tant voulu comprendre pourquoi, dans ces moments cruciaux, je restais figé, comme un spectateur impuissant de ma propre vie. Peut-être que ce n'était pas de toi que j'avais peur, mais de moi-même. Peur de découvrir que je n'étais pas capable de donner ce que j'aurais dû donner, peur de ne pas être à la hauteur de mes propres espoirs, peur de la réalité de ce que j'étais réellement. Alors j'ai laissé l'instant s'échapper, et j'ai laissé le vide s'installer entre nous.

Je m'arrête un moment, et une forme de tristesse m'envahit. La douleur de la vérité me fait réfléchir profondément. Oui, j'ai perdu. Mais peut-être est-ce la seule manière de comprendre. Alors, je reprends, lentement, mes mots, comme si chaque phrase devait porter son propre poids, comme si, finalement, chaque mot devait être un acte de rédemption. Je reprends ma réponse, même si chaque lettre me semble peser lourdement dans l'air :


**

Tes mots m'apportent une clarté que je cherche depuis un moment, et même si cette vérité n'est pas celle que j'aurais souhaité, elle me permet d'accepter les choses telles qu'elles sont.

**

Ces mots résonnent en moi comme un écho, et je m'accorde une pause. La réalité me frappe de nouveau en plein cœur. Cette vérité me libère d'un fardeau que je portais sans le savoir, mais elle me laisse aussi un goût amer, celui de tout ce qui n'a pas été dit. Car en vérité, tout ce que nous n'avons pas osé dire, tout ce que nous avons laissé en suspens, devient une partie de nous, de cette histoire qui se termine sans avoir été pleinement vécue.

**

Je sais que je n'ai pas toujours été celui que tu espérais, et je suis désolé que tu aies eu l'impression de courir après quelque chose qui ne venait pas, ou de ressentir un décalage entre mes paroles et mes actions.

Ce n'était pas ma volonté, mais je vois aujourd'hui que la réalité était différente de ce que j'imaginais. La situation a sans doute créé des frustrations, et je m'en veux surtout de m'être dévoilé si tard.

**


Je ferme les yeux un instant, et dans ce silence, un dernier regret me serre la gorge. Je ne pourrai jamais réparer tout ce que j'ai laissé en suspens, tout ce qui n'a pas été dit, tout ce qui s'est perdu dans l'inachevé. Mais peut-être, dans cette acceptation de la vérité, dans cette introspection nécessaire, je pourrai trouver la paix, même si elle est amère, même si elle ne vient que trop tard.

Ce n'est pas la rédemption, non, mais la reconnaissance. La reconnaissance que le chemin que j'ai choisi, ou que j'ai accepté de suivre, m'a conduit ici, à ce moment précis, où il n'y a plus de retour possible. Le silence entre nous, lourd de ce qui n'a pas été dit, semble se faire plus dense à chaque instant. Et moi, dans ce silence, je demeure, incapable de revenir sur ce qui a été dit, et trop tard pour réécrire ce que j'aurais dû dire. 

Mais peut-être qu'au fond, c'est là, dans l'acceptation de mon propre échec, que réside la seule vérité qui vaille.

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