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Nameless0401
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12 - Ce Que Je N'ai Pas Crié

Je suis restée assise longtemps, après avoir posé le point final.
Le silence autour de moi n’était plus tout à fait le même.
Il n’était plus un silence d’attente.
Il était un silence de retour à moi.


En écrivant chaque mot, chaque phrase, j’ai senti quelque chose se délier à l’intérieur.
Comme un nœud ancien que l’on défait enfin, sans tirer, sans forcer.
Juste en laissant aller.

Ce que je n’ai pas crié,
Ce que j’ai porté en silence,
Ce que j’ai murmuré en moi pendant tant de nuits,
Tout cela, je l’ai confié au papier.

Je n’ai jamais crié ton nom.
Même quand l’absence devenait trop lourde.
Même quand mon ventre me hurlait que je manquais d’amour.
Je suis restée droite, digne, douce.
Parce que j’espérais que tu comprennes sans que j’aie à t’expliquer.
Que tu sentes.
Que tu devines.
Mais tu n’as pas su.
Ou tu n’as pas voulu savoir.

Et je ne t’en veux pas.
Ce serait trop facile.
T’accuser, ce serait encore te garder.
T’aimer en creux, à travers la colère.

Non, je ne veux plus ça.

Je veux me libérer aussi de la rancune,
De l’injustice ressentie,
De l’envie de te dire “tu m’as oubliée pendant que j’étais là.”

Je me rends compte que j’ai aimé en silence,
Comme on arrose une plante qu’on espère voir pousser,
Même quand la terre reste sèche.
Je t’ai donné de l’eau,
Mais tu n’avais pas soif.
Ou pas de moi.

J’aurais pu crier,
Mais j’ai choisi de me taire.
Non pas par faiblesse.
Mais parce que je ne voulais pas me battre pour être entendue.
Je voulais qu’on m’écoute sans combat.
Qu’on me regarde sans que j’aie à me rendre visible.

Mais le cœur a ses exigences,
Et l’absence les amplifie.
Alors j’ai fini par m’effacer,
Non pas d’un coup,
Mais en mille petits retraits.

Une attente,
Un message sans réponse,
Un regard qui ne croise pas le mien,
Un “tu es là ?” dans le vide.

Tu ne m’as jamais fait mal exprès.
Et c’est ça qui rend la douleur plus étrange.
Elle n’a pas de coupable.
Juste un vide qui s’est installé,
Et que j’ai meublé comme j’ai pu.
Avec des espoirs.
Des gestes doux.
Des silences pleins de sens.

Mais il ne suffisait pas que je t’aime.
Il aurait fallu que tu sois là.
Présent.
Disponible.
Ouvert.

Et tu ne l’étais pas.

Peut-être par peur.
Peut-être parce que tu ne savais pas comment faire.
Peut-être parce que tu croyais aimer, mais que tu aimais surtout ne pas être seul.

Je ne saurai jamais.
Et je n’ai plus besoin de savoir.

Ce que je n’ai pas crié,
Ce que j’ai contenu pour ne pas te perdre,
Ce que j’ai tu pour ne pas te déranger,
Je le laisse ici,
Sur ces pages,
Non pas pour toi,
Mais pour moi.

C’est mon droit,
De poser mes blessures,
De nommer mes absences,
De reconnaître que j’ai aimé quelqu’un qui n’était pas là.

Je me suis tue,
Et dans ce silence,
J’ai appris qui j’étais.

Ce n’est pas toi qui m’as brisée.
C’est moi qui me suis effritée à force de rester debout seule,
À tenir un lien à deux mains,
Quand tu avais déjà lâché l’autre bout.

Mais je me relève.
Et ce que je n’ai pas crié,
Devient aujourd’hui ce que je choisis de ne plus porter.

Je n’ai plus besoin d’être entendue par toi.
Je m’entends moi-même.
Et cela me suffit.

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