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CHAPITRE 9

VIKTOR : LES ORIGINES

L’ingénieur

Depuis le début de la mission, mon esprit est accaparé par une seule et même personne : Amyris. Je ne vois qu’elle, je ne pense qu’à elle, je ne veux qu’elle. Je crois que je suis victime de ce que les gens ordinaires appellent le coup de foudre. Dommage, je pensais être l’un des rares chanceux à y avoir échappé. Une vie sans amour est une vie sans problème.

La première fois que je l’ai vu, c’était comme si les portes du Paradis venaient de s’ouvrir pour moi. Mon cœur s’est mis à battre tellement fort dans ma poitrine que j’ai cru qu’il allait la transpercer, et je ne pouvais plus respirer. Je n’arrivais pas détacher mon regard d’elle, c’était comme si elle m’avait jeté un sort. À cet instant, tout ce que je savais faire était la regarder. Mes jambes se sont mises à trembler, et heureusement que j’étais assis sinon je me serais écrasé par terre comme une merde devant tout le monde.

Ce sont ses cheveux qui ont attiré mon regard en premier. Ils sont épais, ondulés négligemment et effleurent ses épaules délicates à chaque mouvement, une coupe classique en somme. Mais c’est leur couleur qui fait toute la différence. Sa chevelure est d’un blanc immaculé, presque brillante, comme celle d’un ange. Un blond polaire qui se marie parfaitement avec sa peau ivoire et crème, souvent teintée d’un rougissement qui fait ressortir ses pommettes saillantes. Un visage de porcelaine qui a toute l’innocence du monde, un euphémisme pour une femme qui a sûrement ôté plus de vies que je n’en compterais jamais.

Les détails de son apparence sont à la fois fascinants et perturbants, rendant chaque instant passé à l’observer à la fois délicieux et torturant. La seule chose qui puisse trahir sa beauté angélique sont ses yeux. Des petits yeux sensuels en amande d’un marron si foncé qu’on croirait qu’ils sont noirs, comme mon âme. Ses lèvres sont fines et bien roses, et je les imagine souvent murmurer mon nom. Je rêve de les embrasser à chaque fois qu’elle prononce un mot. Cette attirance presque irréelle que je ressens est aussi intense que déroutante.

Amyris, Amy, ma petite Amy.

Elle est simplement belle, à sa façon. Elle est loin de ressembler à toutes ces femmes en plastique, et c’est ce que j’aime chez elle. Tout est attrayant, de son visage de poupée à son corps voluptueux. Mais ce n’est pas seulement son physique qui m’a attiré. Je suis tout autant fasciné par la façon dont elle se distingue des autres. J’admire son impassibilité, sa légèreté et sa force de caractère. Je la trouve tellement courageuse, intrépide. J’aime l’observer, c’est un de mes passe-temps préférés. Elle est une source d’apaisement, la seule raison qui me maintient loin de la folie et qui m’oblige à garder le silence. Même si c’est dur de me contenter de la regarder de loin.

Je n’ai pas pu résister à l’envie d’être près d’elle, de la toucher, de lui parler alors j’ai fait le premier pas. Je me souviens de chaque mot qu’elle a prononcé, de chacune de ses expressions, de cette mèche blanche qu’elle a glissée derrière son oreille et de son parfum si particulier. Une odeur douce, comme un souffle printanier. Elle est incroyable, d’une beauté atypique qui ferait tomber n’importe quel homme à genoux.

Malgré l’intensité de mes sentiments, je garde mon amour enfoui au plus profond de moi, comme un trésor caché dans les abysses de mon cœur. Les cicatrices du passé, les blessures de l’humiliation et du rejet, m’ont enseigné l’art de dissimuler mes émotions. Je suis devenu un fantôme solitaire, et je préfère rêver d’elle que de la voir briser mon cœur en mille morceaux. Si ça venait à arriver, je ne sais pas ce que je ferais, mais je le ferais, que ce soit dangereux ou non, et c’est ce qui est le plus inquiétant. Je sais que je suis quelqu’un d’extrême. C’est pour ça que je me contente de l’observer de loin, de la surveiller dans l’ombre, espérant en silence qu’elle finira par remarquer mon affection. Je suis un véritable stalker, et mes pouvoirs me sont très utiles pour ne pas me faire remarquer. Je n’ai même pas besoin d’être discret.

Je suis l’homme invisible, putain !

Chaque jour passé à ses côtés, chaque nuit passée à l’épier, ne fait que renforcer mon amour pour elle, me plongeant toujours plus profondément dans les méandres de mes sentiments. Cette obsession me consume de l’intérieur, et je suis conscient que si je ne me mets pas de limites, je pourrais faire quelque chose de stupide, comme me glisser dans son lit la nuit. Et même si mes paroles restent muettes et mes gestes dissimulés, mon cœur bat en rythme avec le sien, comme une symphonie silencieuse de passion et de désir. Un jour, elle sera mienne. J’en fais le serment.


Ce soir, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Encore. Je soupire. La fatigue est là, je la sens paralyser mon corps et fermer mes paupières, mais mon esprit en a décidé autrement. L’image d’Amyris me hante et je suis victime de l’emprise qu’elle a sur moi. Je l’imagine nue, enveloppée dans les draps de son petit lit, baignée par le doux silence de la nuit spatiale.

Elle me manque.

C’est idiot puisqu’elle est dans la pièce d’à côté, mais à partir du moment où je ne la sens pas près de moi, son absence devient une douleur poignante. Mon désir de la voir, même pour un instant, est irrépressible. Je sais ce que je vais devoir faire pour apaiser mon tourment.

Avant même d’avoir pris la décision, je me retrouve debout dans ma chambre, le nez collé au mur et la main déjà en train de le traverser. J’imagine déjà sa présence apaiser mon cœur, et j’en suis tout excité. Ces pouvoirs sont tellement pratiques pour ça. Dire qu’ils étaient une plaie dans ma jeunesse.

Passer pour un voyeur ne me dérange pas, je sais déjà que je suis un meurtrier, alors ce n’est qu’une ligne de plus dans mon CV de criminel. Et de toute façon, mon amour pour elle me consume trop pour que je puisse résister à la tentation. Chaque nuit, je vis ce même rituel, oscillant entre la culpabilité et la fascination. Même si la culpabilité s’est vite envolée après deux, trois visites. Ce que je fais est mal, je viole son intimité, mais ce ne sera grave que si quelqu’un l’apprend et pour l’instant, tout le monde dort.

Je me glisse silencieusement à travers les parois du vaisseau – invisible aux yeux de tous – jusqu’à atteindre sa chambre. Je grimace en découvrant son lit vide. Une vague d’inquiétude m’envahit. Où est-ce qu’elle peut être à une heure si tardive ? Une envie pressante ? Une petite fringale ? Un bruit dans le couloir attire mon attention. Je vois Kyle, le visage tordu par un sourire malveillant, ouvrir la porte doucement et poser son regard noir sur le lit. Il grimace tout comme moi en voyant qu’il est froid et referme la porte en poussant un juron à peine audible. Il ignore totalement que je l’observe et que je viens de décider de le suivre. Son comportement m’intrigue. Qu’est-ce que ce sale type peut bien vouloir à ma douce Amyris ? Je voudrais bien le savoir, et je sens mon sang bouillir en imaginant tout ce qu’il pourrait lui vouloir. Je le déteste plus que je n’ai jamais détesté personne, à cause de son attitude exécrable et sa façon de regarder Amy. Il la dévore des yeux. Le voir rôder autour d’elle me donne la rage. Je voudrais qu’il ne soit jamais monté à bord, qu’il soit fusillé comme il le méritait. Quand je pense que je l’ai approvisionné en explosifs pendant des années... Mais un client est un client, et il faut dire qu’il m’en a acheté des bombes pour ses petites magouilles, plus que n’importe qui d’autre.

Nous traversons le couloir et il bifurque dans la salle de bain où le bruit de l’eau coulant sur le sol carrelé résonne doucement. Amyris est donc là, en train de se détendre sous une douche bien chaude. Si Kyle n’était pas là, je l’aurais rejoint en catimini. La perspective de la voir ainsi, sereine et vulnérable dans le plus simple appareil, me fait brûler d’envie de me rapprocher d’elle, de coller nos deux corps l’un contre l’autre.

La vapeur chaude et l’odeur apaisante du savon m’enivrent, jusqu’à ce que Kyle entre en scène. Tapi dans l’ombre sous ma forme invisible, je l’observe intimider Amyris à travers la porte en verre. Il semble que la cruauté de ses actions ne laisse aucun doute quant à ses intentions, et chaque mot qu’il lui adresse est une marque supplémentaire de sa perversité. Cette espèce de fou furieux montre enfin ses véritables intentions, il la torture pour son propre plaisir. Ses paroles me prouvent qu’il n’en est pas à son coup d’essai.

Je me demande depuis quand ça dure. Je n’ai rien remarqué de cette situation, pourtant je passe mon temps à observer Amyris. Comment je fais pour être si aveugle ? La fureur me brûle les doigts, je n’ai envie que d’une chose : lui coller mon poing dans la tronche. Mais je suis impuissant ici. Mon pouls s’accélère et mon cœur manque d’exploser lorsqu’il bondit sur elle pour l’embrasser. Chaque fibre de mon être me crie de me jeter entre eux, d’enlever Amyris des griffes de ce cinglé, mais je me force à rester immobile, conscient de ce que la révélation de ma présence pourrait me coûter.

Chaque mot prononcé par Kyle est comme un coup de poignard dans le silence, tandis que les tentatives désespérées d’Amyris pour le repousser résonnent comme des appels à l’aide. Mon cœur se serre à chaque injure proférée, à chaque tremblement dans sa voix. Je sens sa peur émaner de la cabine, étouffée par l’aura démoniaque du blond. Il ne faut pas que la situation dégénère, sinon je serai obligé de me manifester pour la secourir.

Je serre les poings de plus en plus fort au fur et à mesure que leur conversation prend une tournure drastique. Je suis à deux doigts d’intervenir lorsque le ton de Kyle devient plus agressif, mais une voix intérieure me hurle de rester caché. Si jamais je me montre, je vais ruiner ma couverture, et aussi ma relation naissante avec elle. Chaque seconde qui s’écoule me semble une éternité de torture.

Finalement, lorsque Kyle semble se lasser de son jeu cruel et tourne les talons, je pousse un soupir de soulagement. Je reste caché dans l’ombre un instant de plus, m’assurant qu’Amyris retrouve un semblant de calme et ne soit pas blessée, avant de me glisser silencieusement hors de la salle de bain. Kyle est déjà de retour dans sa chambre, son parfum âcre emplit le couloir. La rage et le désir de vengeance montent en moi comme une marée implacable. Je ne vais pas le laisser s’en tirer comme ça, je dois me venger, pour Amy. Il va souffrir. Je n’ai qu’une seule chose à faire, poser mes mains sur son cou et serrer de toutes mes forces jusqu’à ce que ses yeux giclent de leurs orbites.

Quelques instants plus tard, je me tiens dans la chambre de l’agresseur. Il s’est effondré sur son lit et s’est endormi aussi vite qu’un narcoleptique. Il est paisible et vulnérable qu’un bébé. À le regarder sous cet angle, on est loin de se douter que c’est un sale type. Il a une tête d’ange, mais c’est trompeur. C’est un sombre connard. Il est là, à dormir profondément sans aucun problème à l’horizon, tandis qu’Amyris est probablement encore sous le choc.

Le contraste entre sa douleur évidente et la tranquillité de Kyle est insupportable. Je n’arrive pas à me défaire de ces pensées qui ressassent en boucle leur confrontation. Il n’a vraiment aucune empathie, aucun cœur ? C’est impossible. Je refuse de croire qu’il est totalement dépourvu de sentiments, même si ses actions semblent le démontrer. Une partie de moi ressent de la culpabilité pour ne pas être intervenu, et l’autre est bien trop occupée à réfléchir à un moyen de le tuer.

Contrairement à lui, je suis victime des sentiments que je ressens pour Amyris. Je l’aime comme je n’ai jamais aimé personne, d’une manière indéfinissable. La profondeur de mon amour pour elle se heurte maintenant à ma propre incapacité à agir. Les émotions me submergent, un mélange chaotique de colère, de frustration et de désir impuissant.

Mon cœur martèle contre ma poitrine avec une force presque douloureuse. Je suis à deux doigts de commettre l’irréparable, par amour. Mes mains sont tendues vers le cou de Kyle, comme des cordes prêtes à se rompre. Je n’ai plus qu’à me jeter sur lui et à serrer de toutes mes forces. Je n’ai qu’un seul geste à faire pour apaiser les tourments d’Amyris. Un seul. Mais j’en suis incapable. Kyle est sans nul doute la pire ordure que je n’ai jamais connue, mais ça n’enlève pas le fait que j’ai encore besoin de lui. Si je le tue, je me condamne et ça, c’est hors de question. Les ordres sont les ordres : je dois tout faire pour que tout le monde survive.

Debout à côté de lui, invisible, mais bien présent, je l’observe silencieusement en train de ronfler. Le désir de justice est en guerre avec ma conscience, m’empêchant d’agir. C’est la même rengaine depuis dix minutes, et je suis au bord de la rupture d’anévrisme. Si je passe à l’acte, je gâcherai tout ce que je me suis acharné à construire pour en arriver là, mais je ne peux pas non plus rester les bras croisés alors qu’Amyris est en danger. Je dois me rendre à l’évidence : je n’ai pas le courage de lui faire payer ses actions. Même si je suis un criminel endurci et le futur général, je ne suis pas assez idiot pour foutre en l’air mon avenir pour une femme.

Je passe une main sur mon visage dégoulinant de sueur. Je ne peux rien faire. Ce salaud a de la chance, il échappe de justesse à la mort. Je ne peux pas protéger Amyris, pas comme ça en tout cas. Je traverse la porte en acceptant la vérité amère qui s’impose à moi : parfois, l’amour seul ne suffit pas à vaincre les démons qui hantent nos vies.

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