Alors on avait continué à plancher toute la journée sans grand résultat. J'avais eu la sensation d'éprouver un bref fourmillement au niveau des tempes mais ça avait été si léger qu'il était possible d'avoir rêvé à force de l'espérer. Il faut dire que je n'avais pas été très assidue, j’étais surtout concentrée sur la mine renfermée de Demetri qui n'avait plus prononcé un mot et s'était emmuré dans un silence total. Il n'avait même pas émis le moindre son depuis qu'il m'avait demandé de m'y remettre, et ça commençait à m'inquiéter. En fait il n'était même plus avec moi, ses yeux demeuraient dans le vide, perdu quelque part dans ses pensées. Il était appuyé contre un mur avec son épaule, le regard rivé au sol et n'avait même pas réagi quand j'avais juré comme un charretier à quelques reprises. Il ressemblait définitivement à une statue grecque ainsi figé dans le marbre. Par moment, le soleil venait caresser les vitres pour atteindre son visage, le faisant subtilement briller. Ça avait beau le rendre encore plus séduisant, me perdant dans sa contemplation. Mais il était temps de chercher à désamorcer l'atmosphère qui devenait pesante.
- Aïe ! M'écriais-je, attirant enfin l'attention du traqueur qui fut à mes côtés dans la seconde alors que je m'excusais pour la fausse frayeur. Désolée, je voulais juste m'assurer que tu n'étais pas mort pour de bon.
- Il y aura des représailles, me promit-il avec un sourire qui en disait long alors que je me mettais sur la pointe des pieds pour m'approcher de son oreille.
- Alors il faut que tu saches que j'ai un petit faible pour les fessées... lui murmurais-je alors qu'il grognait en réponse, me serrant contre lui.
- Tu as de la chance que je ne puisse pas te punir avant quelques jours... ronronna le vampire avant de m'embrasser toujours en prenant garde à contenir sa force et ses envies, il était devenu plus prudent depuis le coup de la morsure.
De mon côté, je profitais juste de cet instant, le laissant m'enivrer de son odeur naturelle de jasmin et de fleur d'oranger, deux senteurs que j'avais toujours apprécié. Ces deux jours de tranquillité en sa seule présence étaient passés bien trop vite à mon goût, j’aurais aimé pouvoir en profiter davantage, j’avais découvert chez Demetri un petit côté romantique qui le rendait encore plus irrésistible. Les petites attentions avec lesquelles il me couvrait avait de quoi faire tomber amoureuse n’importe quelle femme, j’avais vite cessé de chercher à lutter contre la rapidité avec laquelle cette relation s’établissait. Après tout, elle n’avait rien de normal. Dans mon monde, on ne se souciait pas de trouver son compagnon, de savoir si on avait un don ou s’il fallait devenir vampire pour ne pas enfreindre les lois existantes. Je m’étais – très – facilement laissé séduire par un homme qui devrait être mort depuis longtemps, je l’avais laissé s’introduire dans ma couche sans me poser davantage de questions et mes sentiments à son égard s’étaient développés, et même décuplés, en quelques jours. A partir de là, je ne pouvais pas m’attendre à vivre une histoire d’amour conventionnelle. Demetri de son côté, ne semblait toujours pas perturbé par cette rapidité, lui qui avait attendu ce moment depuis plusieurs siècles. Et malgré tout, il se montrait patient, ne cherchant pas à brusquer mes besoins d’adaptation, tout en étant vraiment attentionné, ce qui contribuait davantage à me faire tomber sous son charme. Malgré sa force démesurée, je me sentais en sécurité à ses côtés, le traqueur se montrait incroyablement doux à mon égard, et s’il éprouvait des difficultés à se contrôler en ma présence, il n’en montrait rien. Quand son attention était rivée sur moi, la façon dont il me regardait comme si j’étais l’une des merveilles du monde me donnait des frissons.
Hier, lorsque j’étais occupée à préparer mon dîner, le vampire grec était resté dans la cuisine, malgré les nuisances sonores et olfactives qu’il avait dû subir. Il m’avait écouté lui réciter les différentes étapes pour un risotto réussi avec la plus grande attention, alors que connaître une recette ne lui serait d’aucune utilité. Il avait même insisté pour m’aider en éplucher des oignons en le faisant sérieusement, alors que je l’avais regardé faire émerveillée, comme s’il le faisait depuis toujours. Apparemment, ce besoin de proximité physique était aussi essentiel pour Demetri que pour moi, et il m’avait avoué se sentir terriblement seul depuis qu’il était un Volturi. Malgré les liens d’amitié qu’il avait créée avec le clan, il attendait ma venue depuis longtemps, ce qui avait fait fondre mon petit cœur sensible et terriblement émotif. Comment pouvait-on demeurer de marbre quand l’homme qui t’était destiné ne craignait pas de s’ouvrir et de confier ses craintes ou ses doutes, t’accordait des sourires remplis de douceur et des gestes attentionnés. Ce matin à mon réveil, Demetri avait mis le petit radiateur d’appoint un peu plus fort avant de m’accueillir avec une tasse bien chaude de mon thé préféré, qu’il avait fait infuser quand il avait senti que mon sommeil touchait à sa fin en se fiant à mon rythme cardiaque. La veille, nous nous étions un peu câliné avant que je m’endorme, mais le vampire ne s’était pas montré entreprenant, veillant plutôt à ce que ma couette me recouvre bien pour m’éviter d’avoir froid.
Je me sentais terriblement bien en sa compagnie, mais je savais que cette quiétude ne durerait pas, alors je tâchais d’en profiter autant que possible. Et malheureusement, cet instant arriva bien vite quand je sentis le corps du traqueur se tendre contre moi, c’était léger mais j’avais appris à faire la différence en le côtoyant au quotidien.
- Et merde... Aro vient de m'appeler, fit Demetri en rompant ce moment avec tout autant de regret. Tu ne peux pas rester seule, je te ramène dans ta chambre et je t'envoie Chelsea qui s'ennuie à mourir en attendant le retour d'Afton.
- Pourquoi est-ce qu'il veut te parler ?
- Je ne serais pas surpris qu'il cherche un moyen de m'éloigner de toi à tout prix. Il a très bien pu dire à Jane qu'il comptait te transformer dans quelques jours pour avoir le champ libre ce soir en me faisant baisser la garde...
Glissant ses doigts dans les miens, il me guida dans les escaliers sombres de la tour pour éviter que je meure précipitamment d'une chute dans les escaliers. Même si après réflexion, au moins il aurait pu mettre fin à ses angoisses. Qui commençait à se répercuter sur les miennes. Si un vampire de deux millénaires doté d'une patience hors norme commençait à vraiment se faire du souci, alors je m'en faisais aussi. Mais il se figea une fois dans le couloir du rez-de-chaussée en apercevant un groupe de vampires qui le traversait. Tous dotés de yeux que j'aurais défini d'ambré, ils s'arrêtèrent à leur tour en regardant Demetri, puis moi, avant de retourner à Demetri.
- Je vois que les Volturi se dispensent de leurs précieuses règles qu'ils imposent aux autres, cracha l'un d'eux que je trouvais passablement horrible à regarder, comme si la beauté surnaturelle des vampires avait échoué dans son cas.
Il se tourna ensuite vers moi avec un mépris qui ne m'atteignait pas, bien que je ne comprenne pas sa réaction à mon égard.
- Fait gaffe à ce que tu dis Cullen si tu ne veux pas qu'on en vienne aux mains, le prévint Demetri qui m'entraîna sans attendre vers les étages inférieurs sans plus s'intéresser au clan de végétarien, sa rapidité nous avait permis d'être seuls dans l'ascenseur qui s'ouvrit vite sur le secrétariat.
- Les Cullen ont appelé, ils veulent parler aux rois, fit Chelsea en nous sautant presque dessus à notre sortie, ayant dû nous entendre descendre. Et Aro veut que tu sois là.
- Je suis au courant, on vient de les croiser. En attendant mon retour, tu vas rester avec Charlie, lui ordonna-t-il après m'avoir embrassé le front avant de disparaître dans un couloir.
Retournant vers mes quartiers avec une certaine appréhension, j'étais à moitié rassurée de voir l'athénienne me suivre pour envahir ma cuisine et fouiller mes placards sans la moindre gêne.
- Vous avez vraiment un problème avec le respect de la vie privée, ne puis-je m'empêcher de lui faire remarquer alors que je repensais à ma pauvre Regina qui avait été vandalisée parce que j’avais laissé les clefs sur le contact.
- Je regarde si tu as ce qu'il faut en stock vu que tu vas devoir partager tes réserves avec l'hybride. J'ai cru comprendre qu'ils allaient rester au moins une nuit...
Elle profita alors de sa présence pour me parler plus en détail du clan américain ainsi que leurs fréquentations avec des meutes de loups géants, et des tensions qu'ils avaient provoqué en ne se pliant pas aux règles. Ce qui ne me concernait pas puisque ma vie d'humaine touchait à sa fin. J'en profitais d'ailleurs pour grignoter avec gourmandise les macarons qu'ils me restaient, parce que je refusais de les partager avec qui que ce soit. Demetri aurait pu raffoler de la nourriture humaine que je ne lui aurais rien donné du tout. Et je sus enfin ce qu'il s'était exactement passé à Forks. Chelsea me raconta la vision qui avait poussé Aro à faire demi-tour dans sa quête de pouvoir, c'était mot pour mot ce que m'avait dit l'immortelle. La moitié de la garde aurait été décimée et les maîtres y auraient tous péri. Mais ce que j'avais surtout eu du mal à avaler, c'était la mort assurée de Demetri. Sonnée, j'avais dû m'asseoir pour ne pas me laisser engloutir par la sensation de déchirement intérieur que j'avais ressenti, alors que je n'avais même pas vu cette vision de mes propres yeux.
- C'est normal, m'avait assuré la blonde en venant s'asseoir sur le tabouret d'en face. C'est la preuve que vous êtes bien liés, et solidement, pour réagir ainsi. Mais Demetri est convaincu que la vision est faussée, du moins en ce qui le concerne, et je le crois aussi. Il faut vraiment être naïf pour espérer vaincre un vampire originaire de Sparte et âgé de deux millénaires surentraîné aussi facilement, ricana Chelsea. Les Cullen étaient désespérés, ils ont frappé là où il fallait pour repousser Aro. Il n'est pas impossible que la voyante se soit entraînée à lui donner l'aspect qu'elle voulait, avec de la volonté, même les dons les plus inoffensifs peuvent devenir des armes de guerre contre les esprits trop curieux, expliqua-t-elle en m'accordant un regard lourd de sens. Je sais très bien ce que Demetri cherche à faire en te gardant loin des maîtres, et je ne peux pas lui reprocher parce que j'ai voulu faire pareil avec Afton, malheureusement, tout ne s’est pas passé comme je l’avais espéré puisqu’il a fallu le transformer en urgence... Vu la rapidité avec laquelle il t'a éloigné des Cullen, j'en déduis que ce n'est pas encore concluant pour toi non plus, sinon il n'aurait pas eu d'inquiétude à te laisser en présence du télépathe.
- Donc tu crois que l'intégralité de la vision était montée de toutes pièces ? Me risquais-je à demander, ayant tellement peur de perdre ce que j'étais en train de construire.
- Oh non pas l'entièreté. Déjà en ce qui concerne les maîtres, je pense que c'est vrai, ils ont passé tellement de temps à compter sur la garde pour les protéger et les défendre, que même avec plus de trois mille ans à leur actif, ils ne sont pas, ou plus, au point en termes de combat. Pour les jumeaux aussi, ils ont toujours compté sur leurs dons pour se faire une réputation, comme je te l'ai dit quand je t'ai présenté le poste de secrétaire, les entraînements obligatoires pour tous les gardes sont très récents. Mais Demetri, qui était déjà un soldat alors que Sparte était réputée pour avoir les meilleurs combattants... non je n'y crois pas une seconde, ils ont surtout conscience du danger qu'il représente pour leur clan même si le reste des Volturi venaient à périr. En donnant à Aro l'impression qu'il pouvait être battu, ils ont juste cherché à sauver leur famille en affaiblissant son image et sa réputation auprès des autres. Mais jamais Demetri ne pourra être aussi facilement vaincu, et l'excuse du télépathe ne tient pas parce qu'il est l'un des rares vampires à savoir fermer son esprit lorsqu'il se bat pour éviter qu'on l'utilise contre lui. Même moi je n'arrive pas à le faire entièrement, je sais cacher des bribes d'informations, mais en étant dans l'action mon esprit est plus facilement lisible alors que je suis plus vieille que lui.
Malgré moi, je me mis à sourire avec une réelle fierté et un soulagement bienvenu de savoir combien le traqueur était redoutable. Ce qui n'était pas mon cas.
- Je suis encore loin de pouvoir l'égaler, je doute même de pouvoir être à sa hauteur un jour.
- Tu le seras, à ta manière. Tu ne pourras pas rattraper toute son expérience acquise, tout comme Afton ne pourra pas égaler la mienne, et c'est très bien comme ça, parce que ça a un prix. On a appris à faire les basses besognes en sacrifiant ce qu'il restait de notre humanité au fil des siècles, il n'est pas nécessaire que vous perdiez les vôtres aussi. Mais tu pourras l'égaler, voir le dépasser sur d'autres choses, à toi de les exploiter, de toute façon les compagnons sont égaux par nature, expliqua doucement Chelsea.
Je la trouvais beaucoup plus impliquée que lorsqu'elle devait m'expliquer mes horaires de travail et je sus que j’allais vite apprécier l’athénienne.
- Aro a toujours trouvé le don de mon compagnon insignifiant, parce que sa capacité à être invisible, ou du moins donner l'illusion qu'il l'est, ne durait pas longtemps. Je lui ai obtenu une place dans la garde rapprochée avec insistance, parce que je sais qu'il le mérite. Et pendant que les maîtres étaient occupés à chercher d'autres pouvoirs ailleurs, Afton s'est entraîné sans relâche pour développer le sien. Désormais, il tient si longtemps qu'il peut rester plusieurs heures dans la même pièce que moi avant que je me doute de sa présence. Et comme il a été formé au combat par son créateur, il est devenu tout aussi redoutable dans une bagarre, continua la blonde en parlant de sa moitié avec une fierté impossible à ignorer.
Et cette fierté, je voulais que Demetri la ressente aussi au point de me vanter auprès des autres. Parce que même si ses sentiments et ses attentions étaient gratifiants, savoir que son âme-sœur pouvait être à ce point satisfait de ses compétences, ça l'était encore plus.
- Tu es en train de me rendre jalouse Chelsea... lui souris-je même si cela restait vrai.
- Tu n'as aucune raison de l'être. Encore moins quand on sait que ton don est déjà actif. Je regrette de ne pas avoir été là, il paraît que c'était impressionnant à voir.
- C'était une toute petite flamme, lui assurais-je alors qu'elle souriait encore plus.
- Et tu ne t'es pas demandé comment il s'est manifesté ? Moi je vais te le dire, oui tu as eu peur. Mais il n'a pas voulu uniquement te protéger toi, il s'est déclenché une fois que Demetri t'a rejoint, alors que tu étais certainement tout aussi terrorisée avant. Si la colère ou la peur suffise pas à l'utiliser au début, pense à Demetri, il te servira de fil conducteur, fanfaronna Chelsea qui semblait heureuse que je n'y ai pas pensé avant, ni même Demetri.
- C'est noté, bredouillais-je en la remerciant, appréciant ses conseils très utiles.
J’étais assez étonnée de voir combien la hiérarchie et les relations au sein des Volturi étaient complexes alors que j'aurais pensé que tout était paisible grâce à Chelsea et son don de manipulation.
- Où est passé Afton ? Demetri m'a dit que tu attendais son retour.
- Exact, il est parti faire une ronde autour de Volterra. La garde en a toujours fait mais depuis l'invasion d'Aznar, elles se sont multipliées. La forteresse a beau être un véritable labyrinthe, son absence d'odeur nous met tous en alerte parce que nous ne pouvons pas le sentir, et que notre cher traqueur ne le sentira pas non plus approcher lorsqu'il reviendra à la charge comme il ne possède pas de signature mentale, et on sait qu'il reviendra. Nous sommes actuellement au pouvoir, mais avant il y a eu les roumains, et encore avant, c'était Amun et son clan. Les places sont convoitées, il y aura toujours des vampires qui voudront renverser ceux qui gouvernent. Ce n'est pas si différent des rois ou souverains humains qui ont vécu les mêmes choses à différentes périodes de l'histoire.
Je ne pouvais malheureusement pas le nier. Me levant pour jeter la boite des petits desserts colorés, je perçus un autre vacarme pour la deuxième fois au cours de la journée alors le visage jovial de l'immortelle était redevenu sérieux.
- J'imagine que ce n'est pas Jane qui a exécuté une seconde voiture ? Voulus-je plaisanter alors que le raffut approchait et que Chelsea m'embarquait avec elle. Eh !
- Une altercation entre Jane et Isabella Swan vient d'éclater et je veux assister à ça !
Et effectivement, plus on s'approchait du couloir où se trouvait mon bureau que j'avais délaissé depuis l'agression, et plus des éclats de voix étaient perceptibles. Jane était pratiquement collée nez-à-nez avec une grande brune placée devant une adolescente rousse tandis qu'Alec arrivait en renfort pour aider sa jumelle.
- Si tu t'avises d'insulter encore une fois ma fille...
- Quoi Swan ? Qu'est-ce que tu vas me faire ?
- D'abord maintenant c'est Cullen, et je vais te dire ce que toi tu ne feras pas, me soumettre à ton don avec tes tortures, parce que tu ne peux pas.
- Répète ça si tu l'oses ! Hurla Jane en voyant rouge, et si elle avait pu rougir, je ne doute pas qu'elle le serait autant que ses yeux.
- J'ai dit que ton don était dépassé, obéit la brune sans se laisser intimider alors que les deux jumeaux avancèrent en chœur d'un pas menaçant, faisant reculer la végétarienne.
- Je crois que tu ne connais pas encore ma nouvelle amie Charlie, c'est la compagne de Demetri, siffla la blondinette en me désignant au moment où j'arrivais, attirant l'attention des deux femmes sur moi. Elle va te mettre la misère pendant ton séjour à Volterra, ton petit bouclier ne peut rien contre son don ! Lui assura-t-elle alors que je serrais les dents, détestant être mise en avant dans cette situation. Tu vas cramer exactement comme Jeanne d'Arc !
- C'est pour ça que tu as buté ma bagnole ? L'interrogeais-je abasourdie alors que je me retenais de lui crier dessus.
Etant donné que j'étais une rémoise passionnée d'histoire et de femmes qui prennent leur destin en main, j'idolâtrais la pucelle d'Orléans, et que le commentaire de Jane avant de quoi me faire grincer des dents en repensant à sa fin si injuste.
- Et je te remercie pour ton sacrifice qui a permis de sauver la mienne, répondit calmement Alec sans quitter des yeux les deux végétariennes.
Comme si que j'avais eu le choix alors qu'elle avait agi dans mon dos.
- Où sont les autres ? Intervint à son tour Chelsea qui était tout sourire devant le spectacle qu'elle voyait.
- Parti s'installer dans leurs chambres pour leur séjour, le lutin aurait soi-disant vu l'attaque d'Aznar… commença Alec.
- Mais ils n'ont rien fait pour nous avertir et ont seulement décidé qu'on devait le savoir, termina Jane en grognant fortement pour un si petit être. Demetri et Félix sont chargés de les accompagner.
- Et Jane était censée indiquer le chemin de la cuisine à l'hybride pour lui souhaiter la bienvenue... poursuivit son frère qui était beaucoup plus calme que sa jumelle.
- Et cette garce l'a insulté ! Fit à son tour la fameuse Isabella.
- J'ai juste dit qu'elle avait un penchant pour la zoophilie, et aux dernières nouvelles, c'est vrai ! Ne se démonta pas la blonde alors que j'approuvais intérieurement ses paroles pour l'avoir appris de la bouche de l'athénienne juste avant.
Sauf que l'hybride chercha à dépasser sa mère, sûrement pour défendre le loup en question. La brune avança donc à son tour, ce qui enclencha la foulée de Jane qui sauta sur Isabella, attendant probablement ça depuis le début. Le reste fut tellement rapide que mes yeux d'humaine ne parvinrent pas à suivre le déroulement des évènements. Chelsea me tira d'ailleurs en arrière pour m'éloigner de la trajectoire des deux immortelles alors que j'entendis un bruit de casse, au moment où je voyais mon bureau finir par rendre l'âme après toutes ces péripéties en un mois d'existence.
L'ascenseur s'ouvrit au même moment dans un boucan pas possible alors je me sentis violemment projetée à terre, lâchant un cri de surprise et de souffrance lorsque mon bras percuta durement les dalles de pierres glaciales. Les bruits s'intensifièrent sans que je ne parvienne à les différencier, plusieurs cris retentirent autour de moi au moment où quelque chose m'écrasa au sol, et qu'une violente douleur me fit hurler sous la morsure que je subissais dans le cou. Alors que je sentais mes forces me quitter pour sombrer dans les ténèbres à mesure que je me vidais de mon sang, je distinguais la voix lointaine de Demetri.
- Charlie !
Des brouhahas s'accentuèrent autour de moi tandis que je m'évanouissais, endolorie par une seconde morsure, et je n'eus pas assez d'énergie pour appeler Demetri, ma tête alourdie cognant contre le sol froid du secrétariat.