Il était une fois, dans un royaume où les nuages s’attardaient sur la terre comme des esprits errants, un homme dont chaque parole façonnait la réalité. Aziel, le Conteur des Brumes, n’était ni mage ni prophète, mais ses récits avaient ce pouvoir étrange de s’ancrer dans le monde comme s’ils avaient toujours existé.
Un soir, alors que les étoiles s’enlaçaient dans une danse silencieuse, il leva les yeux au ciel et murmura aux vents:
— Les astres, fatigués de briller dans l’indifférence, descendront bientôt sur Terre sous forme de poussière de champignon.
Les habitants du royaume frémirent à ces mots, comme envoûtés. On scruta les cieux avec une ferveur nouvelle, on chuchota des prières aux étoiles, et dans l’attente fiévreuse, nul ne savait si Aziel avait parlé en poète ou en oracle.
Puis, vint la nuit de la tempête. Un orage immense secoua la vallée, et au matin, lorsqu’enfin la lumière perça les nuées, un spectacle inimaginable s’offrit aux yeux du monde: une forêt luminescente, surgie de nulle part, s’étendait aux portes de la cité. Des champignons aux reflets d’azur et d’argent couvraient la plaine, murmurant dans le vent des mots oubliés.
On approcha, on cueillit ces étranges créatures végétales, et lorsqu’on souffla sur leur fragile poussière, des visions prirent forme dans l’air, des mirages, des fragments de futurs possibles, des souvenirs volés aux méandres du temps. Ceux qui osaient respirer cette brume étoilée prétendaient avoir entrevu leur destinée… ou peut-être seulement un rêve qu’ils n’avaient jamais osé vivre.
Aziel, lui, restait en retrait, un sourire espiègle flottant sur ses lèvres. Avait-il réellement invoqué les étoiles? Ou simplement tissé une illusion si parfaite que le monde entier avait choisi d’y croire?
Les années passèrent, et la forêt, capricieuse, se déplaçait dans la nuit, réapparaissant chaque matin ailleurs, comme une promesse jamais tenue. Quant à Aziel, on raconte qu’il s’effaça un jour, s’engouffrant dans la brume, ne laissant derrière lui qu’un éclat de rire, une poussière d’étoiles… et une question qui jamais ne trouva de réponse.