L'horloge affichait 2h37 du matin quand Léa ouvrit brusquement les yeux. Son souffle était court, son corps figé dans l'obscurité oppressante de sa chambre. D'abord, elle pensa qu'un cauchemar l'avait tirée de son sommeil. Mais non. Le bruit qu'elle venait d'entendre était bien réel.
Un grincement. Lent, discret... comme une chaise qu'on déplace sur le sol.
Son estomac se noua. Son coeur cogna si violemment contre sa poitrine qu'elle craignit que le bruit ne trahisse sa présence. Elle vivait seule. personne ne pouvait être là. Personne.
Elle tendit une main tremblante vers sa table de chevet. Elle se saisit de la boîte d'allumettes. Une flamme vacillante brûla quelques instants, révélant son carnet de voyage, étrangement ouvert sur un croquis qu'elle n'avait jamais dessiné.
Ses entrailles se glacèrent.
C'était elle. Elle, endormie sur sa misérable paillasse. Elle sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Elle voulait bouger, crier, mais son corps refusait de lui obéir.
Elle cligna des yeux, incapable de détourner le regard du carnet. Sous le croquis, quelques mots avaient été écrits dans une cursive élégante.
"Tu dors profondément. Je t'envie."
Léa sentit des larmes lui monter aux yeux. Ses doigts agrippaient fébrilement sur le calepin, cherchant à tourner les pages, pour comprendre la raison de ce dessin au beau milieu de ses notes.
Elle se brûla les doigts et l'obscurité regagna sa chambre, encore plus angoissante. Elle gratta une nouvelle allumette.
Ses yeux se figèrent sur la page.
"Ne te retourne pas."
Les mots étaient encore frais, l'encre bavant quelque peu sur certaines lettres.
L'air devint lourd, oppressant. Quelque chose bougeait derrière elle. Une ombre. Une respiration, lente et froide, effleura sa nuque. Elle sentit l'odeur fade et métallique d'un souffle qui n'aurait jamais dû être là.
Puis, le murmure. Doux, intime, effroyable.
— Je sais que tu es réveillée...
Ses membres se paralysèrent. Son coeur cessa presque de battre. Elle aurait voulu disparaître dans l'obscurité. Puis, un bruit de pas... s'éloignant.
La lumière de l'allumette vacilla, puis s'éteignit complètement pour la deuxième fois.
Et dans le silence étouffant de la pièce, Léa comprit une chose terrifiante.
La chaise n'avait jamais grincé parce que quelqu'un s'asseyait.
Elle avait grincé parce que quelqu'un venait de se lever.
Léa resta figée, les yeux écarquillés, son souffle court. Son corps refusait de bouger, comme si le moindre mouvement pouvait déclencher un cauchemar bien réel.
Puis, lentement, elle trouva la force de gratter une nouvelle allumette. La dernière. Un autre message avait été laissé dans le carnet.
"Tu m'as trouvé. Maintenant, c'est à mon tour."
Un frisson la parcourut. Elle sentit une pression sur le matelas. Comme si quelqu'un s'asseyait à ses pieds. Très lentement.
Ses yeux se remplirent de larmes. Elle voulait hurler, fuir, mais elle savait... C'était trop tard.
La silhouette noire, invisible dans l'ombre, se rapprocha. Une dernière pensée traversa son esprit avait que tout ne devienne noir : elle n'avait jamais été seule.
Elle a l'air très sympa, cette ombre, voyons.