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Myfanwi

CHAPITRE 25

Lundi 18 octobre 2020, 1 h 30

La porte de l'appartement claqua au nez d'un Bruce trop curieux qui avait tenté de les suivre. Miranda voulait avoir cette conversation seule, en tête à tête avec Connor. Elle avait envoyé le chef du camp chercher Frédéric, au cas où ses connaissances pourraient leur être utiles, ce dont elle doutait. Tout ceci la dépassait et de loin.

Elle garda une main sur la porte quelques secondes et prit une grande inspiration. La conversation à venir ne serait pas plaisante, et elle pouvait déjà sentir les prémices d'une migraine taper à l'intérieur de son crâne. La jeune femme se redressa, puis se tourna vers l'autre personne présente dans la pièce.

Les derniers jours ne semblaient pas avoir été tendres avec lui non plus. Son blouson était craqué. Ses cheveux étaient un peu plus longs que dans son souvenir. Il avait aussi l'air épuisé, les yeux cernés et la posture courbée. Alors qu'il se promenait dans la pièce, Miranda remarqua qu'il boitait légèrement de la jambe gauche.

— Comment est-ce que vous vous êtes retrouvés dans cet endroit ? demanda Connor. Je ne pensais pas que tu étais le genre à te trimballer un groupe. Ou alors tu as juste un problème avec moi, qui sait.

Miranda retint de justesse la remarque acerbe qui manqua de passer la barrière de ses lèvres. Il n'était là que depuis quelques minutes, et il recommençait à lui taper sur le système. À ce point-là, ce devait être un don. Malheureusement, le braquer ne ferait pas avancer la situation. Plus tôt elle en aurait fini avec lui, le plus vite elle retrouverait Louise.

— C'est une longue histoire. Je connaissais déjà leur chef. Louise et moi avons fui son groupe quelques mois après la Marée Rouge. Ce n'est pas quelqu'un de bien.

— Tu me brises le cœur, mon calao ! cria une voix étouffée derrière la porte.

Miranda leva les yeux au ciel et choisit de l'ignorer.

— Je n'ai pas choisi de me le coltiner. Il m'a chopée dans un parc d'attraction et n'a accepté de me relâcher qu'à cette condition.

— Qu'est-ce que tu faisais dans un parc d'attractions ? Ces lieux grouillent de bestioles.

— L'homme qui m'a sauvé après l'écroulement du phare, Bernard, connaissait quelqu'un qui avait une radio fonctionnelle. C'est comme ça que j'ai envoyé mon message. Il s'est fait attraper par une de ces saloperies.

— C'est notre quotidien, malheureusement.

— Il prenait soin de deux gamines, des jumelles. Elles sont avec moi maintenant.

Connor la dévisagea de la tête au pied, puis la pointa du doigt.

— Sans vouloir être méchant, tu ne m'as pas trop l'air d'avoir la fibre maternelle.

— Et toi tu as une tête de con, mais on ne peut rien y faire. Je m'adapte. Je n'ai pas le choix.

Étrangement, il ne répliqua pas. Miranda se détourna de lui pour aller regarder à la fenêtre. L'air frais lui balaya le visage à travers le carreau brisé. Dans l'obscurité, seul l'immeuble d'en face, dont certaines fenêtres étaient illuminées par les lampes torches des survivants, attestait de la présence de vie.

— Tu as dit que tu avais une fille ? demanda-t-elle, plus calme.

— Oui. Inaya. Elle n'avait que quatre ans. On a été emportés par la Marée Rouge, on aurait dû y laisser la peau. Mais... Ça n'est pas arrivé. On ne peut pas en discuter comme ça, laisse-moi juste...

La jeune femme se tourna pour l'observer alors qu'il posait un appareil étrange sur le sol, en forme de cylindre métallique. Le métal, cependant, ne ressemblait à aucun de ceux qu'elle connaissait. Ça ressemblait à de l'acier, mais brillait d'un vert acide puissant. Le haut du cylindre prit soudainement une teinte bleutée, puis quelque chose en fut expulsé. Miranda sursauta, alors que quelque chose qu'elle ne réussit pas à voir la traversa pour embrasser la forme de la pièce. Les murs s'assombrirent derrière un filtre bleuté qui tremblait légèrement.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Je l'ignore. Je l'ai volé lorsque je me suis enfui de l'espèce de vaisseau où ils m'ont emmené. C'est comme une bulle. Une fois à l'intérieur, personne à l'extérieur n'entend ce que l'on peut y dire. On ne peut pas y entrer non plus, seulement en sortir dans une zone précise. Je l'ai découvert par hasard après l'avoir utilisé contre une meute de loups, par désespoir.

— Des loups ? s'exclama-t-elle, confuse.

— Longue histoire. J'ai traîné à Lille quelque temps, et disons que les animaux du zoo n'ont pas tous été emportés par la Marée Rouge. Ils sont en liberté dans les rues. Du moins, ils l'étaient il y a quelques mois. Il ne doit plus en rester beaucoup, la plupart sont nés en captivité. Ils ne savent pas se nourrir. Ces loups... Savaient. Je ne devais pas être leur première tentative.

Elle grimaça.

Miranda s'approcha de l'étrange boule d'énergie et, avec hésitation, tendit la main pour la toucher. La bulle était aussi dure que de l'acier, et en avait la froideur. Pour autant, la texture ressemblait davantage à celle d'un matelas gonflable. Fascinée, elle resta un long moment à tester la solidité de ce bouclier improvisé, avant de se tourner vers Connor.

— C'est quoi cette histoire de vaisseau ? Tu parles de la Tométéorite ?

— Non, c'est arrivé après. Pendant la Marée Rouge. J'étais coincé dans les bouchons parisiens avec ma fille quand elle nous a rattrapés.

— Mais... Tu devrais être mort dans ce cas. Ou transformé.

— Exactement. Pourtant, je me suis réveillé dans un tube bizarre, cerclé de créatures brumeuses bizarres qui ont fait des expériences sur moi, et sur un paquet d'autres humains. Ils nous avaient mis dans des cages, comme au zoo, un homme et une femme. Sans doute espéraient-ils de la reproduction, je ne sais pas. Ensuite, ils ont... Je ne sais pas. Il y a eu un gaz bizarre, et ça a tué la femme qui se trouvait avec moi, et la plupart des autres. Je ne sais pas comment j'y ai survécu. Les cadavres se sont ensuite relevés. Ils marchaient comme... Comme des zombies. Ils les ont parqués dans une grande salle, et c'est là que je les ai vu... Prendre la vie d'Inaya. Ils l'ont transformée en l'une de ces saloperies, dit-il en pointant les légumes gigantesques qui masquaient l'horizon. Je pense qu'ils ont testé la chose qui fait se transformer les humains en légumes, et qu'elle était la première. Tout ça... À cause d'une boîte de macédoine que j'avais laissé dans ma voiture et qu'ils ont pris pour exemple. Je crois. C'était trop étrange pour vraiment comprendre ce qui se passait sous mes yeux pour être honnête.

Miranda écouta son monologue jusqu'au bout, sans broncher. Toute cette histoire lui paraissait complètement folle et improbable. Si elle ne vivait pas dans un monde effectivement envahi de légumes géants, elle ne l'aurait jamais cru. Pour autant, pouvait-elle vraiment le croire sur parole ? Peut-être la perte de sa fille l'avait-il traumatisé au point d'en halluciner de tels événements ? Elle avait bien du mal à imaginer que cette histoire d'extraterrestres de brume soit réelle.

Connor dut lire son scepticisme dans ses yeux.

— Je t'assure que c'est la vérité. Ces lumières dans le ciel. Ce sont eux. Je les ai déjà vus avant tout ça. Je ne peux pas garantir que ce n'était pas des avions ou des hélicoptères, mais maintenant qu'il n'y en a plus, comment en douter ?

— Je veux te croire, vraiment. Mais des vaisseaux spatiaux ? Des expérimentations sur les humains ? Dans quel but ? Ils veulent vivre ici ? Ils anéantissent des planètes pour le fun ? Je ne comprends pas quel pourrait être leur intérêt.

— Est-ce que c'est important ?

— Bien sûr que c'est important ! Tu ne te lèves pas un matin en te demandant si tu vas commettre un génocide sur une planète au hasard juste parce que tu te sens de le faire !

La jeune femme fit les cent pas dans la pièce, plongée dans ses réflexions. Si les extraterrestres s'intéressaient de nouveau à eux après deux ans, ils ne devaient pas avoir obtenu ce qu'ils voulaient la première fois. Maintenant que les médias et Internet n'existaient plus, comment les survivants allaient-ils bien pouvoir s'organiser pour échapper à une deuxième apocalypse ? Il y avait fort à parier qu'ils ne s'en sortiraient pas après celle-ci.

— Ils cherchent peut-être quelque chose. Pourquoi tu ne t'es pas transformé ? Et surtout, comment est-ce que tu t'es enfui ?

Connor baissa les yeux et ses épaules s'affaissèrent légèrement. Ça n'augurait rien de bon. Miranda, cependant, n'en était plus à une révélation prêt à ce point. Il pouvait lui dire qu'il s'était poussé une deuxième tête que ça ne la surprendrait plus. Enfin... Peut-être juste un petit peu.

— Je l'ignore. Je ne m'en souviens pas.

— Comment ça tu ne t'en souviens pas ? s'offusqua-t-elle. Ce n'est pas le genre d'informations que tu oublies aussi facilement.

— J'ai réussi à forcer ma cellule. Après ça, je ne suis pas capable de me rappeler de ce qui s'est passé. Ce n'est pas de l'amnésie. En tout cas, pas comme on l'entend. Plus... Comme si quelqu'un avait trifouillé dans ma tête et avait retiré cette partie de mon cerveau. Je pense qu'ils ont des sortes d'appareil qui permettent de supprimer la mémoire à court terme. Le pire, c'est que je ne peux pas assurer qu'ils ne l'avaient pas déjà utilisé sur moi avant. Ou sur les autres. Peut-être que c'est quelque chose qu'ils faisaient régulièrement. Je ne sais pas exactement combien de temps je suis resté sur ce vaisseau. Je n'ai jamais vraiment eu l'impression de pouvoir compter les heures. J'estime que j'y suis resté trois ou quatre mois, d'après ce que j'ai vu en me réveillant sur Terre.

— Tout le discours sur le carillon, c'était du vent ?

— Oui et non. J'ai joué du piano plus jeune. Ça y ressemblait assez pour tromper les yeux non-vigilants. En revanche, j'étais bien coincé dans ce carillon depuis un an et demi. Je me suis réveillé pas loin, dans des décombres, complètement désorienté. J'ai décidé de rester dans le coin dans l'espoir de comprendre comment j'en étais arrivé là. Quelques groupes de survivants m'ont aidé à comprendre comment les choses fonctionnaient, et comme tout le monde, je me suis ensuite adapté. J'ai longtemps pensé que j'avais pris une grosse poutre sur la tête et que ça expliquait pourquoi j'avais des souvenirs pareils, mais... Je pense qu'avec le temps, il est difficile de nier que tout ça n'était que le résultat d'une grosse bosse. Le monde est devenu trop fou pour écarter des théories pareilles, aussi farfelues soient-elles.

Miranda garda le silence un moment. Elle avait eu raison de se méfier. Cet homme leur avait menti dès les premières secondes de leur rencontre. Malgré les explications, elle ne parvenait toujours pas à cerner qui était vraiment Connor. Toutes ces nouvelles informations lui donnaient le tournis. Combien de choses leur cachait-il encore ?

Pire, Louise pouvait très bien être une victime collatérale. En disparaissant ou en s'enfuyant de ce soi-disant vaisseau spatial, il avait pu provoquer le courroux des créatures qui l'avaient enlevé. Peut-être cherchaient-elles à le récupérer ? Puisqu'il était seul avec Louise, la théorie semblait plausible, mais peu cohérente. S'ils n'étaient que deux, enlever Connor n'aurait pas été très compliqué.

Son estomac se retourna à la simple pensée de sa meilleure amie et mère adoptive, seule dans l'espace et entourée de créatures brumeuses prêtes à expérimenter sur elle. Ils devaient la sortir de là à tout prix.

— S'ils ont Louise, il va falloir trouver un moyen de la sortir de là. Comment est-ce qu'on va dans ce vaisseau ? demanda-t-elle. Est-ce qu'il y a des armes, n'importe quoi qui fonctionne contre eux ?

— Oui, une seule. Mais... Je n'en ai pas en quantité illimitée.

Il fouilla dans son sac et en sortit un épais bidon. Miranda fronça les sourcils. Elle l'avait déjà vu quelque part. Connor sourit malicieusement, devinant ce qu'elle pensait.

— C'est ce que j'ai utilisé contre la racine géante qui avait coincé notre voiture. C'est... Je ne sais pas trop. Ça a la consistance de l'essence, et ça peut tuer les légumes en quelques secondes. Je ne sais pas si ça fonctionnera sur les extraterrestres de brume, en revanche. Si je l'ai utilisé contre eux, je ne m'en souviens pas. Il ne m'en reste plus que la moitié d'un bidon.

Miranda hocha la tête. Ça ferait l'affaire. Ce n'était pas comme s'ils avaient beaucoup d'autres possibilités pour le moment.

— Comment est-ce que l'on monte dans leur vaisseau ? s'interrogea la jeune femme. Si Louise s'y trouve, on doit la secourir. Je ne peux pas la leur laisser.

— Je ne sais pas. Il va falloir trouver un moyen d'attirer leur attention. Il nous faut un plan, des appâts et quelque chose qui va les mettre vraiment en colère. Assez pour qu'ils s'en mêlent. On devrait y réfléchir avec votre ami dehors. À plusieurs, on aura sans doute un plus grand champ d'actions possibles.

Miranda grimaça. Elle n'avait pas exactement envie de faire rentrer Bruce dans la boucle.

Elle poussa un long soupir. Si elle voulait sauver Louise, elle n'avait pas le choix : elle allait devoir faire équipe avec les personnes en qui elle avait le moins confiance sur cette planète. 

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