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CHAPITRE 24

Dimanche 17 octobre 2020, 22 h 15

Un silence pesait sur le groupe depuis qu'ils étaient entrés dans la ville de Bruges. Dans l'obscurité, des racines grouillaient un peu partout. Les survivants étaient à la recherche d'un endroit assez grand pour s'installer quelque temps. Plusieurs bâtiments avaient déjà été éliminés lorsque les éclaireurs avaient rapporté la présence d'une carotte ou de choux de Bruxelles dans les chambres, mais il en restait des centaines à explorer.

Bruce pointa du doigt deux grands immeubles, face à face, et envoya silencieusement ses éclaireurs les visiter. Le reste du groupe patienta à une bonne distance. Après quelques minutes, ils revinrent et annoncèrent que la voie était libre. Miranda préféra s'assurer elle-même qu'il n'y avait pas de mauvaise surprise dans l'appartement où elle allait loger, avant d'inviter les jumelles à la rejoindre.

À son grand déplaisir, Frédéric, qui semblait-il avait pris la confiance depuis leur dernière discussion, décida de s'installer avec eux. La jeune femme avait bien tenté de l'en dissuader, mais il n'avait pas compris le message.

Dans un grognement, Miranda prit possession du canapé, et libéra Macron, qui partit immédiatement explorer leur nouvelle habitation. Les fillettes, elles, commencèrent à faire chauffer un peu d'eau pour se laver sommairement. Garder une bonne hygiène restait important, pas à cause de l'odeur, mais à cause des maladies qui pouvaient se développer sous la crasse. Miranda essayait de s'en tenir à une par semaine, même si la tentation de se laver quotidiennement lui pesait. Elle haïssait la sensation de saleté dans ses cheveux, sous ses ongles, et ne cachait pas son dégoût quand elle se trouvait à côté d'un survivant qui sentait un peu trop fort, bien qu'elle comprenait qu'avec une réserve d'eau limitée, se laver n'était pas forcément une priorité.

La jeune femme patienta le temps qu'elles fassent leur toilette pour s'occuper de la sienne, le plus vite possible pour garder l'eau chaude pour Frédéric, dans sa grande bonté.

Une fois propre, elle mangea une boîte de conserve, discuta un peu avec les jumelles et leur colocataire un peu envahissant, puis décida d'aller dormir quelques heures. La longue marche l'avait épuisée, et elle espérait pouvoir au moins glaner une nuit de tranquillité avant d'aider à sécuriser leur camp de fortune au petit matin.

Elle se trompait lourdement.

Peu avant l'aube, quelqu'un frappa à grands coups à sa porte. Miranda bondit hors du canapé, son couteau à la main, faisant fuir le pauvre Macron qui s'était endormi sur elle à la hâte. Elle prit quelques secondes pour calmer le rythme erratique de son cœur pour prendre assez de recul sur la situation. La seule nuit où elle baissait la garde, il y avait des problèmes. Bien évidemment.

— C'est qui ? demanda-t-elle d'un ton froid.

— Ton meilleur ami, mon petit pouillot !

La jeune femme leva les yeux au ciel. Elle rangea son arme à sa place et alla ouvrir à Bruce qui attendait derrière la porte, un rictus amusé plaqué sur le visage.

— Ça faisait bien longtemps que je ne t'avais pas vu au réveil, toi et ta tignasse des enfers.

— Si tu le dis. Tu es venu jusque là juste pour tester mes réflexes ou tu as quelque chose à me dire ?

— Désolé de te décevoir, mais je ne suis pas venu pour tes beaux yeux, mon barbican. Par contre, il y a un gars que mes sentinelles ont intercepté et qui dit qu'il te connaît. Si tu veux mon avis, il n'a pas une tête à s'appeler Louise, mais qui suis-je pour juger ses choix de vie.

Miranda se tendit. Les traits de son visage se fermèrent et, sans un mot, elle passa devant lui pour se diriger vers le rez-de-chaussée, Bruce sur les talons.

— On va avoir le droit à une dispute de couple ? J'adore les disputes de couple.

— La ferme, Bruce ! siffla-t-elle entre ses dents.

La jeune femme arriva rapidement au poste de surveillance, installé à la hâte dans ce qui devait être la conciergerie quelques années plus tôt. Les gardes s'écartèrent pour les laisser passer.

Miranda sentit son souffle s'accélérer. Sur une chaise, les mains attachées derrière le dos, se trouvait Connor. La jeune femme se détourna bien vite de lui pour regarder les autres personnes de la pièce, à la limite de la panique. Ses yeux ne trouvèrent rien. Il ne la trouvèrent pas. Louise n'était pas là.

Elle se figea, puis se tourna lentement vers le carillonneur.

— Où elle est ? exigea-t-elle d'un ton glacial.

— Ravie de te revoir aussi, Miranda.

— Où est Louise ? hurla-t-elle.

Connor baissa les yeux. Le cœur de Miranda rata un battement. Non. Non, tout sauf ça. Elle n'avait pas fait tout ce chemin pour qu'il lui annonce qu'elle était morte. Elle ne le supporterait pas. Elle ne pouvait pas le supporter.

Quelque chose se brisa dans son esprit. Elle ne voyait plus que lui. Que cet homme insupportable à cause de qui ils avaient fait un détour par ce stupide phare. Ce stupide phare qui s'était écroulé alors qu'elle étouffait à quelques mètres de là. Elle aurait préféré mourir avec elle. Même ça, il lui avait refusé. Il lui avait fait miroiter l'espoir de possibles retrouvailles, avant de lui reprendre de la plus horrible des manières.

Elle allait le tuer.

Sans aucun avertissement, Miranda se jeta sur lui dans un cri bestial. La chaise bascula sous son poids alors qu'elle agrippait à deux mains le cou de Connor. Elle voulait le briser. L'entendre craquer comme la dernière parcelle de son humanité. Tout autour d'elle devint flou alors qu'elle se concentrait sur sa tâche, aveuglée par la colère.

Deux bras la saisirent sous les aisselles et elle fut violemment tirée en arrière. Elle hurla, griffa, donna coups de pied et de dents. Elle voulait le tuer. Elle devait le tuer.

Son visage fut brutalement poussé dans un seau d'eau froide. L'instinct de survie reprit le dessus. Elle se débattit de toutes ses forces pour respirer, agrippant la main qui la retenait prisonnière. Alors que le souffle venait à manquer, on la relâcha. Miranda releva la tête et prit une grande inspiration, avant de tousser à s'en décrocher les poumons pour recracher l'eau qui s'était infiltrée à l'intérieur. Elle haleta de longues secondes à genoux, à bout de souffle.

— C'est bon ? T'es calmée, mon tangara ? lui demanda malicieusement Bruce. Je dois avouer, je ne m'attendais pas à ce que tu sautes à la tronche de Louise.

— Je ne m'appelle pas Louise ! grogna Connor, de nouveau en position assise.

— J'ai l'air d'en avoir quelque chose à faire ? T'as une tête de Louise, finalement. Jamais vu une mauviette pareille se prendre la raclée de sa vie par une gonzesse. Alors, c'est quoi l'histoire ? Vous avez baisé mais elle s'est barrée avec ton froc et tes pantoufles ? Elle a tendance à faire ça. Paraît même qu'elle s'est barrée de chez elle avec les économies de ses parents. T'es pas le premier à t'être fait avoir par son minois de moineau, mon pauvre.

— Ça expliquerait des choses...

Miranda resta un long moment à quatre pattes, les cheveux dégoulinant sur son visage. Elle n'entendait que sa respiration rauque alors qu'elle peinait à reprendre son souffle.

Connor la dévisagea de longues secondes, avant de soupirer. Il baissa les yeux.

— Elle est vivante. Je crois.

— Tu... crois ? demanda Miranda, la voix tremblante. Comment ça, "je crois" ? Elle est vivante ou elle l'est pas ?

— Je l'ai perdue, il y a deux jours, voilà. On a entendu ton appel, on s'est mis en route. Elle est partie aux toilettes, elle n'est jamais revenue. J'ai cru qu'elle s'était fait avoir par une de ces saloperies, mais il n'y avait rien. J'en suis certain.

— Alors tu t'es juste barré et tu l'as laissé à son sort ? hurla Miranda, faisant mine de se redresser.

Bruce posa une main ferme sur son épaule et la força à s'asseoir de nouveau sur ses fesses. Elle était trop épuisée pour résister, mais pas pour mordre à pleine dents dans sa main, lui arrachant un grognement de douleur.

— Je ne l'ai pas laissée à son sort, répondit Connor. Je... Je crois que je sais où elle est. Est-ce que... Vous avez vu des lumières bizarres dans le ciel ? Il y en a plein depuis quelques jours.

Miranda et Bruce échangèrent un regard surpris. La jeune femme hésita. S'il y avait quelqu'un à qui elle ne faisait pas confiance avec ce type d'informations, c'était bien Connor. Avant qu'elle ne puisse décider si oui ou non il méritait cette information, Bruce la prit de court.

— Qu'est-ce que ça peut faire si on a vu des petites loupiotes ? C'est juste des lumières. Ça doit être un bon vieux effet d'optique. Après tout, il y a des débris de verre et de miroir un peu partout, c'est possible, non ?

— Ce ne sont pas des reflets, répondit Connor d'une voix ferme. Dès qu'elles arrivent, il se passe des choses bizarres. Et malheureusement, j'en sais quelque chose.

— De quoi tu parles ? demanda Miranda, au bord de la crise nerveuse. Où est Louise ?

— Est-ce qu'il est fiable ? répliqua-t-il, avec un signe de tête vers Bruce.

La jeune femme se tourna vers ce dernier, qui lui offrit un grand sourire innocent.

— Non. Mais je connais quelqu'un qui les a vu aussi.

— Alors détache-moi. C'est quelque chose que je ne peux pas divulguer sans risques. Il faut faire... Quelque chose pour pouvoir en discuter tranquillement. J'ai besoin que tu me fasses confiance, juste cette fois-ci. Je te promets que je vais tout t'expliquer. Je comprends que tu es en colère et que tu m'en veux, mais ça ? Ça, ça nous dépasse tous les deux et de bien plus loin que tu ne le penses.

La jeune femme secoua la tête. Elle ne voulait plus rien entendre sortir de sa bouche. Il cherchait qu'à marchander sa liberté pour l'endormir encore une fois. Elle avait besoin d'air, de réfléchir et de prendre du recul sur la situation.

— Gardez-le enfermé, dit-elle à Bruce. Il est dangereux, je ne veux pas le croiser dans le camp.

Elle se releva et avança vers la sortie.

— Miranda ! cria Connor. S'il te plaît, tu dois me croire !

— Je t'ai cru quand tu nous as baratiné pour venir avec nous. Regarde ce qui est arrivé ! J'avais enfin retrouvé un semblant de stabilité et tu as tout foutu en l'air ! Je ne te dois rien du tout. Et tu veux que je te dise ? Tu n'as pas envie de voir ce que je vais te faire si Louise est morte. Je ne veux rien entendre qui sorte de ta bouche pour l'instant.

— Tu ne comprends pas !

Miranda serra les poings à s'en blanchir les articulations. Elle allait craquer et le tuer. Elle n'arrivait pas à se calmer. Elle ne lui adressa pas un regard, et poursuivit son chemin vers la sortie.

Connor s'agita de plus belle sur sa chaise.

— S'il te plaît ! On doit agir et vite ! Reviens !

— La demoiselle t'as dit qu'elle voulait que tu fermes ton clapet, menaça Bruce. Tu ferais bien de l'écouter si tu ne veux pas que je m'en charge.

— Ce n'est pas... Ça va recommencer, d'accord ?! hurla-t-il. La Marée Rouge, la météorite, les enlèvements. Je sais qui est derrière tout ça. Ils sont déjà venus.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Je sais ce qui a déclenché l'apocalypse. Ils ont tué ma fille. Et les lumières dans le ciel, elles étaient déjà là avant tout ça. Ça va recommencer. Ils veulent achever ce qu'il reste de l'humanité et je suis le seul à savoir comment les arrêter.

Miranda se figea, et se retourna vers lui, éberluée.

— Quoi ?

— Pitié. Détache-moi et laisse-moi t'expliquer. On n'a plus de temps à perdre.

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