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Chapter 7

Minuit vient de sonner. J'arpente les rues les plus malfamées sous la capuche de mon long manteau noir. Nous nous sommes entretenus avec le conseil après ma conversation avec Keith et, aujourd'hui, chacun s'est employé à sa tâche afin de mener à bien notre mission. Je presse le pas en croisant une bande de jeunes délinquants vampires, bien connue dans le quartier pour mordre comme ils respirent.

― Eh, mon gars, viens par là !

Ils s'esclaffent en me voyant accélérer. Je les ignore et poursuis ma route, une main sur ma croix par-dessus mon manteau. Une centaine de mètres plus loin, alors que la tension monte, un courant d'air glacé file sur ma nuque, malgré mon cache-col. 

Je tourne la tête et examine les environs, persuadé que l'un des vampires me suit, mais il n'y a personne autour de moi. Le vent ? Non plus. Malgré le froid, il n'y a pas la moindre brise. Je plisse les yeux, sur le qui-vive, et finis par reprendre mon chemin. 

Quelques pavés plus loin, c'est un souffle que je sens cette fois sur ma joue.

« William... »

Je me stoppe net. Un frisson me traverse.

« William... Où vas-tu ? »

Mon corps est paralysé. Cette voix étrange... elle s'imprime dans mon esprit, comme sortie d'un cauchemar. 

Je secoue la tête et inspire. La culpabilité me ronge-t-elle au point de me pousser à la folie ? Le cerveau humain a de grandes capacités. Il peut créer sa propre réalité et nous faire sombrer dans la démence. Je chasse ces pensées négatives et continue à marcher.

J'arrive devant un immeuble délabré et pousse la porte du hall poussiéreux avant d'avaler les marches jusqu'au dernier étage telle une ombre furtive. Un autre type de réunion se tient dans ce squat et je me dois d'y participer. 

Je me plante devant la porte et ferme les yeux pour décontracter les muscles de mon corps. Le temps se met en pause. J'entre dans un état de neutralité absolue, hors de toute perturbation émotionnelle. Ce devoir est le mien. Ma conscience n'a plus aucun droit. 

J'ouvre la porte de l'appartement. Les débris de murs et de plafonds grignotés par le temps craquent légèrement sous mes pieds. En pénétrant dans une pièce vide, je découvre le centre de mon intérêt : un vampire, les dents plantées dans le cou d'une femme, étalée sur un vieux matelas. Une sans-abri. 

La victime gémit, à moitié nue et couverte d'hématomes. Il relève le menton, les lèvres imprégnées de sang jusque sur les poils de sa barbe, et se fige sur moi.

― Qu'est-ce que tu fous là, toi ? Dégage !

Pardonnez-moi mon père, car je vais pécher. Je relève mon cache-col pour mieux cacher le bas de mon visage, balaye un pan de mon manteau et en sors un révolver muni d'un silencieux. Au moment où il se redresse pour me sauter dessus, je tire deux balles qui transpercent sa poitrine.

J'attends de le voir s'écrouler sur le ventre, puis marche vers lui. D'un geste froid et minutieux, je tire une nouvelle balle à l'arrière de son crâne. Je lève ensuite les yeux vers la femme, terrorisée. Sachant qu'elle ne peut qu'apercevoir mes yeux, sous ma capuche, je m'adresse à elle avec une voix très douce :

― Des secours arriveront bientôt, ça va aller.

Des pas bruyants dans le couloir. Lorsque je me retourne, je tombe nez à nez avec quatre autres squatteurs.

― C'est qui, lui ?

― Il a buté Chris !

Au sang qui se trouve sur leurs vêtements et leurs bouches, j'en déduis qu'ils se sont nourris, eux aussi, sur la pauvre femme, avant que Morrison ne vienne l'achever. Elle recule contre le mur dès qu'elle les aperçoit et commence à pleurer. Hypothèse confirmée. Les quatre vampires avancent dans ma direction.

― T'es venu là pour jouer aux héros ? crache l'un d'eux.

― A quatre contre un, on va régler le problème du héros définitivement, ajoute un autre.

Je range mon révolver et tente de les examiner un à un, mais, dans la pénombre, je discerne mal les traits de leurs visages. Je glisse la main dans l'une des nombreuses poches intérieures que mon manteau dissimule. 

Le temps que le premier se rue sur moi, je l'ai déjà accueilli avec un poignard à double tranchant. Le vampire se statufie, yeux exorbités, la lame de dix-huit centimètres plantée dans le sternum. Je le laisse s'effondrer au sol devant ses camarades, puis essuie calmement son sang sur mon vêtement. Je remercie Miguel pour son service pressing incomparable. Les trois autres vampires me toisent, la haine au bord des lèvres.

― Messieurs, à qui le tour ? fais-je en fourrant une main dans mon manteau.

Ils se jettent sur moi en hurlant, canines au dehors. D'un geste vif, je dégaine une fiole et projette de l'eau bénite sur eux. Le liquide sacré leur inflige une brûlure acide au visage, les aveuglant quelques instants sans pour autant les stopper dans leur rage meurtrière. 

Je les esquive dans un enchaînement de mouvements fluides, puis en pousse un contre les deux autres et les contourne avant de perforer une cage thoracique. L'homme s'écroule dans un râle d'agonie. Ses deux camarades réagissent une seconde trop tard. Je reçois le premier d'un violent coup dans la gorge qui lui brise la trachée, du tranchant de ma main, et attrape l'autre dans le pli du coude, par l'arrière. 

Alors que l'un suffoque et se replie sur lui-même, je brise la nuque de l'autre d'un geste bref et ils s'écroulent en même temps au sol, inertes. Je ressors mon révolver et m'assure de leur silence éternel de quelques balles dans la poitrine.

Le calme retombe. Je me tourne vers la victime apeurée. Sa main est pressée contre la morsure sanguinolente. Après avoir essuyé la lame de mon couteau, je sors de mon manteau un patch cautérisant à base de salive de vampire et lui tend, tout en prenant soin de tirer ma capuche sur mon visage. Elle récupère le patch, tremblante comme une feuille, et hoche la tête en signe de gratitude.

― M-merci... merci de m'avoir sauvée.

J'acquiesce avec politesse. Je me retourne pour contempler les cinq cadavres et les fais rouler sur le dos pour les étudier de plus près. En découvrant l'un des visages, une sueur froide me noue l'estomac : celui-ci n'était qu'un jeune garçon d'à peine quatorze ou quinze ans. Quinze ans... 

Je me redresse, sous le choc. Ma poitrine se comprime douloureusement.

― Ils... ils m'ont agressée... ils allaient me tuer, murmure la femme. Ils le méritaient, n'est-ce pas ?

La réponse qui me vient est : tu n'es pas Dieu. Pourtant, on m'a confié ce devoir au nom d'une justice à deux vitesses. Et ce soir, moi, simple humain imparfait, j'ai ôté la vie d'un jeune garçon. 

Je ferme les yeux et serre les poings, puis quitte la pièce sans un mot. Je signale à Miguel à travers mon oreillette qu'ils peuvent passer à la suite et m'échappe en toute discrétion jusqu'à me fondre dans les ruelles sombres. 

La nuit appartient aux monstres. Tous les monstres.

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