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Chapter 4

PDV Matthew

Je me réjouis d'avance de mon programme. Non seulement je vais peut-être pouvoir soutirer au père Thomas des informations à propos du Stratège, mais je vais aussi pouvoir déguster son jeune prêtre de toutes les façons possibles avant de l'éliminer. L'intelligence de ce garçon est à la hauteur de sa beauté. Une vraie pépite. 

En revanche, je ne comprends pas comment il a pu rester insensible à mes charmes. Les jeunes humains n'ont pas la réputation de savoir résister aussi facilement à un vampire ayant mon ancienneté – ils ont plutôt tendance à nous tomber entre les bras d'un battement de cil. Mais chez lui, je n'ai senti aucune lutte ni conflit intérieur, il était d'une sérénité et d'une assurance à toute épreuve. Et ce petit sourire de saint saupoudré d'une répartie impitoyable... 

Avant de le consommer, je veux en savoir plus sur lui. Aucun humain ne m'a fasciné autant depuis bien trop longtemps. Les intellectuels dans son genre sont mon péché mignon. La beauté physique lasse et fane, un esprit brillant ne cesse de subjuguer. 

Planté devant la baie vitrée face au bois, je réajuste mes lunettes de repos sur mon nez et déguste mon verre de vin rouge, des fantasmes plein la tête.

― Ça a donné quoi avec le curé de Saint Edward ? me demande Keira en arrangeant ses cheveux, tout juste sortie de la douche.

― Le père Thomas n'a encore rien dit. Je viens d'arriver, je te rappelle. Ne t'en fais pas, je finirai bien par apprendre des choses, je suis le nouveau mécène de leur église.

― Tu te fous de ma gueule ? lance une nouvelle voix. Si t'es revenu pour ça, c'était pas la peine.

Je me retourne en direction des trois personnes qui émergent du couloir. 

― Quel accueil, mon cher Eliott.

Notre camarade croise les bras dans une moue agacée tandis que les deux autres me saluent avec respect.

― Il a raison. Qu'est-ce que tu branles, Mat' ? reprend Keira.

― C'est au plus près de l'ennemi qu'on agit le mieux. Vous m'avez contacté, je jouerai selon mes règles. Sinon, continuez à vous démerder tout seuls.

― Pfff... Bon, puisque t'es là, faudra que tu viennes au Lorens, reprend Eliott en se jetant dans l'un des canapés.

― Putain, parle pas du Lorens, râle Keira.

― C'est quoi ? 

― Un lieu où on peut goûter plein de choses très sympathiques et rares. C'est pour les fins palais qui ont de la tune, dit-il en embrassant ses deux doigts.

― Un marché noir de l'horreur, ouais, crache ma sœur.

Eliott soupire, rejetant ses boucles rousses au-dessus de ses sourcils. Un marché noir ? Intéressant. Notre Stratège est-il au courant ? Quoiqu'il en soit, à en croire la réaction de ma sœur, ce lieu doit être d'une grande immoralité.

― Je suis sûr que tu aimeras beaucoup le Lorens, chéri.

Ma bonne humeur retombe à l'instant où je vois le vampire aux longs cheveux rouges qui sort de la cuisine, torse nu sous une chemise grande ouverte. Mes yeux roulent au plafond. Il vient de gâcher mon grand cru. Il s'approche de moi à pas félins et me dévore de ses grands yeux bleus tout en se mordant la lèvre. Je me détourne dans une indifférence totale.

― Toujours aussi canon, Mat', glousse-t-il. Ces petites lunettes avec ce col roulé gris, ça te donne des airs de PDG sexy... Mmh, trop craquant.

Il glisse une main sur ma taille et me murmure à l'oreille :

― Tu aimes ma nouvelle coiffure ? Je sais que tu kiffes les cheveux longs... 

― Dégage Sylas.

― Han ! Tu me brises le cœur. Après toutes ces années, c'est comme ça que tu me reçois ? Moi qui n'ai pas arrêté de penser à toi...

Je secoue la tête en grimaçant. Ces deux dernières années, il a dû coucher avec des centaines de personnes et il me sort encore les violons. Il me presse contre lui d'une poigne ferme et fourre son nez dans mon cou. Toujours obligé d'utiliser sa force pour « séduire ». Je le repousse brutalement.

― Tu fais quoi, là ? Je t'ai refoulé en Pologne et je t'ai refoulé y'a cinq ans, en Suisse, ça changera pas.

― Tu disais pas non, quand on partageait le même lit.

Je me plante devant lui et le toise d'un sale œil.

― Je suis pas revenu ici pour me faire emmerder. Passe à autre chose ou ça va pas tarder à m'énerver. 

Il se lèche la lèvre. Plus je le rejette, plus cet abruti se régale.

― Je passerai pas à autre chose avec toi, bébé, toi et moi ça se finira jamais, tu le sais.

Je serre les dents. Je hais ce surnom depuis qu'il l'emploie pour me harceler.

― Mat' est pas revenu pour toi, Sylas. Laisse-le bosser en paix, balance Eliott d'un air las.

― En enrichissant l'ennemi ? rétorque mon ex. Ce n'est pas le genre de méthodes que je cautionne, pardonnez-moi.

― Tes méthodes à toi, c'est d'empoisonner le monde. Dans tous les sens du terme. 

― Faux. J'aime faire saigner les gens, aussi. Mais tu devrais me comprendre sur ça, me sourit-il. Tu trouves bien ton compte niveau vengeance en Italie, à ce qu'on m'a dit.

Je le bouscule pour mettre un terme à cet échange exaspérant et lui tourne le dos.

― Keira, fais-moi confiance. Je sais détruire l'ennemi mieux que personne.

― Je crois que tu réalises pas à quel point ce type nous devance, s'afflige-t-elle, découragée.

― Il vous a devancés, vous. Il n'aura pas l'avantage sur moi.

Elle hoche la tête, rassurée. Confiants dans mes compétences et ma réputation de tueur de prêtres en Italie, nos amis quittent la maison. A l'exception de Sylas, bien sûr. Le pot-de-colle se glisse dans mon dos et me susurre :

― Je bataille depuis des décennies, je vais pas m'arrêter alors que tu viens de rentrer, bébé. 

Son souffle chaud file sur ma nuque.

― Touche-moi encore une fois et c'est mon poing que tu sentiras passer.

― Le mien aussi, par la même occasion, lance Keira d'un air mauvais. Tire-toi vite fait.

Je devine le sourire taquin de mon ex sans même le voir. Il se retire sans un mot et referme la porte derrière lui. Je pousse un soupir irrité.

― L'immortalité devrait pas être donnée à tous les vampires, s'agace-t-elle.

― Sylas, c'est de la pacotille. Tu sais que j'ai connu pire que lui. 

― C'est pas pour ça qu'on doit le laisser te faire chier. Une éternité que ça dure, putain. Ce crevard est infatigable.

― L'éternité fait de nous des monstres. Il n'y a qu'à voir ce que je suis devenu, fais-je en baissant les yeux.

― Tu seras jamais un monstre. T'as plus fait pour ce pays que n'importe quel cul-bénis.

― Ça fait longtemps que tu ne me fréquentes plus, grande sœur. Avant, c'était juste des appels au sang. Mais depuis la perte de Winry... j'ai sombré. J'ai arrêté de me battre contre moi-même et de réfléchir. Je suis devenu tout ce que je détestais, dis-je avant de boire quelques gorgées pour faire passer le souvenir.

La folie et moi ne faisons plus qu'un, aujourd'hui. Le poison de la vengeance coule dans mes veines et garde mon cœur scellé. Le courage et les valeurs du chevalier appartiennent à une époque lointaine. Celui que j'étais est mort, ce monde l'a enterré.

― J'ai rarement vu des monstres aussi calmes que toi avec ce pourrisseur de vie, dans ce cas. T'es d'une patience affolante.

― Il aime me voir péter un plomb, je lui ferai pas ce plaisir. Et puis, j'ai d'autres choses en tête.

Je me plante devant la vitre et admire le petit jacuzzi, creusé sur la belle terrasse aménagée. 

― Un bon verre de vin, un roman noir et un bain à bulles, mon paradis. Quelle idée de génie t'as eue de mettre un jacuzzi.

J'adorerais en profiter avec une certaine personne, d'ailleurs. Je passe ma langue sur mes lèvres, alléché par la vision de mon petit prêtre. Je l'aspergerais d'eau et regarderais sa jolie soutane blanche, devenue transparente, mouler son corps délicieux. Ses tétons roses apparaitraient sous le tissu mouillé et il rougirait, ses beaux yeux bleu-vert agrandis par la honte, tentant de cacher sa nudité exposée à mon regard gourmand. Le seul moyen de lui retirer sa verve. 

Ah, cette idée me fait saliver... Keira me dévisage en coin.

― Ce sourire-là, je le connais. A quoi tu penses ? Ou plutôt, à qui ?

― Au charmant jeune prêtre que j'ai rencontré à Saint Edward. 

― Mat' ! T'es pas censé baiser l'ennemi, mais le buter ! 

― Je peux bien en profiter avant pour une fois, non ? Celui-là est trop rare pour se contenter de le tuer. Le moment où je le boirai... ce sera un orgasme culinaire, ajouté-je, excité à cette pensée.

― J'te préviens, si tu me salopes l'eau du jac', c'est moi qui te bute, Nightingall.

― Je ne le boirai pas dans ton précieux jacuzzi, articulé-je en levant les yeux au ciel.

― Non, tu veux juste le baiser dedans. Et pis ensuite, on connait, un coup de croc et du sang partout. Déconne-pas ou j'te renvoie à coups de pompe en Italie.

Je me retourne vers elle, rieur.

― Le jour où je goûterai son sang, crois-moi, je ne laisserai pas une seule goutte s'échapper de son joli corps. 

― Fais-en c'que tu veux, tant que tu t'occupes du Stratège.

― Je vais m'en occuper, mais pas seul.

― C'est-à-dire ? 

Je fais quelques pas dans le salon jusqu'à la bouteille de vin et me ressers.

― Puisque nous ne pouvons pas tuer chaque prêtre de cette ville, je vais envoyer quelqu'un le marquer pour moi.

Ma sœur ouvre de grands yeux.

― T-tu vas vraiment en passer par là, à nouveau ?

― Si vous ne l'avez pas trouvé par la voie classique, il faut employer des chemins plus tortueux.

― Mat'...

― Keira, laisse-moi gérer et arrête de t'inquiéter. Le seul danger, ici, c'est moi.

Elle baisse les yeux. Je sais qu'elle réprouve ces méthodes d'une époque obscure. Mais si je dois embrasser à nouveau les ténèbres pour éliminer la menace qui plane sur les miens, je le ferai sans hésiter.

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