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Chapter 1

PDV William


Je ferme à clef les portes de notre église après que père Thomas ait retrouvé sa chambre dans le presbytère pour se reposer. D'ici peu, je serai le seul à m'occuper de cette paroisse. Les journées seront longues, vu mes activités secondaires. 

Une fois dehors, je prends plusieurs métros jusqu'à la station de Farrington, puis enfile ma capuche au moment où je ressors dans la rue. Il ne pleut pas, mais le froid de novembre et la discrétion, à cette heure tardive, justifient le port d'une longue cape fourrée. 

Je marche un long moment dans les rues, de plus en plus sombres et désertes. Bientôt, et comme chaque nuit, le crime fera saigner les quartiers de Londres dans une atmosphère macabre.

J'arrive enfin derrière la cathédrale de Blessing Faith. Je m'assure que personne ne traîne dans les alentours, déverrouille la petite porte arrière et monte les escaliers jusqu'au sommet, dans le petit sanctuaire qui servait jadis de bibliothèque secrète. C'est là-haut que les autres prêtres du conseil discutent devant leurs tasses à café, dans la crainte du prochain meurtre. A peine ai-je ouvert la porte que les six membres se lèvent.

― Père William ! Vous n'avez pas fait de mauvaise rencontre ? s'inquiète le jeune italien du groupe, mon cadet de deux ans.

J'abaisse ma capuche, ouvre mon vêtement, ressors ma croix en or de mes vêtements et lui adresse un sourire rassurant.

― Tout va bien, Miguel.

― Il est tard. On a commencé à discuter, on ne pensait plus que tu viendrais, ce soir, poursuit Adam, le plus âgé d'entre nous à seulement trente-trois ans.

A la soixantaine, les prêtres ne veulent plus risquer leurs vies ni se battre pour une ville que le ciel lui-même a abandonné dans les ténèbres. Je m'assois en bout de table et croise les bras.

― Vous avez bien fait de commencer. Puis-je avoir un récapitulatif ?

― Nous n'avons toujours rien sur le maire Campbell, mais Clarkson a commis deux nouveaux meurtres sur des humains, hier, m'explique-t-on. Et, évidemment, Scotland Yard fait mine d'enquêter tout en bâclant les interrogatoires.

― Qui vous a donné cette information ?

― Mon contact, précise Adam en fronçant les sourcils. Il est stagiaire au commissariat et observe les flics pour moi. Une telle attitude, ça me fout la nausée.

Il serait temps de joindre mon cher ami Keith.

― Comment ton superintendant Lockwood peut-il laisser faire ça, William ? Il n'est pas censé être quelqu'un de juste, à t'entendre ? s'agace Adam en serrant un poing sur la table. On critique Campbell, mais nos amis devraient déjà être dignes de confiance.

― Je connais bien Keith, père Adam, répliqué-je d'une voix calme. Il a les mains liées par certaines personnes à Scotland Yard.

― C'est pour ça que tu lui caches que tu es le Stratège ?

Je garde le silence un instant tout en caressant le rubis au centre de ma croix, puis me lève pour faire quelques pas.

― Père Thomas est un homme juste et droit. Même si je sortais de l'enfer, il serait capable de me défendre. Pourtant, je ne lui dis rien à lui non plus. Avez-vous oublié le serment que nous avons tous fait dans cette même pièce, il y a cinq ans ? Vous et moi avons choisi de risquer nos vies pour défendre Londres, nos proches doivent être gardés en sécurité, dis-je en me tournant vers eux.

Ils acquiescent tous avec un air navré. Je retourne en bout de table et redessine les veines du bois vieilli du bout des doigts.

― Je me renseignerai auprès de Keith lorsqu'il viendra au sermon. De votre côté, continuez les recherches sur Campbell. Nous devons obtenir quelque chose pour l'exposer au grand jour. Faites jouer tous vos contacts, vos connaissances, même lointaines. Une voisine bavarde, un chauffeur de bus... que sais-je.

― Et vous, père William ? me demande un autre prêtre.

Je relève le nez vers eux avec une expression fermée.

― Vous savez déjà ce qu'il en est pour moi.

Tous baissent les yeux dans un silence morne, puis se lèvent et me saluent avant de quitter notre sanctuaire. Miguel passe près de moi, portant un plateau avec leurs tasses à café vides, et murmure :

― Merci.

― Inutile de me remercier à chaque fois, Miguel.

― Je le ferai jusqu'à ce que Londres retourne dans la lumière, grâce à tout ce que vous faites pour nous, père William.

Ma gorge se noue, mais je reste sans l'ombre d'une émotion. Lorsque la porte se referme, je me retrouve seul face à moi-même. Je pars me planter devant le vitrail circulaire qui offre une vue magnifique sur la capitale, vêtue de son sinistre manteau nocturne. Les nuages noirs pèsent sur Londres comme une malédiction divine.

Cette nuit encore, les monstres rôderont. Tous les monstres.

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