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Chapter 16

          Milan hésite sur la conduite à tenir : s’énerver d’apprendre que Sofia l’a suivi dans une voiture aussi voyante et ridicule ou la remercier de leur avoir sauvé la peau. Il opte pour une troisième solution : l’interrogatoire.

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̶          Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas écouté quand je t’ai dit de me laisser gérer mes ennuis seul ?

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Sofia ne répond pas immédiatement. Elle scrute sans cesse le rétroviseur intérieur afin de vérifier qu’ils ne sont pas suivis. Heureusement, cela ne semble pas être le cas. Bientôt, ils sont de retour dans les traditionnels embouteillages parisiens et aucun véhicule ne les a pris en chasse. L’actrice se détend légèrement et braque ses yeux sur le regard accusateur de Milan.

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̶          J’ai bien fait de ne pas suivre ton conseil.

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̶          Je suis assez d’accord avec elle, marmonna Moussa.

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Une envie de le frapper traverse Milan qui se retient de justesse lorsqu’il détaille le visage tuméfié de son ami. L’une de ses paupières est gonflée et violette, du sang s’échappe de son arcade droite, il a la lèvre inférieure ouverte, une dent cassée et de multiples petites entailles sur les joues, sous les oreilles et à la base de sa mâchoire. En d’autres termes : il est mal en point. Milan déglutit et perd l’usage de la parole pendant quelques secondes. Moussa tente de sourire, mais ce geste lui arrache une grimace.

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̶          Merci d’être venu me chercher, dit-il péniblement. Je dis pas « sauver », parce que tout le mérite revient à ta copine. Mais me chercher c’était déjà sympa.

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̶          Ta mère m’aurait tué si je t’avais laissé là-bas, réplique Milan en lui tapotant l’épaule. En revanche, tu vas devoir m’expliquer comment tu t’es retrouvé dans cette galère ! Et pas de mytho, ou je me charge de finir ce qu’a commencé Vince.

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Moussa lève les mains en signe de reddition et acquiesce. A mesure qu’il cherche ses mots, sa paupière gonfle encore, le rendant pratiquement borgne. Milan profite du fait qu’il n’ait pas encore commencé à parler pour prévenir Sofia de leur destination :

+

̶          On rentre chez moi. Je pourrais y soigner Moussa, rassurer Mélanie et les faire monter dans un taxi avant de réfléchir à la suite des événements.

+

Sofia acquiesce et rentre dans son GPS l’adresse que Milan lui dicte. D’après l’ordinateur, ils n’ont qu’une vingtaine de minutes de trajet.

+

̶          J’étais pas bien quand tu m’as viré, annonce Moussa lorsque son ancien patron retourne son attention vers lui. Je savais plus quoi faire.

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̶          Tu as laissé Bilal seul pendant tout un service alors que tu m’avais dit que tu irais l’aider, lui rappelle Milan. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même !

+

̶          C’est moi qui raconte ou c’est toi ? s’énerve le blessé. Bon ! Où j’en étais ? Ah oui : le licenciement. Pour être honnête, j’avais pas prévu que tu réagirais aussi intensément alors j’ai été un peu pris au dépourvu. Je me suis enfermé chez moi et j’ai médité.

+

̶          Tu as roupillé, le corrige Milan.

+

̶          Il y a de nombreuses formes de méditation. Bref ! Il m’est venu une idée brillante en me rév… en sortant de ma réflexion : j’avais tout un carton de matos sensible qu’il fallait refourguer rapidement et mes revendeurs habituels n’étaient pas chauds pour faire affaire avec moi.

+

̶          Tu leur dois combien ? demande son ami.

+

̶          Il me connaît bien ! rit Moussa en s’adressant à Sofia par le biais du rétroviseur, mais sa joue meurtrie le ramène immédiatement à l’ordre. Beaucoup. Trop. Beaucoup trop. Et je pensais que ce nouveau coup me permettrait de les rembourser, mais ils ne l’ont pas vu de cet œil. Ils ont essayé de me faire la peau alors je me suis tiré en vitesse en te maudissant de m’avoir viré.

+

̶          Je ne vois pas le rapport avec Milan, intervient Sofia en accélérant brusquement pour permettre à la petite voiture de s’insérer entre deux camionnettes et de prendre une voie de sortie.

+

̶          Moussa récupère une paie honnête avec notre contrat de travail, mais ça ne suffit pas à faire rentrer suffisamment d’argent. Il pourrait travailler plus, mais môssieur Moussa n’est pas digne de confiance ! Quand on voit comment il remplit sa part du contrat préexistant, on se dit que mes doutes sont fondés… Mais il se trouve que c’est pendant ses heures de service que notre cher énergumène revend sa camelote volée, dans la ruelle derrière ma pizzeria. Tu croyais que j’étais aveugle, ou quoi ?

+

Le convalescent semble vouloir s’excuser, mais son visage se crispe douloureusement sous l’effort. Il porte une main à sa mâchoire endolorie et patiente une seconde avant de reprendre son histoire.

+

̶          C’est là que j’ai pensé à toi. J’avais vu Sofia, en partant, l’autre jour, et j’étais persuadé que c’était à cause d’elle que tu étais si vénère que tu m’avais viré. Ça m’a fait penser à ton histoire de gang et de trafic. J’avoue, ta banlieue est un peu loin en métro. Mais ça représentait tout un marché que je n’avais pas encore eu l’occasion de tester. Alors j’ai tenté ma chance.

+

̶          Et tu as frappé directement à la porte de Vince ? T’es cinglé ?

+

̶          Il était pas très dur à trouver ! Tout le monde le connaît dans le quartier et tout le monde l’appelle « LeTué » vu qu’il paraît mort depuis le jour où ses potes se sont fait la malle.

+

̶          Et tu t’es pas dit que c’était une très mauvaise idée d’aller lui proposer une affaire ou de lui parler de moi ? s’étonne Milan.

+

̶          Tu l’as pas balancé à la police quand tu t’es fait arrêté ! Je pensais qu’il avait une dette envers toi, moi !

+

Pour une fois, la logique de Moussa se tient. La réalité aurait pu être celle-ci, en effet. Auquel cas, le receleur aurait pu trouver un acheteur convenable à sa marchandise. Mais Vince avait tout perdu en même temps que Milan, à l’en croire.

+

̶          Il m’a parlé de sa foutue clé et du fait que j’étais censé fouiller chez toi pour la retrouver. Après quoi, on aurait fait affaire ensemble. Je suis parti de chez lui avec l’idée de sonner à ton appartement pendant le service du soir, quand il n’y aurait que Mélanie et les filles à la maison, mais je ne pouvais pas te faire ça. Alors je suis resté chez moi deux jours entiers à réfléchir. Et je me suis dit qu’il fallait que je retente le coup en lui disant simplement que j’avais pas trouvé la clé.

+

̶          Tu n’as pas songé une seconde qu’il pourrait mal le prendre ?

+

̶          Je venais de réfléchir pendant deux jours à trahir mon meilleur ami ! N’abuse pas ! Tu me connais, quand même !

+

Milan ne peut s’empêcher de sourire de la réaction de Moussa. Il a beau être le plus parfait des fainéants, c’est un fainéant loyal envers ceux qu’il aime. Le restaurateur pose une main chaleureuse sur l’épaule de son ami pour le remercier sans un mot, mais ce contact aussi est douloureux. Il est temps qu’ils arrivent à destination pour regarder ces blessures d’un peu plus près.

+

La nuit tombe rapidement lorsque la voiture s’immobilise en bas de l’immeuble. La cour est calme et la pénombre enveloppe les nouveaux arrivants loin de la lumière de l’unique lampadaire accoudé à la loge de la concierge. Madame Ronsard, la petite vieille de quatre-vingt-dix ans sort sa poubelle au moment où ce jeune noir qui parle fort descend de l’automobile. Elle hausse les épaules, imprime sur son visage ridé une moue désobligeante et se dit encore une fois que le quartier n’est plus ce qu’il était avant de croiser le regard bienveillant et amical du jeune pizzaiolo. Lui et ses trois enfants sont adorables, serviables et ils ajoutent un peu de vie dans cet immeuble de vieux qui la déprime. Elle a récemment appris que lui aussi était un immigré de deuxième génération, tout droit venu d’Italie. Elle n’y aurait jamais cru ! Mais l’Italie, ça va, c’est à côté, on a une frontière commune. Et puis, lui, c’est un jeune homme inséré dans la société qui fait du bien au quartier avec ses pizzas. L’autre n’est qu’un profiteur, un voyou et… Madame Ronsard n’est pas en mesure de finir sa pensée lorsqu’elle aperçoit les blessures de Moussa et retient un cri d’horreur en portant une main à son cœur.

+

̶      Il s’essaye au porte à porte, justifie Milan à sa voisine tandis que son ami monte déjà les marches de la cage d’escalier. Mais il est tombé sur un client particulièrement difficile.

+

̶      Il faut porter plainte ! On n’a pas le droit d’agresser les gens comme ça ! Même les… les personnes de couleur !

+

̶      Vous avez parfaitement raison ! s’amuse le restaurateur en masquant le sarcasme de ses propos sous un sourire bienveillant. Nous irons au commissariat à la première heure lundi matin. Bonne soirée, Madame Ronsard.

+

La petite vieille le salue gentiment et ronchonne à haute voix sur l’insécurité grandissante de nos jours et sur le fait que son Robert n’aurait pas laissé passer un tel acte. Milan la laisse à ses pensées et rejoint Sofia et Moussa qui patientent devant la porte de son appartement.

+

C’est seulement lorsqu’il se retrouve face à sa porte que Milan se rend compte qu’il va avoir beaucoup de mal à justifier ces dernières heures à Mélanie sans entrer dans les détails. Ces mêmes détails qui pourraient la faire se ronger les sangs à propos de Vince, du gang, de l’histoire de son père, de Sofia… surtout de Sofia. Il veut lui épargner des angoisses inutiles et taire son moment de faiblesse de cet après-midi, même s’il s’est conclu sans le moindre agissement coupable de sa part. Cependant, Milan et Mélanie forment un couple honnête et il n'a jamais eu pour habitude de lui cacher des choses. Aujourd’hui ne doit pas faire exception.

+

Il pousse le panneau et pointe la salle de bains du doigt pour que Moussa aille l’attendre là-bas. Dans le meilleur des scénarios, son ami et Sofia atteignaient ladite pièce sans rencontrer Mélanie, laissant ainsi la faculté à Milan de minimiser quelque peu la gravité de cet après-midi. Toutefois, ce scénario est étouffé dans l’œuf par l’arrivée de la dame qui mourait d’angoisse à l’idée qu’il soit arrivé quelque chose de grave à son époux.

+

̶          C’est papa ? demande Valentina. Tu peux lui demander de m’aider avec mes maths ? J’y comprends rien !

+

Mélanie s’apprête à répondre lorsqu’elle croise le regard de l’actrice qu’elle adule, puis celui de l’ami qu’elle exècre et enfin celui de son mari, complètement démuni face à cette rencontre inopinée. Les blessures de Moussa ne se sont pas améliorées en une minute et le sang coagulé se mêle aux gouttes récentes qui tombent régulièrement sur le tapis de l’entrée. Milan indique aux deux autres d’aller dans la salle de bains et emmène sa femme dans le salon où Valentina se jette dans ses bras. Après un rapide baiser, il propose à la fillette d’aller dans sa chambre pendant que ses parents discutent.

+

̶          Mais Louisa écoute de la musique trop nulle ! se plaint l’aînée.

+

̶          Pour une fois, tu vas aller l’écouter avec elle et tu vas peut-être te découvrir une passion, la presse son père.

+

Valentina traîne les pieds jusqu’à sa chambre, passablement énervée. Ce n’est que lorsque la porte se referme sur son dos que Mélanie largue toutes ses questions avec la même efficacité qu’une mitrailleuse militaire.

+

̶          Qu’est-ce que tu fais avec ton ex ? Pourquoi Moussa est blessé ? Pourquoi tu m’as demandé de n’ouvrir à personne ? Qu’est-ce qui justifie tous ces secrets ?

+

Elle est essoufflée et son regard habituellement serein transpire la terreur. Avant de répondre à la moindre question, Milan serre son épouse contre lui et passe sa main dans ses cheveux. Cette seule étreinte détend très légèrement Mélanie qui profite de chaque seconde de ce contact. Sans la relâcher, Milan commence à lui résumer les faits dans les plus grandes lignes.

+

̶          Sofia m’a reconnu quand j’ai amené Leila au travail, l’autre jour. Elle est passée à la pizzeria pour savoir pourquoi je l’avais abandonnée, il y a quinze ans. Je lui ai dit pour la prison et nous nous sommes expliqués. Je lui ai dit de passer manger un morceau quand elle le voudrait et elle m’a pris au mot ce midi. En parallèle, j’avais déjà suivi ton conseil de ce matin avec Moussa, mais depuis trois jours : je l’avais viré parce qu’il a laissé Bilal se débrouiller seul tout un service après m’avoir promis qu’il serait là. Je ne t’en ai pas parlé parce que je n’étais pas certain que ma décision soit irrévocable. Mais avant que j’ai pu changer d’avis, Moussa a pris contact avec le chef du gang pour lequel je dealais, étant jeune, Vince, afin de faire affaire avec lui. Il se trouve que Vince a tout perdu, est devenu parano et pense que je lui ai volé une clé USB avec les plans d’une nouvelle drogue. Il a tabassé Moussa pour que je lui rende la clé, mais je n’ai pas cet objet. Il m’a appelé pour me menacer alors que j’étais au restaurant ce midi. Sofia a entendu notre conversation et m’a suivi alors que je le lui avais interdit et nous a sorti d’un mauvais pas en fonçant sur Vince. Mais je crains qu’il s’en sorte, trouve notre adresse et tente de finir le travail. Donc, pour ta sécurité et celle des filles, je te demande de faire une valise, monter dans un taxi et aller chez ton père en Bretagne où il ne pourra rien vous arriver.

+

La quantité d’informations phénoménale que Mélanie doit ingurgiter de force est monstrueuse. D’autres questions se bousculent dans sa tête, accompagnées de demande de précisions, mais Milan semble à bout de force moralement. Il tient le choc pour son ami et parce qu’il va devoir très certainement affronter son passé, mais sa femme est consciente qu’il marche sur le fil du rasoir. Elle passe une main sur sa joue. Il ajoute :

+

̶          Je te jure qu’il ne s’est rien passé avec Sofia. Elle a juste mangé au restaurant.

+

̶          Milan, tu n’as rien fait de mal et je te crois, lui assure Mélanie en l’embrassant. Tout va bien ! Enfin, non, tout ne va pas bien, mais de ce côté-là, il n’y a pas de problème.

+

Le père de famille respire un peu mieux et un poids semble tomber de ses épaules. Il se redresse légèrement.

+

̶          Qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ? s’enquiert sa femme.

+

̶          Vince est devenu complètement fou. Maintenant qu’il m’a retrouvé, il n’abandonnera pas la chasse aussi facilement. Il me traquera tant qu’il n’aura pas retrouvé sa clé. L’hypothèse la plus probable est que c’est un de ses trois amis qui est parti avec. J’ignore lequel, mais je compte bien leur mettre la main dessus pour le découvrir. Ainsi je pourrais rendre sa clé à Vince et mettre tout ce merdier derrière nous. En attendant, il faut que tu te mettes à l’abri.

+

̶          Et l’agence ? Et l’école des filles ?

+

̶          Les vacances de Noël sont dans une semaine. On s’arrangera avec l’école. Quant à ton travail, ta sécurité passe avant tout. Je refuse qu’il t’arrive le moindre pépin à cause de mes conneries d’autrefois. On fera avec.

+

̶          Et Sofia ? Elle va rester avec toi ?

+

Malgré la confiance annoncée précédemment, le ton de la voix de Mélanie reste suspicieux. Milan ne peut s’empêcher de sourire et d’embrasser sa femme.

+

̶          Elle n’a aucune raison de rester dans le coin. Elle a un tournage à finir et je n’ai pas besoin d’elle pour me débrouiller. Je n’ai besoin que de toi.

+

Un cri résonne depuis la salle de bains. Milan abandonne les bras de son épouse et court dans le couloir pour découvrir Leila, nez à nez avec Moussa et sa tête abîmée. La présence de l’actrice n’aide pas à calmer ses nerfs non plus et la jeune femme ne sait plus où donner de la tête.

+

̶          Qu’est-ce qui t’est arrivé ? demande-t-elle à Moussa.

+

̶          J’ai glissé, chef ! plaisante-t-il.

+

Mais Leila n’est pas d’humeur à rire face à sa gueule cassée. La demoiselle a toujours beaucoup apprécié cet ami de son frère qui les a sortis de la misère au pire moment de leur vie. Si quiconque lui avait fait du mal, il le paierait, parole de Leila. Cette dernière entame une discussion semblable à un échange de tennis afin de soutirer des informations au blessé, mais celui-ci ne tient pas à révéler quoi que ce soit sans l’aval de Milan. Rassuré, celui-ci retourne auprès de Mélanie et conclut :

+

̶          Je te promets d’être prudent, mais je n’envisage pas de passer Noël avec la menace que pèse Vince au-dessus de nos têtes. Il y a quinze ans, c’était déjà quelqu’un de dangereux. Aujourd’hui, j’ai peur qu’il n’ait aucune limite pour obtenir réparation ou se venger.

+

̶          Mais tu n’as rien fait…

+

̶          On ne raisonne pas un gars comme Vince.

+

̶          J’ai confiance en toi, chéri. Je sais que tu feras ce qu’il faut. Mais j’ai aussi en tête tout ce que tu m’as raconté sur ce gang. Jure-moi que tu ne feras pas de bêtises si tu te retrouves face à ceux qui ont causé la mort de ton père !

+

Milan détourne très légèrement le regard, fixant son attention sur un des grains de beauté de Mélanie, juste au-dessus de son œil droit.

+

Elle est un peu trop perspicace pour sa santé, se dit-il intérieurement. En effet, il n’a qu’évoqué brièvement le rapport tenu que cette histoire avait avec la mort de Fernando Torres. Cependant, il n’a pas pu s’enlever de la tête les cris de Vince lui affirmant qu’il n’avait rien à voir avec son assassinat. Même quand Moussa parlait dans la voiture, même quand il expliquait à Mélanie les derniers détails de la journée, ces mots revenaient sans cesse : on ne touche pas à la famille…

+

Si la croyance de Milan au sujet du meurtre de son père s’avérait fausse, cela rayait quinze ans de certitudes dans son esprit et ravivait le besoin de savoir ce qui s’était réellement produit cette nuit-là. Mais les réponses ne viendraient pas toutes seules. S’il ne les avait pas cherchées plus tôt, c’était pour éviter de replonger dans l’univers de violence qui régnait au sein de la cité. C’était pour éviter de réclamer la juste vengeance qui ne manquerait pas de s’imposer à lui. Et cette vengeance le dévorerait tant qu’elle ne serait pas assouvie. Inconsciemment, Mélanie le savait et c’est la raison pour laquelle elle était aussi méfiante.

+

Milan hoche la tête et l’embrasse sur le front.

+

̶          Je te le jure. Maintenant, on fait les valises des petites et on réserve un train pour Rennes dès ce soir.

+

̶          Occupe-t-en, s’il te plaît ! J’ai deux mots à dire à Moussa, précise Mélanie.

+

Alors que son épouse quitte le salon, Milan attrape son téléphone et se félicite intérieurement de ne pas être dans la peau de son ami.

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