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Chapter 9

Au milieu du bric-à-brac de Moussa, dans un désordre tout à fait incohérent, Milan avait réussi à trouver une petite place pour ses propres affaires. Elles n’étaient pas nombreuses et tenaient dans un baluchon, mais elles avaient le mérite de rappeler de bons souvenirs au jeune homme qui passait beaucoup de temps à les fixer lorsque la luminosité extérieure le permettait.

Le pull à rayures noires était un cadeau de sa mère. Elle le lui avait offert l’année dernière, pour Noël, s’excusant de n’avoir pas d’autre cadeau à lui remettre. Milan avait serré sa maman contre son torse et l’avait gentiment remerciée dans une profonde étreinte.

Le pantalon gris lui faisait penser à Serena et Leila. Il avait déjà bien vécu avant d’accompagner Milan en prison : dès son premier jour, les filles l’avaient déchiré en jouant avec une longue paire de ciseaux contre l’avis parental. La longue balafre sur la jambe du jean témoignait de la violence de l’acte. Aujourd’hui, cette couture permettait au garçon d’entendre résonner les cris de ses sœurs entre les murs de la cellule.

Ses chaussettes, elles, avaient appartenu à son père. Fernando Torres n’aimait pas jeter ce qui pouvait encore être porté. Et si ses chaussettes s’effilochaient ou rapetissaient au lavage, il préférait les donner à Milan plutôt que de les voir atterrir dans une poubelle. A l’époque, Milan pensait que c’était une marque d’indifférence, qu’on ne se préoccupait même pas assez de lui pour lui acheter des chaussettes neuves. Mais, avec du recul, il y voyait maintenant la confiance de son père qui lui demandait silencieusement de marcher dans ses pas.

Enfin, son tee-shirt noir floqué du logo d’un prestigieux hôtel parisien était son bien le plus précieux. Il évoquait Sofia et son rire si délicat. Il lui rappelait leur première nuit à deux, dans cette suite cinq étoiles. Le vol du tee-shirt dans la buanderie des femmes de ménage, le carnet de post-it, la fuite dans les ruelles de Paris. Cette folle nuit qu’ils avaient vécu au tout début de leur relation et qui avait conduit les amoureux à se découvrir intimement. C’était à la fois le souvenir le plus précieux, mais également le plus douloureux de Milan. Il savait qu’il ne revivrait jamais ce genre de choses, avec personne.

̶          A quoi tu penses ? demanda Moussa depuis la couchette supérieure.

̶          Je rêvasse, répondit le jeune homme.

̶          C’est comme rêvé, mais en flou ?

̶          Ouais, si tu veux.

Le silence revint dans la cellule, plongeant de nouveau ses deux occupants dans une légère léthargie. Au bout d’une seule semaine d’enfermement, Milan avait appris à apprécier le caractère enjoué de son codétenu. S’il avait d’abord cru qu’il jouait un rôle pour se mettre dans la poche ce grand gaillard impressionnant, le garçon avait finalement compris que Moussa était naturellement souriant et optimiste. Malgré son passage de trois années en prison, il continuait de réfléchir posément à ce qu’il ferait à sa sortie et traçait tranquillement son petit bonhomme de chemin en amassant un peu d’oseille grâce à ses trafics. Connu de tous, il n’avait aucun ennemi. Moussa représentait pour beaucoup de prisonniers un lien avec le monde extérieur. Si on y mettait le prix, le jeune homme pouvait pratiquement faire entrer n’importe quoi derrière les barreaux. Milan lui avait demandé comment il s’y prenait pour avoir autant de ressources sans que les gardiens ne l’empêchent d’agir ainsi. Moussa avait répondu :

̶          Il faut juste savoir à qui tu peux graisser la patte. Après, ce sont les gardiens eux-mêmes qui te filent un coup de main. J’en ai deux dans la poche, ils savent que je fais pas rentrer d’armes ou de drogue, ça leur suffit. Si mon business mettait leur carrière en danger, j’aurais déjà été mis à l’isolement.

̶          Avec quoi tu les soudoies ?

̶          T’as pas forcément envie d’avoir toutes les réponses…

Le timbre froid de Moussa avait découragé Milan d’en savoir plus.

En quelques jours, le jeune afro avait présenté le jeune italien aux quelques personnes influentes de la prison lors des promenades quotidiennes. Pendant vingt minutes, les détenus devaient se rendre dans l’une des cours et prendre un peu l’air, faire de l’exercice ou jouer avec un ballon de foot ou de basket. Ces privilèges étaient réservés aux prisonniers qui ne provoquaient pas d’embrouilles. Les plus récalcitrants avaient droit à leurs dix minutes de sortie, seuls et surveillés. Les plus méchants, eux, étaient confinés à l’isolement pour une durée pouvant aller jusqu’à trois semaines et ne sortaient pas de leur cellule pendant tout ce laps de temps. Personne n’avait intérêt à provoquer une bagarre ou une émeute dans la cour sous peine de ne plus voir le jour qu’au travers d’une fenêtre pour une durée indéfinie. Cependant, c’était aussi le seul endroit où les détenus se croisaient en grand nombre. Il y avait bien une bibliothèque, une salle de projection et une laverie où certains travaillaient, mais le plus grand rassemblement se passait dans la cour. Les réfectoires communs avaient disparu depuis quelques années pour installer plus de cellules, ce qui avait conduit les prisonniers à manger seuls ou avec leurs codétenus sur des plateaux apportés par les gardiens. Par conséquent, les tensions montaient vite au moindre regard de travers et tout pouvait basculer en un instant.

̶          Si quelqu’un t’observe plus de deux secondes, tu baisses les yeux, visage neutre. Pas de peur, pas de sourire, avait expliqué Moussa lors de la première promenade de Milan. C’est une forme de soumission, mais ça permet aux autres de comprendre que tu viendras pas les faire chier. Si on vient t’accoster, tu fanfaronnes pas, tu réponds vite aux questions et tu te casses. Et si quelqu’un t’embrouille, tu détends l’atmosphère avec une blague ou un mot gentil. C’est le meilleur moyen de n’avoir aucun ennui. Ne cherche pas de l’aide auprès des gardiens, ils ne viendront pas te défendre. Ils sont pas là pour ça : ils n’interviennent que lorsqu’il y a un mort ou presque.

La stratégie de Moussa n’était pas incohérente et correspondait bien avec son caractère. Bâti comme un fil de fer sur lequel on aurait fixé une tête dotée d’un sourire inamovible, il n’aurait pas fait long feu dans une bagarre. Mais Milan, lui, n’avait rien d’un gringalet : ses épaules carrées, ses muscles saillants et ses doigts écorchés le catégorisaient immédiatement dans le camp des prédateurs. Et des prédateurs, il y en avait tout autour de lui et ils n’aimaient pas la concurrence.

Les deux premiers jours, personne ne vint lui adresser la parole. Milan se contentait de traîner avec Moussa et de saluer les gens à qui il était présenté. Le plus souvent, il s’agissait de voleurs, receleurs et dealers de petite came dont les peines excédaient rarement les trois ans d’enfermement. Il avait également rencontré un meurtrier du nom de Patrick qui ne cessait de scander son innocence à tous ceux qui croisaient son regard. Moussa lui apprit que le bonhomme avait vrillé en arrivant ici après avoir tué sa femme involontairement. Depuis, il n’était plus capable de parler d’autre chose que de sa prétendue erreur judiciaire.

Au troisième jour, pendant la promenade du matin, Milan remarqua les regards insistants de certains détenus. La plupart étaient noirs ou mat de peau, baraqués et peu enclins à accepter le salut que le jeune homme leur lança sur les recommandations de son codétenu.

̶          C’est la bande à Fifi, ces mecs-là, lui expliqua ce dernier. Fidel, leur chef, c’est un Costaricain qui a immigré en France, il y a vingt ans. Ça fait plus ou moins dix-neuf ans qu’il est là et c’est lui qui dit si on te laisse tranquille ou si tu vas galérer. Ils connaissent du monde à l’extérieur et à l’intérieur, même les gardiens ont peur d’eux.

̶          Qu’est-ce qu’il a fait pour être ici ? demanda Milan.

̶          Va savoir… Personne n’est assez fou pour lui demander !

̶          Et toi, il te laisse tranquille ?

̶          Je suis pas méchant et je les ai déjà dépannés une fois ou deux avec du matos difficile à trouver. Si tu restes avec moi, ils ne devraient pas te chercher des noises.

Évidemment, les prédictions de Moussa n’étaient pas fiables à 100 % et il ne fallut attendre que quelques secondes avant qu’un des membres de la fameuse bande à Fifi ne vienne se mettre en travers de leur chemin pour leur demander de les suivre de l’autre côté de la cour.

Là, Milan fit la connaissance du dénommé Fidel, un détenu d’une cinquantaine d’années aux bras gros comme des cuisses de taureau sous stéroïdes. Son regard noir, sa barbe drue et son visage taillé au couteau mal affûté, tout chez lui transpirait l’envie d’étriper le jeune homme. Il détailla Milan pendant de longs instants malaisants et lui demanda quelque chose en espagnol qu’il ne comprit pas. Devant son regard interrogateur, l’un des sbires de Fidel lui traduisit la question :

̶          Est-ce que tu veux rester avec nous ?

Le jeune homme écarquilla les yeux sans comprendre d’où lui venait cette soudaine invitation. Moussa lui dirait plus tard que Fidel aimait faire trembler les nouvelles recrues et voir celles qui soutenaient son regard. C’était une sorte de test de personnalité qu’il avait mis au point pendant ses années de détention. Quiconque ne se pissait pas dessus alors qu’il vous fusillait des yeux pouvait espérer entrer dans son gang. Mais Milan connaissait ce genre de caïd, il en avait côtoyé des similaires au VD. Paulo, le lieutenant de Vince, n’était pas très différent de cette brute épaisse et il avait déjà cogné Milan une fois ou deux, lui ôtant ainsi toute envie de se frotter à ce genre de personnes. De plus, le garçon avait pris la résolution de faire de meilleurs choix de vie et d’éviter ces fréquentations douteuses. Moussa suffisait amplement à faire son bonheur. C’est pourquoi il refusa gentiment la proposition de Fidel tout en le remerciant. La gentillesse fut l’élément perturbateur de la discussion : vexé par ce refus et croyant que Milan se moquait de lui, le chef de bande envoya un coup de tête contre le crâne du jeune homme qui fut projeté en arrière, l’arcade ouverte. Le jeune homme ne remarqua même pas sa blessure, se releva et abandonna son calme de façade pour expédier un coup de poing qui aurait sonné n’importe quel adversaire. Mais Fidel se contenta d’encaisser et de sourire. Il avait le sourire d’un tueur et pendant une seconde, Milan crut qu’il allait se faire tabasser jusqu’à ce que tous les os de son corps soient brisés, l’obligeant à réclamer une mort rapide. Il se prépara à l’assaut sans entendre le coup de sifflet et le pas de course de quatre golgoths en uniforme, armés jusqu’aux dents, venus les séparer.

Quelques minutes plus tard, il était conduit à l’infirmerie par un gardien qui lui assura qu’il venait de faire une énorme bêtise en se mettant Fidel à dos.

̶          Je sais pas combien de temps tu dois rester ici, mais je te conseille de faire profil bas dans la cour à partir de maintenant ou tu risques de te faire égorger.

̶          C’est pas votre travail de me garder en vie ? s’offusqua Milan, le sang encore battant dans ses tempes.

̶          Moi je dois juste te garder ici. Le reste, ça me regarde pas. Un mauvais coup, ça arrive drôlement vite.

Armé de cette information, Milan avait passé les quatre jours suivants avec Moussa, évitant les recoins les plus reculés de la cour et esquivant autant que possible les regards mauvais de la bande à Fifi. Plusieurs fois, à la douche notamment, il avait failli tomber dans leur embuscade, mais il était parvenu à éviter leurs pièges. Combien de temps en serait-il capable ? Seul l’avenir saurait le dire.

A la fin de cette première semaine d’emprisonnement, Milan était complètement épuisé et ne dormait que d’un seul œil de peur qu’un gardien corrompu ne laisse entrer Fidel ou un de ses gars dans sa cellule. Afin de tenir la distance, le jeune homme essayait de se concentrer sur des souvenirs heureux qui lui donneraient un peu de force mentale et, les seuls qu’il avait trouvés, étaient imprégnés dans ses fringues.

̶          Tu dors pas ? s’étonne Moussa. T’avais pourtant l’air bien crevé tout à l’heure.

̶          Je suis crevé. Mais je me méfie de la nuit et de ceux qui peuvent se balader dans les couloirs pendant qu’on dort.

̶          T’es parano, toi ! ricane le codétenu. Écoute derrière la porte : on entend que dalle ! Les gardiens sont tellement mal payés qu’ils ne font même plus les rondes la nuit. Si y’a bien un endroit où tu es en sécurité, c’est ici, lorsque la porte est verrouillée.

Milan aurait aimé le croire sur parole, mais il avait encore en tête la prédiction ratée du jeune homme établie lors de sa première rencontre avec Fidel. Il préférait donc rester prudent.

̶          T’as déjà fait une demande de parloir ? s’enquit Moussa après quelques secondes supplémentaires de silence.

̶          Ma petite sœur en a fait une, mais j’ai refusé de la voir. J’ai pas de nouvelles de ma sœur jumelle ni de ma mère. Quant à ma copine… Vaut mieux pas en parler. Y’a rien à dire.

̶          Tu devrais accepter les visites de ta sœur, mec ! Le temps est long quand on s’emmerde et voir un visage amical, c’est bon pour le moral. Si tu perds le sourire, si tu perds l’espoir de sortir, alors tu seras mort une fois dehors. Tout noirci et pourri de l’intérieur et tu pourras pas te relever. Accepte de voir ta sœur et prend les moments que la vie te donne.

̶          Si tu le dis, concéda Milan.

Intérieurement, il n’avait pas l’intention de suivre ce conseil pour une seule raison : Leila ne méritait pas de venir dans ce lieu déprimant pour assister à la chute de son grand frère. Elle devait se concentrer sur ses études, sur leur mère et lui apporter tout son soutien. Serena semblait déjà s’être volatilisée. Toute la vie d’Esperenza Torres tournait maintenant autour de Leila. Inutile qu’elle apprenne de la bouche d’une gamine combien son fils dépérissait en prison.

̶          Qu’est-ce qu’il s’est passé avec ta meuf ? demanda Moussa toujours aussi curieux d’en apprendre plus sur le passé de son partenaire.

Milan soupira, peu enclin à raconter sa vie, mais s’il voulait tenir le sommeil à distance, la causette était encore le meilleur moyen de rester éveillé.

̶          On avait prévu de partir à New-York tous les deux, mais mon père a été tué le soir où j’étais censé abandonner toute ma famille. Les gens du gang pour qui je bossais l’ont fait assassiné parce qu’il avait découvert que son fils faisait la mule. Fernando Torres était un homme respecté et respectable et le VD – c’est le nom du gang – savait très bien qu’il irait trouver la police, quitte à dénoncer son fils. Ils l’ont fait taire sous mes yeux alors que j’aurais dû me trouver à l’aéroport avec ma copine.

̶          Tu es sûr que c’est eux qui ont tiré ?

Milan haussa les épaules dans le noir, sans répondre immédiatement. Il remercia l’obscurité d’être si dense qu’elle cachait la larme qui venait de rouler sur sa joue.

̶          Qu’est-ce que ça change, au final ? Mon père est mort. Et personne d’autre que le VD n’avait intérêt à le tuer. Il ne gênait personne dans la cité, il aidait tout le monde, il rendait des services aux plus démunis alors qu’on avait même pas le temps ou l’argent nécessaire pour rendre des services. Je crois que ma mère ne s’en remettra pas. Elle était déjà absente à l’enterrement. Dans sa tête, je veux dire. Physiquement, elle était là, mais ses yeux ne bougeaient pas. Elle ne pleurait même pas. Elle a disparu dans ses pensées.

̶          Tu as eu des nouvelles de ta copine ?

̶          J’ai voulu passer un appel le lendemain de mon arrivée ici, mais je suis tombé sur un répondeur qui m’a dit que le numéro était indisponible. Je suppose qu’elle s’est dit que j’avais renoncé au dernier moment et qu’elle a pris l’avion sans moi.

̶          Comment elle s’appelle ?

̶          Sofia. J’ai pas de photo d’elle avec moi, mais si je te la montrais, je suis certain que tu craquerais pour elle. Ses yeux verts, ses cheveux noirs, son petit nez de princesse… Elle est d’une beauté à couper le souffle.

̶          Vous avez déjà… ? Pratiqué le tango ? ajouta Moussa face au silence de Milan.

̶          T’es bien curieux ce soir, s’amusa ce dernier.

̶          Que veux-tu ? J’essaie d’apprendre à te connaître. Si tu n’as pas envie de t’étendre sur le sujet, on peut aussi bien dormir.

̶          T’inquiète, je plaisante ! Oui, on a déjà pratiqué le tango à l’horizontal si ça peut satisfaire ton imagination. Je ne l’avais jamais fait avant elle. Je crois qu’elle aussi. Et pour notre première fois, j’avais vu les choses en grand. Si grand qu’on a failli se faire arrêter par la police. Mais c’était sans importance : tout ce qui comptait, c’était que je la fasse rêver et qu’elle fasse partie de ces rares demoiselles à décrire leur première fois comme un rêve éveillé.

̶          Ma première fois, répliqua Moussa, c’était entre une poubelle et une voiture volée. J’ai dû la laisser sur place en partant, mais je m’en rappelle comme si c’était hier.

̶          Tu as… quoi ? s’étonna Milan.

̶          Il faut que je précise qu’il s’agissait d’une poupée ! Ma vraie première nénette, j’ai fait le vrai gentleman, hein ! Courtepaille, balade sur les quais, Ibis Budget, la classe à Dallas ! Il n’y a pas mieux !

Le jeune homme ricana sans méchanceté, imaginant son codétenu en pleine action romantique, courtisant le cœur d’une jolie demoiselle dans Paris. L’image le faisait suffisamment sourire pour le détendre et le relâchement de ses muscles apporta une vague de sommeil contre laquelle Milan ne put pas lutter. Il se tourna sans s’en rendre compte, le visage face au mur, et il s’endormit alors que les traits de Moussa s’effaçaient dans son esprit pour laisser la place au visage de Sofia et à son rire fabuleux.

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