La vieille horloge à balancier d’André sonne les coups de onze heures et les pâtes du jour ne sont pas prêtes. Milan a préparé une dizaine de pâtons seulement, il n’a pas mis à cuire les champignons et les pommes de terre, sa viande traîne sur le plan de travail alors qu’elle devrait être sur un grill et les verrines des desserts ne sont pas encore dressées. Il malaxe encore et encore la même boule de farine qu’il pétrit avec application sans se rendre compte qu’elle mérite un peu de repos, le cœur ancré dans ses souvenirs.
Il vient de revoir Sofia pour la première fois en quinze ans. Sofia. LA Sofia. Celle qui était partie aux Etats-Unis sans lui. Celle pour qui il était prêt à tout quitter, à tout laisser derrière lui sans se retourner, si seulement son père n’était pas mort cette nuit-là. La belle, la magnifique Sofia qu’il avait tenté de joindre en prison, puis à sa libération, mais sans succès. Elle était sortie de sa vie comme un éclair zèbre un ciel d’orage et n’avait jamais cherché à savoir ce qu’il était devenu.
Lui, bien sûr, avait eu de ses nouvelles un peu par hasard, cinq ans plus tôt, lorsque Mélanie avait lancé en streaming l’une de ces nouvelles séries policières qui foisonnaient dans le paysage télévisuel. Il y était question d’une enquêtrice qui résolvait des meurtres grâce à ses dons de voyance. Milan n’était pas entièrement convaincu par le pitch de base, mais cela tenait à cœur à sa femme qui avait vu la bande-annonce tourner en boucle sur les réseaux sociaux ces trois dernières semaines et qui n’en pouvait plus d’attendre le premier épisode. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il avait découvert Sofia au générique de la série ? Elle était créditée de son seul prénom et tenait le rôle principal de l’émission. Les entrailles de Milan s’étaient tordues dès les premières scènes et il avait décrété qu’il était trop fatigué pour s’abrutir devant la télé, préférant aller se coucher. Mais une fois au lit, il avait été incapable de dormir et avait tapé le nom de Sofia dans la barre de recherche de son téléphone. Les informations avaient plu sur son écran et il avait découvert qu’il s’agissait de son premier rôle, qu’elle était déjà en train de tourner la saison 2 de la série Vision Criminelle et qu’elle était mariée depuis peu avec la costar du show, John Prewett, qui jouait un tueur en série amoureux de la policière. Perdu dans un tourbillon d’émotions, Milan n’avait pas entendu Mélanie entrer dans la chambre et se coucher près de lui. Elle l’avait fait sursauter puis, remarquant sa fébrilité, lui avait demandé si tout allait bien. Milan l’avait rassuré et avait fait semblant de s’endormir, pourtant incapable de trouver le sommeil cette nuit-là.
Par la suite, le jeune homme avait suivi la carrière de Sofia qui multipliait les apparitions à la télévision, sur les plateaux américains, dans les talk-show ou les émissions de variété. Les présentateurs lui demandaient toujours des détails sur sa vie privée et elle les envoyait systématiquement balader. Ils voulaient savoir quand elle abandonnerait le petit écran pour devenir une star de cinéma et, surtout, ils souhaitaient connaître le passé de la mystérieuse Française que tous les jeunes américains adoraient. Sofia restait évasive, mais toujours drôle et détendue. Elle avait simplement avoué qu’elle avait grandi dans un foyer sans connaître ses parents et qu’elle était partie pour New-York pour lancer sa carrière d’actrice. Milan avait ricané à l’écoute de ces mots, incapable de se souvenir de la moindre discussion où elle aurait mentionné ce rêve-là. Il avait aussi appris qu’elle avait accouché d’un fils trois ans auparavant, nommé Ralph, peu de temps après son divorce. En effet, le dénommé John Prewett s’était bien vite lassé de Sofia et s’était tourné vers une actrice de quinze ans sa cadette lorsque Sofia lui avait annoncé sa grossesse. Sa petite aventure avait mis fin à son rôle dans la série Vision Criminelle à la demande de Sofia qui refusait dorénavant de tourner la moindre scène en sa compagnie.
Enfin, l’année dernière, elle avait annoncé qu’elle travaillait sur un projet pour le cinéma sans donner de plus amples détails. Sa participation devait rester très secrète pour créer le désir chez les spectateurs de se rendre dans les salles obscures. Milan n’avait plus entendu parler de Sofia après cette dernière information et il n’aurait jamais pu se douter qu’elle faisait partie du même projet que celui pour lequel Leila avait été recrutée. D’ailleurs, s’il l’avait su, il n’était pas certain qu’il aurait accompagné sa sœur sur le plateau de tournage. Non pas que revoir Sofia l’attristait, mais cela remuait en lui des souvenirs enfouis qu’il préférait garder au plus profond de son cœur. Ce n’était pas pour rien s’il n’avait jamais évoqué avec Mélanie le fait que Sofia était son premier amour. Lorsqu’elle lui avait posé la question de savoir comment s’appelait la première fille qui l’avait rendu fou, au début de leur relation, il n’avait donné qu’un prénom et avait rapidement changé de sujet, dévoilant simplement que cela s’était mal fini. Mélanie n’avait pas insisté et n’avait plus jamais abordé la question. Comment aurait-elle pu deviner que la Sofia de Milan était la même Sofia pour qui elle vouait une véritable admiration devant sa télévision ?
Le pizzaiolo se rend soudain compte qu’il pétrit son pâton depuis bien trop longtemps. Il forme une petite boule qu’il laisse reposer sur un plateau avec ses congénères et voit l’heure qui avance beaucoup plus vite que prévu. Le midi, il fait deux à trois services pleins et 90% de ses clients commandent des pizzas. Il est très en retard. Il allume son enceinte connectée, demande à son assistante de lancer la playlist spéciale motivation et fixe enfin son attention sur ses ingrédients.
A 13 heures, il a déjà cuisiné presque 45 pizzas, servies par Michelle, la jeune étudiante de 19 ans qu’il emploie depuis six mois pour faire face à l’augmentation du nombre de ses clients. Elle travaille tous les midis à ses côtés et s’est distinguée des autres candidats au poste grâce à sa fidélité : habitant le quartier depuis dix ans, elle et sa famille venaient très régulièrement manger chez Milan. Le patron l’avait vue grandir et n’avait pas su lui dire non lorsqu’elle lui avait demandé un petit contrat de travail. Michelle est sérieuse, appliquée et très souriante. Elle a également l’étrange habileté de ne jamais faire d’erreur de caisse, ce qui est un plus très agréable pour un commerçant. Enfin, la jeune fille a l’habitude que Milan soit un employeur très rigoureux qui apporte une grande attention aux commandes et à ses plats. C’est pourquoi elle s’est rapidement inquiétée lorsqu’il s’est trompé pour la troisième fois dans ses préparations ce midi-là.
̶ J’avais demandé une Boscaiola, pas une Diavola, pour la quatre, précise-t-elle au cuisinier visiblement tourmenté. Tout va bien, patron ?
̶ Oui, oui, soupire Milan en mettant de côté la mauvaise commande. Je te fais ça vite.
Lorsque le restaurant ferme, peu après 14 heures, Milan est soulagé, en sueur, et il n’attend qu’une chose : rentrer chez lui pour prendre une douche brûlante et oublier le cauchemar qu’il vient de vivre. Pour excuser les délais de commande beaucoup plus longs qu’à l’accoutumée, il a offert de nombreux cafés et quelques limoncellos. Le simple fait d’envisager qu’il serait seul ce soir pour faire face au même nombre de clients lui donne des palpitations. Un coup d’œil dans son carnet de réservation lui apprend qu’il a déjà treize tables commandées sur deux services différents. Il ne peut pas se permettre de toutes les annuler.
Conscient qu’il a besoin de repos, le jeune homme appelle l’un de ses commis en renfort et lui demande par téléphone d’assurer le repas de ce soir. Bilal, un gamin de vingt ans déjà venu lui donner un coup de main à plusieurs reprises lors de soirées importantes, s’inquiète aussitôt de l’état de santé de son patron qui n’est pas du genre à poser des arrêts maladie. Milan le remercie de sa sollicitude, lui promet que tout va bien et raccroche dès qu’il a l’assurance que son restaurant sera bien ouvert ce soir. Quelques secondes plus tard, il monte les escaliers de l’immeuble jusqu’au troisième étage qu’il connaît bien et frappe à la porte du plus petit appartement. Il se rappelle encore quand c’était Leila qui venait lui ouvrir lorsqu’il tambourinait ainsi. Aujourd’hui, sa sœur habite dans un charmant petit deux pièces dans le 9ème arrondissement. Elle a laissé sa place à Moussa qui fatiguait trop souvent sa pauvre mère avec ses expéditions nocturnes et ses frasques judiciaires répétées. Visiblement, son ami a mis la matinée à profit pour dormir un peu et ne vient ouvrir à Milan qu’après avoir laissé résonner une cinquantaine de coups. Lorsqu’il ouvre la porte, il a les yeux à moitié collés et la trace de l’oreiller sur la joue.
̶ Comment tu savais que j’étais pas sorti ? s’étonne Moussa. Tu te serais acharné pour rien !
̶ Si tu as fait ce que je crois que tu as fait cette nuit, ça m’aurait étonné que tu sortes avant 19 ou 20 heures ce soir, réplique Milan sèchement. Je ne veux rien savoir, ne me donne aucune explication ! Je viens juste te dire que j’ai besoin de toi pour le service tout à l’heure. Je ne vais pas pouvoir rester en cuisine. J’ai demandé à Bilal de venir me remplacer et je ne veux pas qu’il se retrouve tout seul. Tu seras prêt pour 18 heures ?
̶ 18 heures ? T’es pas sérieux ?
̶ Pour la mise en place, Mouss ! Bilal va pas tout faire tout seul. Je peux compter sur toi ?
̶ T’es chiant, mec ! On avait dit le nettoyage, pas le service !
̶ Tu crois pas que tu peux me rendre un service de temps en temps ?
Moussa soupire et exprime son agacement sans la moindre retenue. Finalement, devant le regard implorant de son patron, il finit par acquiescer avant de prendre conscience de ce que ces changements impliquent.
̶ T’es malade ?
̶ Non, pourquoi ?
̶ Si tu t’es arrêté deux jours en dix ans, c’est le maximum dont je me souviens.
̶ J’ai besoin d’un peu de repos, explique Milan de manière évasive. Je crois que je tire un peu trop sur la corde en ce moment.
̶ Tu sais, je plaisantais ce matin en disant que tes filles étaient chiantes, hein ! Si tu as besoin que je te les garde une heure ou deux pour que tu souffles, tu me le dis et je rapplique.
̶ C’est gentil, Mouss, mais j’ai juste besoin que tu fasses le service ce soir. Je te revaudrai ça.
̶ Je suis trop gentil… ça me perdra !
Milan le serre brièvement contre lui et le laisse retourner à sa sieste diurne. L’idée d’aller se coucher le traverse également tandis qu’il rentre chez lui, mais l’après-midi est déjà bien avancée et il devra bientôt aller à l’école, puis à la crèche pour ramener ses trois princesses chez elles. Il vaut mieux qu’il se change les idées de la seule manière qu’il connaisse : en allant courir.
Si Moussa le voyait, il lui dirait que Milan avait une drôle de façon de profiter de son temps de repos. Seulement voilà, la course était devenue l’unique défouloir du jeune homme après sa sortie de prison. Il évitait de prêt comme de loin les sports de combat, ne cherchait plus la bagarre et n’entretenait plus autant sa masse musculaire. Au lycée, tout ce qui comptait pour lui était de paraître imposant afin de garantir au VD que leur marchandise était entre de bonnes mains, protégée par son allure de gorille. Mais ce même physique l’avait beaucoup desservi en prison et lui avait causé pas mal d’ennuis. A sa libération, Milan s’était promis que son ancienne vie était derrière lui et qu’il ne créerait plus jamais de problème à qui que ce soit. Il entretenait donc ses abdominaux et ses biceps deux fois par semaine, dans une petite salle de sport tranquille à côté de chez lui, et allait courir tous les deux jours pendant une heure ou deux. Mais il n’était plus question d’avoir l’air dangereux.
Le plus amusant résidait dans le regard des autres papas qu’il croisait à la sortie de l’école primaire. La plupart d’entre eux ne pouvaient s’empêcher de remarquer ce type baraqué qui venait chercher deux adorables fillettes qu’il portait ensemble, disposées sur chacun de ses bras, jusqu’à sa berline noire. Ils se méfiaient de lui alors que les mamans avaient plutôt tendance à le saluer très gentiment. Ce contraste le faisait beaucoup sourire.
Pendant sa course, Milan tente de ne pas penser à Sofia et se concentre sur son souffle et sur les battements de son cœur. S’il fixe ses pieds et réfléchit à son objectif, le jeune homme avance sans encombre. Mais dès qu’il croise une femme, qu’elle ait ou non l’âge de Sofia, il ne peut s’empêcher de la détailler, imaginant qu’elle va de nouveau surgir devant lui tel un beau diable. Finalement, le jogging ne l’aura pas beaucoup aidé et Milan est encore plus fatigué après sa séance de sport. Même la douche brûlante ne le détend pas suffisamment et de sournois petits frissons continuent de loger près de sa colonne vertébrale pour se déclencher chaque fois qu’il pense à son amour de jeunesse.
Il se dit qu’il arrivera sans doute à l’oublier en se consacrant totalement à ses filles, mais le goûter, les devoirs, la douche et même la cuisine ne parviennent pas à effacer ses angoisses. De quoi a-t-il peur ? Lui-même ne saurait pas répondre à cette question. Il a simplement la sensation que le retour en France de Sofia ne peut avoir que des conséquences néfastes sur sa vie. Elle appartient à un passé qu’il a laissé derrière lui. La revoir bouleverse son équilibre intérieur et l’empêche de vivre sereinement.
Si Mélanie est ravie d’apprendre que son mari ne travaille pas ce soir, elle aussi note qu’il n’est pas dans ses habitudes de se faire porter pâle. Encore moins en se reposant sur Moussa pour faire tout un service sans erreur. La maman des trois filles ne fait aucun commentaire tant que ces dernières ne sont pas couchées, préférant évoquer les détails de sa propre journée ou demandant aux demoiselles de raconter les leurs. Mais dès que la porte de Valentina se referme sur une gamine en train de sombrer dans les affres du sommeil, Mélanie se poste devant Milan, assis dans le canapé, et croise les bras sur sa poitrine.
̶ Tu m’expliques ce qui t’arrive ? ordonne-t-elle sans prendre de gants.
̶ Qu’est-ce qui m’arrive ? Il m’arrive rien du tout !
̶ Tu n’es pas allé travailler ce soir alors que tu n’es pas malade à crever. Ça ne te ressemble pas du tout !
̶ Oh, mais merde à la fin ! Qu’est-ce que vous avez tous à penser que vous savez ce qui me ressemble ou pas ? s’emporte Milan.
Mélanie affiche un visage serein, choisissant de ne pas s’énerver face à l’affront de son compagnon qui l’agresse sans raison. Il s’agit d’une preuve supplémentaire de son mal-être et Milan est conscient qu’il a sauté à pieds joints dans ce piège tendu. Il respire lentement pour se calmer et fait signe à sa compagne de venir s’asseoir à côté de lui. Il n’a jamais eu de secret pour elle. Ils se sont toujours tout dit, même dans les pires moments de leur histoire, à condition que Mélanie ait pensé à poser la bonne question. Ce soir, si Milan ne la guide pas, elle ne pourra pas être aussi précise, mais il estime qu’elle a le droit de savoir ce qui le tourmente. La maman s’assoit et attend patiemment.
̶ J’ai emmené Leila sur son tournage, ce matin et la star qu’elle doit maquiller est Sofia, l’actrice de ta série Vision Criminelle.
̶ Non ! s’exclame Mélanie. C’est trop bien ! Pourquoi tu fais cette tête-là ?
̶ Parce que cette Sofia, c’est la Sofia de mon lycée, celle avec qui je sortais avant d’aller en prison. Celle avec qui ça a mal fini. Je pensais ne jamais la revoir et je viens de me prendre quinze ans dans la figure en trois secondes. Le choc a été violent et j’ai fait conneries sur conneries ce midi. J’ai pensé qu’il valait mieux que je me repose avec toi ce soir plutôt que d’enchaîner un nouveau service catastrophique.
Mélanie fronce les sourcils, encaissant doucement les conséquences de cette révélation. Lorsqu’elle revient à la réalité, son regard est légèrement voilé par l’inquiétude.
̶ Tu es en train de me dire que tu as couché avec une star que j’admire, qu’elle est à Paris et que tu te sens bouleversé par son retour ?
̶ C’était il y a très longtemps, la corrige Milan. Et oui, elle est à Paris et oui je suis bouleversé, mais pas pour les raisons auxquelles tu penses. Je ne suis plus amoureux d’elle, mais je n’ai jamais compris pourquoi elle n’avait pas cherché à savoir ce que j’étais devenu. J’ai passé ces quinze dernières années à me demander ce qui lui avait traversé l’esprit et lorsque je l’ai revue ce matin, j’ai préféré m’enfuir. Je me sens lâche et je n’ai pas l’habitude que cela m’arrive.
Le jeune homme se rend compte qu’il vient de mettre des mots sur l’angoisse qui le taraude depuis plusieurs heures et un poids s’échappe de ses épaules. Un poids qui le rattrape dès que Mélanie ouvre à nouveau la bouche.
̶ Si tu n’es plus amoureux d’elle, comment ça se fait que tu ne m’as jamais dit qui elle était pour toi lorsque je regardais sa série ?
̶ Parce que…, hésite-t-il, parce que cette information n’avait aucune valeur. Je n’étais jamais censé la revoir puisqu’elle vit aux Etats-Unis.
L’explication ne convainc pas totalement Mélanie qui semble de plus en plus inquiète. Elle vient se blottir contre le torse de son mari et lui attrape la main comme s’il s’agissait d’un doudou.
̶ J’ai quelque chose à craindre de ce retour ? s’enquiert-elle.
̶ Absolument rien ! répond-il aussitôt. Je n’ai plus de sentiment pour elle, je te le jure ! Je suis simplement déconcerté. Mais c’est toi la femme de ma vie et je ne te quitterai pour aucune star, c’est une promesse !
̶ T’as intérêt ! le menace Mélanie avant de poser ses lèvres sur les siennes.
Milan lui rend doucement son baiser et se laisse gagner par la tendresse de l’étreinte de sa femme. Leurs caresses deviennent de plus en plus brûlantes à mesure que leur baiser s’allonge et les conduit dans la chambre à coucher. Leila profite de cet instant de répit pour rejoindre subrepticement la pièce qu’elle occupait hier soir, essayant d’enfiler ses écouteurs en même temps qu’elle se déshabille pour rejoindre son lit. Après une longue journée de travail, elle n’a pas vraiment envie d’entendre ce qui va suivre et préfère se reposer dans le calme d’une douce ambiance d’orage au coin du feu.
Le lendemain matin, c’est un Milan serein qui arrive au restaurant, certain de passer une bien meilleure journée que la veille. Mais cette certitude s’éteint comme une bougie d’anniversaire sur laquelle on aurait soufflé lorsque deux détails le frappent en pleine figure : le premier se dessine sous la forme d’une petite note laissée par Bilal lui indiquant que Moussa n’est pas venu travailler la veille et le deuxième réside dans la silhouette de Sofia qui se tient devant la porte de la pizzéria.